Le blog "Les Décodeurs" du Monde se propose de passer au crible les propos des hommes et femmes publiques pour y démêler le vrai du faux.C'est presque devenu une habitude : chaque intervention présidentielle comporte son lot d'approximations et de contre-vérités chiffrées. Celle du 29 janvier n'a pas échappé à la règle. En voici six parmi les propos de Nicolas Sarkozy.
1/ “Le mot "TVA sociale" "n'a aucun sens", "vous ne m'avez jamais entendu le prononcer"
FAUX
Première erreur. Nicolas Sarkozy réprime l’usage de ce mot de “TVA sociale”, lui préférant “TVA emploi” ou “TVA antidélocalisation”. Pourtant il n’a pas toujours été de cet avis, et de nombreux internautes ont rapidement retrouvé, dimanche soir, des preuves qu’il avait bel et bien évoqué la “TVA sociale”.
C’est le cas dans son ouvrage, Libre, paru en février 2007, où il propose "qu'avec l'accord des partenaires sociaux, toute avancée dans le sens de la TVA sociale s'accompagne d'un grand rendez-vous social à la fin de chacune des deux années suivantes". En juin 2007, il a aussi déclaré, dans un discours : "Si la TVA sociale contribue à freiner les délocalisations, si elle est bonne pour l'emploi, si elle est bonne pour la croissance, si elle ne pénalise pas le pouvoir d'achat, alors nous ferons la TVA sociale"
2/“Les charges des salariés français sont deux fois plus élevées que celles des salariés allemands”.
PLUTÔT FAUX
L’image est destinée à frapper les esprits. Pourtant, elle est exagérée. Selon un rapport du Trésor de mai 2011, sur un salaire compris entre 2184 et 2946 euros bruts les charges sont effectivement de 21,03 % pour l’employeur allemand contre 43,75 % pour son homologue français.
Mais, précise le rapport, ce calcul est théorique, et ne concerne que cette seule tranche de salaires. En faisant une analyse plus précise des cotisations sociales “effectives à la charge des entreprises (pour la part ‘employeur’), le Trésor évoque plutôt un taux de 35 % des recettes affectées à la protection sociale pour l’Allemagne contre 44 % pour la France, soit un écart de 9 points et non plus du simple au double.
Rapporté au PIB, le financement de la protection sociale par les entreprises s’élève à 10,3 % en Allemagne contre 13,5 % en France. Quant aux bas salaires, le Trésor note que “les allégements généraux de charges conduisent à des taux de cotisation plus faibles en France qu’en Allemagne, jusqu’à 10 points”.
3/La TVA sociale, "Nos amis allemands l'ont fait en 2004, et c'était un socialiste, Gerhard Schröder"
FAUX
Là encore, l’image est classique dans la bouche de Nicolas Sarkozy : les socialistes français seraient plus rétrogrades que leurs homologues européens qui, eux, ont su faire les réformes nécessaires. Mais encore une fois, la chose n’est pas exacte. En l'occurrence, ce n’est pas Gerhard Schröder qui a mis en place la TVA sociale allemande, mais Angela Merkel.
Le projet, porté par la CDU CSU, la formation de Mme Merkel, fit partie des grands débats de la campagne électorale de 2005. Mme Merkel, élue à la tête d’une grande coalition, mit en œuvre son projet de TVA sociale qu’un an après, en juin 2006. Cela faisait donc un an que Gehrard Schröder n’était plus au pouvoir.
4/"La France est le pays qui a la fiscalité la plus lourde d’Europe"
FAUX
Cette confusion est un autre classique du chef de l’Etat, destiné à critiquer les défauts de notre pays par rapport à ses partenaires. Il a déjà évoqué ce record français dans d’autres émissions, à chaque fois à tort : il suffit de prendre le rapport 2011 de la commission européenne sur la fiscalité pour constater que la France est, en 2011, à la septième place européenne pour son taux de fiscalité rapporté au PIB, loin derrière le Danemark (48,1 %), la Suède (46,9 %), la Belgique (43,5 %), l’Italie (43,1 %), la Finlande (43,1 %) ou l’Autriche (42,7 %). Notre pays a des rentrées fiscales équivalentes à 41,6 % du PIB.
5/ "Les socialistes espagnols ont réformé les retraites, les socialistes allemands ont réformé les retraites”
FAUX
Là encore, la confusion n’est pas nouvelle et a amplement servi lors des débats préalables à la réforme des retraites. L’Espagne de Jose Luis Zapatero a effectivement entamé une réforme des retraites fin 2011, sous la pression des marchés et dans le cadre de plans de rigueur drastiques
En revanche, la référence à l’Allemagne est en partie fausse : Le gouvernement social-démocrate (et non "socialiste") de Gerhard Schröder a effectivement réformé en partie, en 2001, puis en 2003, les retraites, mais pour réduire le taux de remplacement des revenus et pour mettre en place un système de financement assurantiel partiel.
Mais la hausse de l’âge de départ, équivalent à la réforme française, a été mise en place en 2007 par le gouvernement d'Angela Merkel et donc la droite allemande. Certes, dans le cadre d'une Grande coalition avec les sociaux-démocrates du SPD. Néammoins, une partie du SPD allemand a depuis critiqué la réforme. Dire quelle est le fait des "socialistes" allemands est donc plutôt faux.
6/ “Il n’y a plus d’industrie au Royaume-Uni”
FAUX
Agacé qu’on lui oppose, concernant la TVA sociale, l’échec de la mesure en Grande-Bretagne, Nicolas Sarkozy a répondu par cette formule lapidaire, pour dire que la baisse des cotisations patronales n’avait pas fonctionné outre-Manche faute d’emplois industriels en nombre suffisant.
Un raccourci qu’il avait déjà fait voici quelques années, et qui s’avère totalement faux. Comme l’avait déjà expliqué Le Monde en 2009, la Grande-Bretagne est en fait plus industrialisée que la France. En 2007, son industrie représentait 16,7 % du PIB contre 14,1% pour la France. Pour 2010, le FMI évoque pour sa part 18.5% du PIB en France contre 21,8% au Royaume-Uni.
Selon l’Insee, la production de l’industrie manufacturière reste plus élevée en Grande-Bretagne qu’en France : l’indice de la production industrielle, qui était de 102,3 en 2007 outre-Manche contre 102,6 en France, est passé en 2011 à 93,4 au Royaume-Uni contre 89,1 en France. Le déclin industriel est donc plus fort dans notre pays.
Samuel Laurent
sarko l'illusioniste continue son mensonge perpétuel.
RépondreSupprimerfouté meu cha dihour.