mercredi 12 octobre 2011

Hollande et Aubry, une inimitié qui vient de loin

Issus de la même matrice deloriste, les deux " éléphants " accumulent depuis vingt ans des raisons de se détester

D'elle, il dit volontiers à ses amis que c'est une " menteuse ", ou encore qu'elle " est méchante ". De lui, elle a pu dire, en petit comité, que c'est une " couille molle ". Entre Martine Aubry et François Hollande, le courant n'est jamais passé.
" Nos rapports ont fluctué, tantôt bons, tantôt mauvais ", raconte le député de la Corrèze, qui jure n'avoir " aucune animosité " et se situer " au-dessus de tout ça ". Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces rapports sont aujourd'hui exécrables. Alors qu'approche le terme de leur compétition pour la candidature à l'élection présidentielle, une secrétaire nationale, sous couvert d'anonymat, en atteste : " On dit qu'il n'y a que des preuves d'amour. Entre eux, il n'y a que des preuves de haine. "
Si proches politiquement, si loin humainement. Dès leur rencontre, dans les années 1990, au sein du club Témoin, le réseau de Jacques Delors, leur proximité idéologique ne fait aucun doute. " Sur le plan des idées, il n'y avait pas d'orientation différente, se souvient l'avocat Jean-Pierre Mignard, un des animateurs du club. A l'époque, la question, c'était d'être européen ou pas. Et ils étaient profondément d'accord. "
Pourquoi tant de haine, alors, entre deux socialistes sortis de la même matrice deloriste ? Certains avancent une séduisante théorie, celle de la querelle d'héritage entre la fille légitime et le fils spirituel. " François n'a jamais voulu instrumentaliser Jacques Delors à son profit, assure un autre membre du club, mais Martine a pu penser qu'il le poussait à se présenter - en 1995 - et que son père ne s'appartenait plus. " Mme Aubry se borne à constater sèchement : " Il a été proche de mon père quand celui-ci était candidat à la présidentielle. Ça s'est arrêté là. "
Autre temps, autre père : Lionel Jospin. Entre 1997 et 2000, le chef du gouvernement fait de Mme Aubry sa numéro 2. Et de François Hollande son fondé de pouvoir rue de Solferino. " Il y avait une relation privilégiée entre Lionel et François, qui pesait lourd, raconte l'eurodéputé Vincent Peillon, soutien de M. Hollande. Quand on est un important ministre du gouvernement et qu'on voit que le premier ministre a une relation privilégiée avec le premier secrétaire, on peut le prendre mal. "
Anonymement lui aussi, un ancien ministre de M. Jospin corrige : " Les hommes forts, les vrais patrons de la dream team, c'était Aubry et DSK. " Un conseiller de Martine Aubry insiste : " A l'époque, l'ennemi, c'était Strauss-Kahn. Hollande n'était pas à ce niveau. Il n'était pas dans le paysage... "
Entre M. Hollande et Mme Aubry, à cette époque, pas d'esclandre. Juste une puissante mésestime. Après le 21 avril 2002 et la disparition de Lionel Jospin, le premier secrétaire accède au-devant de la scène socialiste. L'ancienne ministre du travail, qui a pris la suite de Pierre Mauroy la mairie de Lille en 2001, veut la deuxième circonscription du Nord aux élections législatives de juin 2002.
Proche de François Hollande, Bruno Le Roux, à l'époque en charge des élections au PS, raconte : " Pierre Mauroy et Gilles Pargneaux, le premier secrétaire fédéral, avaient dit : "C'est exclu. On ne veut pas d'elle. Qu'elle reste dans la 5e !" Et quand le premier secrétaire fédéral demande qu'on ne se mêle pas de ses affaires, on ne le fait pas. "
Mme Aubry échoue finalement face à l'UMP Sébastien Huygue. Elle ne pardonnera pas à M. Hollande, qu'elle tient également pour responsable de son éviction de cette même circonscription en 2007.
Les difficultés de Mme Aubry à Lille prennent fin avec sa confortable réélection à la mairie en mars 2008. Une ambition se réveille. La " dame des 35 heures ", comme la brocarde la droite, remporte le congrès socialiste de Reims et prend la tête du parti, M. Hollande ayant décidé de quitter le poste de premier secrétaire, qu'il a occupé pendant onze ans. Mme Aubry ne tarit pas de critiques sur ce qu'elle a trouvé rue de Solferino. " François a laissé le parti dans un état ! ", répète-t-elle à l'envi à ses interlocuteurs.
Les coups pleuvent. M. Hollande encaisse sans broncher, mais il ne pardonnera pas. " Il l'a très mal vécu. Comme une injustice ", explique André Vallini, proche de M. Hollande. " Il a senti qu'on voulait l'éliminer ", témoigne M. Le Roux. Le député de la Corrèze devient l'opposant numéro un, organisant, sur fond de campagne européenne apocalyptique, la fronde contre les listes de candidats établies par la direction du parti et rouvrant le débat sur l'alliance avec le MoDem. Dans la foulée, il lance l'idée de sa candidature présidentielle, ce qui ulcère la première secrétaire.
" Ils n'ont pas de marge pour se différencier au niveau de l'idéologie et de la stratégie, observe un dirigeant du PS. C'est donc sur la forme qu'ils vont le faire. " La finale Aubry-Hollande, juste un choix de personnalités ? " Je ne crois pas qu'on dérange des millions d'électeurs pour des querelles de tempérament ", a appuyé Arnaud Montebourg, le troisième homme, lundi 10 octobre sur France 2. Depuis des semaines, Mme Aubry et son équipe attaquent la " gauche molle ", pointant l'irrésolution et l'indécision supposées de l'adversaire. Interrogée par Le Monde, la maire de Lille explique sa vision des qualités nécessaires pour l'élection présidentielle : " Il faut du tempérament, des convictions chevillées au corps, ne pas tourner au moindre obstacle. Dans une crise dure, face à une droite dure, il faut être fort. "
" Ce n'est jamais frontal, ce n'est jamais direct. C'est toujours insidieux. Moi, je n'aime pas les manoeuvres obliques ", disait, mardi, M. Hollande au sujet des attaques dont il est l'objet. Ses amis ont convoqué une conférence de presse pour appeler le camp d'en face à " maîtriser ses nerfs, maîtriser son agressivité ", et ne pas " caractériser l'adversaire sur des éléments de comportement supposés qui seront ensuite utilisés par la droite. " Me Mignard, au nom de la Haute Autorité des primaires et ami intime de M. Hollande, a formué une mise en garde : " Le succès considérable des primaires tient à ce que les candidats se respectent personnellement. Ce qui signifie qu'ils doivent continuer de s'interdire toute accusation sur la personne et le caractère. "
D'autant qu'il faut déjà songer à la suite. A une future coopération. Pendant la campagne, d'abord. M. Hollande a prévenu : " Je ne veux pas ouvrir un conflit après la primaire. Si je gagne et que Martine Aubry veut revenir au premier secrétariat, elle revient. "
Et puis, si d'aventure la gauche l'emportait, au gouvernement. L'un pourrait être à Matignon, et l'autre à l'Elysée. Dans une ambiance que l'on présage cordiale.

