Malgré le désistement d'appel de l'ancien maire condamné, on n'a pas fini d'entendre parler de l'affaire Dalongeville !

Gérard Dalongeville s'est désisté de son appel, ce vendredi. L'ancien maire d'Hénin-Beaumont avait été condamné en première instance, le 19 août 2013, à  quatre ans de prison dont un avec sursis, 50 000 euros d’amende, cinq ans de privation de droits civiques, civils et de famille pour détournements de fonds publics, délits de favoritisme et usages de faux. J'avais écrit, ce jour-là, que s'il ne faisait pas appel : " Dalongeville a vu sa peine de prison ferme passer de 2 ans à 3 ans (plus un an de sursis). Cela n’est pas innocent, car GD ne pourra pas arguer de sa détention provisoire de 8 mois pour se voir dispensé de peine ou de bénéficier d’un aménagement. Cela a bien été précisé par la Présidente, Madame Leman (...) le message est clair : G. Dalongeville doit aller en prison". C'est donc ce qui devrait se passer, maintenant qu'il est définitivement condamné, du fait de son désistement d'appel. Qu'ensuite son avocat demande un aménagement de sa peine est fort probable (bracelet électronique par exemple)), mais il devra retourner en prison, lui qui n'a effectué que 8 mois de détention préventive.

Pour quelles raisons, G. Dalongeville a-t-il jeté l'éponge ? 
Deux me semblent importantes...

- il pouvait craindre plus en appel (j'avais écrit que la CA de Douai ne lui ferait pas de cadeau !). D'autant plus que le commandant Meurant (PJ) a complété son enquête (voir, ci-dessous, au sujet des traces de l'argent détourné et de l'absence d'acte de délégation de pouvoir à C. Chopin). J'avais été étonné au lendemain des audiences : "Une question fondamentale n'a pas reçu de réponse, à Béthune. A partir du moment où GD admet que de l'argent a été détourné au profit du PS et qu'il n'a pu le démontrer, on aurait dû lui demander dans quelles poches cet argent est allé. GD a admis, implicitement, que les surfacturations avaient donné lieu à distribution d'argent, personne ne lui a demandé qui en avait profité ? Rendez-vous compte qu'aucun des bénéficiaires des marchés attribués illégalement ou de façon douteuse, n'a dit qu'il avait versé quoique ce soit à G. Dalongeville !"  Pourtant " nous savons, après ce procès, que la mairie d'HB était le lieu où se "baffraient" tous ceux qui voulaient se faire de l'argent, attirés qu'ils étaient par l'absence de procédure légale d'attribution des marchés publics, la sollicitude avec laquelle le maire leur faisait faire des affaires..." Et cela GD le savait et il avait toutes les raisons de craindre le pire en appel. Pourquoi s'est-il désisté si tard (il était attendu devant la cour d'appel de Douai du 8 au 19 décembre prochain) ? Certes, parce qu'il a longtemps pensé se voir disculper en tout ou partie, mais, aussi, parce qu'il voulait se présenter aux municipales de mars dernier, l'appel étant suspensif... A noter qu'en se retirant, GD avoue donc sa culpabilité...

-  Le jugement de Béthune étant maintenant définitif, l'inéligibilité de GD se terminera en novembre 2019, soit quelques mois avant les municipales de 2020 où il compte se présenter. Faire appel comportait 2 risques :

* la Cour aurait pu augmenter le quantum des peines et notamment porter l'inéligibilité à 6 ans, ce qui l'empêchait de participer au scrutin de 2020.

* même si la Cour confirmait les 5 ans, elle aurait pu ne rendre son arrêt qu'en avril, empêchant également notre homme de se représenter...

Quelles sont les conséquences de la décision de GD ?

- il va retourner, immédiatement, en prison, nous l'avons vu;

- il perd son mandat de conseiller municipal. Rappelons que, depuis 6 mois qu'il siège, il s'est désolidarisé du reste de l'opposition et a souvent voté avec la majorité FN. Son successeur adoptera-t-il la même position ?

- il va devoir payer les amendes et les dommages-intérêts mis à sa charge. Comment fera-t-il, lui qui clame être sans le sou ? Rappelons que la police a, semble-t-il, trouvé la trace de l'argent détourné (une des raisons de son renoncement à l'appel...) chez un de ses proches...

- certains prévenus, qui ont fait appel ou non (Bouche, Mollet...), seront présents à Douai en tant qu'accusé ou témoin. Il est fort possible que l'audience, vu la complexité du dossier, soit reportée. Le plus piquant serait que GD soit appelé comme témoin, dans ce cadre là... Si on ajoute le fait que Claude Chopin, condamné en première instance et n'ayant pas fait appel, avait été "chargé", par G Dalongeville, en tant qu'instigateur des malversations commises dans le cadre des marchés publics dont il avait reçu délégation, n'aurait jamais reçu cette compétence du Maire ! En tous les cas, le maire actuel n'a jamais trouvé trace d'un tel acte de délégation !

L'affaire Dalongeville est loin d'être terminée...