Que faire donc devant ce constat, à savoir une France sans projet et sans option politique pour incarner un avenir de progrès social, économique et écologique ? Je le rappelle, ni la gauche actuelle désincarnée, ni la droite libérale, ni le parti de la haine ne sont en mesure, aujourd'hui, de proposer des solutions...
Ce n'est pas le lieu ici de bâtir un projet, mais bien d'esquisser ce qui pourrait constituer les étapes d'une reconstruction d'une France fraternelle et florissante...
En premier lieu, les hommes politiques qui se disent progressistes, en dehors de toute obédience politique, doivent faire le constat, oh combien difficile et cruel, qu'ils ont failli et qu'ils doivent renoncer à tout mandat politique ! Il ne s'agit pas d'abandonner le combat politique, mais bien de préparer l'avenir de la France et, pour cela, nos hommes et femmes politiques actuels, qu'ils soient socialistes, communistes, écologistes, mélenchonistes, du centre et pourquoi pas de droite, se grandiraient s'ils annonçaient qu'ils se consacreront dorénavant à la rénovation politique de la France, tout en faisant fi de toute ambition personnelle. A eux de se rassembler pour mettre au point le décrochage de leurs mandats (avant de préparer la méthode de travail proprement dite et nous y viendrons plus loin). Je donne ici quelques pistes de réflexion :
- les députés actuels ne se représentent pas et ne pourront être candidats l'an prochain que ceux qui n'ont jamais exercé de mandat électif (sauf de simples élus municipaux);
- les candidats potentiels ou putatifs à la présidentielle ne feront pas acte de candidature (j'évoquerai, plus loin, qui pourrait représenter une candidature de témoignage du renouveau envisagé...)
- les élus actuels (sénatoriaux, régionaux, départementaux et municipaux) annoncent immédiatement qu'ils ne se représenteront pas lors des prochaines élections, charge à eux, dans le cadre de la procédure de rénovation, de préparer, pendant le temps de fin de leur mandat, leur succession.
Cette révolution, dont je mesure la difficulté car il n'est pas aisé de demander à des élus de se faire hara-kiri, est une condition sine qua non du sauvetage de la France. Nul doute que la "caste" politique dite de gauche (celle qui se veut "progressiste", ce qui va au-delà de la gauche) se fera un honneur de prouver qu'il s'agit là d'un moment historique et qu'elle sera à la hauteur de cette tâche.
J'aborderai ensuite la période transitoire des prochaines années et notamment les deux points importants : qui sera candidat à l'élection présidentielle et quelle sera la méthode de travail des années à venir.
Je sais que tout cela peut paraître utopique, mais comment sortir, autrement, de la catastrophe annoncée... si nous laissons faire ? Je crois que l'on peut faire confiance à nos hommes politiques, dits de progrès, qui n'ont pas d'autre ambition que l'avenir de la France...
Pour votre dossier sur la méthode de travail des années à venir, je vous conseille cet article de Jean Marc Vittori (journaliste économique)
RépondreSupprimerToutes les règles pour réussir l'échec de la loi EL Komri ont été appliquées.
1 – Inutile de travailler avant l’élection !
C’est du temps perdu. Mieux vaut faire campagne, aller serrer des mains sur les marchés, bricoler un programme entre deux réunions sans prendre le temps auparavant de forger une vision d’ensemble. En France, les futurs gouvernants savent ce qu’il faudra faire une fois élus. Compte tenu de leur science infuse, il serait futile d’écrire des textes de loi, voire des décrets d’application, avant le scrutin.
2 – Inutile de chercher un mandat d’action auprès des électeurs !
Jacques Chirac est le dernier homme politique français qui a remporté des élections nationales, en 1986, sur un programme clair qu’il a ensuite mis en oeuvre. Mais il a perdu l’élection suivante. Du coup, il s’est à nouveau présenté en 1995 en promettant tout et son contraire, avant de faire encore autre chose après la victoire.
3 – Inutile de travailler la communication !
