Le Pen et Cahuzac : même mensonge ?

Les médias se sont emparés de l'article du Canard sur la fortune immobilière des Le Pen et particulièrement de Marine, la fille... En sachant qu'ils ont minoré de façon incroyable la valeur de leurs biens. A ce point que l'on peut parler de véritable tricherie !

Vous verrez que le texte du Canard reste dans son style inimitable que les nombreux articles qui l'ont reproduit, n'ont pu restituer... Il est donc, ci-dessous, publié in extenso... Profitez-en...

2 remarques :

- la valeur des biens immobiliers (sous-évalués, je le répète) de Marine Le Pen, se situe au minimum à 1 200 000 euros et au maximum 2 500 000 euros. Et pourtant, le fisc a volontairement sous-estimé la valeur de Montretout et de Millas... La différence entre 1,2 et 2,5 million d'euros est due au fait que l'on ne connait pas la part que MLP possède dans Rueil (12,5% ou 50 % ?). La déclaration d'intérêts des parlementaires est consultable sur Internet (celle de MLP omet de signaler les revenus de son compagnon). Par contre, il faut aller en Préfecture pour consulter les déclarations de patrimoine...

- la sous-évaluation, rapportée par Le Canard (notamment sur Rueil, réévalué à 10 fois plus, soit 3 millions d'écart !), est un mensonge éhonté qui pose 2 questions :

* MLP est-elle maintenant assujettie à l'ISF (revenu net patrimonial supérieur  à 1,3 millions)? Si elle n'a pas fait sa déclaration, alors qu'elle aurait dû y procédé), le fisc ne manquera pas de se pencher sur ce cas...

* Le mensonge de MLP (et de son père) ne vous fait-il pas penser à celui de Jérôme Cahuzac ? Ce dernier avait éhontément menti sur le compte qu'il possédait en Suisse et non déclaré. MLP (et son père) a également omis de déclarer la réalité de son patrimoine. Dans ce cas, les Le Pen peuvent-ils continuer à exercer leurs mandats de députés européens ? 

Le Procureur a été saisi pour instruire la plainte déposée par la HATVP (voir le communiqué de celle-ci, en bas de page).

Le Canard enchaîné 27/1/2016

Marine a la fortune honteuse
La petite mère des prolétaires est propriétaire de 4 belles maisons. Mais n'a pas grand chose à déclarer.

Dans la famille Le Pen, planquer sa fortune était le sport favori du patriarche, Jean-Marie. Et voilà que cet excès de pudeur se transmet de père en fille.

Depuis le 7 janvier, la Marine fait, avec son papa, l'objet d'une enquête préliminaire, ouverte par le parquet financier. La cheftaine du FN est soupçonnée d'avoir sévèrement sous-estimé son patrimoine dans sa déclaration de députée européenne déposée en janvier 2014 à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Cette déclaration est obligatoire, et toute dissimulation constitue un délit.

Dans le cas de fifille, il ne s'agit pas de gros millions et de lingots planqués en Suisse, mais d'un parc immobilier, dont elle possède une partie et qui se révèle être moins modeste qu'elle ne le prétend. A force de vouloir montrer aux électeurs qu'elle est la candidate des ouvriers, MLP a fini par raconter les mêmes fadaises au fisc...

Montretout, ou presque

Le petit tour de propriétaire commence à l'ouest de Paris, au sommet de la colline de Saint Cloud (Hauts-de-Seine), où trône le célèbre manoir de Montretout, ancienne propriété d' Hubert Lambert, héritiers des ciments du même nom, qui avait fait de Le Pen son légataire universel : 430 m2 habitables, auxquels s'ajoutent 380 m2 de dépendances, le tout lové dans un parc  d'un demi-hectare d'où l'on peut admirer Paris. Le Pen gère ce gourbi avec la société civile immobilière (SCI) Pavillon de l'Ecuyer. Il en possède 75%. Marine, elle, 12,5%, à la suite d'une gentille donation effectuée le 22 juillet 2012, du temps de l'harmonie familiale. C'est ce jour-là que la farce commence...

Jean-Marie, qui est encore en bons termes avec sa fille, la fait monter au capital de sa SCI. Un cadeau bien modeste : selon les calculs lepénistes, la propriété ne vaut, sans rire, pas plus de 1,8 million d'euros. La part de Marine s'élève donc à quelque 225 000 euros.

En découvrant, un an et demi plus tard, cette estimation dans la déclaration de patrimoine des deux députés européens, la Haute Autorité est saisie d'un léger doute. Elle demande illico au fisc d'enquêter sur la valeur de Montretout. Le verdict tombe à la fin de 2015 : le manoir vaut plutôt 3,5 millions d'euros. Et la valeur des parts de Marine est plus proche de 450 000 euros. Soit le double de ce que la patronne du Front a déclaré !

