Douze ans de descente en enfer du PS héninois (9) : L'OPA dalongevilienne sur la 14e reste au stade du fantasme

LE 01/08/201 La Voix du Nord

L'affaire Babou va-t-elle décrédibiliser Gérard Dalongeville ou, ce dernier criant au complot, va-t-elle lui faire porter une couronne d'épines du martyr?

Albert Facon en mode «provoc» le temps d'une soirée électorale où les noms d'oiseau auront volé bas ! 

AA: on aurait pu, également, sous-titrer la photo ci-dessus: AF en compagnie d'un des ses admirateurs (néanmoins adversaire...) 


En ce 9 juin 2002, le PS joue en effet gros sur la 14e avec cet inattendu face-à-face Facon-Dalongeville. Après Darchicourt, l'impétueux maire d'Hénin se paiera-t-il le député ? D'autant que le maire d'Hénin y met les moyens. Dans son entourage, on multiplie les soutiens via une équipe de campagne qu'on annonce alors forte de 300 membres, le « pôle républicain » rassemblé sur Hénin (et qui ne durera que le temps d'un printemps) ayant réussi à rallier à lui quelques piliers de la vie associative héninoise. AA: à noter qu'après la défaite de Chevènement aux présidentielles (21 avril), Dalongeville ne s'est plus référé au nom "Pôle Républicain", tout en se réclamant toujours du Che.

Seule circonscription du Pas-de-Calais à vivre cette exception, la 14e voit également le PRG local bafouer les accords nationaux de soutien au PS pour se rallier au ticket Dalongeville-Rodriguès. À l'époque, autour de Jean-Marie Caléro, président de la fédération régionale, on retrouve déjà ceux qui seront, quelques années plus tard, des alliés de poids de Gérard Dalongeville dans sa stratégie de retour au PS, à savoir Jean-Marc Bouche (qui vient de reprendre la gérance du Cèdre bleu, cantine du maire, the place où toutes les affaires héninoises se finalisent autour d'un verre ou d'un bon repas), Olivier Vergnaud ou Jean-Pierre Chruszez. AA: ce dernier donc:
- passera de Darchicourt à Dalongeville en 2001;
- combattra Facon, le candidat du PS, en 2002; 
- reviendra au bercail socialiste, progressivement...
-soutiendra Dalongeville en 2008 (sera élu avec lui), jusqu'au bout;
- s'opposera  au PS dans les derniers jours de GD (avril 2009), en soutenant ce dernier, ce qui lui valut l'exclusion du parti; 
- avant de revenir au PS, il n'y a pas longtemps, marquant sa reconnaissance au parti par un livre contre Dalongeville...

Quant à Claude Chopin, le premier adjoint, (AA: et responsable du comité de soutien héninois du candidat Dalongeville) lors de la dernière semaine de campagne, publie un vibrant communiqué de presse rappelant sa qualité d'ancien responsable national socialiste (AA: sans trait d'union entre les 2 adjectifs...) pour expliquer combien Gérard Dalongeville « est un homme courageux et d'honneur  ». Un jugement de valeurs à propos duquel, dix ans plus tard, M. Chopin doit se mordre bien fort les lèvres... Rapidement dans la soirée, on comprend que l'OPA dalongevilienne sur la circonscription a « flopé ». Hormis Hénin-Beaumont où l'élu MRC pointe en tête (il faut se souvenir qu'à l'époque, Gérard Dalongeville avait fait grimper la base militante du mouvement chevènementiste à des hauteurs himalayennes, notamment en distribuant généreusement les cartes parmi le personnel municipal), seule la ville de Leforest (dont le maire, Michel Rodriguès, était suppléant) plébiscite le ticket dalongevillien.
AA: Résultats Hénin-Beaumont 1er tour 14ème circonscription:
- GD: 37,04%
- Briois: 18,11%
- Facon: 15,90%
(à noter qu'en 2012, le score du PS est resté peu ou prou le même...)


