AA : Ci-dessous un article de Francetvinfo, assez original, parce qu'il évoque la montée du FN dans quelques communes autour d'Hénin.
Remarques :
- Le journaliste, pour ce reportage, s'est heurté à un boycott du FN. Dommage, car le sujet est intéressant et aurait mérité que des frontistes donnent leur avis.
- Il y a d'autres villes où le FN a réalisé plus de 45% au second tour des législatives de 2012, mais le FN n'y présentera pas de liste : Noyelles-Godault (53,79% !), Rouvroy (52,69%) et Evin-Malmaison (52,63%). Quant à Méricourt, partagée entre 2 circonscriptions, le résultat total sur la 3ème et la 11ème affiche un score de 46,38% pour le FN.
- A noter la difficulté pour le FN de désigner des têtes de liste : il a fallu souvent parachuter des candidats (Montigny, Oignies, Dourges...) là où il y avait un potentiel d'électeurs intéressant...
- Le FN devrait confirmer ses bons résultats des législatives, mais je ne pense pas qu'il emportera une des mairies concernées. En effet, la personnalité des maires sortants leur assure un matelas suffisant. A noter que la communauté d'Agglo pourrait voir une arrivée importante de délégués FN, surtout si Hénin bascule... Mais il ne faut pas s'attendre à un changement de majorité...
Municipales : ces huit villes que le FN aimerait gagner dans l'ombre d'Hénin-Beaumont
Le Front national espère faire de gros scores dans huit communes voisines de la médiatique ville du Pas-de-Calais.
Dourges, Oignies, Montigny-en-Gohelle,
Harnes, Courrières, Méricourt, Billy-Montigny ou encore Mazingarbe :
voilà huit villes dont vous pourriez entendre parler dans les prochaines
semaines. Dans l'ombre de la médiatique Hénin-Beaumont, que le Front
national lorgne depuis des années, ces huit bourgs du Pas-de-Calais
pourraient, eux aussi, tomber dans l'escarcelle frontiste lors des élections municipales des 23 et 30 mars.
Selon notre enquête,
le parti de Marine Le Pen va réussir à présenter des listes dans ces
huit communes, où, lors des dernières élections législatives, il a
dépassé la barre des 45% voire (pour l'une d'entre elles) celle des 50%.
Dans la plupart de ces huit villes, la présence d'une liste frontiste
aux municipales sera une grande première.
Dans
ces anciennes cités minières, l'extrême droite ne cesse de progresser
depuis plus de dix ans, scrutin après scrutin. A Dourges, un bourg de
5 600 habitants où près d'un actif sur cinq est au chômage, 44% des
électeurs ont voté FN dès le premier tour des législatives. En 2002, ils
n'étaient que 20%. "Aujourd'hui, on est à la croisée des chemins", lâche le maire (DVG) Patrick Defrancq, en reconnaissant que l'issue du scrutin sera très serrée.
"Toute une partie de la population se sent abandonnée"
Comment expliquer cette inexorable ascension ? Maire de Dourges depuis 2008, Patrick Defrancq pointe d'emblée une "désespérance sociale" croissante. "Il
y a une impuissance du pouvoir politique à apporter des solutions
contre le chômage. Toute une partie de la population se sent
complètement abandonnée, et décide de se tourner vers le Front
national." Sur l'ensemble de la zone d'emploi, le taux de chômage dépasse aujourd'hui les 17%. A certains endroits, il frôle les 25%.
"Il y a un vrai ras-le-bol, constate le maire socialiste de Harnes, Philippe Duquesnoy. Les gens ont le sentiment que les hommes politiques ne prennent pas les choses par le bon bout." "Parfois, la politique menée donne à nos administrés l'impression qu'on s'occupe davantage des homosexuels que des chômeurs", tonne un autre élu socialiste. Même analyse à Courrières, où le premier adjoint PS, Bernard Montury, voit dans le vote FN "avant tout une colère, de la part de gens qui ne voient pas de résultats arriver".
"Les gens se sentent de plus en plus en insécurité"
Mais
l'évolution catastrophique de l'emploi dans le bassin minier n'explique
pas tout. Depuis plusieurs années, les habitants déplorent aussi une
hausse de la délinquance périurbaine. Direction Montigny-en-Gohelle,
10 400 habitants. Dans cette commune limitrophe d'Hénin-Beaumont, le
revenu moyen est 40% inférieur à la moyenne nationale. Ces derniers
mois, de nombreux braquages et cambriolages ont ébranlé le calme de
cette petite ville. "Les gens se sentent de plus en plus en insécurité",
regrette Claude Ponchaut, secrétaire de la section locale du Parti
socialiste, adjoint aux sports, et candidat dissident face au maire
sortant.
A Dourges, un PMU a été braqué deux fois en
moins d'un mois. A quelques kilomètres de là, les habitants d'Oignies
ont dû faire face, eux aussi, à une série de braquages. "Beaucoup de
gens nous répètent qu'ils ont peur. Certains se sont même armés, 'au
cas où', comme ils disent… Le climat dans lequel on vit est de plus en
plus détestable", témoigne un commerçant. Le FN l'a bien compris. A
Oignies, à Montigny et dans les communes voisines, les candidats
frontistes formulent les mêmes promesses : renforcer les effectifs de la
police municipale, mettre en place des systèmes de vidéosurveillance,
organiser des dispositifs de surveillance entre voisins…
Si les habitants du bassin minier se sentent "abandonnés",
c'est aussi parce qu'ils voient leurs communes de plus en plus
désertées par les commerces et par les services de proximité. A
Montigny-en-Gohelle, de nombreuses personnes âgées se sont senties
délaissées en voyant une ligne de bus contourner subitement leur
quartier. A Harnes, le commissariat de police a baissé son rideau. A
Oignies, deux boulangeries ont fermé en quelques mois, et il ne reste
plus qu'une boucherie, contre quatre ou cinq il y a encore quelques
années. De quoi renforcer ce sentiment d'abandon et de déclassement,
contre lequel le FN promet de lutter s'il était au pouvoir.