Et encore, la Haute Autorité ne s'est pas montrée trop vacharde. Pour couper à toute contestation, elle a procédé à une estimation basse, en appliquant une décote de 20% sur la valeur des parts de la SCP familiale, alors que le fisc accepte d'ordinaire 10%. On connait la suite : Marine a hurlé à la "volonté de nuire", son père au "harcèlement républicain". Un gag, lorsqu'on se souvient que, voilà 10 ans, Le Pen avait mis Montretout en vente à... 6 millions !

Contactée par "Le Canard", Marine Le Pen explique que l'estimation a été faite "sur la base de la valeur déclarée par le porteur majoritaire". Bref, elle a signé, mais c'est la faute à papa.

La rigolade de Rueil

La visite se poursuit dans la ville voisine de Rueil-Malmaison, où le harcèlement républicain a permis une autre heureuse découverte. Bienvenue rue Hortense, à deux pas du chic parc de la Malmaison, dans l'ancienne propriété de Jeanine Paschos, devenue Jany Le Pen. Après avoir changé de mains plusieurs fois, la maison a été rachetée en 2013 par Jean-Marie et Marine. Ravagée par un incendie il y a un an, la demeure est en pleine reconstruction. Cette baraque de 200 m2 au sol, avec ses 2 étages, ses belles terrasses et son jardin de 1200 m2, apparaît dans la déclaration des Le Pen pour la somme faramineuse de 350 000 euros ! Une bonne blague, à faire mourir de rire les agents immobiliers du cru.

Après enquête, le fisc et la HATVP ont durement corrigé le tir : la maisonnette de Rueil est estimée à 3,3 millions, soit près de 10 fois plus !

A la mer ou à La Trinité 

Troisième étape du voyage :le joli port de La Trinité-sur-Mer, en Bretagne où Marine possède encore un morceau du paradis de papa. Un huitième d'une grande bâtisse aux volets bleus, à moins de 400 mètres du rivage, avec son pavillon de jardin au fond d'un terrain de 815 m2. L'ensemble est estimé à près de 1 million d'euros. Et hop, encore un peu plus de 100 000 euros dans le bas de laine de la patronne du FN ! Ici, un miracle : la justice et le fisc n'ont rien trouvé à redire.

Fenêtre sur piscine à Millas

La visite s'achève au soleil, à deux pas de Perpignan et de l'Espagne. Bienvenue dans la bourgade de Millas (Pyrénées-Orientales). Il y a 6 ans, Marine a acheté ici une villa moderne, au fond d'un grand lotissement propret. Elle a fait cette acquisition avec son compagnon, Louis Aliot, élu du coin. Pour l'occasion, le couple a crée sa propre société immobilière, la SCI Palouma, dont chacun possède la moitié. Plantée sur un terrain de 750 m2, la maison, en excellent état, est agrémentée d'une piscine. Marine déclare le prix d'achat, soit 270 000 euros. Et une surface habitable de 180 m2. En réalité c'est un poil plus. Mais ne soyons pas mesquins...

La richesse du père était un fait connu. L'opulence immobilière de la fille l'est beaucoup moins. Elle qui se ferait volontiers passer pour une pauvresse, afin d'être près du peuple, va devoir ripoliner son image. Il vaut mieux faire envie que pitié...

Anne-Sophie Mercier et Christophe Nobili 

Communiqué de presse du 21 décembre 2015

Paris, le 21 décembre 2015

Décisions de la Haute Autorité relatives aux déclarations de situation patrimoniale de M. Jean-Marie Le Pen et Mme Marine Le Pen

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a procédé à l’examen des déclarations de situation patrimoniale établies en 2014 par M. Jean-Marie Le Pen et par Mme Marine Le Pen, députés français au Parlement européen.

Après instruction de chaque dossier et recueil de leurs observations respectives, la Haute Autorité estime, au regard des différents éléments dont elle a connaissance, qu’en l’état, il existe notamment un doute sérieux quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité de leurs déclarations, du fait de la sous-évaluation manifeste de certains actifs immobiliers détenus en commun par M. Jean-Marie Le Pen et Mme Marine Le Pen et, par ailleurs, de l’omission de biens mobiliers par M. Jean-Marie Le Pen.

En application de l’article 40 du code de procédure pénale, la Haute Autorité a jugé nécessaire de porter ces faits, susceptibles de constituer des infractions pénales, à la connaissance du procureur de la République financier et lui a transmis l’ensemble des deux dossiers.