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"Sudiste"et "nordiste", les deux électorats du FN
LE MONDE | 07.08.2013
Le Front national a plusieurs visages. C'est ce que confirme une étude de l'IFOP pour Le Monde qui a radiographié les électorats du Sud-Est et du Nord-Est du parti d'extrême droite. Il en sort que l'électeur frontiste "sudiste" a un tropisme plus droitier quand le "nordiste" est, lui, plus social. Des électorats qui ne sont pas opposés, mais complémentaires, et qui permettent au FN de parler à un très large spectre électoral. AA : on peut dire même que les "sudistes" sont des électeurs de droite à l'origine et que les "nordistes" sont souvent d'anciens électeurs de gauche. Ceux du nord sont sociologiquement des gens de milieux populaires : dans le bassin minier, une partie de l'ancien électorat communiste vote maintenant, c'est bien connu, FN ; d'anciens électeurs socialistes se sont, également, ces dernières années, tournés vers l'extrême-droite : les dérives du PS 62 y étant pour quelque chose... l'impact négatif des "frais de bouche" de l'ex-député liévinois (Kucheida) payés sur le compte d'une société qu'il présidait, a eu un impact insoupçonnable. Dans une moindre mesure, les dérives de l'ex-maire d'Hénin, G. Dalongeville, a écoeuré" beaucoup des électeurs traditionnellement de gauche.
Parmi l'échantillon représentatif des 6 000 électeurs interrogés par Internet entre mai et juillet, l'Institut a filtré les électeurs de Marine Le Pen pour faire ressortir deux blocs régionaux : le Sud-Est (Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur) et le Nord et l'Est (Nord-Pas-de-Calais; Picardie ; Haute-Normandie ; Champagne-Ardenne et Lorraine).
C'est dans ces territoires que le FN est implanté, qu'il a ses élus et que les perspectives de victoires électorales sont les plus fortes. Ce sont aussi les terres de ses principaux leaders : Marine Le Pen est élue régionale du Nord-Pas-de-Calais, Jean-Marie Le Pen est, lui, élu en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Marion Maréchal-Le Pen est députée du Vaucluse. AA : je pense que c'est parce que le FN a son électorat sur ces différents territoires qu'il a parachuté les Le Pen, et non pas le contraire...
"DIFFÉRENCES SUR L'ÉCONOMIE ET LE SOCIAL"
Le premier enseignement est que les fondamentaux du parti d'extrême droite agissent comme un véritable ciment des différents électorats du FN. Ainsi, qu'il s'agisse du Nord-Est ou du Sud-Est, "il y a une très grande homogénéité des points de vue sur la dénonciation de l'assistanat, de l'insécurité et de la mondialisation", note Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'IFOP. AA : avec la restriction que quand on parle d'assistanat dans le Nord, on ne pense pas au chômage, ni aux aides dont on bénéfice. Dans le Nord comme dans le Sud, 65 % des électeurs FN interrogés estiment que "les chômeurs pourraient travailler plus s'ils le voulaient" ; 85 % des électeurs "sudistes" et 87 % des "nordistes" estiment que l'on "ne se sent plus en sécurité nulle part" ; 83 % des électeurs FN du Sud-Est et 82 % de ceux du Nord-Est pensent que "la France devrait se protéger davantage". Quant à l'immigration, c'est encore plus flagrant : 97 % des électeurs méditerranéens et 95 % de ceux du quart nord-est adhèrent ainsi à l'idée qu'"il y a trop d'immigrés en France".
AA : avec, comme on le sait, dans le "Nord", la particularité que le vote FN existe, là même où il y a peu d'immigrés. N'empêche que l'immigration devient un fantasme chez ces électeurs. Fantasme bien entretenu par le FN qui attribue l'insécurité et le chômage aux immigrés. Comme dans ce nord, on sait ce qu'est l'immigration (Polonais dans le NPDC, Italiens en Lorraine), l'immigré est bien ciblé : les Arabes (musulmans ou pas) et de plus en plus, l'immigration d'Europe de l'Est (dont les Roms).
