Prospective en NPDCP

Ci-dessous, une analyse de DailyNord sur le devenir des hommes et femmes politiques après 2 ans d'élections locales. J'y ai ajouté mes commentaires...

ANALYSE

RÉFLEXIONS PAR NICOLAS MONTARD ET MARC PRÉVOST | 09H00 | 18 JANVIER 2016

Recomposition du paysage politique nordiste : Qui sont les grands vainqueurs ? Qui sont les grands perdants ? (1)

Les trois séquences électorales qui ont eu lieu ces vingt-quatre derniers mois (municipales, départementales, régionales) ont complètement changé le paysage politique nordiste. Les leaders politiques d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Etat des lieux en plusieurs parties.

Xavier Bertrand a le sourire. Normal, il est le nouvel homme fort au nord de Paris selon DailyNord. Photo : DailyNord.

Ceux qui sont devenus incontournables

Il y a deux ans, ils n’étaient pas grand chose dans la région. Aujourd’hui, il faut absolument compter avec eux. Et peut-être pour de longues années.

Xavier Bertrand. Le bientôt ex-député-maire de Saint Quentin est désormais le premier rôle sur la scène politique régionale. Les grands dossiers – migrants, chômage, terrorisme, canal Seine-Nord…- vont lui permettre de trouver l’exposition médiatique nécessaire à quelqu’un qui n’a probablement pas renoncé à une ambition nationale. Il lui reste à réussir son mandat et ce n’est pas la plus mince affaire. AA : à part Seine-Nord (dossier très engagé aujourd'hui grâce à Percheron et Cuvillier), les autres dossiers ne sont pas de compétence régionale... Par contre, on l'attend sur les initiatives fortes engagées précédemment (3ème révolution industrielle ou investissements partagés dans les gares : beaucoup de retard, par exemple dans l’accès aux handicapés cf gare de Béthune).

Gérald Darmanin. Ascension express pour le jeune loup tourquennois. Heureusement la loi l’empêche de cumuler autant qu’il pourrait le faire. Député en 2012 après avoir bazardé son mentor Vanneste, il est devenu maire de Tourcoing, vice-président à la MEL, à la Région, est entré dans les hautes instances des LR (ex-UMP). Bref, incontournable pour les prochaines années, même s’il devra prendre garde à ne pas se brûler les ailes. AA : trop prétentieux, ce garçon !

Jean-René Lecerf. Il était l’opposant-type, élu au conseil général depuis les années 80. Il est devenu le président d’un des plus grands départements de France à sa ènième tentative. Et redevient un homme libre dont la parole est écoutée. En quittant Les Républicains, il ajoute à la confusion qui règne dans le parti de Sarkozy qu’il juge trop droitisé. AA : un homme bien qui est l'exemple de ce que pourrait être un consensus droite/gauche... pour rétablir la confiance des citoyens dans la politique

Daniel Fasquelle. Avec Eric Woerth, c’est le nouvel homme fort sur lequel l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy peut s’appuyer. Il tient d’une main ferme la fédération du Pas de Calais. Il occupe une place stratégique chez Les Républicains, celle de trésorier. Et Le Touquet dont il est le maire est toujours prête pour accueillir les grands-messes du parti. AA : il tombera en même temps que Sarko !

Patrick Kanner. Nommé ministre en août 2014, l’ex-adjoint de Martine Aubry et éphémère président du Conseil général du Nord était vu comme un homme politique certes sympathique… mais sans beaucoup plus d’envergure. Résultat : déjà un an et demi au gouvernement et le principal socialiste au nord de Paris suite aux nombreuses déconfitures. Lui est convaincu de sa bonne étoile pour les années à venir qui annoncent délicates. Si la gauche se reconstruit au nord de Paris, ce sera forcément autour de lui. C’est ce qu’il croit. AA : et il a raison d'y croire, même si son conflit avec Martine Aubry pose problème...

