Le 27 janvier a été désigné par l’ONU comme Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah. Cette date correspond à l’anniversaire de la découverte par les troupes soviétiques des camps d’Auschwitz-Birkenau par les troupes de l’URSS le 27 janvier 1945, lors de leur arrivée dans ce qu’il restait des camps abandonnés par les Allemands, avec "quelques" prisonniers malades restant, les autres ayant été évacués lors des marches de la mort.
Sur la Shoah, les historiens établissent la "matérialité des faits"
Le Monde.fr | • Mis à jour le
Six
millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont morts dans les camps
nazis simplement parce qu'ils étaient juifs, rappellent des historiens
dans un manifeste destiné à enrayer le négationnisme.
Depuis
la fin de la seconde guerre mondiale, il est arrivé à maintes reprises
que des publicistes, prenant parfois le titre d'historiens, aient mis en
cause la véracité des témoignages sur la politique hitlérienne
d'extermination. Ces témoignages avaient, en 1945, une évidence
aveuglante. La grande majorité des déportés sont aujourd'hui morts. Il
nous reste leurs textes et les archives du IIIe Reich, mais cette documentation n'empêche pas toujours des réflexes qui ne sont « critiques »
qu'en apparence. Pour soutenir que le Zyklon B n'exterminait que les
poux, il faut en réalité admettre en son for intérieur que les juifs,
les Tziganes, au besoin les Slaves ou les hommes épuisés par leur
travail n'étaient précisément que des poux.
Cela dit, il est naturel que la génération qui n'a pas reçu le choc de 1945 se pose aujourd'hui des questions. C'est à son usage, et non une réponse à qui que ce soit, que nous publions la présente déclaration. Nous le faisons en notre qualité d'historiens, qui ne nous donne aucun droit mais seulement un devoir, celui d'être, à travers les écoles de pensée auxquelles nous appartenons, les serviteurs de l'humble vérité, une seule mission, celle dont parlait déjà le « père de l'Histoire » : « Empêcher que ce qu'ont fait les hommes, avec le temps, ne s'efface de la mémoire. »
« Des animaux humains »
1. - On évalue généralement à 6 millions le nombre de juifs, à 200 000 le nombre des Tziganes, à 100 000 le nombre d'Allemands considérés comme héréditairement tarés, exterminés au cours de la guerre. Il faut y ajouter plusieurs millions de Polonais, de Russes et d'autres Slaves dont le nombre devait être artificiellement réduit, par la faim, la limitation des naissances ou l'extermination, en fonction des besoins de l'Etat SS, de son espace vital, et de son mépris pour les « sous-hommes », pour ceux que Himmler appelait les « animaux humains ».
A ces exterminations collectives s'ajoute l'assassinat individuel, par les méthodes les plus variées - y compris l'empoisonnement par gaz - de très nombreux déportés : Allemands antinazis, résistants des pays de l'Europe de l'Ouest - et singulièrement Français - voire prisonniers de droit commun. Certains de ces assassinats relevaient d'une décision « politique », d'autres achevaient des corps désormais incapables de travailler pour la machine de guerre nazie.
2. - La matérialité des faits est établie à la fois par le témoignage de milliers de déportés, par les documents administratifs émanant des archives du IIIe Reich et qui demeurent significatifs, même lorsqu'ils sont rédigés dans ce que Eichmann appelait l'« Amtsprache » (langage administratif), par les aveux circonstanciés des bourreaux enfin.
3. - Cette politique a connu plusieurs étapes. Dès le 1er septembre 1939. Hitler donnait l'ordre de supprimer les malades mentaux allemands qualifiés de bouches inutiles. Six centres d'extermination comprenant des chambres à gaz furent installés en Allemagne (Brandeburg, Grafeneck, Bernburg, Sonnenstein, Hartheim, Hadamar). Devant les protestations publiques du clergé allemand, Hitler fut cependant contraint en août 1941, de suspendre ce « programme d'euthanasie ».
En prévision de l'attaque contre l'Union soviétique, Hitler ordonnait l'extermination, dans les territoires à conquérir, des ennemis raciaux : les juifs, des adversaires idéologiques : les « commissaires » communistes, des éléments « asociaux » : les Tziganes. Cette extermination fut d'abord essentiellement le fait des détachements spéciaux, les « Einsatzgruppen ». Ils ont tué, principalement par fusillade, mais aussi à l'aide de camions comportant un dispositif permettant de gazer les occupants, un nombre difficile à évaluer d'êtres humains, peut-être deux millions. Ces méthodes entraînaient des difficultés psychologiques pour les autorités militaires et civiles, et ne furent pas appliquées en dehors du territoire soviétique, lieu par excellence de la guerre idéologique. Partout ailleurs, l'extermination fut pratiquée grâce à la création d'installations spéciales, principalement sur le territoire polonais. Au cours des premiers mois de 1942, cinq camps d'extermination, en dehors d'Auschwitz qui leur est antérieur et qui se trouvait alors sur le territoire du Reich, furent créés avec toutes les installations nécessaires, et notamment les chambres à gaz, Chelmno (1), Belzec, Sobibor, Treblinka et Maïdanek. Une mise en scène adéquate (camouflage des bâtiments en gare ordinaire, à l'aide d'affiches et d'inscriptions correspondantes) était destinée à donner le change aux victimes, pour prévenir les rébellions désespérées de dernière heure. Parmi tant et tant de témoignages, qui ne peuvent évidemment émaner de ceux qui ont été tués, faut-il rappeler celui du SS Gerstein qui tenta en vain d'alerter, dès 1942, les autorités civiles et religieuses sur ce qui se passait dans ces camps ? Ecrit par lui-même, le 26 avril 1945, pour les autorités françaises, dans un français hésitant, son récit, indiscutable sur l'essentiel, de ce qu'il a vu à Belzec, n'en est que plus saisissant : « Moi-même avec le hauptmann Wirth, police, nous nous trouvons avant les chambres de la mort. Totalement nus, les hommes, les femmes, les jeunes filles, les enfants, les bébés, les à une seule jambe, tous nus, passent. Au coin, un SS