Ces convergences cohabitent toutefois avec de vrais clivages concernant les politiques économiques et sociales. "L'immigration agrège des électeurs qui ne voteraient pas pour le même parti. On le voit avec les différences sur l'économie et le social", note M. Fourquet.
La principale différence entre les électorats du Sud-Est et du Nord-Est réside dans les questions économiques, notamment fiscales. Sans réelle surprise, les "sudistes" apparaissent donc plus conformes à ce que fut le FN de Jean-Marie Le Pen : poujadiste, contre "la pression fiscale" et en défense des petits commerçants et artisans. Les "nordistes", sont quant à eux, plus sensibles aux arguments "sociaux" développés par Mme Le Pen. AA : on en revient au fait qu'une partie importante du vote frontiste est bien un vote "populaire".
"VRAIE DIFFÉRENCE ENTRE LES DEUX ÉLECTORATS"
La question du niveau d'imposition des personnes les plus riches en est l'illustration. "Cela laisse apparaître une vraie différence de nature entre les deux électorats", souligne l'étude. 60 % des frontistes méridionaux estiment que "le niveau de fiscalité payé par les personnes plus riches est trop élevé", quand seulement 37 % des "nordistes" partagent cette opinion. A l'inverse, 42 % des électeurs lepénistes du Nord-Est jugent que "le niveau de fiscalité payé par les personnes plus riches n'est pas assez élevé, ce qui ne permet pas de corriger les inégalités". 22 % des "sudistes" sont de cet avis.
Si les questions économiques et sociales sont appréhendées de manière différente par ces deux électorats, c'est que leur composition sociologique n'est pas la même. L'électorat frontiste du Nord-Est est celui où les catégories populaires sont le plus représentées : il compte 50 % d'ouvriers et d'employés. Au contraire, dans le sud de la France, la proportion de milieux populaires est la plus faible. Ces catégories ne représentent que 36 % de l'électorat méridional contre 45 % pour l'ensemble de l'électorat frontiste.
En revanche, bien que minoritaires, les retraités et les CSP + et indépendants (agriculteurs, commerçants, artisans, chefs d'entreprise, professions libérales et cadres supérieurs) sont nettement surreprésentés dans le Sud (38 %) par rapport à ce que l'on observe dans le quart nord-est (23 %) ou au niveau national (30 %).
NÉCESSITÉ DE "PARLER À TOUT LE MONDE"
Ces électorats, non pas opposés mais différents et complémentaires, sont, pour l'instant, une chance pour le FN, qui parvient donc à s'adresser à un large champ d'électeurs. AA : je pense que cette "chance" souligne l'incohérence (voire l'indigence) du projet FN (si tant est qu'il y en ait un). Le débat sur le mariage homosexuel a illustré cette réalité multiple du "frontisme". D'un côté Marine Le Pen – qui est opposée au mariage pour les personnes de même sexe – n'a pas souhaité participer aux manifestations organisées par la Manif pour tous. De l'autre, Marion Maréchal-Le Pen, implantée dans le Sud-Est, était de tous les défilés. AA : cela prouve bien le côté démagogique du FN (pour paraphraser Blaise Pascal : "vérité en deçà de la Loire, erreur au-delà"). Une différence de degré dans l'opposition à la loi qui se vérifie dans les différents électorats, puisque 76 % des "sudistes" sont opposés à la loi Taubira, contre 65 % chez les "nordistes", terre d'ancrage de Marine Le Pen. Le FN justifiait ces divergences en mettant en avant la nécessité de "parler à tout le monde".
