Comme d'habitude, à la veille d'une échéance importante, Le Monde a pris position. Cela rappelle, bien sûr les prises de positions de La Voix du Nord et du Courrier Picard de cette semaine. Il est sain pour la démocratie que des organes de presse puissent exprimer leurs opinions, dans un sens ou un autre.
Le Directeur du Monde a repris ce que nous expliquons depuis des années, à savoir que le FN ne respecte pas les valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité, laïcité). Il a ajouté l'argument économique qui ferait de la France un état isolé, ramant à contre-sens de la mondialisation, pour plonger notre pays dans le désastre, l'Europe dans la déconstruction, tout en ajoutant un point noir pour les libertés et la démocratie, en général, dans un monde déjà largement plongé dans le chaos...
Le
Front national, cette imposture
LE MONDE | 04.12.2015 | Par Jérôme Fenoglio (Directeur du "Monde")
Editorial du « Monde ». Pendant près de quarante ans, sous la férule de Jean-Marie Le Pen, le
Front national (FN) s’est satisfait de choquer les consciences et d’affoler la
République, le temps des élections présidentielles. Depuis bientôt quatre ans,
sous la présidence de Marine Le Pen, son ambition est tout autre :
conquérir le pouvoir et mettre en œuvre son projet. Il s’en donne les moyens,
s’implante, se renforce. Aux européennes de 2014, puis aux départementales du
printemps, un électeur sur quatre a voté pour ses candidats. Aux régionales des
6 et 13 décembre, il espère améliorer ce score, l’emporter ici ou là, avec
la présidentielle de 2017 en ligne de mire.
Il faut donc prendre le parti d’extrême droite au
sérieux. A tous ceux qui, exaspérés par les échecs ou les impuissances des
partis au pouvoir depuis des décennies, entendent le soutenir pour mieux
exprimer leur défiance ou leur colère, il faut redire que ce parti constitue
une grave menace pour le pays. Son idéologie, ses propositions sont contraires
aux valeurs républicaines, à l’intérêt national et à l’image de la France dans
le monde.
Les valeurs républicaines ? Avec un cynisme
consommé, la présidente du FN les revendique désormais. Mais que reste-t-il de
l’égalité quand la « priorité nationale », fondée sur une
discrimination ethnique généralisée à l’emploi, au logement et aux prestations
sociales, reste au cœur du projet lepéniste ? Ou quand l’immigration est
dénoncée comme la cause de tous nos maux et l’immigré désigné comme le bouc
émissaire ?
Qu’en est-il de la fraternité quand le FN propose le
rétablissement de la peine de mort, au mépris de la Constitution ? Ou
quand sa présidente saisit le prétexte des attentats terroristes du
13 novembre pour réclamer la suspension immédiate des procédures d’asile
des réfugiés, au mépris d’un droit universel et d’une tradition qui honorent la
France ? Que devient la laïcité quand, brandie contre le fondamentalisme
islamique, elle vise, en réalité, à jeter le soupçon sur l’ensemble de la
communauté musulmane de France ? La liberté, enfin : la réaction de Mme Le Pen à l’appel récent de La Voix du
Nord contre le FN dit assez quelle conception elle en a, agressive et
intolérante.
Un programme
économique illusoire
L’intérêt national n’est pas moins menacé par le programme
économique de l’extrême droite. Certes, le FN s’emploie depuis peu à gommer ses
propositions les plus dissuasives. Mais son projet reste bâti sur trois
illusions aussi simplistes que dangereuses. La première est de croire que la
sortie de l’euro et le rétablissement du franc, qui restent l’objectif central,
doperaient, sans risque, l’économie nationale. C’est oublier que la dévaluation
de la monnaie se solde toujours par un appauvrissement : l’explosion de la
dette publique serait immédiate et catastrophique. La deuxième illusion est de
prétendre que la France pourrait retrouver une croissance vigoureuse et une
industrie florissante grâce au protectionnisme et à une quasi-autarcie. C’est
oublier que nous faisons plus de la moitié de notre commerce extérieur avec la
zone euro et que nos partenaires ne manqueraient pas de riposter durement.
Enfin, le Front national promet de raser gratis :
augmentation des bas salaires, revalorisation des retraites et rétablissement
de la retraite à 60 ans, baisse des tarifs du gaz, de l’électricité, du train
et des prix de l’essence… Non seulement ces mesures grèveraient lourdement les
finances publiques, mais elles relèvent d’un étatisme d’un autre âge et
ruineraient une compétitivité convalescente.
Quant à l’image de la France dans le monde, elle
s’effondrerait aussi vite que son économie si, d’aventure, Mme Le Pen arrivait à ses fins. Ce serait celle d’un
pays retranché derrière ses frontières, obsédé de sa pureté ethnique, portant
la responsabilité du démantèlement de l’Union européenne, enfermé dans
l’impasse d’un nationalisme étriqué et hargneux. Bref, un pays déconsidéré,
tournant le dos à son histoire, autant qu’à son avenir.
Le parti de Mme Le Pen se prétend « national ». Elle-même se targue
d’incarner « l’esprit de la France ». C’est, en tous
points, une imposture. L’audience croissante du FN témoigne, certes, de
l’efficacité de sa recette : attiser les peurs des Français pour mieux
leur vendre ses mirages. Or, la peur, dans ce
pays, a toujours conduit à des catastrophes. Puissent les électeurs en prendre
conscience, dès ce dimanche.
fn 40%!!! horreur!
RépondreSupprimermartine Aubry :"nous avons compris le signal". non mais on rêve!cela fait des mois voire des années que les électeurs expriment leur colère.
quand nos élus vont-ils se décider à ôter leurs oeillères et leurs bouchons d'oreilles!il faut arrêter la bien pensance le politiquement correct.on en est arrivé à ne plus prononcer certains mots de crainte d'être catalogué de fasciste ou raciste.
nommez les choses par leur nom, bon sang!arrêtez de prendre des pincettes et agissez au nom de notre démocratie.c'est ce qu'attendent les électeurs.
notre république doit être respectée par tous quelle que soit la confession.nous avons des règles, des lois, faites-les respecter fermement, ne soyez pas timorés.les gens de bon sens apprécieront .