fort qui, à haute voix pastorale, dit aux pauvres : » Il « vous n'arrivera rien que vivement » respirer, cela fait forts « les poumons, cette inhalation, » c'est nécessaire contre les maladies « contagieuses, c'est une belle » désinfection ! « Demandé quel serait leur sort, il leur dit : » Vraiment « , les hommes doivent travailler », bâtir des rues et des « maisons. Mais les femmes ne » sont pas obligées. Seulement si « elles veulent, elles peuvent aider » au ménage ou dans la cuisine. « Pour quelques de ces pauvres gens, petit espoir encore une fois, assez pour les faire marcher sans résistance aux chambres de la mort, la majorité sait tout, l'odeur leur indique le sort ! Alors ils montent le petit escalier et, voyant la vérité ! Mères, nourrices, les bébés à la poitrine, nues, beaucoup d'enfants de tout âge, nus ils hésitent, mais ils entrent dans les chambres de la mort, la plupart sans mot dire, pressés des autres derrière eux, agités par les cravaches des SS. Une juive, quarante ans environ, les yeux comme des flambeaux, cite le sang de leurs enfants sur leurs meurtriers. Recevant cinq coups de cravache au visage de la part de hauptmann de police Wirth lui-même, elle disparaît dans la chambre à gaz. Beaucoup font leurs prières, d'autres disent : » Qui est-ce qui « nous donne de l'eau pour la » mort ? « (rite israélitique ?). Dans les chambres, la SS presse les hommes. » Bien remplir « , le hauptmann Wirth a ordonné. Les hommes nus sont debout aux pieds des autres. Sept cents à huit cents à 25 m2, à 45 m3 ; Les portes se ferment. »
Auschwitz
Exposant le 20 janvier 1942, devant une quinzaine de hauts fonctionnaires, ce qu'on appelait désormais « la solution finale du problème juif », le ministre de la police. Reinhard Heydrich, se contentait de dire qu'une grande partie des juifs déportés « s'éliminera tout naturellement en raison de son état de déficience physique. Le résidu qui subsisterait en fin de compte - et qu'il faut considérer comme la partie la plus résistante - devra être traité en conséquence ». Il s'agissait là d'un double euphémisme : « traiter en conséquence » signifiait en réalité « gazer », et les éléments les moins résistants, les femmes, les enfants, les vieillards, furent traités en conséquence dès leur arrivée sur les lieux d'extermination.
C'est à Auschwitz que le plan nazi d'extermination fut porté à la perfection. Créé en été 1940, d'abord à l'intention des prisonniers politiques ou criminels polonais ou allemands, ce camp, ce complexe gigantesque plutôt, couvrant quelques dizaines de kilomètres carrés, devint tout à la fois un lieu d'extermination immédiate et un camp de travail aux conditions de travail spécialement inhumaines. L'espérance moyenne de vie des détenus était de six mois. C'est en juin 1941 qu'Himmler chargea Rudolf Hoess, commandant d'Auschwitz, d'y établir un camp d'extermination. Après des expériences préalables effectuées sur des prisonniers soviétiques, Hoess opta pour le gaz « Zyklon B », un produit insecticide dont se servait couramment l'armée allemande. A partir du printemps 1942, les convois de juifs de toutes nationalités, y compris les convois provenant de France, affluèrent à Auschwitz.
Dans chaque convoi, environ les trois quarts des déportés : les enfants, les vieillards, la majorité des femmes, prenaient aussitôt le chemin des chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Leurs cadavres étaient incinérés dans de vastes crématoires attenant aux installations d'asphyxie. C'est également à Auschwitz que furent exterminés, pendant l'été 1944, les Tziganes de nationalité allemande. C'est enfin encore à Auschwitz que furent pratiquées de nombreuses « expériences médicales » comportant la dissection in vivo d'êtres humains.
Ces pratiques se poursuivirent jusqu'au mois de novembre 1944. Sur l'ordre d'Himmler, les installations meurtrières, chambres à gaz, fours crématoires, furent alors détruites, comme avaient été détruits, un an auparavant, les équipements analogues des camps polonais - à la seule exception de Maïdanek.
Le camp d'Auschwitz fut évacué devant l'avance soviétique au tout début de 1945. R. Hoess estimait le nombre des victimes à deux millions et demi de gazés, à un demi-million de morts dans le camp proprement dit ; ces chiffres sont certainement exagérés, mais il n'est pas possible d'en donner de sûrs : les SS ne comptabilisaient pas ceux qui étaient immédiatement conduits à la chambre à gaz.
Cela dit, il est naturel que la génération qui n'a pas reçu le choc de 1945 se pose aujourd'hui des questions. C'est à son usage, et non une réponse à qui que ce soit, que nous publions la présente déclaration. Nous le faisons en notre qualité d'historiens, qui ne nous donne aucun droit mais seulement un devoir, celui d'être, à travers les écoles de pensée auxquelles nous appartenons, les serviteurs de l'humble vérité, une seule mission, celle dont parlait déjà le « père de l'Histoire » : « Empêcher que ce qu'ont fait les hommes, avec le temps, ne s'efface de la mémoire. »
« Des animaux humains »
1. - On évalue généralement à 6 millions le nombre de juifs, à 200 000 le nombre des Tziganes, à 100 000 le nombre d'Allemands considérés comme héréditairement tarés, exterminés au cours de la guerre. Il faut y ajouter plusieurs millions de Polonais, de Russes et d'autres Slaves dont le nombre devait être artificiellement réduit, par la faim, la limitation des naissances ou l'extermination, en fonction des besoins de l'Etat SS, de son espace vital, et de son mépris pour les « sous-hommes », pour ceux que Himmler appelait les « animaux humains ».
A ces exterminations collectives s'ajoute l'assassinat individuel, par les méthodes les plus variées - y compris l'empoisonnement par gaz - de très nombreux déportés : Allemands antinazis, résistants des pays de l'Europe de l'Ouest - et singulièrement Français - voire prisonniers de droit commun. Certains de ces assassinats relevaient d'une décision « politique », d'autres achevaient des corps désormais incapables de travailler pour la machine de guerre nazie.