Les différences se sont aussi cristallisées lors de la présidentielle de 2012. Dans le Sud-Est, 59 % des électeurs de Mme Le Pen se sont reportés sur Nicolas Sarkozy, contre 42 % dans le Nord-Est, où l'on s'est davantage abstenu. 38 % des électeurs "nordistes" ont boudé les urnes, lors du second tour de l'élection présidentielle contre 26 % des "sudistes". Enfin, ils étaient plus nombreux, dans le Nord, à se reporter sur François Hollande (20 % contre 15 % dans le Sud). AA : encore une fois l'électorat "nordiste" du FN est, en majorité, probablement, un électorat issu de la gauche. "C'est une question de dosage pour Marine Le Pen, analyse Jérôme Fourquet. Elle peut élargir son discours à des thèmes sociaux mais ne doit pas aller trop loin au risque de perdre une partie de son électorat sudiste. Que se passerait-il si un Nicolas Sarkozy revenait avec à la fois une ligne droitière tout en maintenant des propositions libérales ? Pour tenir l'ensemble de son électorat, Marine Le Pen doit toujours revenir au socle commun, à savoir les questions d'immigration."
AA : le socle commun, c'est l'immigration... Combien de temps encore le FN tiendra-t-il avec des "fadaises" pareilles ?
Abel Mestre
Bien vu, Alain. Comme tous tes textes récents qui méritent l'attention. Au vu du nombre de commentaires quotidien, j'ai bien peur que beaucoup n'en profitent pas. Dommage pour eux....Continue!
RépondreSupprimerMerci. Le nombre de lecteurs n'est pas toujours proportionnel au nombre de commentaires...
RépondreSupprimerCe n'est pas l'immigration le socle commun de l'électorat frontiste mais l'islamisation de la france. et là je peux vous dire que le fn va tenir le siège. On parie ? Incroyable de ne pas voir ça
RépondreSupprimerJe ne pense pas que la France soit en train de s'islamiser... Qu'il y ait des Musulmans, OK, mais les modérés (999/1000) ne sont pas plus gênants que les pratiquants des autres religions...Il n'y aurait, d'après les services compétents, que quelques centaines d’extrémistes...sur 4 millions de musulmans.
SupprimerEn d'autres temps, on disait que la France s'enjuivait...
Probablement à chaque époque, ses fantasmes...
Au fait sur quoi vous basez-vous pour dire qu'il y a "islamisation de la France" ?
Je pense qu'il aurait été intéressant de demander aux électeurs fn s'ils se sentent menacés par les musulmans ou par l'islam, un truc dans le genre... Après pour ce qui est de "l'islamisation de la france", je n'ai fait que reprendre la thématique du fn. Je trouve qu'actuellement c'est un des fondamentaux du discours fn (d'où le "incroyable de ne pas voir ça" - incroyable de ne pas voir que c'est une des thématiques essentielles du discours fn). Après ce que le fn entend par "islamisation de la france", je ne sais pas.
SupprimerA titre personnel, je ne me sens pas menacer par les musulmans (ou l'islam) et j'estime qu'ils ont droit de vivre pleinement leur religion.
Merci de cette mise au point...
SupprimerVos commentaires sont justes je pense. Mais je suis en désaccord avec deux ou trois. Je crois que la diversité de l'électorat, n'est pas le signe d'une incohérence de programme : il l'est ! On peut être pour, être contre, pour certains points, contre d'autres , mais il est cohérent. Vote important des CSP+ et des ouvriers , ce n'est pas incompatible ( à moins de considérer que faire de la politique, c'est opposer les catégories , et faire pour les ouvriers contre les CSP+ ou inversement ) , et c'est même le danger.
RépondreSupprimerSur le mariage homo, gros problème en effet: la ligne historique -identitaire- ( le père, Maréchal, Gollnisch ) est catégoriquement contre parce qu'ils ont une idée conservatrice ( et disons le, religieuse ) de la société , la ligne "morderne" -sociale- ( Marine, Philippot) n'est pas contre , parce qu'ils considèrent que c'est sans importance, qu'il y a beaucoup de candidats aux municipales qui sont homos , et surtout qu'ils grimpent chez les homos, tout court ; manoeuvre électoraliste ( l'idée étant que les homos sont victimes de l'homophobie des jeunes arabes, dont la culture et la religion n'acceptent pas les homos).
Mais le vrai problème est : que fait la gauche? On parle de Hénin et Liévin, certes il y a des "affaires" , mais c'est dans toute la France que le FN monte ! L'UMP , on le sait, a décidé de recopier le programme du FN - ou presque -, tant mieux pour elle ! Mais que fait la gauche? Elle va continuer, comme depuis 30 ans, à crier au fascisme? " Bouhhh ! C'est pas bien le FN! " ; l'échec est cuisant, il s'agirait de ne pas persévérer dans cette voie.