David Revault d'Allonnes
© Le Monde

8 commentaires:

  1. Hélas pour lui, Hollande a besoin de JPK...pour l'instant...

    La chute sera d'autant plus dure que lorsque sortira le rapport de l'expert comptable sur l'EPINORPA et la SOGINORPA, il sera obligé de le "dégager" s'il ne veut pas plonger avec lui et se décrédibiliser complètement...la droite ne le raterait pas...

    Montebourg a déjà sonné l'Hallali à la télé en associant Guérini (au gnouf pour 42.000 euros...) avec la fédé du Pas de Calais...

    Je crains que le téléphone à Liévin ne sonne plus beaucoup à partir de ce lundi..

    JPK... la fin d'un règne...

    Eh oui Jean-Pierre, ne sont-ils pas ingrats...

    Les prochaines semaines seront TRES intéressantes....

    Tu quoque mi fili !!!

    J.

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  2. le P.S. deviendra un bon parti,quand il se débarassera de ses barons et parrains corrompus.car ses idées sont meilleures que celle de la droite.

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  3. 21h30 - FRANCE 2 - SCOOP !!!

    Martine Aubry vient de s'engager à permettre aux salariés victimes de leurs dirigeants de demander la mise sous tutelle de leur société !!!!!

    Votez pour elle !!!!

    Save the SOGI !!!

    J.

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  4. JPK avait été sauvé une premiere fois après l'élection de mitterand.
    son dossier c'était du lourd.les classeurs atteignaient en hauteur les plafonds de la mairie de lievin.il fut jeté à la benne.au P.S.,tous les barons ,les parrains le savaient mais ils ont fermé leur gueule.depuis 1981,J.P.K s'en ai mis plein les poches ,au vu et au su de tous ses complices qui l'imiterent.
    je pense qu'après sa chute,celle de FACON suivra.celui là ,c'est un autre cas,mais nous en parlerons très bientot de ce traitre politique,trahi par dalongeville.

    JUSTE RETOUR DE BOOMERANG.

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  5. hélas ,madame 35 HEURES non financés,la france n'est pas prete à élire une femme en tant que présidente .alors attendez une quarantaine d'année et revenez nous voir après avoir nettoyer au karcher vos écuries d'augias du 62/59.

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  6. A J: ce n'est pas tout à fait ce que j'ai compris...

    A 22H17: propos outranciers et immérités!

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  7. @ Alain...

    Laisses nous au moins un peu d'espoir ! MDR !

    @ 21:37

    Pour paraphraser De Gaulle "les français sont des veaux !" vous avez hélas raison, la misogynie ambiante vous donnera peut être raison... Espérons surtout que cela vaudra pour Marine LePen !

    En tous les cas, nous sommes mals !!! Je suis pas dur, je suis pas mou.... On dirait un sketch de Coluche....

    Faisons gagner des sous et du temps au pays.... Écrivons une lettre a Sarko pour lui dire qu'on reviendra en 2017... Quand on sera prêts...

    J.

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  8. Sorry 22h17 au lieu de 21h37

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