2. - La matérialité des faits est établie à la fois par le témoignage de milliers de déportés, par les documents administratifs émanant des archives du IIIe Reich et qui demeurent significatifs, même lorsqu'ils sont rédigés dans ce que Eichmann appelait l'« Amtsprache » (langage administratif), par les aveux circonstanciés des bourreaux enfin.
3. - Cette politique a connu plusieurs étapes. Dès le 1er septembre 1939. Hitler donnait l'ordre de supprimer les malades mentaux allemands qualifiés de bouches inutiles. Six centres d'extermination comprenant des chambres à gaz furent installés en Allemagne (Brandeburg, Grafeneck, Bernburg, Sonnenstein, Hartheim, Hadamar). Devant les protestations publiques du clergé allemand, Hitler fut cependant contraint en août 1941, de suspendre ce « programme d'euthanasie ».
En prévision de l'attaque contre l'Union soviétique, Hitler ordonnait l'extermination, dans les territoires à conquérir, des ennemis raciaux : les juifs, des adversaires idéologiques : les « commissaires » communistes, des éléments « asociaux » : les Tziganes. Cette extermination fut d'abord essentiellement le fait des détachements spéciaux, les « Einsatzgruppen ». Ils ont tué, principalement par fusillade, mais aussi à l'aide de camions comportant un dispositif permettant de gazer les occupants, un nombre difficile à évaluer d'êtres humains, peut-être deux millions. Ces méthodes entraînaient des difficultés psychologiques pour les autorités militaires et civiles, et ne furent pas appliquées en dehors du territoire soviétique, lieu par excellence de la guerre idéologique. Partout ailleurs, l'extermination fut pratiquée grâce à la création d'installations spéciales, principalement sur le territoire polonais. Au cours des premiers mois de 1942, cinq camps d'extermination, en dehors d'Auschwitz qui leur est antérieur et qui se trouvait alors sur le territoire du Reich, furent créés avec toutes les installations nécessaires, et notamment les chambres à gaz, Chelmno (1), Belzec, Sobibor, Treblinka et Maïdanek. Une mise en scène adéquate (camouflage des bâtiments en gare ordinaire, à l'aide d'affiches et d'inscriptions correspondantes) était destinée à donner le change aux victimes, pour prévenir les rébellions désespérées de dernière heure. Parmi tant et tant de témoignages, qui ne peuvent évidemment émaner de ceux qui ont été tués, faut-il rappeler celui du SS Gerstein qui tenta en vain d'alerter, dès 1942, les autorités civiles et religieuses sur ce qui se passait dans ces camps ? Ecrit par lui-même, le 26 avril 1945, pour les autorités françaises, dans un français hésitant, son récit, indiscutable sur l'essentiel, de ce qu'il a vu à Belzec, n'en est que plus saisissant : « Moi-même avec le hauptmann Wirth, police, nous nous trouvons avant les chambres de la mort. Totalement nus, les hommes, les femmes, les jeunes filles, les enfants, les bébés, les à une seule jambe, tous nus, passent. Au coin, un SS fort qui, à haute voix pastorale, dit aux pauvres : » Il « vous n'arrivera rien que vivement » respirer, cela fait forts « les poumons, cette inhalation, » c'est nécessaire contre les maladies « contagieuses, c'est une belle » désinfection ! « Demandé quel serait leur sort, il leur dit : » Vraiment « , les hommes doivent travailler », bâtir des rues et des « maisons. Mais les femmes ne » sont pas obligées. Seulement si « elles veulent, elles peuvent aider » au ménage ou dans la cuisine. « Pour quelques de ces pauvres gens, petit espoir encore une fois, assez pour les faire marcher sans résistance aux chambres de la mort, la majorité sait tout, l'odeur leur indique le sort ! Alors ils montent le petit escalier et, voyant la vérité ! Mères, nourrices, les bébés à la poitrine, nues, beaucoup d'enfants de tout âge, nus ils hésitent, mais ils entrent dans les chambres de la mort, la plupart sans mot dire, pressés des autres derrière eux, agités par les cravaches des SS. Une juive, quarante ans environ, les yeux comme des flambeaux, cite le sang de leurs enfants sur leurs meurtriers. Recevant cinq coups de cravache au visage de la part de hauptmann de police Wirth lui-même, elle disparaît dans la chambre à gaz. Beaucoup font leurs prières, d'autres disent : » Qui est-ce qui « nous donne de l'eau pour la » mort ? « (rite israélitique ?). Dans les chambres, la SS presse les hommes. » Bien remplir « , le hauptmann Wirth a ordonné. Les hommes nus sont debout aux pieds des autres. Sept cents à huit cents à 25 m2, à 45 m3 ; Les portes se ferment. »
Auschwitz
Exposant le 20 janvier 1942, devant une quinzaine de hauts fonctionnaires, ce qu'on appelait désormais « la solution finale du problème juif », le ministre de la police. Reinhard Heydrich, se contentait de dire qu'une grande partie des juifs déportés « s'éliminera tout naturellement en raison de son état de déficience physique. Le résidu qui subsisterait en fin de compte - et qu'il faut considérer comme la partie la plus résistante - devra être traité en conséquence ». Il s'agissait là d'un double euphémisme : « traiter en conséquence » signifiait en réalité « gazer », et les éléments les moins résistants, les femmes, les enfants, les vieillards, furent traités en conséquence dès leur arrivée sur les lieux d'extermination.
