Les partis politiques font des écarts (6)

4-2 Comment les partis politiques peuvent-ils se financer, en dehors de toute légalité?

Par définition, on n'en sait rien et les comptes des partis ne comportent, bien sûr, pas d'indication à ce sujet.

Rappel: nous avons déjà vu que, pour le fonctionnement du parti, on utilise des assistants parlementaires comme permanents. Encore une fois, cela ne peut que concerner les partis ayant une représentation parlementaire...

Il n'y a pas beaucoup de sources de financement possibles en dehors de ce qui suit:

- des dons plus élevés que ceux prévus par la loi pour les particuliers ou l'existence de financements (interdits) par des personnes morales. Il faudra donc blanchir cet argent. Pour ce faire, il suffit de répartir ces financements illégaux auprès de particuliers qui accepteraient ainsi de faire des dons dans la limite de la légalité. Dans ces cas-là, les particuliers complices bénéficient de la réduction fiscale (à eux de voir s'ils reversent au parti le bénéfice de cette réduction...). Système peu évident car il faut pouvoir compter sur le silence et la complicité des "prête-noms"...
Pour les entreprises, les financements interdits se feront de la main à la main.

- le financement à travers des marchés publics. Rappelons que ce système est plus compliqué quand le marché donne lieu à des procédures très strictes, mais ces dernières ne s'appliquent qu'aux très, très gros marchés. Une grande partie des marchés publics y échappent, par une pseudo-mise en concurrence: 
*ceux, par exemple, qui ne donnent lieu qu'à une simple ou même factice comparaison de devis; 
*ou ceux pour qui le passage en commission d'appel d'offres n'est qu'une formalité: soit parce que le choix ne se décide pas pour le "moins-disant" mais pour le "mieux disant" (avec toute la subjectivité ou les manipulations possibles), soit parce que l'heureux élu "connait", préalablement les offres des concurrents. Et, bien entendu, on pourrait parler des marchés donnant lieu à entente entre les entreprises pour se les répartir (le meilleur exemple étant celui des marchés publics de la région Île-de-France).
*Des intermédiaires peuvent également intervenir, percevant des commissions, en toute ou partie occultes, reversées à des élus (ou même des agents territoriaux), à charge, éventuellement, de reverser une dîme à un parti politique...

Les collectivités ne sont pas les seules à pourvoir à un financement illégal. Des organismes, dont les responsabilités sont exercées par des politiques (parce que l'institution bénéficie de financements publics), peuvent également, à travers les marchés qu'ils passent, servir de pourvoyeurs de financement illégal. Dans le Pas-de-Calais, on qualifie souvent de "pompes à finances" de tel ou tel parti, quelques organismes bien connus...(On a vu également qu'ils pouvaient également servir de lieux de recyclage d'hommes politiques, en mal de mandats...)  

Cette dernière pratique, comme la plupart de celles que nous avons vues, ne peuvent être que l'apanage de partis politiques qui ont des élus avec responsabilités.


A suivre