Il va falloir assumer les conséquences sociales, politiques et financières de la mauvaise gestion d'un seul homme!

Vous avez peut-être  lu dans les commentaires de ces derniers jours, des appels de salariés du groupe Soginorpa/Maisons et Cités, inquiets, à juste titre, pour leur avenir et celui des locataires.

Le personnel est, en effet, dans l'expectative pour les différentes raisons suivantes:

- le groupe n'a pu présenter des  bénéfices de 328 000 euros, au 31/12/2008, que parce que il a bénéficié en 2008 de ressources financières exceptionnelles : le remboursement d' acomptes d'impôts versés (18 M€), la créance de report en arrière des déficits de 10,7 M€ (option de gestion des déficits fiscaux qui permet de récupérer une partie des impôts) et la subvention d'Epinorpa (25,5 M€)! 

- la même CRC considérait que la subvention de 25,5 millions, versée par l'unique actionnaire, l'Epinorpa, devait être restituée (aide déguisée de l'Etat, non soumise, au préalable, à Bruxelles);

- les pertes financières latentes dépassaient les 150 millions d'euros (et auraient pu, par transparence, figurer au bilan comptable, alors qu'elles ont pourtant été déclarées fiscalement, d'où les restitutions fiscales...); 

- la Cour estimait impossible le remboursement de l'emprunt, en 2014, par l'actionnaire, les dividendes de la Soginorpa étant insuffisantes. 

Comment veut-on que le personnel (900 personnes) ne s'alarme pas?

Comment voulez-vous que les citoyens ne se posent pas de question sur la façon dont l'argent public est dépensé?

Cela, d'autant plus, que l'on apprend, par la bande (bien que les contacts entre les 2 directions se sont confirmés ce jeudi) que des discussions soient engagées avec la SNI (Société Nationale Immobilière), filiale de la Caisse des Dépôts. La SNI a repris en 2001 l’ancien parc immobilier des Charbonnages de France, en Lorraine, et a investi 120 millions d’euros sur 5 ans pour rénover intégralement son parc de 15 000 logements.Au total, elle gère, nationalement, 81 000 logements, soit à peu après autant que la Soginorpa.

Bien sûr, juridiquement c'est très compliqué: comment faire pour que la SNI puisse "reprendre" la gestion d'un patrimoine dont l'Epinorpa, établissement public industriel et commercial (EPIC), est propriétaire à 100%?

Je rappelle que, aux termes de la loi SRU de 2000, l'article 191 prévoit que cet EPIC "a pour objet, sur l'ensemble du territoire régional, d'acquérir et gérer, directement ou indirectement, les immeubles à usage locatif social détenus par des sociétés à participation majoritaire de Charbonnages de France dans le respect, notamment, des droits statutaires des mineurs et de leurs ayants droit.L'établissement public peut prendre toutes participations dans les sociétés précitées. Il peut également contribuer au financement, en association avec d'autres personnes publiques, de toutes actions en faveur de l'habitat social et du renouvellement urbain dans la région Nord-Pas-de-Calais. Pour financer leurs travaux d'amélioration de l'habitat, cet établissement public et ses filiales bénéficient de subventions de l'Agence nationale de l'habitat".

Ce qu'une loi a fait, une autre peut la défaire et c'est de ce côté-là qu'il faut attendre la solution. Sachant que l'État est représenté dans le CA de l'Epinorpa, la Ministre des Finances est bien au courant de sa situation financière catastrophique. S'il ne l'était pas, les rapports de la CRC de l'automne dernier et surtout ceux qui "sont sous le coude" (ceux de l'Epinorpa et de la Soginorpa) et qui détaillent ce scandale financier, sont là pour confirmer l'urgence à prendre des décisions...

Ce qui, bien sûr, pourrait avoir les conséquences politiques suivantes:

- la responsabilité écrasante d'un seul homme (et de ses Directeurs Généraux) dans la gestion: Président de l'Epinorpa, de la Soginorpa, de Maisons et Cités, et Vice-Président d'Adevia (sans oublier sa prééminence de fait dans la CFR, structure éphémère déjà tombée à la trappe), c'est-à-dire de l'ensemble de la politique du logement social et du renouvellement urbain, au moins dans l'ex-Bassin Minier, son éviction devrait être imminente. Il sera difficile, pour lui, de trouver une porte de sortie honorable, vu ce fiasco, maintenant sur la place publique. Cela, sans préjuger, d'éventuelles conséquences pénales le concernant...

- cet échec retentissant sera également celui du système féodal, mis en place, depuis des décennies, par le PS, dans le Pas-de-Calais, à savoir un pouvoir basé sur des obligés rendant compte à un seigneur tout-puissant: ce dernier ayant tout loisir de déterminer à qui délivrer les fiefs (c'est-à-dire dans ce domaine, les mandats d'élus, les emplois et les revenus); l'Église parlerait de prébendes, d'ailleurs. Dans cette hiérarchie féodale, chaque seigneur a ses vassaux, qui procèdent des mêmes pouvoirs vis à vis de leur propres vassaux et ainsi de suite. Le peuple lui, est asservi: il ne paye pas la dîme, mais, cela revient au même, il doit régulièrement renouveler, par son vote, sa confiance à ses seigneurs. Il est, de ce fait, taillable et corvéable à merci. 1789 a mis fin, en théorie, à ce système quasi-maffieux en usage pendant longtemps dans notre pays. Espérons que nous soyons arrivés, également, à l'échéance de cette période médiévale. Les serfs du Bassin Minier en ont  assez et ont l'intention de briser les chaînes de l'esclavage!

- Tout cela se passe à un an des élections présidentielles, alors que le sortant est désavoué et discrédité, comme jamais un Président ne le fût. Le PS risque fort d'être éclaboussé par ce scandale en gestation. Faute à Martine Aubry et ses prédécesseurs de n'avoir su trancher avant...Il va falloir maintenant gérer la situation. Pas facile, le discrédit de la classe politique étant tel que tout peut arriver...Plus tôt le PS se fera hara-kiri dans le Pas-de-Calais, moins mal il se fera...

Encore une fois, le malaise du personnel de l'ensemble des structures concernées nous touche tous. Mais n'oublions pas qu'au-delà, c'est l'ensemble d'une population qui est atteinte de plein fouet par cette affaire Panama du XXI ème siècle (le scandale de Panama c'est celui de la corruption lors du percement du canal du même nom, qui éclaboussa plusieurs hommes politiques et industriels français durant la Troisième République et ruina des centaines de milliers d'épargnants).