Editorial 2/11/2012
© Le Monde
Dans le conflit israélo-palestinien, l'Europe, une fois n'est pas coutume, a été précurseur. Avec sa déclaration de Venise de 1980, elle a, la première, posé le principe d'une solution fondée sur deux Etats : la création d'un Etat palestinien - en Cisjordanie, à Gaza et dans la partie orientale de Jérusalem - au côté de l'Etat d'Israël. AA: Rappelons qu'il s'agit des Palestiniens restés dans les territoires occupés par Israël, mais aussi de ceux qui avaient fui Israël en 1948 (aussi bien ceux chassés par les Israéliens, que ceux affolés par la propagande arabe les prévenant d'un massacre) et qui devinrent, souvent, les fameux "réfugiés" installés par les pays arabes dans des camps provisoires. De 1948 à 1980, le credo des pays occidentaux était plutôt que ces pays arabes prennent en charge ces réfugiés (comme l'a fait la Jordanie) ou que l'on trouve une solution en agrégeant la Cisjordanie à la Jordanie pour créer un état mêlant Jordaniens et Palestiniens...Trente-deux ans plus tard, l'Union européenne (UE) trahit cette politique. Elle est en train de renier ses engagements, de les réduire à une pure hypocrisie rhétorique. C'est une situation aussi pathétique que désolante, dont personne ne parle à Bruxelles - et contre laquelle la France aurait dû s'insurger à l'occasion de la visite, cette semaine à Paris, du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Courageuse et visionnaire, la déclaration de Venise se prononçait pour l'autodétermination des Palestiniens et pour l'ouverture de négociations avec leur mouvement national (l'OLP). Un double tabou était levé, bien avant que les Etats-Unis ne s'alignent sur cette position, en 1993, avec les accords dits d'Oslo. AA: bien sûr, cela n'allait pas de soi, aussi bien chez les Palestiniens les plus durs, que chez ceux des Israéliens pas prêts à des concessions. Mais la tendance était quand même favorable, avec quelques étapes mémorables: Arafat qui déclare la charte de l'OLP "caduque" (notamment, concernant le sort funeste réservé aux Israéliens après une victoire palestinienne), la visite de Sadate à Jérusalem pour rencontrer l'inflexible Begin...
En bonne logique, la politique européenne suppose une condamnation sans appel des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens. Et telle est bien la ligne officielle affichée à Bruxelles : ces implantations sont " illégales au regard du droit international ; elles constituent un obstacle à l'instauration de la paix ; elles risquent de rendre impossible une solution fondée sur la coexistence de deux Etats ".
Vaines paroles. L'Europe participe, en fait, au développement des implantations israéliennes en Cisjordanie. Elle facilite le contrôle de quelque 40 % de ce territoire par Israël. Elle est complice d'un renforcement continu d'une présence israélienne qui empêche la reprise d'une négociation sérieuse entre les deux parties.
Telles sont les conclusions d'un rapport établi par vingt-deux organisations intergouvernementales européennes. Elles appartiennent à des pays qui sont tous des amis d'Israël et entendent, à raison, le rester. Accablant pour l'Union, ce document est préfacé par l'ancien commissaire européen aux relations extérieures, Hans van den Broek - un homme qu'on ne soupçonnera pas d'engagements extrémistes.
Le rapport établit que l'UE importe massivement des marchandises - produits agricoles et industriels - provenant des implantations israéliennes. L'Europe soutient ainsi la " viabilité " des implantations, dit le rapport, et facilite leur développement.
Ces importations sont estampillées " Made in Israël ". Il suffirait que l'Europe exige un étiquetage plus précis. Elle ne le fait pas. Elle a tort. Elle ne rend service ni aux Israéliens ni aux Palestiniens. Car elle contribue ainsi à une évolution qui est en train de torpiller l'idée même d'un Etat palestinien sur un territoire viable et continu.
L'Europe appuie ce phénomène dangereux qu'est la banalisation totale du mouvement de colonisation en cours. Celui-ci ne suscite plus que des condamnations formelles de l'Europe et des Etats-Unis. Comme si on avait enterré l'espoir d'un Etat palestinien.
