J'ajoute à ce triste constat que la France était prête à accueillir Ben Ali hier soir... jusqu'à une décision contraire du Président et du 1er Ministre. Ouf!
 | 15.01.11 | 15h17  •  Mis à jour le 15.01.11 | 17h15
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Nicolas Sarkozy et le président tunisien Ben Ali, le 10 juillet 2007.AP/JEAN-PAUL PELISSIER
La diplomatie française aura donné l'impression d'appuyer jusqu'au  bout le régime du président tunisien, Ben Ali, apparaissant dépassée par  les événements et ne montrant à aucun moment le moindre signe de  soutien aux revendications de démocratisation exprimées par les  manifestations, qui ont conduit, vendredi 14 janvier, à la fuite vers  Djedda, en Arabie saoudite, du dirigeant tunisien, au pouvoir depuis  vingt-trois ans.
C'est par un communiqué laconique que l'Elysée a commenté, vendredi,  vers 20 heures, le spectaculaire changement politique en Tunisie. "La  France prend acte de la transition constitutionnelle annoncée par le  premier ministre Ghannouchi. Seul le dialogue peut apporter une solution  démocratique et durable à la crise actuelle. La France se tient aux  côtés du peuple tunisien dans cette période décisive." Le texte est diffusé au moment où Nicolas Sarkozy et François Fillon sont réunis à l'Elysé pour se pencher sur la crise.
Vers 20 h 30, tandis que la destination de l'avion du président  tunisien demeure l'objet de spéculations, Paris fait connaître son refus  de l'accueillir sur le sol français. "La France n'a reçu aucune demande d'accueil de M. Ben Ali", indique un communiqué du Quai d'Orsay, qui précise : "Au  cas où cette demande se présenterait, la France apporterait sa réponse  en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes."
Tout au long des quatre semaines de protestations de rue en Tunisie,  qui ont commencé le 17 décembre 2010, la France aura adopté un profil  bas, se limitant à appeler à l'"apaisement" sans jamais  dénoncer la répression policière, en particulier l'emploi de tirs à  balles réelles des forces de l'ordre, qui ont provoqué au moins 66 morts  en un mois, selon les organisations de défense des droits de l'homme.
MME ALLIOT-MARIE PROPOSE... UNE COOPÉRATION POLICIÈRE
Mardi 11 janvier, tandis que la contestation gagne Tunis, des propos  tenus par la ministre des affaires étrangères française, Michèle  Alliot-Marie, devant l'Assemblée nationale, à Paris, suscitent une  certaine consternation, y compris à l'intérieur du Quai d'Orsay. Le  gouvernement tunisien vient d'établir un bilan de 21 civils tués par  balles depuis le début des troubles, et Mme Alliot-Marie propose... une coopération policière.
La France veut faire bénéficier la Tunisie du "savoir-faire de (ses) forces de sécurité", afin de "régler des situations sécuritaires de ce type", explique la ministre, afin que "le droit de manifester soit assuré, de même que la sécurité". L'"apaisement peut reposer sur des techniques de maintien de l'ordre", estime Mme Alliot-Marie.
La crise semble ainsi ramenée à un problème de professionnalisme des  forces de l'ordre tunisiennes, auquel viennent s'ajouter les difficultés  économiques. Mme Alliot-Marie évoque des "troubles sociaux de grande ampleur",  sans mentionner le volet politique des revendications des manifestants,  qui dénoncent un pouvoir confisqué par la famille Ben Ali et s'en  prennent aux affiches du chef de l'Etat. "Plutôt que de lancer des anathèmes, notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation", commente-t-elle.
Outre la coopération policière, Paris semble penser, ce jour-là, que  l'annonce d'un accroissement de l'aide à la Tunisie, notamment au niveau  européen, pourrait contribuer à dénouer la crise. "Notre premier message doit être celui de l'amitié entre le peuple de France et le peuple" tunisien, "sans nous ériger en donneurs de leçons".
"LE MESSAGE DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE A ÉTÉ PRAGMATIQUE"
Jeudi 13 janvier, la veille du jour où tout bascule, Paris insiste de  nouveau sur son offre de coopération policière. Le Quai d'Orsay  souligne que "la France dispose d'un savoir-faire reconnu en matière  de maintien de l'ordre dans le respect de l'usage proportionné de la  force afin d'éviter des victimes". Le soir, à la télévision, M. Ben  Ali annonce un train de mesures : son renoncement à un nouveau mandat  présidentiel en 2014, la fin des tirs à balles réelles de la police, et  un rétablissement de la liberté de la presse.
Vendredi matin, sur instructions de l'Elysée, le Quai d'Orsay "note positivement" ces décisions "en faveur de l'ouverture politique et démocratique de la Tunisie". La France "encourage les autorités tunisiennes à poursuivre sur cette voie".  Mais tout s'accélère. Les autorités françaises se réfugient derrière  des communiqués succincts, sans le moindre commentaire sur le fait qu'un  dirigeant arabe vient pour la première fois d'être chassé par la foule.
Dans l'entourage de Mme Alliot-Marie, vendredi soir tard, on se défendait d'avoir fait preuve de myopie sur la crise tunisienne. "Le message de la diplomatie française a été pragmatique,Ce  n'est pas à la France de dire : Ben Ali doit partir. Nous avons voulu  aider la Tunisie à résoudre ses problèmes. Si les médias ont été  rouverts, ainsi qu'Internet, c'est peut-être grâce à nous. Nous avons  voulu aider le pouvoir à avancer dans la démocratisation. On a tenté de  faire cela." commente une source. 
Interrogée sur le contraste avec les positions françaises adoptées  sur l'Iran, où, en 2009, les grandes manifestations de l'opposition  avaient reçu le soutien appuyé de Nicolas Sarkozy, et où chaque action  répressive du pouvoir avait été dénoncée avec force par la diplomatie  française, cette source commente que les deux dossiers ne sont pas  comparables, car l'Iran représente une menace régionale, et qu'"avec la Tunisie, il y a des liens d'amitié et de coopération".
Natalie Nougayrède

 
 
IL NE MANQUE PLUS QUE LE PEN PERE ET FILLE SUR LA PHOTO
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