C'est à Auschwitz que le plan nazi d'extermination fut porté à la perfection. Créé en été 1940, d'abord à l'intention des prisonniers politiques ou criminels polonais ou allemands, ce camp, ce complexe gigantesque plutôt, couvrant quelques dizaines de kilomètres carrés, devint tout à la fois un lieu d'extermination immédiate et un camp de travail aux conditions de travail spécialement inhumaines. L'espérance moyenne de vie des détenus était de six mois. C'est en juin 1941 qu'Himmler chargea Rudolf Hoess, commandant d'Auschwitz, d'y établir un camp d'extermination. Après des expériences préalables effectuées sur des prisonniers soviétiques, Hoess opta pour le gaz « Zyklon B », un produit insecticide dont se servait couramment l'armée allemande. A partir du printemps 1942, les convois de juifs de toutes nationalités, y compris les convois provenant de France, affluèrent à Auschwitz.
Dans chaque convoi, environ les trois quarts des déportés : les enfants, les vieillards, la majorité des femmes, prenaient aussitôt le chemin des chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Leurs cadavres étaient incinérés dans de vastes crématoires attenant aux installations d'asphyxie. C'est également à Auschwitz que furent exterminés, pendant l'été 1944, les Tziganes de nationalité allemande. C'est enfin encore à Auschwitz que furent pratiquées de nombreuses « expériences médicales » comportant la dissection in vivo d'êtres humains.
Ces pratiques se poursuivirent jusqu'au mois de novembre 1944. Sur l'ordre d'Himmler, les installations meurtrières, chambres à gaz, fours crématoires, furent alors détruites, comme avaient été détruits, un an auparavant, les équipements analogues des camps polonais - à la seule exception de Maïdanek.
Le camp d'Auschwitz fut évacué devant l'avance soviétique au tout début de 1945. R. Hoess estimait le nombre des victimes à deux millions et demi de gazés, à un demi-million de morts dans le camp proprement dit ; ces chiffres sont certainement exagérés, mais il n'est pas possible d'en donner de sûrs : les SS ne comptabilisaient pas ceux qui étaient immédiatement conduits à la chambre à gaz.
(1) A Chelmno, camp créé en décembre 1941, il ne s'agit pas encore de chambres à gaz fixes, mais d'un garage abritant des « camions à gaz » semblables à ceux qui étaient utilisés en Russie par les Einsatzgrapper.
alors les nazillons ,y compris héninois,et les révisionnistes ,vous ne croyez pas à cette vérité historique ,malgré les archives du 3 é reich. bande de pov'cons ignards.
RépondreSupprimerles boeufs aussi ,vous les auriez envoyer à dachau et auswitch.
meme jean-marie, le président d'honneur de steeve briois, n'y crois pas!
Supprimerun point de détail, selon lui!
alors avant de voter , réflechissez!
le vice-president de monsieur steeve a été condamné pour négationnisme alors réfléchissement!
Supprimerle pen, golnnich, les amis de briois n'y croient pas!
SupprimerM. Alpern - tout le monde n'a pas reçu "le choc de 1945" manifestement...
RépondreSupprimerLes Américains - hallucinés - ont fait des films de ces camps de l'horreur, avec ses habitants "morts-vivants" qu'ils découvraient.
Ils ont fait venir les populations alentour (Allemandes de tous âges), elles "avaient toujours su" (cf l'oeuvre de Brecht, écrite bien avant "l'Endlösung", "Grand-Peur...") et montraient un visage dédaigneux, des yeux secs (dame : prises "la main dans le sac", devant "témoigner" à leur corps défendant).
Les Juifs "qui en sont revenus" ont vécu au jour le jour, dans la sidération, plusieurs fois victimes dès lors.
Oui la Shoah reçoit les critiques, car vue comme un "trust victimaire", mais vous citez justement les "Zigeuner", tous les "Untermenschen" (non-Aryens).
Mes propres grand-parents maternels (par parenthèse, voisins d'Oradour pendant l'Occupation, Limousins d'abord montés à Paris) m'ont raconté que l'on ne se faisait pas trop d'illusions sur le fait que "les trains ne reviendraient pas").
Je n'ai pas 100 ans et je "sais" tout cela - sans toujours l'avoir appris dans les livres - et je ne suis pas juif.
Mais Nuremberg a été un procès en faux-nez (on a puni quelques coupables sans inquiéter la masse des donneurs d'ordres et des exécutants, des exécuteurs plutôt).
Je suis sûr qu'une partie du problème vient de là "Hitler, kennen wir nicht" des générations allemandes des années 70 a succédé au "Ich wusste's nicht" individuel d'après-45 .
C'est la brèche des remises en cause, l'Europe qui a voulu faire table rase des atrocités a aussi "fait taire"...ce qui paraît maintenant intolérable, surabondant (les souffrances du peuple juif).
Je ne fais la morale à personne; ainsi que je l'ai écrit sous l'une de vos chroniques, j'aimerais pouvoir défendre les droits du peuple palestinien à son auto-détermination sans entendre des rumeurs régressives, des négationnismes grossiers...
Les témoignages restent pourtant nombreux - de ceux qui sont sortis de la sidération dont je faisais état ( qui a fait que les enfants n'ont pas su l'indicible, cf a contrario un Primo Levi évidemment).
On en revient à un caractère primitif, frontal des conflits inter-ethniques.
Après guerre, un programme efficace de dénazification s'est développé en Allemagne de l'Ouest... Très tôt, nos voisin d'Outre Rhin ont regardé leur histoire en face. Tous les services de l'Etat ont été dénazifies.
RépondreSupprimerQu'en fut il en France ? on nous a longtemps enseigné dans les années 50 à 70 que notre pays avait su résister... mais la suite nous a montré que les administrations, la justice, les militaires n'ont pas tous conduit ce travail: le plus bel exemple demeure Papon, ministre de De Gaulle sous la Vème...
Alors, puisque ce travail n'a pas été conduit par nos parents, ne nous étonnons pas du résultat aujourd'hui; des vichyistes ont traîné dans tous les partis, notamment à gauche et aussi dans le bassin minier.
A 23.24 (de 20.20)
Supprimer"Dénazifié" n'est qu'un mot, excusez-moi de vous le dire ainsi - et en effet, un IIIème Reich vaincu n'avait plus le pouvoir de maintenir après 45 des fonctionnaires proclamant clairement leur appartenance au parti nazi, mais combien en restait-il alors, combien a contrario avaient fui, combien d'autres, plus nombreux s'étaient "convertis", par raison sinon par conviction?