AA: on s'éloigne inéxorablement d'une solution à 2 états et l'Union Européenne en est donc responsable pour les raisons évoquées, ci-dessus. Cela signifie que le semblant de statu-quo d'aujourd'hui va continuer de prévaloir. Combien de temps Israël pourra-t-il tenir face aux pays arabes qui soutiendront, n'en doutons pas, par la force, les revendications palestiniennes. Israël joue le pourrissement de la situation en espérant que les Palestiniens s'intégreront, dans la durée, dans les pays arabes. C'est un calcul risqué, car combien de temps encore ce pays bénéficiera de la suprématie technologique et militaire actuelle? Combien de temps encore pourra-t-il compter sur le soutien occidental? Enfin, les Israéliens, juifs pour la plupart, devraient savoir que, pendant 2000 ans, un peuple a espéré revenir sur ce qu'il appelait la terre de ses ancêtres: ce sont les Juifs qui, chaque année, pendant tous ces siècles, incluaient dans leurs prières de Pessah (Pâque juive) le voeu de: "l'an prochain à Jérusalem". Les Palestiniens pourraient, à leur tour, reprendre cet exemple d'obstination récompensée...
Quand j'ai lu cet édito, j'ai trouvé ça étrange moi... IL est publié au moment de la visite du premier ministre israelien en France. Et donc au moment ou il pourrait y avoir une sorte de consensus sur la condamnation des actes antisémites en France, le monde se précipite pour... critiquer la politique d'Israel. C'est un peu gênant.
RépondreSupprimerD'autant plus que l'article est un peu oublieux. Le jour de sa visite, Bibi dit qu'il n'a aucune condition préalable à une rencontre. ( je crois que c'est la première fois qu'une chose comme ça est dite. ) Qu'il est pret à rencontrer l'autorité Palestinienne sans condition a priori !
Et puis, le processus de paix , il faut le dire, n'est pas mis en péril par l'UE , qui serait un soutient horrible et insoutenable à Israel.
En tous les cas, depuis que Bibi est au pouvoir, on n'a jamais autant construit sur les territoires. Et cela devient irréversible...Bien sûr donc qu'il est prêt à rencontrer les Palestiniens, mais pour proposer quoi?
RépondreSupprimerPour proposer quoi... Sans rencontre, personne ne peut le savoir ^^
RépondreSupprimerMême s'il n'y a aucun accord lors d'une première rencontre, il y a au moins un dialogue. Et puis on fait une deuxième rencontre etc...
Israel a montré qu'elle pouvait retirer les colonies ; au sinaï elle ont été retiré après Camp David, et à Gaza , elles ont été retirées. Il ne faut pas être pessimiste et se dire que c'est irreversible.
Pour maintenant, il faut attendre, il y a des élections bientot en Israel et aux USA ( où, il faut bien le dire, Obama est peut être le président qui a fait le moins pour le processus de paix - sans doute a t il de bonnes raisons- ).
Et l'UE est loins d'être , sur le sujet, telle qu'elle est décrite dans l'édito. Par exemple Catherine Ashton - représentante de l'UE pour les affaires étrangères- ne se fait que très rarement remarquée comme une pro israelienne endiablée...
23H46: il n'y avait pas de colonie dans le Sinaï et à Gaza!
RépondreSupprimerBien sûr que si !!
RépondreSupprimerAprès la guerre des 6 jours, il y a eu des colonies. Le traité de paix de 79 entre Israel et l'Egypte prévoyait le retrait des colonies israeliennes au Sinai, et elles ont été retirées.
Quant à Gaza, en 2005, il y a eu le retrait Israelien, qui a entrainé la supression de 21 colonies.
Mais ce n'est pas important, c'est juste pour dire qu'il faut rester optimiste parce que rien n'est irreversible
12H05. J'ai visité ces colonies en 1972! Mais c'étaient des colonies sauvages et non pas une volonté politique comme les colonies actuelles. Il sera difficile de faire marche arrière et je ne suis pas très optimiste car je ne vois pas de solution, d'auant plus que Bibi fait semblant de vouloir un dialogue, sachant qu'il n'y a pas d'interlocuteur: le Fatah est en mauvaise posture, quant au Hamas...
RépondreSupprimerJ'aimerais que vous ayez raison, rayon optimisme!