N'ayez pas peur!

Cela faisait plusieurs jours qu'il y pensait. Il appréhendait, d'une certaine façon, ce moment là... Il avait senti sa femme méfiante, se doutant qu'il lui cachait quelque chose. Il lui mentait et en était désolé: ce serait la première fois depuis leur mariage et il en éprouvait une certaine honte, mais il y a des choses qu'un homme ne peut dire à sa compagne. Et plus l'heure approchait, et plus sa nervosité augmentait. Serait-il à la hauteur? Il avait horreur de décevoir et là, pourtant, il sentait qu'au dernier moment, il dirait: "non, je ne peux pas faire cela". Mais il savait, en son for intérieur, qu'il irait quand même de l'avant, malgré ses réticences avant de passer à l'acte.

Plus que 15 minutes et il savait qu'elle serait devant lui, l'oeil languissant, attendant qu'il la caresse, lui parle doucereusement... Il savait que le premier pas serait le plus difficile et qu'ensuite il  s'abandonnerait, lui aussi, prenant goût à son odeur, à son souffle... Il entendrait leurs deux coeurs battre la chamade à l'unisson... Il fut surpris de constater que cette seule pensée éveillât, dans sa partie la plus intime, un désir physique identique à celui qu'il éprouvait au moment où il rejoignait sa dulcinée au lit...

Le temps pressait maintenant; il hâta le pas, ne prêta pas attention à la foule autour de lui, ouvrit la porte sans ménagement et il la vit! Comme il l'avait imaginé, ses yeux roulaient d'amour pour lui... Il s'avança, elle en fit de même! Ils étaient maintenant proches l'un de l'autre... Elle attendait... Il hésita encore un instant, comme il l'avait pressenti. Elle ne bougeait plus... Ils se sentaient seuls au monde... Il étendit la main et lui caressa doucement la tête: il lui semblait qu'elle n'attendait que cela...

Soudain, un tonnerre d'applaudissements vint saluer Nicolas Sarkozy qui, en ce samedi 6 mars, avait vaincu sa peur, en caressant une belle Normande, au salon de l'Agriculture.