Europe des nations, dédiabolisation : les incohérences du Front national de Marine Le Pen
Le FN devrait s'allier à la Ligue du Nord italienne au sein du futur Parlement européen
Le Front national
tiendrait-il deux discours, l'un en France, l'autre à l'étranger ? C'est
ce que l'on peut penser après l'annonce, courant janvier, du
rapprochement entre le parti de Marine Le Pen et la Ligue du Nord
italienne. " Un pacte de fer " entre les deux formations selon La Padania, le journal du parti transalpin.
Le parti xénophobe italien devrait, selon toute vraisemblance, rejoindre l'alliance emmenée par Mme Le Pen et Geert Wilders (populiste islamophobe des Pays-Bas) pour les élections européennes (Le Monde du 14 novembre 2013) avec notamment les Flamands du Vlaams Belang et les Autrichiens du FPÖ.
Mais le rapprochement avec la Ligue du Nord va à l'encontre de deux principes érigés en dogmes par Marine Le Pen : la revendication de l'Europe des nations et la stratégie dite de " dédiabolisation ".
Ce n'est pas la première fois que Mme Le Pen fait un bout de chemin avec la Ligue du Nord. Pour l'un de ses premiers déplacements à l'étranger en tant que présidente du FN, en mars 2011, elle était allée à Lampedusa (Italie), cette île au large de la Sicile où arrivent régulièrement des embarcations de fortune remplies de clandestins. Elle s'y était rendue avec Mario Borghezio, député européen de la Ligue du Nord, connu pour ses outrances et ses condamnations.
Puis, les routes du FN et de la Ligue s'étaient séparées jusqu'à se retrouver aujourd'hui. Le parti italien a traversé une grave crise qui a abouti à l'arrivée d'un nouveau patron, Matteo Salvini. Le correspondant du Monde à Rome le notait le 24 janvier : " Matteo Salvini, 40 ans, a décidé de rompre avec la chimère de ses prédécesseurs, qui souhaitaient faire de la Ligue “un parti de lutte et de gouvernement”. Et de revenir aux sources du mouvement : xénophobie, antieuropéisme et indépendance ".
Ce choix de compagnonnage est marqué par son incohérence politique. Car FN et Ligue du Nord sont opposés sur de nombreux sujets essentiels. L'un, le FN, se dit " jacobin ", farouche partisan de " l'Etat nation " et opposant tout aussi virulent au " régionalisme ". De son côté, la Ligue du Nord est séparatiste et prône une Europe des " peuples ". Elle souhaite l'indépendance du Nord de l'Italie, qui regroupe les régions les plus riches du pays.
" Le discours de la Ligue du Nord est le contraire de celui du FN. Ils sont fondamentalement opposés. La Ligue milite pour le démembrement des Etats nations ", précise Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste de l'extrême droite européenne. Par ailleurs, leur xénophobie les empêche d'avoir une vision " assimilationniste " de l'immigration, comme le revendique le FN.
Un point commun cependant, de toute première importance : l'anti-euro. M. Salvini a ainsi déclaré que la monnaie unique était " un crime contre l'humanité ".
Marine Le Pen ne cesse de le répéter : " Je veux tourner le dos à l'ensemble des mouvements qui ne sont pas sur les mêmes grandes lignes que nous ou qui n'ont pas le sérieux nécessaire pour réfléchir avec nous. Je veux travailler avec des partis crédibles et de tout premier plan. " Est-ce le cas de la Ligue du Nord ? Ce parti a, certes, participé aux gouvernements Berlusconi, mais n'en est pas moins extrémiste. En 2009, M. Salvini s'était déclaré favorable à des wagons séparés pour les Milanais de souche dans le métro de la capitale lombarde. La Ligue du Nord attaque ad hominem Cécile Kyenge, la ministre de l'intégration italienne, seule Noire du gouvernement.
En France, la Ligue du Nord est pris en exemple par le Bloc identitaire (extrême droite radicale). Ces deux formations ont beaucoup de points communs, notamment l'Europe des régions, la xénophobie et l'islamophobie.
Là se trouve encore un point fondamental du double discours de Marine Le Pen. La présidente du FN refuse de passer une alliance avec les Identitaires en raison de leurs positions… sur l'Europe. " Vous savez pourquoi je ne peux pas faire alliance avec le Bloc identitaire ? Pour une raison simple, c'est qu'ils sont européistes, (…) régionalistes, et ils contestent le rôle fondamental que j'accorde à la Nation qui est l'élément central du programme, du mouvement que je dirige ", a-t-elle déclaré en novembre 2013.
A. Mestre
Le parti xénophobe italien devrait, selon toute vraisemblance, rejoindre l'alliance emmenée par Mme Le Pen et Geert Wilders (populiste islamophobe des Pays-Bas) pour les élections européennes (Le Monde du 14 novembre 2013) avec notamment les Flamands du Vlaams Belang et les Autrichiens du FPÖ.
