Entretien avec Ahmed Nacer (1/2)

Il y avait longtemps que je voulais faire connaissance d'Ahmed Nacer, 45 ans, attaché territorial à la mairie d'Hénin-Beaumont et dont l'histoire est symbolique de ce qu'est la gestion municipale. Il a répondu à mes questions en toute franchise et je l'en remercie.

AA : Quel est votre niveau d'études ?

AN : J'ai un bac+5, à savoir une maîtrise de droit des affaires spécialité "gestion financière et comptable", complétée par un DESS : « certificat à l'aptitude à l'administration des entreprises », obtenu en 1996. 
  
AA : C'est seulement 6 ans plus tard que vous êtes entré en mairie d'HB ? Quel fut votre parcours d'agent municipal ?

AN : J'ai effectué, dès mes études terminées, quelques petits boulots, notamment dans un centre social. Ayant obtenu le concours d’éducateur APS catégorie B, j'ai été embauché comme éducateur APS (activités physiques et sportives), titularisé en 2004 avec effet rétroactif, et j'ai été animateur en milieu scolaire. Je suis devenu responsable des animateurs en 2006, après avoir été reçu au concours de Conseiller des APS en 2005. Élu président de l'Olympique héninois en 2005, le directeur des sports (P. Thibaut) m'a retiré alors mes missions sans raisons ni explications, par téléphone, et m'a affecté au stade Delabre sans tâche !

AA: Comment êtes-vous sorti de cette première mise au placard ?

AN : Un reportage de Canal plus, qui m'avait primé pour la mise en place d'un atelier d'insertion sociale et professionnelle au sein du club, a attiré l'attention du maire, G. Dalongeville. Nommé directeur adjoint des sports, en octobre 2007, j'ai eu comme affectation la direction de la piscine pendant un an, mais mon titre de directeur adjoint n’a duré que deux jours.

AA : Étrange parcours pour un diplômé en matière comptable et financière...

AN : Effectivement, on s'est souvenu de ma formation, quand, en octobre 2008, il a fallu suivre les prescriptions de la chambre régionale des comptes et j'ai eu la responsabilité de la commande publique, à savoir la responsabilité des achats publics, des marchés publics et des bons de commande. C'est de là que datent les premières décisions de rationaliser les procédures pour mettre fin aux déficits... Je n'avais pas beaucoup de moyens, mais j'ai quand même mis en place le contrôle de gestion. De 2009 à 2012, j'ai effectué le suivi budgétaire au niveau du fonctionnement et l’établissement du budget de fonctionnement ainsi que les ratios financiers.

AA : Deuxième mise au placard, ensuite ?

AN : Après l'arrivée de Franck Gluszak aux affaires financières, P. Thibaut, le DGS, m'a enlevé les missions de commande publique et m'a suspendu dès le 07 septembre 2012 de comité de direction. Je ne répondais plus qu'à des missions ponctuelles. J’ai été suspendu dès que j’ai déposé un recours préalable à tout contentieux en août 2012 dans le cadre supposé d’un harcèlement moral.

AA : Les règles de procédure que vous aviez mis en place ont été alors... assouplies ?

AN : Oui, c'est ainsi que l'on a augmenté le seuil des passations de marché de 4000 à 15 000 euros, en vertu de la loi. Selon moi, il eut été préférable de maintenir ce seuil, mais ce sont les élus qui décident des montants au-dessus desquels les règles de mise en concurrence sont applicables.

Le contrôle interne a disparu alors que c’était un élément fondamental du plan de la CRC proposé en 2008 . Qu'en est- il, alors, de la gestion des 80 cartes de carburant en circulation, de la gestion du parc des copieurs ou de la gestion des téléphones?

AA : ce qui explique qu'on ait pu, en charcutant les marchés, donner des missions au fameux cabinet Kalyps qui a été retenu, comme Orphéor (gestion de la dette), alors que malgré un seuil minimal de 4000 euros HT, il n'y avait pas eu de véritable mise en concurrence. Les seuils n’ont été modifiés qu’en 2012.  

Dernièrement, on a appris que 2 études (crématorium et piscine) de 14 500 euros (comme par hasard inférieur au 15 000 euros fatidiques...) ont été attribuées à des cabinets, sans mise en concurrence. 

A suivre