Albert face au fan club

Dans les fiefs PS ou PC, la gamelle est même spectaculaire avec moins de 5 % à Courrières, 2 % à Oignies, 3 % à Rouvroy et Méricourt. Avec 14,4 % des exprimés, le maire d'Hénin pointe donc en troisième place, loin derrière Albert Facon (AA: 26,2%)  et Steeve Briois (AA: 20%).


Une victoire qu'Albert Facon choisira de savourer sans réserve en allant, en ce dimanche soir électrique, carrément défier Gérard Dalongeville en salle des fêtes d'Hénin-Beaumont. Sûr de lui, avec le sourire goguenard de celui qui est partout chez lui, l'homme qui est bien parti pour rester député, doit alors faire face à un déluge d'insultes et de noms d'oiseau d'un fan club dalongevillien littéralement déchaîné par l'audace du Courriérois.

Dalongeville, lui même, vient en rajouter en déplorant, les yeux dans les yeux, le « manque de dignité et d'humilité du député  »... Lequel ne se laisse pas faire et mouche le maire d'Hénin, même si celui-ci, devant micros et caméras, vient d'appeler «  à voter sans réserve pour Albert Facon afin de faire barrage au FN ».

Un ralliement que le socialiste analyse à sa juste mesure, ravivant même des souvenirs de 1999-2000 : « Si Dalongeville appelle à voter pour moi, c'est contraint et forcé. Moi, je ne promets pas l'université ou le TGV à Hénin. Et puis, il a peut-être oublié ce que j'ai fait pour lui ... » (AA: on aimerait en savoir un peu plus que le fait d'avoir aidé GD à dézinguer Darchicourt...) Pas faux! Le second tour ne sera qu'une simple formalité pour Albert Facon, alors que Gérard Dalongeville sort de ce duel renforcé sur Hénin mais a priori affaibli au sein de la famille communautaire. Quant au PS héninois qui n'a pas réussi son opération-reconquête, il entre, lui, en véritable zone de turbulences.

PASCAL WALLART

AA: Je ne résiste pas à citer quelques "amabilités" entre les uns et les autres (retrouvées dans La Voix du Nord de l'époque), ainsi que certaines anecdotes qui prouvent l'imbroglio au sein du PS:

- pour les législatives, les sections PS désignent le duo Facon/Corbisez, alors qu'à la section d'HB, P. Darchicourt fait campagne pour Lecamus;

- Pascal Wallart écrit, le 24 avril,: "Après le gigantesque camouflet du 21 avril, la chape de silence étouffant les nombreuses dissensions et querelles d'hommes, au sein de la 14 ème circonscription, le PS finira bien par voler en éclat". Bien vu!
- à cette époque, on annonce que P. Darchicourt écrit un livre sur son parcours politique: il y parlera du temps où A. Facon était trésorier de la Fédération 62 du PS. Dommage qu'il ne soit jamais paru!
- le 11 mai (VDN 14/5), conférence de presse annonçant le ticket Dalongeville/Rodriguès. Entendu, ce soir-là, au sujet de Facon: "coupé de la population", "déconnexion avec la population", "donneur de leçons", "absence d'auto-critique","candidat d'un système que les gens rejettent"...
- Facon au sujet des 2 précédents (VDN 15 mai): "Je les connaissais menteurs, affabulateurs et avec un ego énorme, mais je ne les connaissais pas imposteurs"...
- Facon sur Dalongeville: "en 97, il avait fait campagne pour moi et, lorsqu'en 1999, il a remis sa démission à P.Darchicourt, c'est encore moi qui l'ai accueilli: il était en larmes à ce moment-là. Et maintenant ce monsieur du haut de ses 7% (score de Chevènement aux Présidentielles à HB) veut jouer les rassembleurs en déversant du fiel sur nous".
- JP Corbisez (suppléant de Facon) n'est pas en reste, envers celui qui allait devenir son grand copain (GD): " Pour tuer la gauche, ils sont prêts à tout"...
- 18/6: à l'issue du second tour des législatives qu'il a gagnées, A.Facon déclare que "la réconciliation est possible...mais pas avec tout le monde" (lisez: pas avec Dalongeville).