Un sujet qui va revenir très souvent dans les mois prochains...

Tentation

Libération, 30 juillet 2013

En politique, les sondages disent rarement toute la vérité, mais ils permettent souvent d’exprimer des tendances. Le sondage Ifop publié en juin, qui montre que 47% des électeurs UMP sont favorables à des alliances avec le FN lors des prochaines municipales, est inquiétant. Certes, la direction nationale du parti s’en tient pour l’instant à une ligne officielle, celle du «ni ni» et du rejet de toute compromission avec l’extrême droite et la gauche. Mais que pèseront ces éléments de langage face à la réalité du terrain ? Depuis des mois déjà, force est de constater que le refrain de la «droite décomplexée», repris à toutes les sauces par Jean-François Copé, brouille chaque jour un peu plus les cartes politiques. A revendiquer un discours de plus en plus similaire à celui de l’extrême droite, sur l’immigration et l’insécurité par exemple - dans le sillage de Nicolas Sarkozy et pour mieux contrer Fillon -, Copé joue avec la flamme du FN, en toute connaissance de cause. C’est aussi pour cela que les petits élus peuvent se laisser aller à la tentation des liaisons dangereuses avec les frontistes, au gré des enjeux locaux. Car ils savent que la question sera d’autant plus délicate à régler dans l’entre-deux-tours, quand la victoire sera en jeu. Dans ce ballet d’approches à hauts risques, le seul gagnant est évidemment le FN, qui attend en embuscade et qui se prépare déjà à jouer les arbitres en mars. C’est là, peut-être, que sonnera l’heure de vérité pour l’UMP, qui sera bien obligée de dire à un moment ou à un autre de quelle droite elle est vraiment faite.

 FABRICE ROUSSELOT

Parmis les 386 commentaires (!) auxquels cet article a donné lieu, j'en ai sélectionné quelques-uns :

- Le populisme

Je pense qu'on se trompe de débat. Le FN est un parti populiste qui s'adresse aux 20/25 % de la population qui se considère (à juste titre d'ailleurs) laissée pour compte, qui cherche un responsable de sa situation, et qui croit l'avoir trouvé dans le diptyque "l'étranger + Bruxelles". Il n'y a rien de fasciste dans cette problématique; on la retrouve d'ailleurs dans la plupart des pays européens où les partis populistes prospèrent. La notion d'"alliance" avec le FN ne veut rien dire, car le FN n'est pas un parti de gouvernement. Il s'agit plus d'une sorte de "mouvement" prospérant sur les peurs de nos concitoyens. Gouvernements de gauche et de droite confondus depuis 40 ans n'ont pu empêcher que se forme une classe de personnes "défavorisées" qui nourrit toutes les peurs. Ont-ils pêché par angélisme ? N'ont-ils pas attaché assez d'importance à l'éducation, la formation ? Probablement, même si les budgets sont conséquents. Il est absurde d'interdire à un parti de "flirter" avec le FN, car tous les partis (et encore plus ceux d'extrême gauche) lorgnent les voix de ces laissés pour compte. Le PS est bien content d'avoir Manuel Valls pour obtenir un label "sécurité+anti immigration". Tout ceci est finalement assez infantile et réducteur. UMP et PS sous-estiment les dégâts consécutifs à l'échec de la politique d'intégration d'une partie importante de la population étrangère ou d'origine étrangère. Ils sous-estiment aussi le problème de l'échec scolaire. Ils raisonnent comme si nous étions encore dans les années 60, où la notion de mixité sociale avait un véritable contenu. On ne peut imposer la mixité sociale, à coups de logement sociaux. Les fractures sont désormais trop grandes, et le FN s'y engouffre.

-  Sacré Jean-Marie Copé

Quand on prend Guillaume Peltier comme vice-président de l'UMP, c'est que l'on a choisi l'orientation de son parti. Pour mémoire, Guillaume Peltier est ce militant du Front national qu'il a quitté pour le Mouvement national républicain de Bruno Megret. À travers son association Jeunesse Action Chrétienté, il est proche d'Ichtus, un mouvement national-catholique héritier de l’Action française. 

À l'U.M.P, il prend pour mentor Patrick Buisson, qui le hisse aux commandes de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy (VV). 

Détail cocasse : Guillaume Peltier a été battu à toutes les élections auxquelles il s'est présenté.

- Colère simpliste

Le problème avec le FN, c'est que l'adhésion des gens ne vient pas de la réflexion, mais de la réaction.
On ne construit pas un pays fort avec de la colère et de la peur.
La peur sclérose et la colère empêche de prendre des décisions sages.
Et si un jour le FN passe au pouvoir, on verra bien ce que deviendront leurs "YAka" et leur "FauKon".
A écouter Marine, les solutions sont simples et les coupables sont tout trouvés (étrangers, commission Européenne...)
Quand le FN parle d'étrangers, tout le monde traduit bien "musulmans/ Magrébins" et que l'immense partie des personnes dont elle parle sont nées en France.
Alors le "Yaka" les mettre dehors me fait bien rire, la solution sera un peu plus complexe.
Mais en ces temps de crise et de faits médiatique prémâchés et prêt à consommer, la complexité affole le badaud, d'où la floraison des termes passe partout "pensée unique" "bobos" "suédois".

Alors "Yaka" voter pour le meilleur des "Faukon"

-  Le FN a foutu ce pays dans la merde

En prônant toutes ces dernières années des idées encore plus ultra-libérales que celles de la droite au pouvoir, ces mêmes idées que ce même FN renie curieusement aujourd'hui en les accusant d'avoir foutu le pays dans la merde.
C'est-à-dire en s'accusant lui-même. 

-  inculture journalistique

Il faut être un piètre journaliste pour s' étonner d' un rapprochement entre une UMP qui reprend le discours de l' UDF et un FN qui reprend le discours du RPR.