En réalité, le peuple allemand avait accueilli, dans le cadre d'élections globalement démocratiques, l'arrivée du "Führer" (en tant que chef d'Etat, entre 1933 et 1945, sa cote de popularité ferait des envieux, même si comme chef de guerre, à partir de 1943, les choses se sont - un peu - gâtées) avec un programme revendiqué, connu (Mein Kampf).
Avec la mainmise des Alliés, cette dénazification - toute bureaucratique et sans "épuration", il faut le souligner, contrairement à ce qui s'était passé en France avec de Gaulle (on connaît bien les réseaux "d'escamotage" des nombreux bourreaux nazis grâce au travail acharné d'un Klarsfeld évidemment) - n'a atteint QUE LES SERVICES DE L'ETAT, vous l'écrivez... Tandis que les maires (ex)nazis, réélus, mouraient régulièrement...dans leur lit. Qu'un Kurt Waldheim ait pu être possible (sans exagérer sa responsabilité dans les exactions de l'Allemagne et de l'Autriche en guerre), le démontre suffisamment.
Les "Allemands ont jugé les Allemands" - ne nous étonnons pas alors qu'on n'ait rouvert Oradour qu'après s'être assuré que les derniers témoins et acteurs étaient morts (ou peu s'en faut), qu'on ne fasse pas le lien avec des familles (allemandes) vivantes.
Les camps de concentration sont connus de toute l'Europe - j'ai fait, ado, des échanges linguistiques avec des familles ouest-allemandes (avant 1989 et l'enthousiasme soulevé par la chute du mur), je vous assure que les esprits n'étaient pas clairs, que RIEN n'était assumé - dans les jeunes ou les anciennes générations (tous ont des parents en Amérique Latine bien sûr et pour les raisons que l'on sait) - et que beaucoup "tablent" sur l'ignorance des autres Européens sur la question, surtout de jeunes gens naïfs à l'allemand hésitant (c'était mon cas, pour le moins)
C'est le choc de ces non-dits qui avait fini par me frapper - je suis très loin de partager votre vision des choses sur le travail mémoriel outre-Rhin...
Quant à la France collaborationniste je vous suis davantage en vous faisant remarquer que nous parlons d'une des nations occupées par les Nazis, dont les responsabilités sont incomparables - mais bien sûr que des vichyistes aient pu occuper des postes dans la plus haute administration après 1945 est extrêmement choquant, alors même que l'Epuration a frappé parfois aveuglément de très jeunes gens à l'occasion.
Mais ceci est "une autre histoire" bien sûr.
On parlait des conditions qui ont permis les négationnismes.
Allez en Allemagne, voyez les mouvements de certains jeunes néo-nazis, ils n'ont hélas rien à envier à ce qui passe ... à vrai dire dans toute l'UE et bien sûr surtout dans les anciennes nations du "Bloc de l'Est".
En réalité, je me rappelle qu'en histoire, en philo (l'art est-il possible après les camps?), avec nos parents, notre génération "en a parlé" de plusieurs manières et que, dans mon lycée public du bassin minier, aucun ne contestait,
Du coup, sur la "non-transmission" je ne suis pas non plus d'accord avec vous.
C'est MAINTENANT que le problème paraît se poser, avec les jeunes générations "branchées" (sous-entendu : internet)
Votre conclusion me paraît pertinente. C'est vrai que la transmission de ce qui s'est passé n'a été pas mal faite jusqu'à ces dernières années. Les négationnistes, tels Faurisson, Rassinier avec quelques relais dans les milieux intellectuels (Chomsky, Garaudy), n'ont eu qu'une audience limitée. Mais depuis l'avènement d'Internet, ces théories fumeuses sont diffusées et relayées parmi les jeunes, sans aucun esprit critique : "c'est dit sur Internet, on nous cache quelques chose, c'est donc vrai..." Que faire si ce n'est informer et éduquer ?
SupprimerExactement, les intellectuels révisionnistes et autres négationnistes dont vous faites état étaient très "marginaux".
SupprimerExcusez mon nombrilisme, mais je ne peux mieux en juger que par ma génération : dans les années 80, AUCUN jeune de ma classe - toutes csp, toutes appartenances socio-politiques confondues - ne "les suivait".
Ce rejet des "thèses" (un bien grand mot!) précitées n'était pas vu comme un positionnement conditionné par le "politiquement correct".
Je n'ai pas d'enfants - mais quelques copains enseignants - et ne suis pas tranquille sur les possibilités "dinformer et d'éduquer".
Rappel d'un excellent (il faut le dire, amis ceci ne nous rajeunit pas) sketch de Dieudonné, sur la "parano" des profs.
Cet humoriste a lui-même suivi des voies curieuses.
Non dépourvues de cynisme dans l'expression - pourquoi pas?
Peut-être pas sans lien avec un désespoir personnel - ou n'est-ce que le goût des succès "faciles", à base de "populismes" grossiers?
Le contraire de la formation, bien sûr...
J'ai des moments plus optimistes, évidemment, mais sur le coup...
Il s'agissait d'une vraie-fausse guerre de religions. On faisait d'une pierre deux coups en éliminant une certaine race et en prenant leurs biens, avec la bénédiction du pape, jusqu'au jour où le problème s'est posé en Italie. Alors là le Pape a dû faire semblant de protéger ces pauvres gens.
RépondreSupprimerHitler voulait éliminer toutes les religions pour en imposer une, sorte de "paganisme". La prochaine étape, la chrétienté.
SupprimerOn en revient au caractère primitif, frontal des conflit inter ethniques... Dimanche dernier, Paris voyait malheureusement se rassembler ce qui rappelait les ligues fascistes des années 30. Même si l'histoire n'est pas cyclique, il faut être vigilants.
