Un discours qui pourrait s'adresser à d'autres...

J'ai retrouvé le texte du discours (merci Google!) que j'avais prononcé en 2004 quand j'ai démissionné du conseil municipal de Béthune, à la suite de mon élection au Conseil Régional. (je suis arrivé à Hénin-Beaumont quelques mois plus tard)

Pour replacer ce discours dans son contexte historique:

- en 1997, suite à la défusion avec Beuvry, une élection municipale partielle nous permettait de battre l'équipe Mellick élue en 1995, l'ex-ministre n'en faisant pas partie pour cause d'inéligibilité (suite à l'affaire Tapie/OM-Valenciennes).

- aux municipales de 2001, la même équipe gagne, sans moi qui avais refusé de faire alliance au second tour...

- élection annulée et on remet cela en 2002: Mellick gagne dès le 1er tour et je deviens conseiller municipal d'opposition.

A l'époque il s'agissait de l'association Béthune-Verquigneul, cette dernière obtenant la défusion tant demandée, peu après...

Comme vous le lirez, il y a des passages qui pourraient s'appliquer à d'autres circonstances!

Monsieur le Maire, Chers Collègues,

C’est avec une certaine émotion que je prends ce soir la parole pour la dernière fois au Conseil Municipal de Béthune.

En effet, Monsieur le Maire, je vous annonce officiellement, ce jour, ma démission. Né à Béthune, ayant passé ma jeunesse ici, revenu à Béthune en 1990, je la quitte une nouvelle fois.

Que vous dire de ce mandat de conseiller municipal d’opposition de deux ans ? Je ne souhaiterais pas raviver des tensions toujours latentes, et je tâcherai de modérer mon propos. Mais je dois avouer que, si en début de mandat, on pouvait vous laisser le bénéfice du doute quand vous disiez que vous aviez changé, les Béthunois ont vite déchanté. Je ne prendrai que deux exemples que j’illustrerai de citations provenant de votre programme des élections municipales de 2002.

Ces deux exemples concernent, d’une part, la citoyenneté et, d’autre part, le développement durable, qui sont deux sujets que me tiennent particulièrement à cœur, comme vous le savez.

1- Concernant la citoyenneté, je crois que l'on peut parler de véritable confiscation de la démocratie.

Non seulement vous disposez d’un Conseil Municipal où votre majorité est aux ordres et silencieuse, mais vous avez supprimé des outils de démocratie locale. Qu’on en juge :

- Vous écriviez : « recréer un vrai journal municipal ouvert à tous les groupes politiques, aux associations et aux citoyens ». Sans commentaire, puisque ce journal n'existe toujours pas, à mi-mandat. Vous écriviez encore : « valoriser le dynamisme associatif par le canal de la télévision locale ». Cette dernière, aussitôt les élections passées, a été liquidée.

- « mettre en place un conseil des Anciens », écriviez-vous. Je ne commenterai pas.

- « rétablir des réunions régulières dans les quartiers et consulter systématiquement les habitants sur les projets les concernant ». Cela se fera probablement l'année précédant les élections !

- Vous nous annonciez (défense de rire parce que le sujet est grave)  : « respecter la volonté des Verquigneulois »

- Vous aviez cru bon d'annoncer la création d'un Agenda 21. N'ayant pas répondu à l'appel à projets, cela ne se fera pas.

- Enfin, je m'en voudrais de ne pas signaler la grande esbroufe du 1er jour de votre élection où vous annonciez à grands renforts de tambours et trompettes, la création de différents ateliers d'urbanisme et de développement durable, de la jeunesse, du commerce et de la médiation. Où sont passés les Marie-Noëlle LIENEMANN, Françoise OURDOUILLIER, Erwin CARON et autre Philippe PREUD'HOMME qui devaient présider ces ateliers : disparus avec leurs ateliers mort-nés.

2- Deuxième sujet qui fâche : le développement durable

Vous étiez animé des meilleures intentions, semble-t-il. On pouvait imaginer que vous prendriez des mesures pour lutter contre l'augmentation de l'effet de serre, cause du réchauffement climatique en cours mettant en cause la survie de la planète. Votre plan d'aménagement de la circulation est un plan de développement non durable. Qu'on en juge :

- vouloir amener, comme je vous l'ai déjà dit, les véhicules vers le parking de la place du Beffroi est un non-sens (sans jeu de mots). Cela va à l'encontre de tout ce qui se fait en ce domaine : si l'on veut limiter la circulation en centre-ville, on crée des parkings en dehors de cette zone. Je vous répète que le choix de la place Lamartine (que vous évoquiez comme futur parking) s'imposait.

- vous écriviez dans votre programme : « développer les cheminements piétonniers et cyclables ». Une nouvelle fois, je ne commenterai pas.

- De même, je cite : « remplacer progressivement le parc de véhicules de la Ville par des véhicules non polluants ». De l'aveu même de votre adjoint, Serge PACHEKA, lors d'un des derniers conseils municipaux, aucun véhicule propre n'a été acheté.

- Enfin, pour démontrer que vos actes sont contraires à vos discours, vous avez supprimé la journée « en ville, sans ma voiture », mais vous avez conservé le rallye automobile qui tue, blesse et pollue non seulement les habitants, mais laisse des traces indélébiles sur notre patrimoine. Bel exemple de non-sens ou de démagogie. A vous de choisir l'expression qui convient.

Je sais bien que ce discours est dur, très dur. J'aurai pu citer d'autres exemples, dans d'autres domaines. Je laisserai le soin à ceux qui sont ici de le compléter : il suffit de reprendre votre programme 2002 et de lire la litanie de promesses non tenues. Certes, vous répondrez qu'il vous reste 3 ans : mais ce qui n'a pas été entamé à ce jour, ne pourra être mis en œuvre, vous le savez bien.

Pour terminer, je reprendrai une phrase que vous avez mis en tête de votre bible, pardon de votre programme (ce lapsus peut-être parce qu’une bible, cela se respecte, tandis qu’un programme plein de promesses n’engage que celui qui le produit) : « il est temps que Béthune-Verquigneul se réveille ». Effectivement, il en est bien temps.