Marine Le Pen. Incontournable ou stable ? Où classer la présidente du Front National ? Certes, elle capitalise plus de 40% au premier tour des régionales sur son nom, confirmant l’implantation frontiste dans le Nord – Pas-de-Calais/Picardie, mais elle ne prend pas la tête du groupe au conseil régional. Ses ambitions sont présidentielles, mais il est probable que durant les législatives qui vont suivre, elle va retenter l’aventure régionale à Hénin-Beaumont ou dans le bassin minier. De fait, incontournable. AA : il m'étonnerait qu'après avoir perdu la présidentielle, elle se lance dans des législatives alors qu'elle est si bien à Bruxelles où les avantages matériels y sont plus substantiels... Dur, dur d'être présidente du "premier parti de France" ! 

Damien Castelain. Maire de la modeste Peronne-en-Melantois, il a pris la tête d’une des principales agglomérations (AA : la MEL : métropole européenne de Lille) de France à la suite d’une séquence mémorable pendant laquelle la gauche se retire pour tenter de cacher son déclin et qui se répétera ensuite… Depuis, il semble bien mener sa barque en ayant su s’imposer et ne pas s’en laisser imposer. Aura néanmoins des difficultés à résister aux assauts des Darmanin et autres Kanner en 2020. AA : voire d'autres...

Ceux qui ont pris du poids et qu’il faut surveiller

Ils ne sont pas incontournables au sens de la première catégorie, mais ont pris du poids politique depuis 2014. Les prochains mois/années sont décisifs pour leur future influence régionale.

Frédéric Cuvillier. Ministre de Hollande jusqu’en 2014, il est redevenu simple député-maire, faisant fi du non-cumul des mandats. Le Boulonnais, longtemps vu comme une solution de recours devant la catastrophe qui s’annonçait avec Pierre de Saintignon, s’est aujourd’hui positionné comme l’un des leaders de l’opposition régionale… en dehors du conseil régional. Avec Patrick Kanner, il est le deuxième socialiste sur qui il faut compter, même si son ancrage boulonnais l’éloigne quelque peu. AA : F. Cuvillier a un rôle à jouer, d'autant plus qu'il n'a que 47 ans (Kanner en a 11 de plus).

Guillaume Delbar. Simple conseiller municipal, challenger du socialiste Pierre Dubois en 2014 – son propre parti ne croyait pas en lui -, il a remporté la mairie de Roubaix, deuxième ville de la région. Vice-président de la MEL, il prend de nouveau une vice-présidence à la région. Il fait partie de la nouvelle garde de la droite métropolitaine avec Sébastien Leprêtre, maire de La Madeleine, devenu président du groupe majoritaire au conseil régional, Gérald Darmanin, et Florence Bariseau, conseillère municipale villeneuvoise, qui prend une vice-présidence aux Sports. Ah oui, Delbar est un juppéiste confirmé. Les autres ne sont pas sarkozystes. AA : dans sa (longue) cure d'opposition, la droite a su faire apparaître des "hommes "nouveaux (plus que de "femmes").

Steeve Briois. Le maire d’Hénin-Beaumont est apparu en pleine lumière quand il a été élu au premier tour en 2014. De fait, il reste la plus belle victoire du FN de ces dernières années. Parce que Marine le Pen a échoué aux régionales. AA : les ambitions de Briois sont-elles à la hauteur de ses capacités ?

Patrice Vergriete. Maire de la quatrième ville de la région, président de la communauté d’agglomération, ce challenger de Michel Delebarre en qui pas grand monde ne croyait est désormais quelqu’un sur qui il faut compter au nord de Paris. Même s’il est bien trop tôt pour juger de son empreinte politique. Il a mis son engagement socialiste dans sa poche mais pas le drapeau de Dunkerque qu’il prétend défendre contre vents et marées. AA : encore un homme de consensus ?

Laurent Degallaix. Maire de Valenciennes depuis 2014, il a profité du retrait de Jean-Louis Borloo pour s’offrir une casquette de député en plus. Et une de patron de l’agglomération certainement ce lundi après la démission de Valérie Létard, pour cause de cumul. Mine de rien, en deux ans, il est devenu l’homme fort du Valenciennois. AA : certes, mais ce cumul (comme pour Cuvillier) est très ennuyeux...

