Point de vue
Manger bio, sage précaution, par Michel de Lorgeril
LE MONDE | 13.08.09 | 13h39 • Mis à jour le 13.08.09 | 13h39
Au mois de juillet, des experts anglais travaillant pour la Food Standards Agency ont publié un rapport suggérant que "les produits bio ne sont pas meilleurs pour la santé que les aliments ordinaires". De nombreux médias ont repris ce message de santé plutôt hostile à l'agriculture bio.
En fait, le rapport complet dit seulement que les aliments bio n'apportent pas plus d'éléments nutritifs que les aliments produits de façon conventionnelle. Ce n'était donc pas une information santé à proprement parler, mais la simple affirmation que le surcoût des aliments bio n'est pas justifié si on considère uniquement leurs contenus en nutriments. Le rapport élude la question des insecticides, herbicides, fongicides et de leurs multiples résidus dans les aliments conventionnels, réelle question de santé pourtant.
Pourquoi préférer l'aubergine bio ? Parce qu'elle contient plus de fer ou de vitamine C ? Non ! Les nutriments importants (vitamines, oligoéléments et polyphénols) des légumes sont surtout présents dans la peau du légume, où se concentrent également les pesticides. Donc, si on veut se nourrir (sans risque) avec des aliments riches en saveurs et en nutriments non caloriques, on n'épluche pas et on achète bio.
Pourquoi préférer le pain bio ? Si on veut éviter les farines raffinées (pauvres en minéraux, fibres et vitamines), on préfère le pain complet. Mais c'est aussi dans l'enveloppe des céréales que se concentrent les pesticides. Si on veut du pain complet, il le faut bio.
Certains diront que l'agriculture conventionnelle respecte des normes pour les résidus de pesticides. Admettons. Mais que savons-nous de la toxicité de ces agents sur le long terme et de leurs interactions ? Or nous mangeons trois repas par jour et chaque fois plusieurs aliments contaminés par plusieurs pesticides. Ces agents s'accumulent dans nos tissus. On leur attribue un rôle causal dans des pathologies hormono-dépendantes (cancers du sein, infertilité masculine, anomalies du sexe des garçons), des maladies neurologiques (Parkinson), des lymphomes et autres cancers et leucémies. Précaution s'impose !
Mais laissons ces questions puisque le rapport anglais ne traite pas des pesticides. On y trouve une revue de la littérature, avec 150 études pertinentes, quelques calculs statistiques et une synthèse sous forme de deux grands chapitres : l'un concernant les produits végétaux (où 23 types de nutriments ont été analysés) et l'autre les produits animaux (10 nutriments analysés). Oublions l'analyse secondaire du rapport fondée sur une sélection (arbitraire) des meilleures études parce que, en statistiques, les grands nombres sont censés compenser les défauts techniques. Si des différences significatives entre les aliments conventionnels et les bio sont mises au jour dans cette marécageuse base de données, cela signifie qu'elles sont très résistantes aux facteurs de confusion et reflètent la réalité.
A propos des aliments végétaux, les experts observent des différences pour sept types de nutriments. Ils en concluent curieusement que c'est négligeable : moins de résidus azotés (dus aux engrais chimiques) dans les aliments bio, mais plus de magnésium et de zinc, ce qui est intéressant puisque nos populations tendent à en manquer ; plus de matières sèches dans les aliments bio, donc moins d'eau et plus d'éléments nutritifs, ce qui est confirmé par des différences significatives pour les sucres, les polyphénols (en général) et les flavonoïdes dans les aliments bio.
Pour les produits animaux, il y a des différences pour trois types de nutriments : plus de lipides, plus de polyinsaturés et plus d'acides gras dits "trans" dans le bio. Les experts concluent que c'est négligeable en termes de nutrition (fort contestable) mais insistent sur les trans. On distingue les trans industriels issus de l'hydrogénation des huiles végétales et les trans naturels produits lors de la rumination et présents dans les aliments animaux.
Les deux types de trans seraient, selon nos auteurs, également nuisibles pour la santé, car ils augmentent de façon identique le cholestérol sanguin. Or les trans diffèrent radicalement vis-à-vis des maladies cardiaques : les trans industriels sont associés à un doublement du risque, tandis que les trans naturels (ceux qui sont en plus grande quantité dans le bio animal) sont associés à une diminution du risque. Avantage au bio ! Cet exemple illustre aussi, pour ceux qui n'en sont pas encore convaincus, que le cholestérol ne joue qu'un rôle négligeable dans les maladies du coeur.
Tout cela indique qu'il est préférable de manger bio, qu'il s'agisse d'aliments végétaux ou animaux, surtout pour protéger sa santé, selon la formule classique "que tes aliments soient ta médecine". Encore faut-il que cela soit acceptable pour le budget familial.
Une dernière question concerne l'opportunité de publier ce rapport en juillet. Y aurait-il quelque part et à l'approche des grandes négociations sur l'avenir de l'agriculture européenne une stratégie visant à décrédibiliser une agriculture qui ne soit pas industrielle et productiviste, exportatrice (plutôt que locale), prédatrice des ressources naturelles et dévastatrice pour l'environnement ? Assistons-nous aux premières escarmouches de la grande bataille qui s'annonce et dont l'enjeu pourrait être l'émergence d'un Monde Nouveau où Monsanto, Unilever et les autres ne seraient plus les rois de la fête ?
