En ce 5 juin 2030, il déambulait dans cette rue Elie Gruyelle et n'en croyait pas ses yeux: plus de 20 ans qu'il n'était pas revenu et cette rue, si fantomatique naguère, était emplie de vie.
Trois jours qu'il était sorti de prison et GD (nous indiquerons seulement ses initiales afin de préserver son anonymat) ne s'était toujours pas fait à la réalité. Mais, ce jour, dans Hénin-Beaumont, il lui semblait qu'une fée avait, de sa baguette magique , transformé la rue du désespoir en rue de l'espoir. Des façades refaites, laissant souvent apparaître la brique locale, des vitrines aguichant le chaland, des trottoirs élargis, dont le macadam avait laissé place à un revêtement absorbant, des voitures électriques cheminant au milieu des vélos, il ne reconnaissait pas cette rue qui portait le nom d'un de ses prédécesseurs: il en profita pour sortir son phonordine, ouvrit le GPS et constata, mi-attristé, mi-compréhensif, qu'aucune rue ne portait son nom; une recherche rapide sur l'appareil lui indiqua qu'il était bien le seul ancien maire à ne pas rester dans la mémoire des Héninois...A cet instant, le tramway qu'il n'avait pas vu arriver, manqua de l'accrocher et il ne dut son sauvetage qu'à l'anticipation d'un monsieur âgé: il le remercia et il fut tout surpris de reconnaître une personne qui avait travaillé avec lui, du temps où il était directeur de cabinet du maire de l'époque, et qui devint un adversaire politique acharné. Mais ce dernier ne le reconnut pas: sa barbe avait disparu et son grisonnement le rendait méconnaissable. Tant mieux, il ne tenait pas à ce qu'on sache sa présence. Son ex-opposant lui sourit, toujours aussi affable, s'enquit de son état, et le salua.
Il continua son chemin, fut heureux que les personnes, assises sur les bancs, devisant entre elles, ne lui prêtent attention, et se reposa quelques instants à l'ombre d'un palmier. Son regard enveloppa la rue dans son ensemble et il s'aperçut alors qu'elle était bordée de pleins de palmiers comme dans une ville du midi. Il comprit alors ce qu'avait produit ce fameux changement climatique: ses 20 ans d'incarcération l'avaient en quelque sorte sorti du monde réel, même s'il regardait de temps en temps l'immense écran de télevision fixé sur le mur de sa cellule: mais, souvent, il se réfugiait dans les films de ses 20 ans, ceux des années quatre-vingt-dix du siècle dernier.
Il reconnut le petit parc public qui ressemblait, maintenant, plus à un jardin botanique: un groupe d'enfants écoutaient les explications de leur maître qui leur parlait de biodiversité, de nécessité de préserver la nature, d'avenir incertain de la planète...Et soudain son regard se fixa sur une grand-mère, devant un landeau et qui promenait son regard des enfants vers lui: se put-il qu'elle l'ait reconnu? Après tout, elle était un peu plus âgée que lui, et ils s'étaient souvent rencontrés, non seulement comme élus municipaux, mais également lorsqu'elle était Directrice d'école. Leurs regards se croisèrent un instant, puis elle fixa, à nouveau, les enfants, fronçant les sourcils, pour mieux se souvenir.
Il fit demi-tour rapidement avant qu'elle ne recouvrit la mémoire, se dépêcha et fut interloqué de voir que le fameux souterrain qui menait vers le Boulevard Schweitzer avait été remplacé par un rond-point abondamment planté. A proximité, il héla un taxi collectif et grande fut sa surprise, quand il demanda si le véhicule se rendait au Centre Commercial, de se voir répondre: "vous voulez dire au Parc?". Le boulevard, qu'il avait connu bordé de locaux commerciaux plus ou moins délabrés, et de panneaux publicitaires disparates, accrocheurs et sans âme, était devenu une large allée, bordée de haies et d'arbustes, qui sous ce soleil de printemps, offrait aux promeneurs et aux cyclistes, un peu d'ombre. La nature devenait de plus en plus dense, et à l'endroit où il s'attendait à voir surgir le centre commercial, tout un village en bois se lovait dans un véritable havre de paix. La circulation étant interdite dans ce parc résidentiel, le taxi le déposa à l'entrée, près d'autres véhicules indiqués comme "autopartage", et de vélos. Les enfants gambadaient, les chiens se reposaient sous un tilleul et notre visiteur se demanda où les gens pouvaient bien faire leurs courses et ce qu'ils faisaient maintenant le samedi, sans centre commercial où se promener.
A suivre
Superbes photos, conviviales,amicales,géniales, phénoménales ça rime avec Front National !
Marine Le Pen tu accentues la beauté de la fête, l'équipe qui t'accompagne en est de même,ta mine est radieuse car tu sais à quel point on t'aime !
Steeve Briois même si pour nous tu es le roi, le bleu te va comme le ciel de chez toi, comme la mer qui est derrière toi, comme le bleu de mes yeux quand tu es devant moi !