RépondreSupprimerRappelons qu'il s'agit de camps de concentrations allemands, administrés par les nazis pour être plus précis. Et non de camp polonais comme certains esprits polémiques aimeraient le faire croire. D'ailleurs, il y avait des camps en allemagne, en (désormais) république tchèque, littuanie...
RépondreSupprimerAuschwitz-Birkenau, Maïdanek, Treblinka, Belzec et Sobibor étaient des camps d'extermination allemands, c'est vrai, et situés en Pologne. Pour être plus précis, Auschwitz fut mixte : concentration et d'extermination.
SupprimerCamps d'exterminations puisque destinés à éliminer Juifs et Tsiganes, ces sous-hommes...Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que l'horreur n'existait pas dans les camps de concentration, car s'il ne s'agissait pas de tuer industriellement, les conditions de détention à Dachau, Bergen-Belsen, Mathausen, Buchenwald et autres conduisaient souvent à la mort.
+1
SupprimerJ'ai été impressionné lorsque, en 1964, mes parents m'ont fait découvrir le camp de concentration du Struthof dans le massif vosgien coté Alsace.
SupprimerEdifiant, surtout qu'à l'époque moins de 20 ans nous séparaient des faits.
Je n'arrive pas à assimiler qu'aujourd'hui, 70 ans après les faits, nous n'ayons que si peu de mémoire....
briois calomnie le curé maintenant, après l'avoir menacé!
RépondreSupprimerle vrai visage de briois! élu maire ce type menacera tous les presidents d'associations n'allant pas dans le sens du fn... une position extrémiste que connait désormais l'abbé!
Hors-sujet: Comment régler le problème du chômage en France?
RépondreSupprimerSarko, n'a pas osé!
Lui, le "moi-président exemplaire" le fera!
Chômeurs français, Monsieur Harz a les moyens de vous faire retravailler!
Cherchez: Gerhard Schröder: qu'est ce que le Harz IV?
Vous comprendrez!
Voilà, braves gens, ce qui vous attend maintenant!
Le Wirth dont il est question dans le témoignage de Gertsein était l'un des responsables (en fait le responsable exécutif, sans mauvais jeu de mots) de l'Aktion Reinhard, opération d'élimination des Juifs, des Roms, des Sintis et des Yéniches dans les camps de Sobibor, Treblinka et Belzec. Cette opération dirigée par le SS Globocnik était suivie par Werner Blankenburg, secrétaire de Hitler et ancien responsable de l'Aktion T4 visant à éliminer les handicapés physiques et mentaux d'Allemagne et d'Autriche. Il est à noter que la plupart des personnels de l'Aktion T4 se retrouveront dans l'Aktion Reinhard, dont le sinistre Christian Wirth.
RépondreSupprimerAu total, on estime que plus de 1 700 000 Juifs et près de 200 000 Roms ont été gazés dans le cadre de cette opération. Il ne faut pas perdre de vue l'aspect financier de l'opération. L'Aktion Reinhard a rapporté 178 745 960,59 Reichmarks à l'État nazi, soit près de 800 millions d'€. Le tout en un peu plus d'un an et demi.
Binaisse a fait retirer ses affiches de son local de campagne, avant la visite de Valls!
RépondreSupprimerTiens donc? COMPTE DE CAMPAGNE!
ouverture information judiciaire dans l'essonne: valls et lamy auraient profité largesses d'un architecte, valls et lamy les deux amis de binaisse....
RépondreSupprimerComme il a conseillé Schröder pour redresser l'Allemagne à la manière plus libérale que sociale, ce bon Môsieur Peter Harz entend maintenant aider Hollande àdétruire les acquis sociaux des Français. Petit rappel:
RépondreSupprimer- durée des allocations de chômage réduite à 6 mois.
- impossibilité de refuser un emploi situé très loin de chez soi (par exemple du Nord au Sud de l'Allemagne: un peu comme de Dunkerque à Menton...) , sous peine de perdre tous ses droits aux allocations diverses. Adieu, famille, maison, attachement au terroir...
- impossibilité de refuser une formation correspondant aux besoins de la région et non aux aspirations personnelles, sous peine de suppression des droits. Ainsi un architecte, sans emploi, devra accepter une formation de chauffeur de tramway, si nécessaire...
-et pour tous ceux qui n'y croyaient pas... et refusaient d'obtempérer au Diktat du Harz IV: les jobs payés à un euro de l'heure, appelés par Schröder "1 Euro-Job".
Voilà, ce qui vous attend, mes chers concitoyens. Vous allez regretter de ne pas avoir écouté les conseils du Parti de Gauche de Jean-Luc M.!
Attention, danger: les socialos-bobos-libéraux veulent nous faire croire que les chômeurs sont des fainéants. Leur but: tirer vers le bas les salires et retraites!
RépondreSupprimerValls ferait mieux de s'occuper du Ponchelet!
RépondreSupprimerEn 1970, en location de vacances dans les Landes , nous eûmes , mes parents et moi pour voisine , une personne qui fut victime de dénonciations et des camps .Son poids , sa morphologie , sa maigreur , mais aussi sa gentillesse m'impressionnèrent .Plus tard , moins de vingt ans plus tard , un enfant du pays se faisait fort , dans son lycée , dans certains cafés de nier ces actes . Je pense que nous devons sans cesse garder en mémoire et imposer aux mémoires ces horreurs racistes commises , comme aussi l'esclavagisme , comme aussi notre attitude lors de soucis coloniaux , etc... J'ai de temps à autres pu évoquer avec bien des personnes ma glorieuse expérience .Je suis descendant d'immigrés et n'ai jamais connu de problèmes racistes , ,je n'ai à ce jour , hormis mai 68 (guerre pas tout à fait gagnée ) , connu que la paix dans mon pays (je m'en inquiète d'autant plus aujourd'hui lorsque je vois ces tarés de dimanche matin ).Je suis donc profondément attaché à tout ce qui respecte dignité , droits .D'ailleurs pour moi les non croyants (sauf quelques sinistres dictateurs ) tentent de faire voter des lois donnant des libertés , et surtout des choix lors de gros problèmes . Les religions , les intégristes eux ne se basent ou ne votent que des interdits .Si je souhaite mourir car n'en pouvant plus , ce ne sont ni Mahomet , ni bouddha , ni Jésus ni les crédules qui doivent décider pour moi , ils ne sont rien , moi , je suis moi .
