Le PS 62 au début des années 70

Ci-dessous, un texte de 2010 d'un ex-Héninois, aujourd'hui parti sous d'autres cieux et à qui j'avais demandé comment il voyait l'avenir du PS...
A défaut de répondre directement à ma question, mon interlocuteur décrit assez bien comment naquirent les "caciques" du PS (ceux nés dans les années 40). Rappelons que, au début des années 70, la force du parti, dans le Pas-de-Calais, était concentrée à Arras, autour de Guy Mollet et Léon Fatous, avant que "les 4 Mousquetaires" emmenés par Daniel Percheron (avec JP Kucheida, J Mellick et... JM Alexandre) ne leur ravissent le pouvoir et installe une organisation qui prirent les leviers du département et réduisirent le parti communiste à quelques bastions. Un noyautage performant des associations, un financement par des entreprises, l'installation de baronnets locaux assurèrent un pouvoir omnipotent dont le bilan final n'est pas très glorieux.
C'est cette période 72/73, sur Arras, qui nous est contée ci-dessous avec la fin d'une ère et l'avènement d'une nouvelle direction dont on peut voir, depuis quelques années qu'elle vacille et devra faire place à une nouvelle génération, si tant est que cette dernière ne soit déjà pas entrée dans le moule imposé par leurs mentors...


"Quelle question!  l'avenir du PS dans le Pas de Calais ? Pour te répondre brutalement, je crois sincèrement qu'il a encore de beaux jours devant lui, bien que les villes qui demeurent son assise territoriale tombent peu à peu.

Mais les adhérents qui en sont issus sont peu à peu remplacés par les salariés du conseil général ou des HLM.

Je souhaite répondre à ta question, mais pour cela et bien comprendre les raisons qui m'amènent à disposer de cet œil critique, je dois te raconter le parcours qui fut le mien et qui explique sûrement pour partie les analyses que je formule aujourd'hui, lesquelles sont teintées de la connaissance livresque de la doctrine socialiste, des formations politiques qui m'ont été délivrées et surtout du vécu et de l'observation des comportements des hommes que j'ai eu le privilège de connaître très jeune en fréquentant quelques personnalités qui ont été figure de proue de la politique nationale voire internationale dans les années d'après guerre.

Pour être entré au PS en 1973, mes premiers pas en politique remontent à la fin des années 1969 quand je fréquente les jeunesses socialistes à Arras.

Nous sommes alors une poignée de militants dans lesquels on distingue déjà ceux qui ont soif d'apprendre et d'agir et ceux qui sont plus proches des anciens, comme pour leur faire plaisir. Mais nous sommes une bande de copains en voie de structuration et le parti apparait plus comme une école de la formation qu'un vivier dans lequel les anciens puiseront ceux qui les intéressent pour ensuite évacuer ceux qu'ils considèrent comme les plus "agités". Cet engagement politique m'est apparu naturel après avoir régulièrement fréquenté à l'époque de mon adolescence le mouvement Éclaireur de France. Le MJS arrageois est d'ailleurs animé par l'un d'entr'eux: William Unterwald.

Plus tard, en 1973, alors que je reviens de mes études à Strasbourg, je serai élu par mes pairs pour mener les destinées du mouvement des jeunesses socialistes . En 1975 je serai même élu au secrétariat fédéral du Pas de Calais où je côtoierai Pierre Darchicourt notamment, mais aussi les Darras, les Cabiddu et nombre de jeunes de la côte ou de l'Audomarois. C'est l'époque où je concilie mes études à Amiens et un militantisme développé avec les étudiants socialistes sur Amiens où je prends quelques responsabilités: c'est là que je rencontrerai Claude Wilquin , qui, en 1977 devint député maire de Berck .

Militant des œuvres étudiantes, je m'investis gratuitement (sic..) à la MNEF où je travaille notamment sur un bouquin destiné à expliquer ce pourquoi nous défendons l'avortement.

Pendant cette même période qui va de 1973 à 1976, nous travaillons aux Faucons Rouges à Arras deux fois par semaine: nos effectifs des jeunesses grossissent pour aller jusqu'à 30. Il y avait parmi nous une dénommée Hélène Flautre, qui, pour pouvoir mener son action, a choisi une autre voie après la période de crise que nous avons connue après la succession à Arras liée au décès de Guy Mollet en octobre 1975."