Michel de Lorgeril est cardiologue, chercheur CNRS au laboratoire TIMC "Coeur et nutrition" de l'université de Grenoble
Michel de Lorgeril
Article paru dans l'édition du 14.08.09
Oui et parfois les industriels (Mosanto et les autres) financent les études qui remmettent en cause les bienfaits du bio.
RépondreSupprimerEt maintenant les études ne sont que techniques. On ne parle pas du plaisir de la fourchette : le goût (du moins je n'ai pas vu d'études à ce sujet). D'autant plus qu'il y a une part de subjectivité. Franchement, le goût d'une tomate bio du jardin est incomparable à celle d'une tomate industrielle d'Espagne !
Mais bon, encore faut-il être capable de faire la différence ! Les goûts se perdent. J'ai un pote qui se fiche de moi et qui me dit tout le temps " oui c'est ça, dans le temps les tomates elles avaient du goût". Et bien qu'il continue à manger sa mal-bouffe.
Et on ne parle pas non plus du coût CO2 nécessaire (le transport) pour acheminer ces légumes industriels!
Et des bienfaits de l'activité physique pour produire des légumes du jardin. C'est un choix de société, un style de vie.
Et avec les jardins familiaux les familles modestes peuvent avoir accès aux bienfaits et aux plaisirs du bio, un droit à la bonne bouffe. Le bio se produit aussi ! On ne le trouve pas que dans les supermarchés.
Pour lutter contre le cholestérol et les maladies cardiaques il faut se remuer le cul. Maintenant quand on nous montre à la télé un français qui va au boulot, c'est un type avec une malette en costume cravate qui va au bureau. La grande classe !!! Un pays qui ne produit plus rien.
RépondreSupprimerEt dans le coin des jeunes qui distribuent des tracts , travaillent ! D'autres (des élus) prennent la pose devant des ouvriers qui EUX bossent !
Mais bon je les vois déjà enfiler leurs baskets et aller faire leur jogging pour brûler les calories en trop. Que d'énergie perdue ! Mais pas pour eux... C'est ça leur job.
Monsieur Alpern
RépondreSupprimerA quant un commentaire sur la recette du lapin aux pruneau breton,sur la pelote basque ou sur la ciboulette de normandie?
Des sujets écolos, tant mieux .
RépondreSupprimerLe pain,le faire soi même est devenu une habitude chez moi et rien de plus facile avec la fantastique machine à pain vendue dans le commerce, inutile d'investir dans des machines de marque, certaines dans les discounts font l'affaire, 40 euros pour la mienne depuis 5 ans, elle fait non seulement tous les pains mais les compotes, les confitures et les pâtes à pizza et autres.
Pour ce qui est du nettoyage et désinfection de son intérieur,des produits écologiques efficaces économiques remplacent au centuple les produits très chers du commerce dont certains cancérigènes.
Le trio savon de Marseille, vinaigre blanc et cristaux de soude pour tout faire dans une maison sans alléger son porte monnaie !
http://raffa.grandmenage.info/post/2005/06/10/Mes_amis___1._Le_vinaigre
Comme les liens ne marchent pas sur ce blog, j'en inclus un autre dans URL sur les produits de maquillage cette fois ci pour mesdames et messieurs...sans paraben !
RépondreSupprimerUn site formidable bourré d'idées que j'adore , j'y fais régulièrement mes commandes sans aucun problème .
Pour terminer car je pourrais y passer ma journée.
RépondreSupprimerPour nos dirigeants
L'économie passe par les ampoules avant notre santé.
Ha j'allais oublié, je suis frontiste.
RépondreSupprimereh oui , bah il reste bien à Hénin , concernant les jardins , Gabriel Péri , rue du marais et puis je ne vois plus rien . Les nouveaux arrivant , s'activent ; achat du moto culteur , du taille haie , du rodofil, de la tondeuse et j'en oublie ; nous voisins , jardiniers plus qu'amateurs à l'ancienne fermons portes et volets le week end , ou acquérons cotons pour oreilles , boules quies quoi, et ensuite heureusement avec grand plaisir expliquons suite à leur demande, à leurs enfants ce que nous essayons de faire pousser , carottes , tomates autres que celles des hyper , pommes , poires , salades etc , nous sommes souvent heureux de faire découvrir , aux enfants , car à ces pàrents là c'est trop tard , c'est foutu , un petit tramway et c'est le Nirvana , ben ouais le bio ne pourrait il pas comme on dit chez nous être le biau , excusez moi , je bossais dans un grand groupe peu écolo , enfin, il fournissent des rames de tram , et aujourd'hui je défends mes convictions , bien à vous Richard
RépondreSupprimerA pitoyable sur MJS
RépondreSupprimerAvant Claire il y avait moman et popam sous dallongeville
Il fut un temps où le Roundup de Monsento était présenté comme l'herbicide miracle.
RépondreSupprimerDepuis, des études ont mis en évidence SA TOXICITE pour l'homme.
De plus, la firme Monsanto a été condamnée en France pour publicité mensongère. Elle présentée en effet le Roundup comme un produit biodégradable.
Elle présentait en effet le Roundup comme un produit biodégradable. C'était de la publicité mensongère. (j'en perds mon français).
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