Regard sur les Régionales (3)

Quel est l'état des lieux dans les partis politiques après ce qu'on peut considérer comme un avertissement sans frais (pour l'instant) pour les partis politiques (autres que le FN) de la part des électeurs ?

- Le PS a évité la claque qu'on lui prédisait avant le premier tour et même au soir du premier tour. Certes, il n'a gagné que 5 régions et son attitude tout à fait respectable en Nord-Picardie et en PACA, régions où il s'est sabordé pour empêcher le FN de gagner, a réduit, après les claques des municipales et départementales, les troupes de militants, d’élus et salariés à un étiage inconnu depuis très longtemps. Il a, en effet, perdu 50% de ses conseillers régionaux et une armada d’assistants, de secrétaires, de membres de cabinet de président et de salariés de groupes… Le parti va très mal : F. Hollande, incapable de tenir ses promesses en matière de chômage, ne peut pas être un bon candidat pour la présidentielle de 2017. Les alliés potentiels (EELV, PC, Parti de Gauche) ont essuyé également un grave échec. Alors ? Seule possibilité : aller chercher dans la société civile un candidat médiatique, de gauche et à même de fédérer, dès le premier tour des présidentielles, tous les partis dits de gauche. C’est parallèlement à cette candidature que le parti pourrait se réformer…

- EELV dont les zizanies internes ont « bouzillé » un beau projet ne pourra éviter de se reconstruire dans un projet de gauche évoqué ci-dessus. Incapable de profiter du cadre de la COP21 qui donne raison pourtant à ses propositions, incapable d’insuffler au PS ce souffle d’écologie qui lui manque tant, incapable de respecter un leadership (Duflot se comporte en chef de parti qu’elle n’est pas), le parti écologiste doit devenir un élément moteur de cette nouvelle gauche.

- Le PC n’arrête pas d’agoniser et pourtant on a besoin de lui, de ses militants si proches du terrain. Il ne pourra continuer à jouer le double jeu qu’il tient depuis plusieurs années : critique envers le PS, mais prêt à sauvegarder coûte que coûte ses derniers bastions… Sa valse-hésitation, du style « je t’aime, moi non plus », avec le parti de JL Mélenchon doit cesser : les résultats ont été, malheureusement, lamentables…

- Le Parti de Gauche n’a pas su insuffler à la gauche (même constat que pour les Verts), ses idées intéressantes sur la finance et l’économie… JL Mélenchon, malgré son talent, n’a pas su se montrer crédible (quand on pense qu’il nous a tant vanté Chavez !).

- Les Reps (l’ex-UMP) n’ont pas su trouver un positionnement idéal, laissant N. Sarkozy imprimer une ligne très à droite pour récupérer des électeurs frontistes.

Après ses victoires aux municipales et aux départementales, le parti entrevoyait un succès total aux Régionales. Au soir du premier tour, l’échec était tel que l’on ne pouvait prévoir la victoire dans aucune région. Seuls la mobilisation des électeurs  entre les 2 tours et le désistement dans les 2 régions « nordistes » et « sudistes » lui a permis d’emporter 7 régions dont l’Île-de-France. Victoire non satisfaisante donc. Et le parti a 2 problèmes à résoudre : son alliance problématique avec le centre si la stratégie ne change pas, et Nicolas Sarkozy lui-même qui n’inspire pas plus que F. Hollande les électeurs français. Là aussi, une remise en cause totale, donnera un avenir au parti. Quand on voit des personnalités aussi différentes et opposées que Laurent Wauquier, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin ou Nathalie Kosciusko-Morizet, on se dit que ce n’est pas gagné…

-   Le FN a certes réalisé son meilleur score depuis sa création. Avec 2 bémols. D’une part, il est passé de 6 millions de voix à 6,8 millions entre les 2 tours (alors que les Reps gagnaient 5 millions d’électeurs et le PS, 2 millions), les 800 000 électeurs supplémentaires provenant probablement de partis de la droite extrême, tels que celui de Dupont-Aignan (DLF). D’autre part, on ne voit pas comment il pourrait trouver des réserves supplémentaires de voix. Et le FN ne pourra jamais gagner seul dans le système électoral français actuel : ainsi les projections des résultats des régionales sur les législatives ne lui accordent qu’une petite soixantaine de députés. Sa seule solution : faire exploser la droite et s’allier avec les plus droitiers des Reps… En attendant, il peut commencer avec des gens comme Eric Zemmour, Philippe de Villiers ou Patrick Buisson…