vendredi 9 mai 2008

De la Révolution à la recherche de la Vérité

Mercredi soir, Arte diffusait un reportage sur la vie de Benny Lévy "La révolution impossible".


Qui était Benny Lévy, mort en 2003, à 58 ans, à Jérusalem?

Né au Caire, d'où sa famille, juive, installée depuis très longtemps, est chassée, en 1956, il réside en Belgique, puis en France pour faire Normal Sup' (il devint agrégé de philosophie) . Il inspire alors un mouvement maoïste et est un des leaders de mai 68 (il fut toujours très discret; en 68, probablement parce qu'il était apatride).


La Gauche Prolétarienne (GP), maoïste, est créée avec une poignée de militants. Son objectif: préparer la Révolution, sur le terrain, auprès des travailleurs. Ce ne sont pas les élites qui calquent leurs théories pour encadrer les masses, mais bien ces dernières, par leur action sur le terrain, qui montrent le chemin.


La GP est présente chez Renault quand est assassiné, par des vigiles, Pierre Overney, un de ses militants; et chez Lipp (les montres), mais passivement. Ces 2 évènements, ainsi que le massacre d'athlètes israëliens par un commando palestinien, en 1972, à Munich lors des Jeux Olympiques , convainquent Benny Lévy (alias Pierre Victor, à cette époque), d'auto-dissoudre la GP: Lipp illustre bien que les travailleurs n'ont pas besoin d'une élite pour leur montrer la voie et l'action de Septembre Noir à Munich est désavouée, alors que la GP, jusque là, soutenait les Palestiniens.
Cette auto-dissolution, que beaucoup de militants ne souhaitaient pas, a permis à la France d'éviter les dérives violentes des gauchistes italiens, allemands et japonais.
Je passe sur les années suivantes au cours desquelles il devint le secrétaire, le confident de Sartre avec qui il écrivit des livres. Vous trouverez tout cela en podcastant l'émission, ou par Google.(il fut notamment un des créateurs du Journal "Libération")
Je voudrais plutôt insister sur l'extraordinaire suite de cette vie passionnante. B.Lévy acquit l'idée que toute révolution est impossible, parce que l'action politique est "vaine" (mais pas inutile), et que la seule solution pour transformer le monde se trouve depuis longtemps dans ...les textes sacrés que sont la Torah (Ancien Testament) et le Talmud (somme des interprétations de la Torah par les rabbins), sans oublier l'étude de la Kabbale!
Dans les années 80, après avoir eu cette révélation auprès du grand philosophe Emmanuel Lévinas, il apprend l'hébreu, fréquente la yechiva (école talmudique) de Strasbourg, en compagnie de certains amis ex-maoïstes (non juifs, d'ailleurs), puis part à Jérusalem où il s'établit, revenant en France, de temps en temps , pour professer, et crée en Israël un institut des études lévinassiennes. Il est encore aujourd'hui une référence, non seulement en France et en Israël, mais également dans les milieux philosophiques ( et révolutionnaires...) internationaux.
Au travers de cette pensée et de cette vie hors du commun (il s'opposait au titre d'un article sur lui "De Mao à Moïse", en disant plutöt "De Moïse à Mao", puisqu'il était né en Egypte!), je retiens 2 éléments de réflexion:
- le rôle de la politique: de par ses limites (gestion plutôt que révolution, ou même réformisme), de par l'ambigüité humaine (goût du pouvoir, violence...), elle n'est peut-être pas la voie de transformation de l'Homme et de la Société.
- la perfectibilité de l'Homme: comment vivre dans une Société fraternelle? L'altérité trouve-t-elle ses sources dans les textes sacrés? La transcendance est-elle nécessaire? La Vérité est-elle dans le coeur des Hommes ou dans un Être suprême?
La recherche de cette Vérité ne serait-elle pas la voie nécessaire à l'amélioration de l'Homme et de la Société?

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