Le feuilleton héninois (suite) : Gérard Dalongeville

  Sans vouloir faire de la psychologie au rabais, on peut se poser la question de savoir ce qui motive un homme comme G. Dalongeville à vouloir se présenter aux prochaines élections municipales. J'ai connu Jacques Mellick de sa déchéance en 96 à son retour en 2002 où il regagna la mairie (avant de perdre en 2008). A l'époque, celui qui avait conquis pratiquement tous les mandats locaux (sauf régional) et nationaux, devenant même ministre, à la surprise générale, en 1988 (on raconte qu'il y eut confusion entre les noms de Méric et Mellick, Mitterrand ayant désigné le premier...). A l'époque, on avait dit que, après tous les honneurs qu'il avait reçus, sa condamnation pour subornation de témoin était une claque qu'il voulait effacer. Soit. GD, lui, n'a jamais eu de mandat autre que celui de maire. Et encore sa gestion fut déplorable (2 déficits de chacun 12 millions, constatés en 2004 et 2008) avant d'être révoqué, mis en détention préventive, avant d'être condamné à 4 de prison, dont 3 fermes (il a fait appel). Déjà, en 2008, sa gestion exécrable avait été montrée du doigt : il fut pourtant réélu facilement. Certes, comme aujourd'hui, les listes en présence brillent par leur médiocrité et GD a, malgré son incapacité à gérer, des qualités "politiques" : il a de l'entregent, il promet beaucoup (des embauches notamment), il donne l'impression de s'intéresser à ses interlocuteurs, il sait serrer les mains, à la différence du maire actuel. Pourtant, lui non plus, à l'instar du premier magistrat d'aujourd'hui, il n'a que peu de projets à mettre à son actif, pendant ses mandats. Alors, qu'est-ce qui le motive? Probablement une question d'honneur bafoué... A-t-il une chance de l'emporter ? Selon moi, aucune, parce que les Héninois, même si l'homme est sympathique, n'ont pas apprécié l'image que la ville porte depuis que les dérives dalongevilliennes ont été médiatisées. Sa condamnation et l'éventualité plausible qu'elle soit confirmée, ont marqué beaucoup d'Héninois qui veulent tourner la page et redorer le blason de la ville. Problème : les alternatives sont d'une piètre qualité. La médiocrité des candidats (FN, anciens colistiers de Dalongeville, un maire sortant au bilan négatif) ne tente pas ceux qui ne veulent pas voter Front National.

 

Les municipales héninoises valent bien un feuilleton : le retour du G.D.

Publié le 03/02/2014 La Voix du Nord

Par PASCAL WALLART

Mille fois, depuis le printemps 2009, on l’a cru politiquement mort, impitoyablement broyé par le système qu’il avait fait naître et prospérer, comme le docteur Frankenstein tué par le monstre à qui il avait donné vie. Et pourtant, même pas mal ! Car après avoir été mis plus bas que terre, vécu l’humiliation du système carcéral et vu son nom devenir le symbole d’une gestion municipale faillitaire, Gérard Dalongeville est toujours persuadé d’être l’avenir d’Hénin-Beaumont. Même si, le séparant de ses ex-administrés, il y a toujours une ardoise de 24 M € qui lui fait de l’ombre…

Entre Gérard Dalongeville et Hénin-Beaumont, la love story est-elle toujours à la hauteur de celle qui, en 2001 et 2008, avait fait de lui le roi du pétrole ou est-on plus désormais dans le registre « Je t’aime, moi non plus ! » ? Si l’on se fie au seul sondage CSA du mois dernier, c’est Gainsbourg qui semble avoir le dernier mot. Même si, impossible rédemption ou pas, on n’imagine tout de même pas l’ancien maire se vautrer, le 23mars, du haut des 6 % accordés généreusement par l’institut de sondage.

Car, depuis quelques mois, l’enfant prodigue fait des efforts colossaux pour montrer à ses ex-concitoyens qu’il aime toujours cette ville et que, contrairement au maire en place, il connaît encore le nom de chacun, est capable d’écouter leurs doléances accoudé à un zinc, et prendre sans modération le pouls de sa ville en faisant ses courses localement, la poignée de mains facile, avec ce sourire XXL qui lui a tant servi de carte de visite. Eugène Binaisse ? Il n’a rien fait. Steeve Briois ? Il ne peut se résoudre à le voir s’asseoir dans ce fauteuil où il fut tant à l’aise.

Lui se veut être le recours face à une municipalité qui n’a pas su profiter de la chance offerte en 2009 et à un Front national qu’il estime être désormais le seul à pouvoir terrasser, en preux Saint-Georges qu’il est. Depuis son retour, rue Paul-Vaillant-Couturier, l’homme a réappris à faire ses gammes. Avec un premier enseignement qui joue en sa faveur : on ne lui jette pas de cailloux dans la rue et, mises à part de sporadiques apostrophes, personne n’a eu l’idée de le molester et de lui faire payer la lourde addition dont la Ville finit tout juste de s’acquitter. Le temps guérit les plaies, et l’absence étant la plus sûre des alliées, le maire déchu sent qu’il y a un espace pour lui dans cette ville rongée par une impitoyable guérilla municipale et que le PS, pataud, ne sait toujours pas par quel bout reconquérir.

D’autant qu’au moment de former sa liste, Gérard Dalongeville a pu compter sur certains anciens colistiers en retour d’affection, quelques présidents d’association qui avaient conservé sa photo au chaud dans leur portefeuille et un nombre non négligeable de relais fidèles en mairie. L’animal politique est de retour et prévient déjà qu’il rendra coup sur coup pendant la bataille de mars, à telle enseigne qu’il a déjà commencé à distribuer les premiers, histoire de marquer son territoire. Sa force. Son envie.

« J’ai foi en Hénin-Beaumont. Et c’est vous qui, par deux fois, en 2001 et 2008, m’avez accordé votre confiance. Vous êtes les seuls à pouvoir me la retirer, si vous le désirez ou non. C’est vous, mes chers concitoyens, qui en déciderez… », écrit-il sur son site de campagne, à l’orée d’une campagne de reconquête qui, finalement, n’est pas sans rappeler le retour de l’Île d’Elbe et les 100 jours de qui vous savez…