RépondreSupprimerLes hauts responsables américains et britanniques étaient-ils au courant de l'existence de la "solution finale" et des centres de mise à mort ? il a fallu attendre une cinquantaine d'années après la fin de la seconde guerre mondiale pour que des historiens abordent ouvertement ces questions. Et notamment depuis que, le 27 janvier 2004 (date anniversaire de la découverte du camp d'Auschwitz par les soldats soviétiques), des photos aériennes du site d'Auschwitz prises par les forces aériennes britanniques fin 1944 - connues des spécialistes - ont été diffusées sur Internet.
RépondreSupprimer"certaines des preuves étaient depuis longtemps entre les mains des responsables occidentaux", affirme, parmi d'autres, l'historien Richard Breitman, dans son livre Secrets officiels. Ce que les nazis planifiaient, ce que les Britanniques et les Américains savaient (Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 2005). Il y a aujourd'hui assez d'archives ouvertes au Bureau des services stratégiques (Office of Strategic Services, OSS) de Washington pour permettre aux historiens d'aborder l'aspect américain de la question. L'OSS, qui recevait des informations moins nombreuses et moins fiables que le Foreign Office à Londres, a été néanmoins en mesure de se représenter correctement l'étendue de la"solution finale" à la fin de 1942.
Les services de renseignement britanniques avaient alors intercepté et déchiffré suffisamment de messages radios des forces de police allemandes, et plus tard de la SS. Marquées "Secret absolu. Ne doit jamais sortir de ce bureau", des preuves essentielles ont été dissimulées. Dès l'automne 1941, en effet, le déchiffrage des codes secrets nazis permet de comprendre des dizaines de rapports clairs d'exécutions massives de communistes et de juifs menées par la police et les Waffen-SS, au sein des unités mobiles d'extermination ou Einsatzgruppen, notamment, qui suivaient l'avancée des armées allemandes en Europe de l'Est. En juin 1942, la BBC annonça même que 700 000 juifs avaient déjà été assassinés. Le 8 juin 1942, cinq mois après la mise en place de la"solution finale" lors de la Conférence de Wannsee, Gerhart Riegner envoie à des représentants américains et britanniques un télégramme prémonitoire : "Reçu nouvelle alarmante qu'au quartier général du Führer discussion et examen d'un plan selon lequel après déportation et concentration à l'Est tous les juifs des pays occupés ou contrôlés par l'Allemagne représentant 3,5 à 4 millions de personnes doivent être exterminés d'un coup pour résoudre définitivement la question juive en Europe (…). L'informateur est attesté comme ayant des liens proches avec les hautes autorités allemandes et ses rapports sont généralement dignes de foi."
Le 15 novembre 1942, les réseaux de résistance polonais annoncèrent que des dizaines de milliers de personnes - essentiellement des juifs et des prisonniers de guerre soviétiques - avaient été convoyées à Auschwitz "dans le seul but de leur extermination immédiate dans les chambres à gaz". Toute ces informations permettent au président du gouvernement polonais en exil, Wladyslaw Sikorski, de déclarer : "La population juive de Pologne est condamnée à l'anéantissement."
(suite)
RépondreSupprimerLe 23 mars 1943, le directoire de la résistance civile en Pologne annonça qu'à Auschwitz-Birkenau, un nouveau four crématoire - en l'occurrence le crématorium IV - "traitait" environ trois mille personnes par jour, dont la grande majorité étaient des juifs. Cette information, transmise à Londres par Stefan Korbonski, un résistant polonais, parut en avril 1943 dans un bulletin, Poland Fights. Elle fut étayée par le rapport d'un émissaire de la Résistance polonaise qui avait séjourné en Pologne, notamment à Oswiecim (Auschwitz). Aussi, le 27 avril 1943, le docteur Ignacy Schwarzbart, membre du Conseil national polonais et représentant du Congrès juif mondial, adressa-t-il un rapport à la délégation des juifs polonais des Etats-Unis, dont les Britanniques et le gouvernement américain eurent connaissance très rapidement. Mais, devant le manque de réactions, Smuel Zygelbaum, membre du gouvernement polonais réfugié à Londres, se suicida pour attirer l'attention sur la liquidation des derniers juifs du ghetto de Varsovie.
Plus tard, durant l'été 1943, Washington et le Foreign Office reçurent des indications très précises sur le processus de mise à mort à Treblinka et des chiffres tout aussi précis sur le nombre de personnes exécutées à Auschwitz-Birkenau jusqu'en décembre 1942 (640 000 personnes exécutées, dont 65 000 Polonais, 26 000 prisonniers de guerre soviétiques et 520 000 juifs). Tout au long de l'année 1943, le flot d'informations sur Auschwitz ne s'est pas tari. Un nouveau rapport, signé du nom de code Wanda, est transmis par le service de renseignement militaire polonais en décembre 1943. Parvenu à Londres en janvier 1944, il est remis à l'officier de liaison des Etats-Unis auprès des gouvernements alliés en exil et à l'OSS. Il affirmait que, jusqu'en septembre 1942, 468 000 juifs non enregistrés avaient été gazés à Auschwitz-Birkenau et que, durant les six mois suivants, 60 000 juifs étaient arrivées de Grèce, 50 000 de Slovaquie et de Bohême-Moravie, 60 000 de Hollande, de Belgique et de France, et 11 000 d'autres régions. Le rapport précise que 80 % des nouveaux arrivants étaient gazés.