Parlons plutôt de com : quelques conseillers aux chaussures bien cirées et l’appui d’une ou deux agences pendant trois semaines feront l’affaire. L’élite politique française est trop brillante pour passer des jours à formuler des messages. Ou des mois à montrer que le non-changement a un coût colossal, qu’il est injuste, qu’il empêche l’émergence de nouvelles solutions, etc.
4 – Inutile de s’appuyer sur des travaux de recherche !
De toute façon, les économistes ne sont jamais d’accord entre eux. On l’a encore vu avec la loi El Khomri.
5 – Inutile de songer aux perdants !
De toute façon, le gouvernement espère leur marcher dessus sans même qu’ils s’en rendent compte. Ou leur accorde parfois tellement de compensations qu’ils deviennent des gagnants au détriment de la réforme (cas des retraites SNCF en 2007). Jamais il n’évalue sérieusement les résistances en amont, jamais il ne cherche ensuite les moyens de les réduire. Alors que la plupart des réformes font des perdants résolus à ne pas se laisser faire, et des gagnants plus nombreux mais moins impliqués.
6 – Inutile de penser au calendrier !
Calendrier politique, d’abord : beaucoup de réformes majeures réussissent dans les quinze premiers mois qui suivent les élections, quand la légitimité du pouvoir est la plus élevée, et presque toutes avant la mi-mandat.
7 – Inutile, enfin, de s’inscrire dans le temps long …
… de persévérer, de revenir là où on a auparavant échoué. Après moi le chaos, le Front national ou la révolution.
* “Gouverner pour réformer : éléments de méthode“, par Erwan Le Noan et Matthieu Montjotin, note Fondapol, mai 2016. Disponible sur www.fondapol.org
Jean-Marc Vittori est un journaliste de presse économique, éditorialiste aux Echos. Il a précédemment été rédacteur en chef et journaliste dans d’autres ouvrages de presse économique : Challenges, L’Expansion, Le Nouvel Économiste.
Ses ouvrages :
Dictionnaire d’Économie à l’usage des non-économistes, 2008, ISBN 978-2-246-72201-4
L’effet sablier, 2009, ISBN 978-2-246-75541-8
Bien morte cette gaûche austere
RépondreSupprimer"A bobo bribri a bobo! Bisou bildou, fait un bibi à ton bribri qui a bobo! " . Le ridicule ne tue pas, dommage...
RépondreSupprimerSur la page du "maire"...
"Steeve Briois
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Communiqué de la Mairie d’Hénin-Beaumont
Afin de faire cesser la suspicion et la polémique politicienne destinée à faire le buzz, la ville d’Hénin-Beaumont suspend aujourd’hui son arrêté d’abattage des arbres malades rue Berlioz, et mandate deux nouvelles expertises phytosanitaires, en dépit d’une première expertise attestant déjà de l’état de dégradation des arbres visés. La charge de la preuve est inversée de manière incompréhensible. Si les expertises confirment la première, un nouvel arrêté sera pris.
La municipalité décline d’ores et déjà toute responsabilité en cas d’accidents liés à la chute des arbres malades, qui ne sont sujets à aucun classement quant à leur rareté ou leur historicité, et dont la dangerosité est pourtant manifeste. En cas de chute, la responsabilité pénale du maire, elle, sera dégagée !
Enfin, constatons une énième fois, un an et demi après « l’affaire » dérisoire du mur en gabion de la résidence Konin, que la volonté des habitants est bafouée par une persécution politique, médiatique et judiciaire ( oh oui alorrrrrssssss!). Loin d’une quelconque envie de faire respecter le droit, c’est bien l’ingérence dans les affaires courantes d’une municipalité et le souhait d’enrayer son bon fonctionnement qui sont ici à l’oeuvre ( oh oui alllloooorrrs!)"
MDR! Bravo Madame Tondelier! Et merci!
Alors que des centaines d’arbres ont été abattus sous la précédente mandature, aucune action en justice, aucune opération politique ni médiatique, n’avaient été produites. Il s’agit clairement là d’une discrimination politique.
