Les "génitoires" des politiques

Souvent, je vous fait part de ces morceaux d'anthologie du journaliste scientifique du Monde, Pierre Barthélémy (tous les mercredis, il y tient sa rubrique "Improbalogie"), mêlant observations scientifiques, humour et culture dans un langage châtié et accessible.

Chaque fois, je relie ces réflexions à la vie politique, puisque l'objectif du présent blog, c'est la politique. Or, le texte suivant est une réponse, partielle, à la question que je me posais, hier, sur la relation entre la politique et certaines "dérives" (?) dont font preuve, ces derniers temps, certains hommes politiques... J'avais pris comme exemple ces 2 élus, l'un pris en flagrant délit de masturbation dans un magasin (devant des enfants ?), l'autre mort, à domicile, dans des exercices, semble-t-il sadomasochistes. Précédemment, les cas de Denis Baupin, et, plus ancien encore, de DSK avaient soulevé des questions sur le sujet.

Or, P. Barthélémy me fait penser, ci-dessous, à une autre proposition possible (en sus de celles évoquées, hier) : n'y aurait-il pas matière à vérifier les différences de poids et de position des "valseuses" de nos hommes politiques pour, éventuellement, constater quelques constantes spécifiques ? 

De l'asymétrie chez les valseuses

© Le Monde 31/8/2016

Si l'on excepte quelques organes internes comme le cœur, la rate, le foie, l'estomac et son cortège intestinal, qui ont choisi leur camp et leur côté de prédilection, le corps humain fait preuve d'une magnifique symétrie. Ce n'est pas pour rien qu'Homo sapiens et une sarabande d'animaux appartiennent au sous-règne dit des bilatériens. Deux hémisphères cérébraux, deux yeux, deux oreilles, deux narines, des dents réparties de manière équilibrée de chaque côté de la bouche, deux bras, deux jambes, deux clavicules, deux omoplates, deux douzaines de côtes, deux poumons, deux tétons, deux reins et, bien sûr, le plus important de tout pour la perpétuation de l'espèce, deux gonades.

Mais, contrairement à ce que les planches anatomiques peuvent laisser penser, les fabriques de -gamètes ne sont pas parfaitement symétriques. Nous laisserons ici de côté les ovaires, invisibles de l'extérieur, pour nous concentrer sur les testicules, plus faciles d'accès : bien souvent, une valseuse danse plus haut ou est plus grosse que l'autre. Si vous ne pouvez pas vérifier cette affirmation immédiatement – monsieur parce que vous êtes dans les transports en commun, madame parce que le seul individu mâle à votre disposition est votre collègue -Gérard avec qui vous n'entretenez pas les meilleurs rapports –, croyez-nous sur parole.

Nous ne faisons que répéter un fait connu au moins depuis les artistes grecs de l'Antiquité. Ainsi, en  1764, dans son Histoire de l'art de l'Antiquité, l'historien et archéologue allemand Johann Joachim Winckelmann écrivait-il : " Les parties naturelles ont aussi leurs beautés particulières dans les figures antiques. Parmi les testicules, le gauche est toujours plus gros que le droit, ainsi qu'on l'a remarqué dans la nature. "

Dans une mémorable étude publiée en  1976 par la prestigieuse revue Nature et qui fête cette année ses quarante ans, le médecin britannique Chris -McManus s'est proposé d'aller vérifier de visu et in situ les affirmations de Winckelmann. On imagine la conversation :

" Chérie, nous partons en voyage en Italie !

– Oh, excellente idée, darling ! Que veux-tu y faire ?

– Euh… mesurer des testicules sur des statues… "

Tout. Va. Bien.

Quoi qu'il en soit, ce chercheur a réellement écumé des musées italiens pour reluquer les bourses de pierre de 107 statues, soit des originaux antiques, soit des reproductions datant de la Renaissance. Il a ainsi pu confirmer que les sculpteurs de l'Antiquité plaçaient le testicule droit plus haut et, comme l'avait noté Winckelmann, taillaient le gauche plus bas et plus volumineux.

Tout cela semble logique puisque le plus bas doit a priori être aussi le plus lourd. Mais, comme l'explique Chris " Balls " McManus, l'anatomie fait parfois des entorses avec la logique. Il cite à cet effet une étude hongkongaise – elle aussi prodigieuse – -publiée en  1960 dans le Journal of Anatomy. Ces chercheurs ont examiné près de 500  hommes -vivants pour s'apercevoir que, chez les droitiers, la gonade de droite était deux fois sur trois plus haute que celle de gauche, une proportion qui s'inversait chez les gauchers. Et ils ont utilisé 100  hommes morts pour peser la chose et s'apercevoir que le -bibelot le plus haut était aussi le plus lourd.

Il est donc probable que l'asymétrie des génitoires soit due à l'asymétrie de la musculature du corps, qui accompagne la latéralisation. La bourse ne se comporte pas comme un sac de patates où le plus lourd contenant tombe au fond mais comme une montgolfière : la plus gonflée est la plus haute.

Pierre Barthélémy