Procès Dalongeville : 15ème et dernier jour

Il y avait un peu plus de monde que les jours précédents pour assister à la plaidoirie de Me Terquem, avocat de Gérard Dalongeville.

Souvent brouillon, brillant parfois, éloquent presque tout le temps, un peu grandiloquent, l'avocat nous gratifia d'une plaidoirie pas toujours facile à suivre, car volant dans tous les sens, émaillée de bons mots et d'expressions fleuries.

Je pense que la meilleure façon de retranscrire ces 2H30 de monologue est de commencer par un court résumé, puis de suivre pas à pas la plaidoirie... J'ai essayé de découper celle-ci en différentes parties, suivant le plan prévu par l'avocat, en incluant les circonvolutions auxquelles il s'est livré.

Résumé : GD a été trompé par Claude Chopin et Guy Mollet qui n'avaient comme unique but de réaliser le projet de Peyre Picade. GD, lui, l'honnête homme, n'a eu de cesse de se battre contre le FN et, pour cela, de se dégager d'un PS dont l'objectif est de perpétuer des financements occultes provenant d'entreprises bien connues. Il ne faut pas condamner GD, car c'est le seul homme politique capable de triompher en 2014 du FN.

1- Délégations de pouvoir et de fonction

"3 petites notes de musique comme 3 petites lettres", rappelant une chanson connue pour faire allusion à PRM (personne responsable du marché), pour démontrer (sur un mode lyrique) que, contrairement à ce que l'on pense, le responsable du  marché, ce n'est pas le maire (qui a reçu délégation de pouvoir), mais celui à qui il a délégué les fonctions de responsable de marchés, à savoir le président de la commission d'appel d'offres, CC, même si dans le cadre des procédures adaptées (en deçà des seuils obligés), il était seul à voter ("il levait les 2 mains pour voter. Les 2 mains, c'est un hold-up...").

"3 petites notes de musique qui vous font la nique..." poursuit l'avocat sur le même mode.

Le réquisitoire a partagé les responsabilités entre CC et GD, et, certes, on peut penser que GD a nommé CC pour qu'il favorise Deberdt (JM Bouche), dont il était un "ami politique" et GD a probablement commis, là, une erreur... Ce n'est donc pas lui qui a commis les délits de favoritisme qui  lui sont reprochés.

2- Les raisons des voyages en avion

Les premiers voyages en avion datent de 2006, date à laquelle les comptes de la ville avaient été remis à zéro, suite à l'augmentation des impôts de 85%, en 2004.

Suivant Mollet, le projet de village de vacances (village de toile, a minimisé CC) demandait 5 millions d'euros, voir 10 millions (pour un coût total de 70 millions !) suivant JM Ferré, chargé de faire l'étude du projet, associant plusieurs pesonnes dont Mollet et Chopin. GD a d'ailleurs été piégé puisque, présent à Toulouse, on est venu le chercher pour boire l'apéro à Peyre Picade...

Pourquoi être allé 2 fois au Luxembourg sur le compte de la commune, soit disant pour obtenir des financements de Dexia, alors que cette banque a une agence à Lille ?

Pourquoi CC a-t-il établi des faux (signatures de GD dans les statuts et dans un bail) dans cette société Educapro (associés CC et GM) dont l'activité devait être la formation professionnelle ?

(AA: à signaler pour donner unexemple d'"à peu près" de Me Terquem : il a critiqué le "citoyen" B. Dubout, qui avait dit ce qu'il pensait  de GD, en signalant que l'avocat béthunois avait été adjoint à la culture de Mellick, ce qui est rigoureusement faux, je le témoigne).

3- Rôle du PS

"Le procureur est passé à côté de l'affaire" : CC, allié de GM, s'est mis au service du PS. Le réquisitoire du procureur est un mimétisme des arguments du FN ! Exemple : il s'est intéressé à ADG, Azur, AFS : les Foughali, Ameur, "tous des Arabes solidaires entre eux"...

"Comment imaginer qu'avec un CAP de fraiseur-tourneur, on puisse devenir directeur des travaux de l'Hôpital d'HB ? Avec une telle formation, à moins d'être franc-maçon et socialiste, il y a peu de chances de trouver un autre exemple en France..." "C'est comme cela qu'on devient adjoint aux finances de Piette et Darchicourt"... D'autres insinuations sur des sommes disparues dans une association, en 1995, sont associées à CC (AA : très maladroit...).

Puis l'avocat, avant de revenir sur le sujet, fait un détour par le budget de la ville, déficitaire de 12 millions, fin 2008, selon la CRC, ce qui est faux, dit-il, car on n'a pas fait entrer dans le budget principal de la ville, les recettes de budgets annexes, ZAC et Bord des eaux; alors qu'on y a inclus les charges d'emprunts, pour le premier, et que l'on reporte, d'année en année, les sommes versées pour la Saemic, le tout pour 12 millions. Les mesures prises avant l'arrestation de GD ont eu un effet tel, que, dès 2009, le déficit était résorbé... (AA: pas tout à fait vrai, mais...)

On revient alors au PS et Me Terquem nous fait un historique sur le socialisme (guédisme) et le communisme, en faisant état de la victoire, dans le Nord, du premier sur le second et rappelant que c'était un ministre SFIO qui envoya tirer contre les grévistes, en 1948, le gouvernement ayant été financé par le patronat, ce qui deviendra une constante de la SFIO, puis du PS..

