Et la descente aux enfers continue, continue...

  

Ci-dessous le texte de l'entretien accordé par G. Bouquillon, premier adjoint, à La  Voix du Nord, avec mes commentaires au sein même dudit texte

 

Georges Bouquillon: «J'en ai marre que toutes nos propositions soient ignorées!»

11/10/2013 La Voix du Nord Édition de Hénin-Beaumont

«C’est la grande spécialité d’Eugène : ne jamais retoquer officiellement mais juste ne pas répondre...»
AA : je rappelle, pour la bonne compréhension, que E. Binaisse n'a jamais été élu politique. Comme la grande majorité de ses collègues, il ne connaissait rien au fonctionnement d'une mairie. L'absence de cadres était un handicap supplémentaire. Il s'est alors fié au DGS, promu un an avant la révocation de Dalongeville. Cet ancien maitre-nageur, devenu directeur des sports en 2006, n'avait pas le potentiel pour diriger l'administration d'une ville au fond de l'abîme, comme l'était HB... L'erreur du maire fut de faire confiance à 100% au DGS. Pourtant ce ne fut pas faute de le lui avoir dit. Je me souviens, notamment, d'une proposition faite, ici-même, de constituer un "brain trust" consultatif pour redonner la parole au politique et pallier à l'inexpérience du maire...

Depuis de très longs mois, le froid polaire qui caractérise les relations entre Eugène Binaisse et son premier adjoint, Georges Bouquillon alimente la chronique. Un adjoint qui, aujourd'hui, semble avoir atteint le point de rupture et se décide à ouvrir son cœur pour expliquer dans le détail les raisons qui l'ont conduit à former un groupe... mais aussi à prendre ses distances et juger sévèrement son ami d'hier. Une histoire d'incommunicabilité où le silence, à force d'être pesant, a fini par devenir assourdissant et transformer un dialogue de sourds en solide inimitié.

PAR PASCAL WALLART

henin@lavoixdunord.fr

Le fameux soir où Georges Bouquillon a montré les dents en officialisant la création de son groupe municipal, la messe, pour lui, semblait déjà dite. «La création de notre groupe n'est en rien politique mais juste liée à un problème de conception de la gouvernance de la ville. À partir du moment où je me suis rendu compte qu'Hénin-Beaumont était gérée par l'administration, je me suis beaucoup heurté au DGS,Philippe Thibaut, jusqu'à ce que je comprenne que c'était le maire qui lui avait délégué ce pouvoir, le laissant gérer cette ville à sa façon. Le pouvoir, M. Thibaut ne l'a pas pris, on lui a juste donné!»

Un constat laconique que vient étayer la fâcheuse impression de se retrouver face à un mur en voyant, depuis 2009, tous les projets proposés par ses amis retoqués, le plus souvent sans la moindre bribe d'explication: «Je suis fatigué d'avaler des couleuvres depuis 4 ans et de voir toutes nos propositions ignorées ou repoussées aux calendes grecques comme si elles étaient frappées du sceau de l'indignité... Alors, laisser entendre qu'on aurait bafoué la discipline majoritaire alors qu'on a fait le boulot en toute loyauté, ça m'insupporte!... Et quand j'interpelle le maire, c'est toujours la même chanson, où il me dit «Je ne sais pas!» ou il me renvoie vers son DGS...» AA : en fait, depuis 4 ans, aucun projet n'a été mis en place, à l'initiative de la majorité municipale ! Quelques dépenses d'entretien de voiries, par exemple, parce que l'on ne pouvait faire autrement... Comme, de plus le maire, n'a aucune empathie pour ses concitoyens, on peut imaginer l'image que va laisser cette municipalité !
Et le premier adjoint de se livrer à un inventaire à la Prévert des rebuffades en série... et humiliations des élus de son groupe «Déjà, il suffit qu'un projet provienne de Caroline Troy pour que le pied soit aussitôt mis sur le frein: son projet de réouverture du cinéma est en train de pourrir. Il y a quelques jours, elle a même découvert les conclusions d'un bureau d'études dont elle n'a jamais été à l'origine du mandatement... Et puis, si elle n'avait pas été volontaire, l'équipement de la médiathèque, on l'aurait encore attendu longtemps!» Idem pour Jean-Marc Bureau dont le projet de Jardins ouvriers ne verra pas le jour «sans avoir même été étudié». Quant à Bernard Maréchal, «il a été écarté brutalement de la commission de sécurité, ce qui est humiliant pour quelqu'un qui s'était énormément investi. Et il le vit mal!» Au catalogue des projets impulsés par Georges Bouquillon et les siens puis tombés aux oubliettes: le rachat de la friche Podvin à Beaumont («accord du BM avant que ce soit retoqué sans explication»); le chantier d'une nouvelle déchetterie, l'existante étant complètement obsolète: «Lorsque je me suis enquis d'un terrain disponible, le maire m'a dit «Y'en n'a pas!» Et quand je m'en suis étonné, on m'a répondu «T'as qu'à chercher toi-même!»; le crématorium: «Une étude était déjà en notre possession et payée et je comptais me rapprocher de la CAHC pour en faire un projet communautaire puisque, dans le précédent mandat, on avait voté contre un crématorium municipal. Et puis voilà qu'on vient de financer pour 14 500 € une nouvelle étude. Incroyable!Surtout pour la confier à un bureau d'études spécialisé en équipements sportifs! Cela aura été l'occasion, comme pour la piscine, de bafouer le règlement intérieur qui oblige à faire trois devis puisqu'au service des marchés on m'a confirmé qu'ils n'existaient pas!» AA : la plus grande suspicion règne sur ces études confiées sans mise en concurrence, études parfois redondantes ou qui n'aboutissent pas (par exemple, celle confiée à Kalyps, sur la politique culturelle, payée rubis sur l'ongle et charcutée en plusieurs lots pour qu'il n'y ait pas de mise en concurrence et sans que le rapport n'ait jamais été rendu, plus de 2 ans après !).  D'autres dossiers mériteraient que la justice regarde d'un peu plus près : 2 vols de dossiers sensibles, dans les archives (sans dépôt de plainte immédiat), embauche litigieuse d'un directeur des sports, mises au placard suspectes de 2 cadres, etc. J'ai l'impression de me retrouver à l'époque Dalongeville....
Même constat concernant l'étude autour du retournement de Jean-Macé-Darcy, «alors qu'on en possédait déjà un, viable. Ce projet, financé par la Région à hauteur de 4,5M€ a presque atteint finalement 10M€. Je me demande si ce n'est pas cela qui plombe aujourd'hui les autres projets d'investissement!» Concernant la gestion de la dette, M. Bouquillon révèle qu'en 2009, via le carnet d'adresses de Jean-Marie Alexandre, «un groupe d'experts en finances, dont un ex-président du conseil économique et social national s'était proposé pour effectuer gratuitement un audit de notre situation en terme de dette. On m'a alors juste répondu que la gratuité, ça n'existait pas, mis mon dossier aux oubliettes et fait faire le travail à prix d'or par deux cabinets parisiens! D'ailleurs, si la gratuité n'existe pas en mairie, j'aimerais savoir comment on a fait pour M. Wolf, l'administrateur de la CAHC, qui est venu travailler sur nos finances?» AA : ces fameux emprunts toxiques plombent la dette héninoise. Alors que la plupart des autres collectivités ont transigé avec Dexia, à HB, on n'a rien fait, sauf à confier une étude inaboutie à un cabinet, frère jumeau de Kalyps, et, lui aussi, proche du DGS... Pourtant Dexia avait proposé de renégocier les emprunts sur base d'un taux fixe pour les 3/4 de la dette et la souscription d'un emprunt de 4 millions auprès d'elle !