Mr Alpern à force de vous lire, je me dis mais Pu...n, l'homme providentiel pour sauver la France mais oui c'est Alpern car vous employez beaucoup "je" et donnait beaucoup de solutions, de conseils et vous avez même écrit pouvoir donner des cours de "politique" à des néophytes.Mais bonsoir, vous attendez quoi!!!!
RépondreSupprimerDonc vous proposez de confier tout ce pqnier de crabes qui est la france à des novices qui iront se faire manger tout crus
RépondreSupprimerDonc, vous proposez de confier tout ce panier de crabes qu'est la France ( ce qui est d'ailleurs en grande partie faux) à des novices irresponsables du FN qui participeront encore plus à ce système et nous ferons manger tout crus en nous entrainant dans la ruine la plus complète et sans doute les guerres? Vous plaisantez sans aucun doute! Cherchons des solutions et évitons les anathèmes. C'est ça être responsables!
SupprimerD'autant plus, 9h34, que l'on voit à l'oeuvre aujourd'hui ces "novices irresponsables" dans les mairies et conseils départementaux et régionaux...
SupprimerJe vous rejoins Alain. Ci dessous un article qui relève les propos du Maire de Grenoble, propos auxquels j'adhère à 100%.
RépondreSupprimer« Il faut dépasser la société verticale pour une société d’acteurs-réseaux »
20 mai 2016 / Entretien avec Éric Piolle
Grenoble est la plus grande ville française dirigée par un écologiste. Éric Piolle, son maire, s’appuie sur l’échelon local pour lancer la transition démocratique et écologique. Un changement qui, selon lui, n’arrivera que « par le bas », accompagné par les partis politiques et fondé sur un projet.
Membre d’EELV depuis 2009, issu du privé et de l’industrie, Éric Piolle est le maire de Grenoble. Avec son équipe, il cherche à maintenir un équilibre entre forces citoyennes et partis politiques.
Reporterre — Comment analysez-vous la situation politique actuelle ?
Éric Piolle — En France, trois espaces politiques émergent. D’un côté, il y a une envie de changement, d’engagement et d’action concrète. Un souffle citoyen cherche quelque chose de nouveau. Le mouvement est très vaste mais il n’a pas encore trouvé les bonnes combinaisons ni la bonne mise en réseau.
En face, il y a un pôle du repli sur soi, qui prend la forme d’un nationalisme exacerbé, avec le Front national et ceux qui gravitent autour.
Et puis, il y a au milieu un pôle qui est paumé. C’est celui qui a géré le système jusqu’à présent, et qui continue de le gérer. C’est la droite et la partie « vallsienne » ou « macronienne » du Parti socialiste, qui font des ajustements avec un peu plus de libéralisme pour les uns, un peu plus de protection pour les autres.
’est plutôt le camp du changement qui a l’air « paumé », en ce moment…
On n’a pas forcément les bonnes clés. Ce n’est pas facile à faire émerger : comment passe-t-on d’une situation où le citoyen est consommateur de politiques publiques à une logique de coopération et d’augmentation du pouvoir d’agir ? Il faut dépasser cette société jacobine, verticale, où on a un grand plan à suivre, pour aller vers une société d’acteurs-réseaux et de transformation. Cette culture du citoyen comme « partenaire » de la puissance publique est ce que l’on met en actes, au quotidien, à Grenoble. Ce nouveau modèle nécessitera toujours une action nationale et internationale, mais les choses devront se déverrouiller par le bas.
Comment interprétez-vous le phénomène Nuit debout ?
Partout en France, en ville ou à la campagne, les mobilisations citoyennes prennent de l’ampleur. Ce n’est pas nouveau, l’équipe municipale que j’anime à Grenoble en est pour partie issue. Les succès d’Alternatiba ou plus récemment des films Demain et Merci patron ! montrent que les Français sentent qu’on est arrivé au bout d’un cycle et qu’il faut construire quelque chose de nouveau ensemble. L’envie est là.
