lundi 27 septembre 2010

Les leçons du vote suédois pour toute l'Europe

Dans l'éditorial du Monde du 22/9, et revu le 24/9, le journaliste analyse les raisons de la défaite de la social-démocratie, le parti de l'Etat-providence. 2 remarques préalables s'imposent:

- la percée de l'extrême-droite, islamophobe, se retrouve dans tous les pays du Nord de l'Europe (sauf en Belgique, et c'est explicable), en France et en Italie. La raison invoquée serait que l'individualisme et la société de consommation éloignent les citoyens de cette société solidaire, à laquelle pourtant nous aspirons: celui que l'on pourrait imaginer venir manger notre pain fait l'objet d'un rejet...Il y a probablement d'autres raisons sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir, mais nous pouvons nous interroger sur le fait que d'autres pays ne vivent pas cette xénophobie: raisons économiques? religieuses? administratives?

- quoi qu'il en soit, nous allons devoir continuer, comme nous l'avons fait depuis plus de 60 ans, à accueillir des gens venus d'ailleurs, ne serait-ce que pour venir travailler, les classes creuses ne suffisant pas à remplir les fonctions nécessaires à la bonne marche de nos pays, mais également pour payer nos retraites (notamment dans les pays où les systèmes de retraite par répartition sont prédominants). Non seulement c'est bon pour l'activité économique, mais cela est nécessaire pour assurer le métissage des idées et des hommes afin de ne pas sombrer dans l'endogamie fossoyeuse de civilisations. Le débat est toujours le même: n'ayons pas peur de celui qui est différent de nous, sachons l'intégrer et profiter de ses richesses...C'est gagnant/gagnant!


Toute la gauche européenne devrait se rendre en Suède. Car ce petit pays scandinave de moins de 10 millions d'habitants, inventeur de la social-démocratie moderne et de l'Etat-providence le plus performant du demi-siècle passé, vient de connaître un double séisme politique. Il intéresse l'ensemble de l'Europe.

Première leçon des élections législatives du dimanche 19 septembre : pour la première fois dans l'histoire du pays, l'extrême droite - les "Démocrates suédois" - fait son entrée au Parlement. Elle a recueilli 5,7 % des suffrages en menant une campagne anti-immigration à connotations islamophobes.
Deuxième leçon, peut-être aussi importante : le Parti social-démocrate, qui domine la vie politique du pays, enregistre son plus mauvais score depuis 1914. Cela laisse le premier ministre sortant, le conservateur Fredrik Reinfeldt, en bonne position pour former la prochaine équipe gouvernementale. Là encore, ce serait une première, puisque aucun gouvernement conservateur suédois n'a jamais accompli deux mandats successifs à la tête du pays.
Question politiquement incorrecte : y a-t-il un lien entre cette baisse historique de la social-démocratie suédoise et la percée tout aussi historique de l'extrême droite ?
Alliés aux Verts et à la gauche de la gauche, les sociaux-démocrates n'ont guère renouvelé leur programme : une défense de l'Etat- providence à l'ancienne, garant d'un contrat social qui assure à tout Suédois le triptyque éducation, santé, retraite.
Dans le principe, une écrasante majorité de Suédois, qu'ils votent à droite ou à gauche, soutient toujours son "modèle". Mais celui-ci donne des signes de fatigue : financement mal assuré, fraudes en tout genre, inadéquation à ces temps de globalisation économique. Faut-il aller plus loin et prendre ce scrutin pour une illustration des thèses de l'essayiste italien Raffaele Simone sur un épuisement intellectuel de la gauche européenne qui expliquerait le triomphe de la droite un peu partout sur le Vieux Continent ?
Raffaele est de la famille, mais n'en dénonce pas moins "une gauche qui semble n'avoir rien compris au véritable bouleversement civilisationnel de la victoire de l'individualisme et de la consommation" ; une gauche qui "jusqu'à très récemment a refusé de discuter de l'immigration de masse et des clandestins", etc.
Il y a un lien entre immigration et Etat-providence. La première est là pour durer, elle va continuer ; elle n'est pas un phénomène passager, elle va marquer le siècle en Europe.
Contrôlée, l'immigration est nécessaire au maintien de l'Etat- providence dans nos sociétés vieillissantes. Mais elle suppose un immense effort d'insertion qui n'a pas été fait. Il a un coût. L'Etat-providence à l'européenne ne survivrait-il qu'en en faisant moins dans ses domaines traditionnels - santé, retraites - et plus dans sa nouvelle tâche: l'insertion des immigrés ? La question a été posée à Stockholm.

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