Si
certains génocides ont été reconnus par l'ONU (Juifs et Tsiganes, Arméniens,
Tutsis), d'autres font l'objet de procédures (Kurdes d'Irak, Indiens Mayas du
Guatemala, Indiens Aché du Paraguay, Darfour...), et d'autres n'ont pas fait,
pour l'instant, l'objet de procédures (Hereros d'Afrique occidentale, Hutus du
Burundi...).
Le Monde
Qu'est-ce qu'un " génocide " ?
L'utilisation
du mot " génocide " pour qualifier les grands massacres de
l'Histoire, comme l'extermination des Arméniens en 1915 ou la tragédie
du Cambodge (1975-1979), n'en finit pas de susciter le débat
|
Ici, il n'y a pas de pourquoi ", s'entendit
répondre Primo Levi à son arrivée à Auschwitz. En 2015, année de
commémoration des 70 ans de la libération des camps nazis, du centenaire
du génocide arménien et des 40 ans de la prise de Phnom Penh –ouvrant la
voie au massacre de 1,7 million de Cambodgiens par les Khmers rouges –,
ceux qui ont tenté de décortiquer l'Histoire ne sont pas parvenus à apporter de
réponse satisfaisante à la lancinante question du " pourquoi ?
".
Le caractère " impensable "
des horreurs révélées en 1945 explique peut-être qu'il fallut un mot
nouveau pour les qualifier. En 1948, l'ONU adopta le terme de "
génocide ", inventé quatre ans plus tôt par le juriste américain Raphael
Lemkin. Malgré une définition complexe – commettre des massacres ou causer un
préjudice mental ou physique grave avec l'intention de détruire tout ou partie
d'un groupe national ethnique, racial ou religieux –, le mot
est passé dans le langage courant pour qualifier les crimes de masse, non sans
provoquer des débats enflammés. Comme le 12 avril, lorsque le pape
François évoquait le massacre des Arméniens," considéré comme le
premier génocide du XXe siècle ".
Identifier le crime
La qualification de " génocide
" cambodgien suscite aussi la polémique. Le 17 avril 1975,
Phnom Penh tombait aux mains des Khmers rouges. Jusqu'à leur chute, le 6
janvier 1979, les maîtres du " Kampuchéa démocratique "
entraînèrent la mort d'environ 20 % de la population. Mais sont-elles
nécessaires, ces querelles de vocabulaire, pour qualifier ces atrocités ?
Richard Rechtman, directeur d'études à
l'EHESS, psychiatre et anthropologue, en est convaincu : " Moins
pour les victimes que pour l'histoire collective, précise-t-il. On ne juge pas
l'Histoire au regard de l'intérêt immédiat des victimes. Sinon, comme le pensent
certains, il faudrait se taire afin de ne pas rouvrir les blessures. Au
Cambodge, la qualification de “génocide” souligne bien l'intentionnalité
criminelle, qui va au-delà de l'élimination physique des opposants pour viser
tout un peuple, le peuple dit “nouveau”dans le langage khmer
rouge. Les Khmers rouges ont voulu tuer les hommes, les femmes, les enfants,
mais aussi les morts en interdisant les rites funéraires ou en laissant les
dépouilles à l'abandon – ce que l'on ne retrouve que dans les pratiques
génocidaires. "
" Pour délester les survivants du
fardeau de leurs défunts, dont ils sont souvent les seuls à se souvenir, il est
nécessaire que l'ensemble de la collectivité les porte, poursuit M.
Rechtman. Cela passe par l'aveu des bourreaux. Or, seule la scène
judiciaire contient ce dispositif qui les fait – parfois – parler.
" A la différence d'un procès pénal ordinaire où l'on cherche des
mobiles, note-t-il, il s'agit ici d'identifier le crime, même si la
responsabilité des accusés ne sera parfois pas engagée. C'est le sens de la
mémoire collective, dit-il. Il faut permettre aux défunts de réintégrer
l'espace collectif, y compris par la polémique. Il ne s'agit pas d'une démarche
compassionnelle à l'égard des survivants, ajoute-t-il, mais d'un acte politique
de refus de l'effacement.
Apparemment, tant que les victimes de criminels sexuel n appartiendront pas a la categorie genocide, leur cas n interressera pas nos élites
RépondreSupprimerCrime de droit commun et crime contre l'humanité sont 2 choses différentes. Pas la même juridiction, pas les mêmes peines, etc... Bien que dans les 2 cas il s'agisse bien de crimes.
SupprimerAh c est nouveau. Après le détail de l histoire, la chance de victimes de génocides d etre reconnus .....
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