Autre dossier resté dans les limbes héninoises que celui ébauché en 2009 à l'instigation de Jean-Marie Alexandre: «Sur la friche Manutex, il avait un projet de construction de gymnase, en partie pour les lycées mais également dédié à l'escrime dans le cadre d'un pôle d'excellence. On avait fait une première réunion et il restait à monter un dossier en direction de la Région. Or, hormis la rédaction d'une simple lettre, le maire n'a jamais fait instruire ce dossier et la Région, à force d'attendre, a laissé tomber... C'est la grande spécialité d'Eugène Binaisse: ne jamais retoquer officiellement mais juste ne pas répondre. AA : dépassé qu'il est par les dossiers... C'est la même chose qui est arrivée à la même période au Cèdre bleu où un traiteur courriérois avait fait une proposition intéressante alors que les lieux étaient encore en état de fonctionnement. J'ai transmis au maire la proposition, il n'a jamais donné suite!» AA : encore un dossier "non géré" (le Cèdre bleu est un grand bâtiment servant de lieu de réception et de restaurant, que la ville, propriétaire, a laissé se délabrer), la seule proposition un moment envisagée fut de raser et de construire un parking dans une ville morte qui possède déjà plus de 1200 places en son centre. Même attitude, d'ailleurs, pour une friche de plein centre ville où le maire veut construire un autre parking, rejoignant en cela les propositions du FN sur les 2 dossiers, ce qui démontre également la vacuité du programme de l'extrême droite héninoise. Un constat accablant qui prend une autre dimension lorsque, voici quelques jours, M. Bouquillon est allé à la DIPJ de Lille déposer quelques dossiers «posant beaucoup trop de questions». Une démarche que l'élu assume: «Je ne l'ai pas fait dans le dos du maire puisqu'il y a peu je suis allé le prévenir qu'il y avait des choses anormales en mairie. Tout ce qu'il m'a alors dit, c'est «Je ne suis pas au courant!» Si je suis allé voir le commandant Meurant c'est aussi pour me dégager de toute responsabilité dans ce qui pourrait se passer. Il faut qu'on soit irréprochables car on ne peut pas avoir été élus sur le thème de l'intégrité et de la transparence et vivre dans le doute!»
AA : M. Meurant n'est pas saisi pour l'instant et la déposition de GB restera lettre morte tant que la justice ne lui demandera pas une enquête. 

En conclusion :
- le ras-le-bol de G. Bouquillon rejoint celui que de nombreux Héninois manifestent depuis 4 ans. C'est un acte courageux, mais qui intervient un peu tard. A 6 mois des élections municipales, la scène politique héninoise est dévastée...
- les conséquences immédiates ? Le maire peut retirer ses délégations à G. Bouquillon, ce qui pourrait entraîner la démission des 12 élus du groupe minoritaire de la majorité. Dans cette hypothèse il suffirait que les 8 élus frontistes en fassent de même pour entrainer de nouvelles élections (le FN, dans une situation peu ou prou identique, n'a pas démissionné en 2009 alors qu'il s'agissait de précipiter la chute de Dalongeville) . En effet, dans l'année précédant l'élection, il faut que la moitié des conseillers démissionne pour entraîner des élections anticipées (art L 258 du code électoral). Je ne suis pas sûr que cet enchaînement de décisions se produisent. Le maire n'aura pas le cran,  GB et ses amis sont trop prudents et le FN a tout intérêt à laisser pourrir la situation...
Encore 6 mois de douloureux moments à passer...