Aux armes, citoyens ?

Dans son édition de lundi, La Voix du Nord fait sa une et consacre 2 pages intérieures au romancier Alexandre Jardin qui lance un mouvement "Bleu, blanc zèbre" de désobéissance civile : "yaka" prendre en compte des actions citoyennes qui ont fait leurs preuves pour sortir la France de son impuissance à résoudre les problèmes du pays dont la majorité ne veut pas d'une Marine Le Pen au pouvoir. A bas les énarques qui nous gouvernent, associés aux banquiers et aux politico-administratifs ! Un rien populiste ce langage ! Le constat est, pourtant, juste : les Français en ont assez de la politique inefficace qui est menée. Certes, les initiatives privées sont à prendre en compte, on en convient, mais le raisonnement me paraît un peu court pour sauver la France ! 

On admettra que notre système politique, peu ou prou identique à ceux d'autre pays démocratiques, souffre du manque de crédibilité de notre représentation politique. Qui ne fait pas le constat que la professionnalisation de la vie politique est désastreuse : des hommes politiques siègent pendant des dizaines d'années dans nos institutions, barrant la route à la diversité, à la jeunesse, à l'innovation. De plus, ils cumulent plusieurs mandats empêchant également d'autres citoyens d'exercer une fonction. On le sait, la solution est de mettre à bas ce système de cumul, unique au monde. En notant, toutefois, qu'entre en vigueur en 2017 une loi sur la limitation du cumul de mandats, mais largement insuffisante : non seulement un parlementaire pourra cumuler avec un mandat local (non exécutif, certes), mais au niveau local, aucun cumul n'est interdit. Comme, de plus, on peut toujours rester 30 ans au Sénat ou dans un conseil régional, on voit que cette loi, que la droite a promis d'annuler, en cas de victoire en 2017, sera largement insuffisante. 

L'objectif est donc bien de mettre à bas ce système mais on ne peut pas compter sur nos parlementaires pour voter une telle loi dans laquelle ils se feraient hara-kiri ! Comme le référendum d'initiative populaire n'existe pas en France, reste, comme solution légale, ce référendum d’initiative partagée, dispositif prévu par les alinéas 3 à 6, introduits en 2008 dans l'article 11 de la Constitution qui indiquent notamment qu’« un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales ». Un cinquième des membres du Sénat et de l'Assemblée nationale, soit 185 parlementaires, est-ce impossible à convaincre ? Car ne doutons pas que 10% de citoyens, cela doit être facile à trouver... Qui n'est pas d'accord sur un mandat parlementaire unique, une présidence régionale ou départementale sans cumul possible, des limitations pour un maire en fonction de l'importance de la commune, le cumul de 2 fonctions locales maximum ? Avec la possibilité d'un seul renouvellement de mandat ? 

Alors, bien sûr, il faudrait compléter ce texte par des mesures très contraignantes sur l'exigence de moralité des élus (inéligibilité à vie, prise illégale d'intérêts et conflit d'intérêts sanctionnés plus durement...), sur les privilèges (montant des indemnités, train de vie...). Mais également, face à une réduction de la durée des activités politiques, un véritable statut de l'élu doit protéger les citoyens désireux de se consacrer un certain temps à la politique (reconversion, droits à la retraite, revenus suffisants...). 

On pourrait également envisager une réforme constitutionnelle intégrant pèle-mêle : le rôle du couple exécutif, du parlement (réforme ou suppression du Sénat), la superposition région/département/intercommunalité. 

Si cela n'était pas possible d'obtenir ce référendum, restera... la révolution. Alors ? Aux armes citoyens ?