Frédéric Leturque. Successeur désigné de Jean-Marie Vanlerenberghe, Frédéric Leturque a confirmé devant les électeurs d’Arras avec l’une des rares victoires au premier tour. Au conseil régional, il devient patron du groupe centriste. Le plus important des treize assemblées régionales en France. AA: je pense que FL a un avenir national...

François Decoster. Le profil classique du notable rassurant qui poursuit son bonhomme de chemin. Le maire UDI de Saint-Omer innove en s’attelant à l’intégration intercommunale de l’Audomarois. Il vient de franchir un cap en prenant la vice-présidence à à la culture au conseil régional. Prudent et appliqué, on ne doit pas le perdre de vue. AA : encore un exemple d'"homme nouveau", à droite...

Arnaud Decagny. Idem que pour François Decoster, sauf qu’il est vice-président du conseil départemental du Nord. AA : c'est vrai, idem...

Frédéric Chéreau. La désunion et la fin de règne chahutée de Jacques Vernier lui a profité. Il a manqué un fauteuil de conseiller régional pour les raisons que l’on sait. Dommage il aurait imprimé un tour nouveau à son profil. Reste un espoir du PS et l’un des rares « jeunes » maires socialistes d’une grande ville régionale. AA : "le troisième homme" après Kanner et Cuvillier.

Natacha Bouchart. La meilleure VRP de Xavier Bertrand dont elle est une des VP. Elle pointe le problème des migrants dans sa ville, puis le président du conseil régional passe à la télé pour proposer ses solutions. Un bon point : frappée par le cumul elle reste à la région et quitte le sénat. AA : elle gagnerait à être plus sympathique, d'autant qu'elle est exposée médiatiquement...

Brigitte Fouré. La maire UDI d’Amiens est chargée au conseil régional de boucler le rapprochement entre deux régions qui se ressemblent, certes, mais qui cultivent aussi quelques différences. Et puis le déclassement de l’ex-capitale picarde au bénéfice de la métropole lilloise est comme une pomme de discorde pleine de pépins. AA : elle a pourtant tout à gagner de sa mission...

Christophe Coulon. Un des fidèles vassaux de Xavier Bertrand, ancien chef de l’opposition au conseil régional de Picardie, aujourd’hui un de ses VP. Pourrait émerger dans les années à venir et s’affirmer dans l’Aisne – il est implanté à Laon. AA : sans commentaire

Edouard Courtial. Un bebé-Hortefeux qui s’est hissé à la tête du conseil départemental de l’Oise après une petit tour au gouvernement Sarkozy. Donc sarkozyste à 100%. Sa mission : serrer les rangs pour le patron des républicains et…border autant que faire se peut l’hégémonie naissante de Xavier Bertrand. AA : rôle impossible à tenir pour ce sarkozyste...

Anne-Lise Dufour-Tonini. Mine de rien, la députée-maire de Denain fait de plus en plus entendre sa petite musique dans la région. Elle a su prendre sa place dans la succession de Patrick Roy. La preuve : dans la première mouture de la liste aux régionales pour le Nord, elle était à la seconde place. AA : une des rares femmes PS à apparaître aux côtés des Kanner, Cuvillier et Chéreau...

Sébastien Huyghe. Le député LR du Nord ajoute une belle vice-présidence du conseil régional dans son escarcelle et conserve des responsabilités en haut de l’état-major de son parti. Il faut donc compter avec lui. AA : il n'a jamais su tirer avantage de sa victoire passée face à Martine Aubry...

Emmanuel Macron. Le ministre de l’économie grimpe dans les baromètres d’image et devient une nouvelle coqueluche médiatique. N’oublions pas qu’il est né à Amiens et connait bien la région. Un bon endroit pour s’offrir un premier mandat ? AA : il séjourne souvent au Touquet et il pourrait concurrencer Fasquelle, ne serait-ce que parce qu'il est plus avenant...

Philippe Rapeneau. Le président de la Communauté urbaine d’Arras a ajouté une vice-présidence à la Région à son CV.  Dans le Pas-de-Calais, il est parmi les premiers LR. AA : on lui demandera surtout de privilégier sa mission au CR  où il est chargé du développement durable et de l'environnement...