Non à l'islamophobie !

Au lendemain de l'annonce de l'arrestation d'un militaire qui aurait projeté d'attaquer une mosquée de Vénissieux, le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a estimé qu'un tel acte démontrait "qu'un climat d'islamophobie règne en France aujourd'hui, on ne peut pas se voiler la face".

Le terme « islamophobie » est, selon la définition de Wikipédia, "un néologisme qui désigne l'opposition, la peur, la critique ou les préjugés à l'encontre de l'islam et par la suite la peur et le rejet des personnes de confession musulmane. L'islamophobie réfère à l'hostilité envers l’islam, ou à une attitude considérée comme discriminatoire à l'encontre des personnes de religion musulmane, et par amalgame abusif, des résidents d'origine maghrébine, arabe ou africaine."

Le recteur de la mosquée de Vénissieux faisait probablement allusion, en parlant d'islamophobie, à la première partie de la définition précédente, à savoir un rejet de la religion et des personnes qui la pratiquent. La critique de la religion n'est pas chose inadmissible, notamment en France, parce que la liberté d'expression est la règle. Le blasphème (discours qui outrage la divinité ou la religion) n'est pas interdit (exemple des "caricatures de Mahomet")et participe de cette liberté d'expression dont nous nous honorons. Par contre, la France (et bien d'autres) considère que personne ne doit être discriminé du fait de la pratique de sa religion, ou en raison de ses convictions religieuses, philosophiques ou autres. Que l'on soit contre la religion musulmane ou toute autre religion n'a rien de répréhensible, sauf à s'attaquer aux symbôles matériels de celle-ci. C'est ce qui s'est passé à Vénissieux où le militaire arrêté avait un projet de ce type.

Quand le recteur parlait d'"islamophobie", il faisait certainement aussi référence à l'autre partie de la définition, à savoir le rejet des personnes de confession musulmane et, par assimilation, le rejet de "personnes d'origine maghrébine, arabe ou africaine" quelle que soit, d'ailleurs, leur religion : on connait des Magrébins ou des Arabes chrétiens ou agnostiques, par exemple. Et c'est là où intervient la dimension raciste de cette "islamophobie".

Comme on le sait, le rejet des personnes en fonction de leur origine est facile : il suffit de pointer, avec de fausses statistiques ou avec des "on-dits" que, par exemple, il y a une forte proportion de Maghrébins en prison, que la plupart des cambriolages sont pratiqués par des Roms ou des gens du voyage... Hitler avait pris comme bouc-émissaires de la crise économique, les Juifs. A travers ces 3 exemples, on notera qu'il s'agit de justifier ce que certains nomment la "nation" et de rejeter tous ceux qui viennent déranger "l'entre-soi". "La France est chrétienne" ou "l'Allemand est aryen", a-t-on entendu pour justifier la mise à l'écart de ceux qui viennent perturber notre bel ordonnancement. Et cela dure depuis très longtemps ! Le Juif est cupide, le Trigane est un voleur de poules, l'Arabe est fainéant...

Nul doute qu'aujourd'hui tout soit mis en oeuvre pour montrer du doigt "l'Arabe" : en ces temps de crise économique, certains ne se gênent pas pour faire remarquer que 4 millions de chômeurs et 4 millions de Musulmans, ce n'est pas un hasard... Et cela gangrène la société française, sans être vraiment visible. Nos concitoyens, du fait des difficultés qu'ils traversent, sont vulnérables à tout discours qui pointerait l'origine de leurs difficultés : nous l'avons vu, ci-dessus, pour le chômage, mais c'est vrai également pour amplifier la soi-disant insécurité : voyez ces banlieues qui flambent ou le terrorisme islamiste. Ce dernier point est, d'ailleurs, le plus pernicieux : l'islamisme ou l'intégrisme religieux n'est le fait que d'une infime minorité de personnes très dangereuses, et pourtant tout est fait pour nous faire croire que les Musulmans français ont quelque chose à voir avec le terrorisme.

La France est en danger aujourd'hui, parce que "le vivre ensemble", ce qui fait le ciment de notre société, est mis en péril par ce racisme qui ne dit pas son nom et prend prétexte d'islamophobie pour instiller ce poison destructeur. Il fut un temps où les antisémites prirent prétexte de judéophobie pour masquer leur racisme, mais peu ne furent dupes.

Aujourd'hui, soutenons ceux, Musulmans ou non, qui sont l'objet de ce racisme, nommé "islamophobie". Il en va de notre avenir à tous : quand on dresse les Français les uns contre les autres, la France perd son âme. Or la France est encore considérée comme la terre des Droits de l'Homme et on nous regarde...