vendredi 22 mai 2009

Le retour (suite et fin)

Notre pèlerin "anonyme", après un détour par la cité Darcy, manifestement démolie, puis reconstruite en un éco-quartier exemplaire (dixit une plaque apposée à l'entrée), déposa son vélo devant la belle "église néo-byzantine Saint-Martin, ce monument historique rare dans la région, très longtemps négligé et aujourd'hui complètement rénové et mis en valeur (les premiers projets dataient de sa splendeur, mais en 8 ans il n'avait pu rien entreprendre...). "Il croisa ensuite des touristes anglais qui, venant de visiter le Louvre-Lens, en profitait pour découvrir HB avant de reprendre un train rapide pour Lille à Ste Henriette". Ils étaient allés le matin visiter Douai, le musée de la mine à Lewarde, avait assisté à un spectacle à l'Escapade et se promettait de revenir pour naviguer sur le canal de la Deule de Lens à Lille et d'écouter un concert au 9/9bis à Oignies; GD apprit également qu'un circuit gastromique entre Béthune et Douai avait beaucoup de succès auprès des étrangers, notamment les Japonais et les Anglais.

Cela le rendit nostalgique: les années étaient passées et, en 20 ans, la Communauté urbaine du Bassin Minier (de Bruay à Douai) s'était érigée en parfait pendant de celle de la Métropole lilloise: il aurait tellement voulu en être à l'origine!

Il traversa la Place Carnot au milieu des statues, reproductions de Giacometti, Brancusi et autres Calder, ainsi que d'artistes locaux...et se retrouva dans l'îlot Carnot transformé en jardin paysager, avec, au milieu, une halle alimentaire permanente, et tout autour (on était vendredi, jour de marché), des marchands forains à la mine réjouie. Il se rendit compte de la présence à l'arrière, d'un théâtre de plein air et releva que cette "Agora" était le lieu des réunions publiques de citoyens. Il s'aperçut que ce mélange d'Antiquité (l'Agora), de réminiscence orientale (l'Eglise) et de modernité (la Halle en verre) n'avait rien de disparate. Il ne fut pas surpris de voir, au bas des gradins du forum (son latin prit le pas sur les bribes grecques qu'il avait essayées de retenir), son ex-ami Georges, en compagnie de celui qui (GD ne le savait certes pas, à ce moment) était le dernier communiste du Bassin Minier, haraguant, de concert, la foule (en réalité, quelques jeunes alanguis sous les rayons du soleil): la constance du laïque et du marxiste l'émut l'espace d'un instant...

Il fit le grand tour et comprit que les voitures, bannies de ce centre ville, étaient garées, non loin de là, dans un parking souterrain, dont les issues permettaient de sortir rapidement de la ville.
La Place de la République lui sembla irréelle: les terrasses de café et de restaurants avaient pris la place des voitures et un orchestre, juché sur un kiosque en fer forgé qui lui rappelait les grilles de la place Stanislas à Nancy, déversait une musique d'ambiance douce et légère...

Il décida de reprendre le tramway, mais ne résista pas à aller jeter un coup d'oeil à la Place Wagon: il ne croyait pas qu'il fût possible de mêler jeunes et moins jeunes autour de fontaines jaillissant à plusieurs endroits et havres de fraîcheur, autour desquelles se rassemblaient joueurs d'échecs, internautes en réseaux, couples de tous âges, boulistes, lutteurs de Rokkakus (cerfs-volants de combat), jeunes admirant le mini-terril reconstitué...


Il fut hélé par un petit vieux qui lui rappela que, depuis son arrivée à HB, en provenance de Béthune, en 2005, après l'avoir combattu pendant 4 ans, il s'était jeté dans le challenge de faire d'Hénin-Beaumont le symbôle de la ville durable, au milieu d'un Bassin minier devenu, lui aussi, durable et marquant le renouveau et la fierté de ses habitants. Il lui fit part de son seul regret: que la place Wagon ne soit pas devenue un lieu célébrant les 4 éléments, mais il ne désespérait pas... parce que l'air (cerfs-volants), l'eau (les fontaines), la terre
(le terril) étaient présents; ne manquait plus que le feu...

GD se promit de revenir...


Qu'il semblait bon de vivre à Hénin...



Nota bene: merci à ceux qui m'ont donné quelques idées pour imaginer HB en 2030.

2 commentaires:

  1. Ce scénario (plus que possible) en trois épisodes a vraiment de l'allure. Merci de l'avoir enrichi de nos commentaires. Cette projection est intéressante à plus d'un titre. Elle montre, avec beaucoup de réalisme ce qui serait possible de construire en deux voire trois décennies. Pour cela,il faut une vision, un fil conducteur - l'obsession de l'aménagement urbain qualitatif -, de la volonté et un rassemblement d'énergies et de moyens. Cela est possible, et de plus cela ferait d'HB et son territoire un superbe exemple national.
    Enfin, bravo d'avoir mis en avant également l'idée de développer l'ART STATUAIRE. En découvrant HB il y a une dizaine d'années, j'avais déjà, à l'époque, été très surpris de ne découvrir quasiment aucune statues dans la ville (à part, le buste d'Elie Gruyelle près de la gare). Pourtant la région offre de nombreux exemples magnifiques : Arras, Lille, Valenciennes, bien-sûr, mais aussi Tourcoing, Saint-Amand, Boulogne, Calais, Douai, Cambrai ... L'identité d'une ville se forge aussi par sa décoration, la mise en valeur de son art ... Concrètement, pourquoi dans le cadre du "Plan de Relance" pluriannuel locale de la ville ne pas prévoir sur les investissements à venir 1 ou 1,5 % par an consacré pour promouvoir cet art. Il me semble que la Conseil Général 62 le faisait (et le fait peut-être encore) dans sa politique d'investissement des collèges, la Ville de Douai l'a fait également (ex : la magnifique statue de baigneuse sur la Place d'Armes). Il existe un livre sur le sujet (Ed Voix du Nord, je crois) qui présente les plus belles statues de la région. Peut-être que dans quelques années, dans une édition réactualisée, on mettre en valeur les réalisations héninoises.
    NB : pour conclure par l'exemple, je ne peux m'empêcher de citer 2 beaux exemples près d'HB : à Oignies, sur la route de Libercourt, on peut découvrir une très sculpture représentant un mineur sortant de la mine. A Lens, il est agréable de découvrir la petite "statue de la Belle Femme" qui rappelle d'ailleurs une triste légende locale.

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  2. Si Hénin-Beaumont pouvait devenir ainsi, cela serait un havre de paix, ce texte est bien écrit.
    Mais revenons à la réalité...
    Blogmaster

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