Il rappelle que P. Darchicourt s'opposant à ce que la SAEMIC (immobilier) rejoigne les autres sociétés de gestion immobilière et foncière du Pas-de-Calais pour n'en former qu'une seule, sous la houlette de JPK, on lui mit, officieusement, Dalongeville dans les pattes.

Et l'on mit, à ses côtés, C. Chopin, pour qu'il s'occupe des finances. Le PS continue de la même façon, en 2008, en adjoignant à GD, JP Chruszez...

L'avocat ressort des histoires que l'on connait bien : CC, ami d'enfance de Gibello (entreprise de TP aujourd'hui disparue) et de Ramery; comment Darchicourt a "fait" Briois, en faisant venir ce dernier à HB (l'enfant du pays") pour concurrencer un Darchicourt, son frère, membre du FN, etc... "Il avait choisi les loups de Sibérie, voilà maintenant que les loups de Bavière arrivent" (FN). Voilà pourquoi on a "mis en place une politique de sécurité (Azur et ADG), plus les fleurs, pour contrer M. Le Pen !"

4- De quelques affaires

Et Maître Terquem de revenir sur ces 35 ou 40 000 euros versés en espèces, par JP Chruszez, sur le compte-joint de GD et sa compagne (dont 10 000 euros en liquide par C. Alaimo pour un terrain qu'il n'a jamais obtenu, le reste étant d'origine mystérieuse : de la part de GM?). Ce JP Chruszez, possédant des parts de la SCI Odilon qui a racheté la boulangerie du père de Nathalie Vaudet, compagne de l'époque de GD... AA : on a le tournis devant cette avalanche de faits qui n'ont pas été creusés, comme le reproche Me Terquem à l'instruction...

Bref, le commandant Meurant (police judiciaire) n'a pas fait son travail. De la même façon, il aurait dû interroger le peu recommandable Angelo Argentino, l'auteur des SMS, qui a mis les enquêteurs sur la voie de ce qui se passait à Léon et donc à Hénin... Et on continue entre les rencontres entre Bouche et GD, assigné pourtant à résidence dans les Vosges, et l'avocat, de l'époque, de Bouche (avocat associé au présent défenseur de JMB).

Il revient sur Peyre Picade : Liebert (autre personnage disparu de l'affaire) devait vendre ce lieu pour racheter Léon, pour un prix exagéré de 1,6 million d'euros. "Il doit y avoir un p'tit coup comme ça. Si j'étais parquetier (AA : procureur) ou commandant (AA : Meurant), j'aurais jeté un coup d'oeil !"

Et, bien sûr, on en arrive à l'affaire Pichoff, ce juge présumé corrompu, au sujet duquel le procureur a ignoré les éléments troubles : les sms échangés, les aveux de GD sur les 60 000 euros qui devaient servir à payer le juge. "Pourquoi n'avez-vous pas fait un "flag", en laissant le rendez-vous Pichoff/GD avoir lieu", demande Terquem au procureur... "Pourquoi Me Berton, dans 2 affaires, a-t-il prononcé ces mots : "Dalongeville a fait tomber Pichoff?""

Et l'avocat de conclure cette salve par un raccourci : "L'avocat de Bouche qui a ses bureaux à HB dans l'immeuble de la société Odillon (JP Chruszez), dont le principal actionnaire est Césam dont la gérante est Mme  Chruszez, cet organisme de formation ayant reçu de l'argent de Ramery, financeur du PS depuis ...1750... AA : A vrai dire, je ne suis pas sûr que beaucoup comprennent toutes ces allusions... Mais cela semble faire partie de cette stratégie de semer le trouble dans l'esprit des juges...

"Tout cela sent le turbin" dit, à 2 reprises, l'avocat, de façon mystérieuse. Et de continuer sur sa lancée : "Ramery a un compte au Luxembourg, Mollet et Chopin vont au Luxembourg, en avion, chercher l'argent". Puis s'adressant à CC qui lui tourne, d'ailleurs, le dos : "on fera Peyre Picade pour assurer sa petite retraite..."

"Tout cela est très suspect. La manière dont GD a été traité, il y a des raisons politiques : on veut épargner  Ramery, Pichof, et à proximité Bouche et Argentino. Tout ce qui est Ramery, c'est la grande tradition historique du financement du PS. On ne touche pas à cela".

Et, dans son envolée finale, il lâche un mystérieux  "dans l'agenda de MN Lienemann, retrouvé dans la boîte aux lettres de GD, on trouverait peut-être la trace d'une éventuelle manipulation de la justice..."

"Celui que vous avez broyé, dit-il au procureur, avait supprimé les marchés Ramery pour 2009" "On l'a arrêté en laissant filer les affaires de Léon et Peyre Picade, en se trompant de combat".

Et il termine par une péroraison que je reprends en entier :

" Je suis l'avocat d'un maire honnête qui défendait sa ville contre le FN.

Je suis l'avocat du seul maire qui a été révoqué depuis 1945, par un Préfet (celui de Clearstream).

Cet homme a fabriqué un centre commercial où figurent toutes les enseignes. Or aucun de ces commerçants n'a dit qu'il avait été racketté.

Il va continuer à faire de la politique parce que vous allez le laisser continuer.

GD est un homme politique honnête. Il a une vraie pensée politique personnelle.

Il n'y a rien dans ce dossier qui permette de dire le contraire."

Le jugement est mis en délibéré et sera rendu le 19 août à 13H30