Pologne et Corse...

Je ne sais si vous savez mais la Pologne subit actuellement un coup d'état légal. Le parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis les législatives d’octobre (après le gain des présidentielles du printemps) tente de paralyser le tribunal constitutionnel, l'instance chargée de statuer sur la conformité des lois.

Le PiS y a déjà placé cinq juges de son choix, suivant une procédure controversée, ce qui devrait lui permettre de bloquer facilement les avis défavorables du tribunal, et donc de faire passer n'importe quelle loi.

Selon un observateur, les Polonais en avaient assez de la majorité au pouvoir et, par provocation, ont voté pour les nationalistes, qu’ailleurs on appelle "extrême droite".

Cela fait froid dans le dos de voir un de ces partis « musclés » (comme en Hongrie, d’ailleurs) arriver au pouvoir dans le cadre d’élections démocratiques et mettre en place les moyens de leur objectif final : arrêt de la politique d’immigration, réintroduction de la religion au baccalauréat, préférence nationale en matière économique, priorité au charbon, euroscepticisme (quand on sait ce que l’UE a apporté à la Pologne…).

A voir comment, à Ajaccio, des habitants ont attaqué une zone d’habitation peuplée en majorité de Français d’origine arabo-musulmane, aux cris de « Les Arabes dehors » ou de « On est chez nous », tout en saccageant un lieu de culte, parce qu’ils pensaient que ceux qui avaient, quelques heures plus tôt, attaqué violemment des pompiers qu’ils avaient piégés, habitaient la cité, on se dit que le racisme que l’on constate sur le continent existe aussi sur l’île de Beauté. Certes, les attaques contre les pompiers sont inadmissibles, mais la « ratonnade » qui s’en est suivie l’est tout autant. Le Préfet a interdit toute manifestation pour calmer le jeu, mais un mouvement de solidarité avec les « soldats du feu » est annoncé pour ce matin. Comment l’Etat va-t-il réagir contre cette nouvelle provocation du camp nationaliste corse ? « La République est une et indivisible » et, pourtant, cela fait longtemps qu’une partie des Corses revendique son indépendance. Au moment où la justice française est attaquée de toutes parts, où le gouvernement français veut montrer sa force, suite aux attentats de 2015, en se fourvoyant dans un combat inutile (la déchéance de nationalité) et dans un prolongement douteux de l’état d’urgence, on peut se poser la question de savoir quelle sera son attitude devant la montée des revendications nationalistes corses.

Pourquoi rapprocher ainsi les situations, apparemment différentes, entre la Pologne et la Corse ? Plusieurs raisons :

-         La montée de plus en plus forte du racisme anti-arabe et anti-musulman, de part et d’autre ;

-         les volontés nationalistes des uns et des autres, avec leur corollaire : la préférence nationale (ou insulaire…) ;

-         l’objectif d’un retour à une certaine pureté soi-disant originelle: le peuple corse d’un côté, la religion catholique de l’autre ;

-         l’indépendance : vis-à-vis de l’Europe pour l’une, vis-à-vis de la France pour l’autre…

Au moment où un parti politique obtient 28% des voix en France, avec des pointes à 50% dans certains territoires, on peut se poser la question de savoir, si, en France, nous ne sommes pas sur la voie … de la « polonisation » !