Enfin, Pascal ne parle pas de la Loire, qu'il aurait sans doute écrit "le Loir" comme Du Bellay "Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin (...) " , mais il écrit "vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà"
Pour Pascal, j'ai pastiché, bien entendu...
SupprimerSur l'incohérence, je voulais dire que entre le FN extrémiste du sud, conforme à l'histoire de l'extrême-droite, et le FN plus "soft" nordiste, le programme doit tenir compte des 2 et cela paraît difficile de tenir les 2 bouts. Le seul point commun, c'est la peur des immigrés...
L'attitude face à l'homosexualité en est une illustration...
Quant au PS, vous avez tout à fait raison. J'ajoute même que la responsabilité du PS dans la montée du FN est immense.
En septembre; réouverture de l espace Lumière avec, à l affiche, un très beau film écologique: Bernard le ferrailleur de la cité des boeufs et la suite dans la foulée: 206 sur cales et le capot levé. Beaucoup d émotion pour ces deux belles réalisations amplement subventionnées par CONS TRIBUABLES!
RépondreSupprimerl'ifop a juste oublié d'aborder les questions sur l'islam. Politiquement incorrect sans doute
RépondreSupprimerSur ces questions, la grand enquête Ipsos / Cevipof ( science pô ) est claire : 72% pensent que la cantine scolaire ne doit pas se plier aux religions, 70% qu'il y a trop d'étrangers en France ( et ils disent cela en pensant qu'ils ne "volent" pas le travail des Français : ce n'est l'opinion que de 30% ) , 74% pensent que l'Islam n'est pas tolérant ou pas tolérant du tout ( Total à gauche : 65% ) , 74% pensent que l'Islam n'est pas compatible avec les valeurs de la société française ( sympathisant Front de Gauche, 67% pensent que l'Islam n'est pas compatible, alors qu'ils ne sont "que" 17% à le penser pour la religion Catholique ). 80% pensent que l'Islam cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres , c'est 4 ou 5 fois plus que les autres religions ( 79% pour le Front de Gauche, 65% PS, 89% UMP et 99% FN ).
SupprimerVoilà... ça n'est qu'une enquête, imparfaite, mais sérieuse , et elle constate ce que d'autres montraient.
J'espère avoir apporté un début de réponse ;)
Il aurait été intéressant, dans l'esprit du sondage "nordistes" et "sudistes" au FN, de comparer les attitudes des 2 électorats frontistes...
Supprimeret rien sur cette thématique dans cet article du Monde...
SupprimerNon, mais quand l'étude est sortie on en a beaucoup parlé. Et je crois que le journaliste a bien fait. Car les chiffres données sans précisions , sont ceux pour l'ensemble des français !
SupprimerEn fait , il y a un consensus chez les Français ; FDG, PS, Modem, UMP, FN : les sympathisants ( pas les militants, encore moins les candidats) pensent qu'il y a trop d'étrangers, pensent que l'islam n'est pas tolérant , et n'est pas compatible avec les valeurs de notre société. Ce n'est pas spécifique au FN, même si c'est évidemment, mais relativement, plus élevé dans cette catégorie.
Oui, l'Ifop aurait pu poser des questions sur l'attitude des sondés vis-à-vis de l'islam...
RépondreSupprimerl'islam pour les politiques français s'est leur alimentation quotidien car ils sont incapables de gérer la crise, tous les sujets sont bons, de droites comme de gauche, voile, viande halal, mosquée...pendant ce temps les musulmans français, réussissent ou nous n'y arrivons plus ou très mal....voyez les derniers résultats du BAC au lycée AVEROES de Lille,qui est arrivée premier Lycée de France,...les commerces de proximités,...dans la fonction public,...fonction libéral...milieux médical...
RépondreSupprimerla dernière génération est très réactive...et très intelligente..!
je comprends que certains soit inquiet...ils ont peur pour leur place...