"Les affaires ont jeté le discrédit sur l'ensemble des élus"
A
ce cocktail détonant, il convient de rajouter une véritable rupture de
confiance entre les électeurs et les élus, accentuée par la révélation
ces dernières années des affaires Dalongeville à Hénin-Beaumont et Kucheida à Liévin. "Dalongeville
et Kucheida étaient des élus à l'écoute, proches des gens, presque
paternalistes. Mais à partir du moment où les affaires ont éclaté, les
habitants ont eu le sentiment d'avoir été trahis", raconte le maire de Dourges, Patrick Defrancq. En plus d'avoir ébranlé un système historiquement clientéliste dans la région, "ces affaires de corruption ont jeté le discrédit sur l'ensemble des élus locaux", se désolent en chœur les maires rencontrés.
Aujourd'hui, l'appareil socialiste est pointé du doigt. "Le
PS a tellement tardé à faire le ménage qu'on est arrivé à un point où
le FN n'a plus qu'à se pencher pour ramasser les voix !" accuse un élu socialiste. "Le PS n'écoute plus les habitants", enfonce Claude Ponchaut, élu et candidat à Montigny-en-Gohelle. A Oignies, le cumul des mandats est aussi en cause. "Depuis que le maire préside la communauté d'agglomération, on ne le voit plus",
regrettent plusieurs passants rencontrés sur le marché. Ce matin-là,
les militants FN, eux, sont bien présents, et prennent le temps
d'écouter les doléances des habitants.
"Face au FN, la gauche s'est
contentée d'agiter le chiffon rouge et de brandir l'argument de
l'antiracisme. Aujourd'hui, la désespérance sociale est telle que cet
argument ne fonctionne plus. Ce qu'il faut, ce n'est plus tant affronter
le FN sur le terrain des valeurs que sur celui des solutions
économiques qu'il propose", développe le maire de Dourges, Patrick
Defrancq. Les choses semblent évoluer dans ce sens. Début janvier, la
fédération PS du Pas-de-Calais a édité un livret à l'attention de ses
militants, pour riposter aux différents arguments du FN. "Le PS a attendu dix ans avant de prendre en compte le fait que la moitié de la population votait pour le Front national", raille le blogueur héninois Alain Alpern, ancien élu. "Cet argumentaire est très bien fait, mais il vient peut-être un peu tard", regrette le maire d'une commune du bassin minier.
"Ici, le FN se prépare depuis longtemps"
En face, le Front national, lui, n'a pas perdu de temps. "Ici, le FN se prépare depuis longtemps", observe Pascal Wallart, journaliste à La Voix du Nord.
L'organisation et la hiérarchie se sont professionnalisées. Pour éviter
tout dérapage, la communication est ultra-verrouillée. Les militants
ont reçu des consignes pour ne pas parler aux journalistes sans l'accord
de la fédération. Les têtes de liste, elles, ont été soigneusement
sélectionnées. "Ils se mettent la pression. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur", constate Pascal Wallart.
Dans les communes où il n'y avait pas
de prétendant sérieux, le FN est allé en chercher ailleurs. Comme à
Oignies, où le candidat François Vial, fonctionnaire parisien de 43 ans
et ancien arbitre de football professionnel, s'est installé il y a
quelques mois seulement. Certes méconnu de la population, il a néanmoins
donné le sentiment au FN d'avoir un bagage suffisant pour assumer la
fonction de maire, contrairement aux militants locaux. Idem à
Montigny-en-Gohelle, où Emmanuel Rignaux sera candidat, après l'avoir
été à Lens en 2001, Bruay-la-Buissière en 2002, Aire-sur-la-Lys en 2008,
Hénin-Beaumont en 2009 et Houdain en 2011. A Dourges, le candidat FN,
Freddy Baudrin, s'est lui aussi installé courant 2013 dans la commune,
après avoir été candidat à Hénin-Beaumont en 2008 et à Lens en 2011 puis
2012.
A gauche, les municipalités en place espèrent
simplement que ce manque de notoriété jouera en défaveur du Front
national, et que les électeurs distingueront les enjeux municipaux de
leur colère sur la politique nationale. Mais personne ne se risque à
faire un quelconque pronostic sur ce que seront les résultats au soir du
30 mars.
Pas compris votre commentaire, M. Alpern, à Méricourt le FN présente une liste je crois non ?
RépondreSupprimerMerci de cet éclairage sinon - les "raisons de la colère" doivent toujours être étudiées - même si, bien sûr, ce n'est pas enthousiasment, pas "glamour".
J'ai indiqué que dans 3 villes où le FN avait réalisé plus de 45 % aux législatives, il ne présenterait pas de candidat, à savoir Rouvroy, Noyelles et Evin. Quant à Méricourt, celle-ci voyait un score total FN de plus de 45% sans préciser s'il y avait ou non une liste de ce parti... Ma formulation était ambigüe...Désolé !
SupprimerOui, la "tête de liste déclarée" - si liste il y a finalement donc, mais on voit mal pourquoi le fn renoncerait à un tel potentiel est un ancien pc, je crois.
SupprimerBernard Baude ne passerait plus de nuits aussi sereines qu'avant, paraît-il