mercredi 3 juin 2015

Tête haute et mains propres ou tête basse et mains sales (1) ?

Financements du FN: le trésorier du parti chez les juges
03 JUIN 2015 |  PAR KARL LASKE ET MARINE TURCHI

Marine Le Pen ne pourra plus dire le contraire, le Front national est officiellement mis en cause dans une « affaire » de financement illicite. L’information judiciaire ouverte sur les relations entre le micro-parti de Marine Le Pen – Jeanne –, et l’agence de communication Riwal, dont les principaux responsables ont déjà été mis en examen, débouche désormais sur l'implication présumée de l'état-major du parti. Le trésorier du Front national, Wallerand de Saint-Just, ancien avocat, a été entendu et placé mercredi sous le statut de témoin assisté par les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi.
Le Front national pourrait pour sa part être poursuivi en tant que personne morale prochainement. Même si elle n’a de cesse de répéter que son parti n’a « rien à se reprocher » dans ce dossier, Marine Le Pen se gardera sans doute de venir le représenter au pôle financier du palais de justice de Paris. Mais il n'est pas exclu qu'elle soit elle aussi convoquée par les juges, en sa qualité de présidente du FN, et compte tenu de ses liens avec l'un des mis en examen, Frédéric Chatillon, le patron de Riwal. De source judiciaire, le montant des détournements est estimé à 10 millions d'euros sur le financement des campagnes présidentielle et législatives de 2012.
Depuis un an maintenant, les juges épluchent le dispositif électoral du Front national, articulé autour de l'association Jeanne et de l’agence Riwal. Ils ont procédé ces cinq derniers mois à huit mises en examen. Outre Frédéric Chatillon, Axel Loustau, trésorier de Jeanne et actionnaire de Riwal ; Olivier Duguet, trésorier de Jeanne entre 2011 et 2012 et associé de Chatillon ; Sighild Blanc, actionnaire de Riwal et proche de Chatillon ; Nicolas Crochet, commissaire aux comptes de Jeanne, conseiller économique de Marine Le Pen pendant la campagne. Récemment Jean-François Jalkh, le vice-président du FN en charge des questions juridiques et secrétaire général de Jeanne, a été mis en examen, ainsi que Jeanne et Riwal, en tant que personnes morales.
L'association Jeanne, fondée en 2010 pour assurer une autonomie financière à Marine Le Pen, est devenue la pièce maîtresse du dispositif électoral du Front national, offrant des « kits électoraux » fabriqués par Riwal et des prêts à un taux élevé aux candidats FN. Ce dispositif de financement a été confié à des proches de la présidente du FN, et notamment le cercle des anciens du GUD (Groupe Union Défense), après que l'imprimeur historique du Front national a été écarté.
Après un an d'enquête, les juges visent des faits de « faux et usage de faux », d'« escroquerie en bande organisée », d'« abus de biens sociaux », de « blanchiment en bande organisée » mais aussi de « financement illégal d’un parti politique et de campagne électorale » et d'« acceptation d’un financement provenant d’une personne morale ». 
A suivre : Décryptage de ces incriminations et du rôle des acteurs de cette affaire.

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