vendredi 20.05.2011 La Voix du Nord
Alors que, sur le coup de 21 heures 30, après une journée passée sur le grill, la lucidité de Gérard Dalongeville doit commencer à défaillir, voici qu'est mis sur la table un dossier accablant sur lequel nous allons nous arrêter quelque temps, avant de revenir aux explications du maire.
Il s'agit de celui d' I Clean et ISA, deux entreprises évoluant entre Luxembourg et Meurthe-et-Moselle, et ayant la même direction, l'une est spécialisée en nettoyage et l'autre en vidéo surveillance... Elles font entrer l'affaire dans une toute autre dimension... Tout commence en juillet 2008 lorsqu'un agent de maîtrise faisant fonction de responsable des services techniques depuis la mise au placard puis le départ du cadre précédemment en place, reçoit un texto pressant du maire. Il lui est demandé de téléphoner de toute urgence à la société de nettoyage I Clean pour « les rassurer » et « confirmer un rendez-vous ». Une première demande qui surprend le fonctionnaire puisque la Ville dispose déjà d'un service important de nettoyage et de matériel ad hoc. Quelques jours plus tard, le premier contact a lieu en mairie. Ce jour-là, la présence d'une Mercedes immatriculée au Luxembourg, stationnée devant l'hôtel de ville, étonne les passants. Dans le bureau de Gérard Dalongeville, le patron d'I Clean, à la stature imposante (un fonctionnaire parlera de silhouette caricaturale « avec ses lunettes de mafioso ! ») et sa gérante venus visiter l'Escapade, l'Espace Mitterrand et la cantine de l'école Darcy. Ce matin-là, le chef de service pilotant les deux invités comprend alors qu'un contrat de nettoyage a été passé concernant ces trois sites, à l'encontre de toute logique. Un contrat dont l'objet devient même risible lorsque le maire indique que le nettoyage de la salle Tételin y est inclus. Lorsque son chef de service lui objecte qu'après le sinistre que vient de vivre la salle Mitterrand, les assurances venaient de prendre en charge le nettoyage de cette salle, le maire demande tout simplement de trouver alors... n'importe quelle autre prestation. Ce sera donc la salle Pantigny ! Afin de ne pas heurter la susceptibilité de l'équipe municipale chargée du nettoyage, leur responsable leur indique qu'I Clean, qui doit bientôt implanter son siège à Hénin, viendra faire une prestation spécifique. En fait de prestation, la Ville se retrouvera avec une facture complètement fantaisiste, tant par l'estimation des surfaces nettoyées, que son intitulé prenant même en compte le nettoyage de Tételin qui n'aura jamais été fait. Une prestation bidon à tel point que, arrivée sur place, la gérante d'I Clean recrutera même du personnel intérimaire pour effectuer ce travail superfétatoire annoncé comme effectué avec du matériel hyper-perfomant alors que tous les témoins s'accorderont pour dire qu'il s'agissait en fait d'une seule machine complètement obsolète. Les témoignages de femmes de ménage de la Ville laissent même entendre que l'entreprise n'a pas hésité à utiliser des produits d'entretien de la Ville. Tout cela pour une facture (on rêve, on rêve !) de 39 412 E... pour un coût de prestation, qu'en audition, la gérante d'I Clean évaluera à 10 000 E. Une intervention que les enquêteurs taxeront rapidement d'alibi. Car il apparaît que cette curieuse affaire a été amenée de manière très nébuleuse par un ami du patron d'I Clean, un homme d'affaires luxembourgeois au passé trouble. Mis en relations avec le maire d'Hénin-Beaumont via un entrepreneur, ami de Guy Mollet (celui-là même qui s'était engagé à racheter la résidence de Léon), il avait de gros intérêts de voir son ami patron d'I Clean entrer en affaires avec Hénin-Beaumont. Le Luxembourgeois avouera plus tard été commissionné de plusieurs milliers d'Euros pour avoir apporté cette affaire... et ceci avant même que l'affaire ne soit signée avec la Ville d'Hénin. Et pour cause puisque cet homme, connu des services de police pour plusieurs affaires de faux et usage de faux, mis en cause dans l'affaire de corruption ayant éclaboussé Christian Poncelet (AA: serait-ce cette affaire dévoilée par le Canard Enchaîné en 2007 et mettant en cause cet ex-Président du Sénat, dont les relations avec un dénommé JC Bartoldi n'ont jamais été éclaircies?), a une énorme caution de remise en liberté à payer chaque mois. Mais l'affaire franco-luxembourgeoise ne s'arrête pas là!
(AA: toujours les mêmes réflexions: ceux qui savaient n'en ont jamais parlé; G. Mollet est toujours l'entremetteur; G.Dalongeville n'a-t-il commis ces détournements que pour lui-même?)
Et on voit bien ici le dilemme des agents territoriaux qui ont théoriquement le droit de ne pas obéir à des ordres illégaux mais qui en même temps craignent, à juste titre, de se mettre rapidement dans une situation professionnelle intenable en exerçant ce droit.
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