Face à un tel afflux de nouvelles concordantes et sous la pression d'un nombre croissant d'Américains favorables à l'action, le président Roosevelt créa par ordonnance, le 22 janvier 1944, le Bureau d'aide aux réfugiés de guerre, chargé de prendre "toute mesure compatible avec sa fonction pour sauver les victimes de l'oppression ennemie menacées de mort imminente" et de fournir "secours et assistance à condition que cela n'entrave pas la poursuite de la guerre". Roosevelt prononça, le 24 mars 1944, une déclaration dénonçant le meurtre systématique de civils par les nazis, mais qui reléguait "l'extermination systématique des juifs d'Europe" au 4e paragraphe. Cinq jours plus tôt, l'entrée des troupes nazies en Hongrie avait marqué le début de la déportation vers Auschwitz de 437 000 juifs hongrois entre mai et juillet 1944 - soit 154 trains en 54 jours. Le Bureau d'aide aux réfugiés de guerre démontra son inaptitude à éviter l'un des épisodes les plus sombres de la destruction des juifs d'Europe.
(suite)
RépondreSupprimerLes Alliés eurent ensuite lecture de témoignages de première main. Le 7 avril 1944, deux juifs slovaques, Rudolf Vbra (de son vrai nom Walter Rosenberg) et Alfred Wetzler réussissent l'exploit de s'évader d'Auschwitz (épopée racontée par le premier dans son livre Je me suis évadé d'Auschwitz, Ramsay, 1988). Après avoir franchi la frontière vers la Slovaquie, ils rencontrent, le 25 avril 1944, les responsables du Conseil juif slovaque à Zilina. Ce qu'ils racontent est si impressionnant qu'il leur est demandé de le coucher par écrit. Leur rapport comporte les témoignages sur Maïdanek, Auschwitz et Birkenau avec une série de croquis. Il dresse aussi une liste des différents convois arrivés de toute l'Europe à Birkenau. Il évalue enfin le nombre de juifs gazés à 1 750 000, dont 150 000 juifs de France (76 000, en réalité). Malgré l'inexactitude des chiffres, ce rapport est "un énorme bond [...] dans la connaissance de Birkenau et du processus d'anéantissement", estime l'historienne Annette Wieviorka (Auschwitz, 60 ans après, Robert Laffont, 2005). A la différence des précédents, le rapport Vrba-Wetzler forme un tout cohérent, lisible et compréhensible.
Des demandes de bombardement d'Auschwitz sont envoyées aux Alliés en mai 1944. A la fin juin 1944, ces télégrammes parviennent à l'Organisation mondiale des juifs orthodoxes - l'Agoudas Israel - à New York, qui les transmet au War Refugee Board à Washington, organisme créé dans le but de venir en aide aux juifs. Ils demandent que la Royal Air Force perturbe les transports de déportation et bombarde les lignes de chemins de fer. Cette requête, comme les suivantes, reçut une fin de non-recevoir, au motif que les juifs seraient sauvés par la victoire alliée. Tandis que la déportation massive des juifs hongrois bat son plein, Américains et Britanniques se renvoient le dossier pendant tout l'été 1944, prétextant que sauver les juifs du nazisme n'avait jamais été en soi un but de guerre.
LES PHOTOS PRISES PAR LA RAF
Un grand nombre de photos aériennes sont prises par la Royal Air Force entre avril 1944 et le début de 1945. Elles permettent de voir l'activité d'Auschwitz I et de Birkenau. Pourtant, la cible reste les usines IG Farben du camp d'Auschwitz III - Buna-Monowitz. En agrandissant les clichés, il est possible de discerner des personnes marchant vers les chambres à gaz. A la fin de l'été 1944, le camp d'Auschwitz III est atteint à deux reprises par des bombardements et l'hôpital de Birkenau est endommagé du fait de"dégâts collatéraux".
(fin)
RépondreSupprimerPourquoi n'a-t-on pas vu en 1944 ce qui se lit si aisément aujourd'hui ? L'une des réponses est que les hommes qui interprètent ces photos ne sont pas les destinataires des rapports, notamment de celui rédigé par Vbra et Wetzler. Pourtant, au regard des travaux des historiens, les chambres à gaz et les fours crématoires auraient pu être détruits, ou au moins endommagés. Cependant, à Auschwitz, selon Primo Levi (Si c'est un homme, Pocket), les bombardements sont vite perçus comme dangereux par les déportés. Il affirme même que ces derniers ne faisaient aucun lien entre les bombardements et l'arrêt du flux de victimes.
De nombreux historiens ont étudié de près cette question des photos aériennes qui pouvaient conduire aux bombardements d'Auschwitz, dont Dino Brugioni (l'un des fondateurs du Centre d'interprétation de la photo aérienne), Robert Poirier, et l'historien David Wyman, dans les années 1970. Des documentaires tels que Auschwitz et les Alliés de Martin Gilbert, ou plus récemment, Auschwitz : qui savait ? (réalisé par Alain Jérôme en 2000, Forum), Auschwitz, la preuve oubliée (réalisé par Lucy Parker en 2004, Taylor Downing), ou encore Auschwitz, le monde savait-il ? (réalisé par Didier Martiny en 2004, MK2 TV-France 5), démontrent l'intérêt toujours aussi vif sur le thème de ce que savaient les Alliés, de leurs priorités et de la "faisabilité" des bombardements des camps.
Pour Annette Wieviorka, le doute n'est pas permis : "L'impuissance à sauver la dernière grande communauté juive d'Europe encore intacte à l'heure de la Libération [celle des juifs hongrois], apparaît bien comme une faillite morale chez ceux-là mêmes qui ont mis fin à la barbarie nazie."
Commentaire un peu long, mais qui donne un éclairage un peu différend... Idem pou l'armée rouge qui attendit l'arme au pied à quelques kilomètres du ghetto de Varsovie lors de l'insurrection de 1944.....
Ce n'est pas un commentaire mais un copier-coller d'un papier du Monde de Sébastien Lucas, daté de 2005. Merci pour lui !!!!!!!!!
SupprimerPourriez vous apporter un éclairage ou un démenti sur le comportement de l'URSS qui aurait, après les avoir libérés, à nouveau utilisé les camps pour y détenir en autre des opposants politiques.
SupprimerJamais entendu parler de cela...
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