Toujours Daniel Percheron...

La Voix du Nord publie aujourd'hui, à la suite de son article précédent, un entretien avec Daniel Percheron. Le (toujours) président de région est un personnage complexe. J'ai toujours dit que son bilan à la région était positif, mais j'ai toujours mis en cause la façon dont il a organisé le PS : octroi de fiefs à des vassaux qui devenaient ses obligés, noyautage d'associations (d'éducation populaire, notamment). En contre-partie, il maintenait sa fidélité dans les moments difficiles... 

Je souhaiterais ici préciser certains points abordés dans l'entretien au quotidien régional.

- DP est un social-démocrate, guédiste comme il l'a toujours proclamé. Il a ainsi toujours mis en avant le système social français, "un des meilleurs du monde". Et il ne comprend pas l'ingratitude des Français sur ce sujet.

- Il dit avoir fait le "pari de l'intelligence des territoires". Aujourd'hui, les intercommunalités ont des pouvoirs, souvent au-delà du minimum imposé par la loi : par exemple, en matière de logement (ANRU) et d'environnement. Et c'est vrai que, élu de base à l'origine (conseiller municipal à  Lens et Liévin), il connait les difficultés des communes face aux différentes institutions (départements, régions, état).

- Il revient sur les projets d'envergure qu'il a initiés et combat les critiques sur ces investissements : le Louvre, c'est 2 lycées, le RER Lille Hénin-Arras, c'est 2 milliards alors que le Grand Paris, c'est 40 milliards, 45 millions pour le stade Pierre-Mauroy ce n'est rien par rapport à la publicité mondiale faite autour de Lille (sauf que le LOSC ne fait pas le plein, loin de là, et que la situation sportive est catastrophique à tel point que l'on a viré l'entraîneur, hier). Il ajoute que les cités minières ne sont pas devenues des "flavellas" grâce au rachat du patrimoine minier. Avec humour (qu'il manie à plusieurs degrés), il explique que les emprunts ne seront pas remboursés par la Région (il n'y a pratiquement plus de fiscalité propre pour les régions), mais par l'Etat qui verse des dotations pour les budgets...

- Il convient qu'il a fortement ressenti l'échec que fut l'abandon de constituer un pôle ferroviaire mondial dans le Valenciennois, alors qu'y sont installées deux des des plus grandes entreprises mondiales (Alstom et Bombardier). A l'origine, l'impossibilité (opposition de la population) de construire l'indispensable circuit d'essais ferroviaires. Il est vrai que pour l'emploi, ce fut un échec cruel...

- Après avoir confirmé qu'il n'ambitionnait pas la présidence du RC Lens, il a écarté l'idée d'écrire ses mémoires. Dommage, car ce "faiseur de rois" aurait beaucoup de choses à nous dévoiler, pas toujours à l'honneur des hommes de pouvoir de ces 50 dernières années. Peut-être qu'un journaliste de talent s’attellera à écrire sa biographie en le faisant accoucher de toutes les zones d'ombre, mais l'homme est malin...

- DP, homme discret, a toujours refusé les honneurs (on lui  a pourtant offert d'être ministre) et il dit aujourd'hui que s'il avait revendiqué ce qu'il a initié, les réalisations lui auraient été reprochées...

- Il soutient P. de Saintignon du bout des lèvres. Quant à Martine Aubry, après avoir rappelé qu'elle aurait pu mener la liste aux Régionales et qu'il l'a soutenue à Reims pour prendre la tête du parti, il a ce mot assassin (dont il a le secret) : "elle relève de l'Histoire" ! Bel enterrement...

- On ne pourra qu'être surpris du compliment fait à M. Le Pen : "Il n'y a pas de raison que MLP soit le diable pour moi. Je respecte les électeurs". Vous allez voir que MLP va l'encenser...

- Beaucoup lui a été reproché sur les dérives de ses affidés. Pour Mellick et Kucheida qu'il a "faits", il trouve qu'ils ont été cloués au pilori pour pas grand-chose. Concernant le premier qu'il couvre de louanges, il ne comprend pas qu'on lui ait reproché un si petit mensonge (le faux rendez-vous avec Tapie pour disculper ce dernier dans le match OM-VA). Et Kucheida n'a eu que quelques notes de restaurants pas claires à se reprocher et il a été condamné à une amende. Sauf que pour ce dernier, les "détournements de fonds" afférentes à ces "facturettes" de carte bleue ne sont que la partie émergée du dossier. J'avais transmis à la police judiciaire, non seulement ces notes, mais d'autres éléments dont on a toujours dit qu'ils ont fait l'objet d'enquêtes judiciaires, aujourd'hui closes, mais on attend toujours la suite de la procédure. Pour les 2 protégés de D. Percheron, des soupçons de financement du PS ont toujours été mis en avant (je rappelle que J. Mellick fut chargé, à une époque, de trouver des fonds pour le parti)... Dommage que DP ne veuille pas écrire ses mémoires ! Mais le ferait-il sincèrement ?

- Quant à sa fille, Elvire, même si, dit-il, toutes les règles de nomination ont été respectées, il affirme qu'il était contre car il savait ce que l'on en tirerait comme commentaires... Sauf que, quand on est élu, on n'embauche pas, dans l'instance que l'on préside, un de ses proches. Quand on est Elvire Percheron, toute diplômée et compétente soit-on, on n'a aucun mal à se faire embaucher ailleurs que dans la région, même sans l'onction paternelle !