Mais le rapprochement avec la Ligue du Nord va à l'encontre de deux principes érigés en dogmes par Marine Le Pen : la revendication de l'Europe des nations et la stratégie dite de " dédiabolisation ".
Ce n'est pas la première fois que Mme Le Pen fait un bout de chemin avec la Ligue du Nord. Pour l'un de ses premiers déplacements à l'étranger en tant que présidente du FN, en mars 2011, elle était allée à Lampedusa (Italie), cette île au large de la Sicile où arrivent régulièrement des embarcations de fortune remplies de clandestins. Elle s'y était rendue avec Mario Borghezio, député européen de la Ligue du Nord, connu pour ses outrances et ses condamnations.
Puis, les routes du FN et de la Ligue s'étaient séparées jusqu'à se retrouver aujourd'hui. Le parti italien a traversé une grave crise qui a abouti à l'arrivée d'un nouveau patron, Matteo Salvini. Le correspondant du Monde à Rome le notait le 24 janvier : " Matteo Salvini, 40 ans, a décidé de rompre avec la chimère de ses prédécesseurs, qui souhaitaient faire de la Ligue “un parti de lutte et de gouvernement”. Et de revenir aux sources du mouvement : xénophobie, antieuropéisme et indépendance ".
Ce choix de compagnonnage est marqué par son incohérence politique. Car FN et Ligue du Nord sont opposés sur de nombreux sujets essentiels. L'un, le FN, se dit " jacobin ", farouche partisan de " l'Etat nation " et opposant tout aussi virulent au " régionalisme ". De son côté, la Ligue du Nord est séparatiste et prône une Europe des " peuples ". Elle souhaite l'indépendance du Nord de l'Italie, qui regroupe les régions les plus riches du pays.
" Le discours de la Ligue du Nord est le contraire de celui du FN. Ils sont fondamentalement opposés. La Ligue milite pour le démembrement des Etats nations ", précise Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste de l'extrême droite européenne. Par ailleurs, leur xénophobie les empêche d'avoir une vision " assimilationniste " de l'immigration, comme le revendique le FN.
Un point commun cependant, de toute première importance : l'anti-euro. M. Salvini a ainsi déclaré que la monnaie unique était " un crime contre l'humanité ".
Marine Le Pen ne cesse de le répéter : " Je veux tourner le dos à l'ensemble des mouvements qui ne sont pas sur les mêmes grandes lignes que nous ou qui n'ont pas le sérieux nécessaire pour réfléchir avec nous. Je veux travailler avec des partis crédibles et de tout premier plan. " Est-ce le cas de la Ligue du Nord ? Ce parti a, certes, participé aux gouvernements Berlusconi, mais n'en est pas moins extrémiste. En 2009, M. Salvini s'était déclaré favorable à des wagons séparés pour les Milanais de souche dans le métro de la capitale lombarde. La Ligue du Nord attaque ad hominem Cécile Kyenge, la ministre de l'intégration italienne, seule Noire du gouvernement.
En France, la Ligue du Nord est pris en exemple par le Bloc identitaire (extrême droite radicale). Ces deux formations ont beaucoup de points communs, notamment l'Europe des régions, la xénophobie et l'islamophobie.
Là se trouve encore un point fondamental du double discours de Marine Le Pen. La présidente du FN refuse de passer une alliance avec les Identitaires en raison de leurs positions… sur l'Europe. " Vous savez pourquoi je ne peux pas faire alliance avec le Bloc identitaire ? Pour une raison simple, c'est qu'ils sont européistes, (…) régionalistes, et ils contestent le rôle fondamental que j'accorde à la Nation qui est l'élément central du programme, du mouvement que je dirige ", a-t-elle déclaré en novembre 2013.
A. Mestre
© Le Monde 29 janvier 2014
Le fn en matière de protection sociale est contre les régimes spéciaux mais défendait localement le régime minier.qui est un ...régime spécial.
RépondreSupprimerDu vrai populisme.
Briois n'a pas manifeste contre le mariage pour tous, c'est bien la preuve que le FN est un parti progressiste
RépondreSupprimerJe me répète mais le FN c'est une boutique qui referait sa devanture pour faire oublier les rats qu'il y a dans sa cuisine... Ne vous fiez pas aux apparences.
RépondreSupprimerPeu de commentaires sur cet article pourtant très éclairant et inquiétant. Inquiétant aussi ce peu de réactions sur une alliance du parti d'extrême droite française à un autre parti européen plus que réactionnaire et dangereux.
les homos au FN et vous continuez à dire qu'ils sont mauvais, c'est un parti politique!
RépondreSupprimer