Nuit debout participe de cet élan : autour d’enjeux concrets, comme le refus du projet de loi travail, mais aussi avec l’envie d’interroger les évidences ou de mettre en commun des expériences, un peu partout, l’énergie citoyenne se lève et s’organise. Reste à voir comment cette énergie peut s’incarner en un projet de transformation.
Suite de l'entretien avec le Maire de Grenoble.
RépondreSupprimer"Vous parlez du courant de la transition ou du changement : faut-il abandonner le terme de « gauche » ?
Non, parce que c’est un axe structurant. Mais ce n’est qu’un axe. Or, dès lors qu’on fonctionne sur un tel axe, chacun doit se positionner à gauche ou à droite du voisin. C’est d’une pauvreté intellectuelle terrible. En pratique, on peut tout à fait porter un projet qui parle à un spectre beaucoup plus large, sans pour autant renier notre histoire.
Sur la question du productivisme par exemple, le clivage gauche-droite a-t-il du sens ? Non. Il y a une sorte de consensus sur la sortie de crise par la croissance du PIB dans lequel nous ne nous retrouvons pas. Cela ne veut pas dire que nous sommes décroissants...
En refusez-vous le terme ?
Ce n’est pas notre prisme. Est-ce qu’on se décale de la société de consommation ? Oui. On ne pense pas que la consommation soit l’alpha et l’oméga des aspirations de l’homme. Sur les besoins fondamentaux, le logement, l’alimentation, la sécurité, l’éducation, la mobilité, le dérèglement climatique, les pollutions et les cinq grandes pénuries auxquelles on doit faire face — l’eau, les matières premières, l’énergie, la biodiversité, le foncier —, le PIB ne répond à rien de tout ça. Ni non plus à la question du sens, qui est majeure.
Et s’il faut abandonner la croissance du PIB comme un marqueur, la décroissance du PIB n’a plus de sens non plus. Le défi, c’est de s’écarter du PIB pour s’en tenir à des objectifs beaucoup plus concrets. Il faut mettre notre intelligence à profit non plus pour économiser du travail humain — on l’a fait de façon magique, on a sept millions de chômeurs, donc on s’est parfaitement libéré du travail —, mais pour améliorer réellement le bien vivre de tous.
Sous quelle forme s’engager dans cette transition ? Par les partis politiques ?
Pourquoi me suis-je engagé chez EELV, à l’automne 2009, alors que ce n’était pas ma trajectoire de vie et que j’étais d’abord un militant associatif ? Parce qu’il y avait là un projet avec une incarnation diversifiée : d’Eva Joly, étiquetée centriste à ce moment-là, à des activistes comme José Bové, avec, au milieu, Daniel Cohn-Bendit, dont on connaît la dimension pro-européenne et les débats que cela ouvre sur les questions économiques. Il y avait de l’engagement citoyen avec Sandrine Bélier [FNE à l’époque] et Yannick Jadot [Greenpeace]. Des gens différents choisissaient d’avancer ensemble sur la base de ce qu’ils avaient en commun.
Mais il faut mettre la priorité sur le projet. On porte d’abord un projet et ensuite, on a le soutien de formations politiques. À Grenoble, on n’a écarté aucun parti politique, mais on a d’abord construit le projet avec des gens qui venaient de tous bords. On ne renie l’histoire de personne mais on laisse de la place à tout le monde. Et notamment à des gens qui n’ont pas de culture partisane. Or, aujourd’hui, il y a plus d’un Français sur deux à qui le clivage gauche-droite ne parle pas, qui se sent ailleurs, dans un électorat dit « antisystème ».
Le discours « antisystème » ne bénéficie-t-il pas au Front national ?
Je ne crois pas. Ce qui bénéficie au FN, c’est la peur du lendemain, le chômage, l’angoisse, la spirale du repli sur soi, un certain rapport à l’échelon local, vécu comme un terrain de repli défensif. Or, il est bien plus que cela : un terrain d’opportunités et d’innovations. L’engagement politique doit retrouver du sens, y compris en dehors des grandes métropoles, et notamment pour les jeunes générations."