Conseil municipal d'HB du 8/4/2015 (2)

L'autre duettiste

Comme je l'écrivais, Steeve Briois a perdu tout contrôle, hier. Ce ne fut pas le cas de Bruno Bilde. Celui qu'on surnomme le maire bis, tant ses prérogatives (celles qu'il s'octroie, ainsi que celles qui lui sont accordées) sont l'apanage habituel d'un maire : il s'empare de la parole sans cesse, à tout propos, faisant des remontrances aux élus de l'opposition, s'attaque à la presse en général et à La Voix du Nord, en particulier. Ce conseiller régional, « conseiller spécial » de Marine Le Pen, membre du bureau politique, de la commission d’investiture et du comité central du FN, adjoint au maire (affaires juridiques et communication), conseiller communautaire, vient de faire la une des médias, parce qu'il fait partie des assistants parlementaires (il a été recruté depuis peu) du FN à Bruxelles, pour suspicion d'emploi fictif... Hier soir, en conseil municipal, ses interventions multiples (une quinzaine, souvent très longues), jamais interrompues par le maire qui a les yeux de Chimène pour lui, étaient toujours bien argumentées (on sent le juriste...). A la différence du maire, il possède un large vocabulaire, il est intelligent et malin, mais cet homme est beaucoup plus dangereux que son comparse : l'homme de l'ombre est,  en fait, un "tueur" et je dirais même, que, dans sa fonction héninoise, il est le bras "armé" de S. Briois, tant ce dernier n'existerait pas sans lui. Voyez-le à l'oeuvre durant cette longue soirée de mercredi, constamment sur le qui-vive, toujours en mouvement comme mû par une pile électrique, tripotant sans cesse son micro, faisant des allées-venues continuelles entre son siège et on ne sait trop où... Cet homme est redoutable malgré un débit verbal perturbé et accentué par l'énervement.

Avant de passer à ses interventions, il faut savoir que, sans retenue aucune, il a mis en cause S. Filipovitch (cible favorite des attaques du "duo infernal" et du public excité par les 2 élus)  pour 3 raisons :

- il aurait une adresse fictive à HB et ne serait donc pas éligible...

- il ne paye pas ses impôts !

- il aurait accusé les élus majoritaires de "se goinfrer sur le dos des Héninois". Expression maladroite, mais reprise jusqu'à satiété par Bilde et Briois, ce dernier se défoulant en soumettant l'élu d'opposition à un véritable interrogatoire policier auquel, malheureusement, SF se prêta, s'enferrant dans des réponses souvent confuses, aggravant l'hystérie du maire, sous les quolibets du public...

B. Bilde se fit le procureur pour faire taire l'opposition. Estimant "qu'on est trop généreux avec l'opposition", qui "ne représente que  6 élus sur les 35 membres de l'assemblée", il proposa que le "règlement intérieur détermine le temps de parole des uns et des autres". De suite, le maire ne donna plus qu'une minute de parole à des élus qui n'étaient pas intervenus jusque là (Binaisse, Rogé, Gorillot) ou très peu (D. Noël). Les tentatives de prises de parole de Marine T et S. Filipovitch, pas toujours honorées, furent souvent inaudibles (moins pour la première qui sut parfois imposer le silence par de pertinentes prises de parole), le public huant, le maire intervenant peu courtoisement...

La proposition de BB fut retenue pour examen par le maire. Ce dernier, une fois de plus, mû par une étrange pulsion, proposa que les réunions municipales aient lieu dorénavant dans la journée, dès 9h ! 

BB traita de "crapules socialistes" les élus d'Adévia, à l'occasion de la présentation d'une provision de 437 000 euros suite à un recours de cette société contre la ville. Il s'emporta parce que 2 élus de l'opposition discutaient pendant son intervention ou parce que M. Tondelier s'absenta pour rencontrer les policiers municipaux venus prendre les coordonnées des protagonistes d'une agression verbale dans le public... A l'encontre de l'élue verte, il se fendit d'un "c'est incroyable le culot que vous avez" après avoir lancé à la même "où avez-vous été éduquée ?", qu'il resservit à SF quelques minutes plus tard. Notre duettiste avait oublié qu'il s'absentait souvent durant les séances, à tel point que lors d'une intervention de S. Filipovitch, lui, le maire et le premier adjoint avaient quitté les lieux. Il interpella à nouveau MT sur son "impolitesse notoire".

Il s'impliqua beaucoup dans le refus de la protection fonctionnelle accordée à E. Binaisse et D. Noël (même si pour le premier, il reconnut qu'il était "juge et partie" et devait donc rester silencieux...). 

Dans l'une des 2 motions déposées par la majorité, il demandait à ce que la ville d'HB soit représentée dans le bureau exécutif  de la CAHC (demande qui sera réintroduite en bureau communautaire ce jeudi soir), ce à quoi M. Tondelier lui répliqua avec raison qu'à l' Agglo, il y avait une majorité et une opposition et que le FN était dans l'opposition, comme au conseil départemental Mais "ces gans-là", la raison, ils ne connaissent pas !). Bilde explosa quand MT lui rappela les dernières déclarations de JM Le Pen qui confortaient l'opinion que l'on pouvait avoir du FN : l'adjoint favori du maire dérapa en mettant en cause F. Mitterrand qui "bouffait du juif avec Bousquet" (sic). 

Il termina en fanfare en mettant en cause des élus socialistes de l'Agglo qui attaquaient, "avec un poignard dans le dos", la Voix du Nord, qu'ils ne supportaient plus...

Deux idées s'imposent à moi à l'issue de cette terrible soirée :

- quand on voit le vrai visage de Briois et Bilde, on a des raisons d'avoir peur d'une éventuelle arrivée au pouvoir du FN. Ces gens sont des despotes, ils sont anti-démocrates et sont prêts à écraser tous ceux qui ne sont pas de leur avis

- je suis effrayé par ceux qui sont aveuglés et qui sont prêts à tout pour les suivre. Il suffisait de voir les sympathisants applaudissant sans retenue un maire manquant singulièrement de sang-froid et huant la moindre parole de l'opposition ! Combien de dictateurs ont suscité l'hystérie collective... Hitler, Staline, Mussolini ont été adulés par des peuples qui les ont suivis souvent jusqu'à la catastrophe finale. Quand on voit le dictateur nord-coréen adulé, aujourd'hui, par son peuple, un des plus pauvres du monde, on se dit que ce que nous a laissé entrevoir le duo infernal héninois pourrait être annonciateur de jours dramatiques pour la France. Dans ce sens, Hénin-Beaumont est bien un laboratoire FN pour la France : jusqu'où ces gens-là sont-ils capables d'embarquer les Français ?

A suivre