Si on compare la somme des connaissances dont nous pouvons disposer par rapport à celles dont disposait l'"honnête homme" de la Renaissance, il y a de quoi être stupéfait. Non seulement, nous avons à portée de main, toutes les informations, mais nous pouvons nous rendre compte, par nous-mêmes, de la situation dans telle ou telle région du monde, en nous y rendant, certes, mais également en surfant sur le Net. Pourquoi n'est-ce pas suffisant pour nous rendre sages? Pourquoi Erasme, Spinoza, Descartes ou encore Léonard de Vinci nous semblent avoir eu une meilleure vision de l'âme humaine et, partant de là, une vision du monde dont nous sommes admiratifs?
Vaste sujet, mais m'apparaissent au moins 2 raisons à notre frustration:
1- Notre regard est happé par le besoin d'instantanéité.
Il nous faut constamment être au courant de ce qui se passe dans le monde: nous suivons pas à pas les péripéties de la jeune Geneviève à Notre-Dame-des Landes, ainsi que l'avancée des rebelles à Bangui. Le mur financier ("la falaise") US a été abattu et nous avons suivi les négociations minute par minute..
A quoi cela sert-il? Un peu de recul nous ferait du bien pour analyser sereinement ce qui se passe. La décision du Conseil Constitutionnel sur la taxe à 75% a été brocardée avant même que nous n'en ayons connu les arguments...
Les chaines télévisées d'informations continues, les journaux numériques nous abreuvent d'informations, caduques quelques instants plus tard. Je me souviens que pendant des semaines nous étions "accros" à l'affaire DSK, et que peu de commentateurs faisaient état des conséquences politiques de l'arrestation du Président du FMI: seules les circonstances du rapport sexuel importaient, seules les sommes payées comme caution ou comme loyer intéressaient les medias et leurs lecteurs. Ces derniers jours, les infos étaient centrées sur Omar Sy, homme préféré des Français ou ce joueur de football brésilien recruté pour plus de 40 millions d'euros par le PSG, mais dont le sort pourrait rejoindre le dénommé Pastore, payé à peu près au même montant, au rayon des fiascos...
Qu'est-ce qui fait que nous sommes si attirés par l'immédiateté? La soif d'en savoir plus que les autres? Le besoin de sensationnel? L'impression d'être parmi les "happy few" qui savent? Et c'est cette soif que les médias essayent d'étancher, nous éloignant de plus en plus de l'essentiel...Je suis régulièrement surpris de voir que parmi les infos distillées par image, très peu apportent un plus...Le journaliste posté devant la permanence de l'UMP pour commenter les derniers évènements, en direct, du combat Copé/Fillon, ne sert à rien: c'est la dictature de l'image, sans intérêt la plupart du temps. Le journaliste radio joue souvent à ce jeu et il n'apporte pas plus...
Quel média saura nous informer afin de provoquer la réflexion?
2- Avons-nous conscience de la complexité de la connaissance?
Edgar Morin a exploré cette complexité et je ne saurais que vous conseiller de vous y référer.
Loin de moi l'idée de vous exposer cette théorie (j'en suis incapable)...Mais je souhaiterais mettre en avant 2 éléments:
- la nécessité de relier plusieurs informations pour en susciter une nouvelle. Cette dernière sera en relation avec son environnement et interagira, ce qui rendra le lecteur ou le spectateur plus intelligent (dans le sens de comprendre). A nous de relier les infos concernant DSK pour discerner la vraie info reliant les autres infos. Remarquez que nous pouvons réagir ainsi, mais le journaliste également. Il est vrai qu'aujourd'hui cette pensée complexe est de plus en plus complexe, mais c'est ce qui fera son authenticité...
- le tout n'est pas seulement la somme des parties qui le composent, il peut renouveler la pensée. Pour reprendre l'exemple de DSK, l'ensemble des éléments qui composent son histoire doit pouvoir déboucher sur des analyses dont nous n'avons pas toujours conscience: par exemple le fonctionnement du FMI (ainsi le choix des dirigeants) ou l'organisation de notre élection présidentielle (on frémit rétrospectivement sur ce que la campagne aurait pu donner si DSK avait été désigné par le PS!).
On voit bien que l'instantanéité fausse l'émergence de la pensée complexe...A nous d'y réfléchir!
NOUS QUI AVONS ACCÈS A ÉNORMÉMENT DE CONNAISSANCES GRACE A INTERNET NOTAMMENT, NOUS NE SAVONS TOUJOURS PAS QUEL DESTIN ET DESTINATION FUT RÉSERVE AUX ARCHIVES MUNICIPALES DE LA VILLE DE HENIN BEAUMONT? signé SR71.
RépondreSupprimerles conneries du jour ,tirées du livre “ le dictionnaire de Laurent Baffie “,ne pas confondre avec les binaissades quotidiennes.
RépondreSupprimerAMANT : ce que prend une femme quand son mari ne la prend plus.
AMITIE : amour sans pénétration.
MrAlpern
RépondreSupprimerLorsque l on se rend compte qu'un homme politique dans lequel on croyait, pour lequel on s'est battu ,se revèle, en fait,, être un menteur, un manipulateur, quelle attitude adopter?
Vous avez du rencontrer ce genre de situation lors de votre parcours personnel....
J'utiliserai un néologisme; en fait nous dé-pensons ( ce phénomène est très lié à notre société de consommation, la culture n'étant qu'un objet parmi d'autres).
RépondreSupprimerIl nous faudrait de larges tranches de temps mais aussi des lieux tranquilles pour que notre pensée se déplace ( la pensée c'est le mouvement, la hiérarchisation des infos, l'analyse systémique, le commun).
Nous sommes de plus en plus assujettis à la manipulation qui fait de nous un instrument de la machine ( ordinateur, télé, tel portable...). Nous sommes envahis , noyés sous le flot d'informations grandes et petites et notre pensée ne peut plus se déplacer, faire des liens et donc conceptualiser.
Nous n'avons plus le temps du pas de côté, du mouvement qui est celui de la pensée autonome.
" Nous avons vendu à Coca Cola le temps de cerveau disponible du public!" ( Patrick Le Lay, en voilà un qui pense, de manière cynique, mais qui pense...).
Pour Mr l'ANONYME de 8H59:
RépondreSupprimerIl en va de même pour l'amour, mais c'est beaucoup plus douloureux.
Je ne sais pas si j'ai pu vous consoler.
Je n'ai pas validé un certain nombre de messages concernant la même personne...
RépondreSupprimeret pourtant ,ce triste personnage ne vous épargne pas sur son blog.ou avez vous appris à tendre la joue sans rendre les coups.seriez vous ,vous aussi victime de la culture judéo-chrétienne qui permet aux loups (petit chaperon rouge ),aux ripoux,aux crocodiles, de bouffer tout cru,les agneaux ou les chévres,y compris celle de mr seguin.
RépondreSupprimerDaccord,Marie!
RépondreSupprimerMais le couple n engage qu'une personne, alors qu'en politique, c est toute une équipe qui est trompée!
Excellent article.
RépondreSupprimerMary 9h49:
Votre mot sur les "larges tranches de temps" me parait adéquat.
Prenons l'Histoire, avec un grand H.
Les historiens contemporains estiment qu'il faut aux hommes en moyenne 30 ans avant de pouvoir se pencher, en toute objectivité, sur un événement important, loin de la pression de la société, des courants de pensée. Soit une génération d'individus passant de l'état embryonnaire à la maturité.
Les grands conflits du XXe siècle ont été commentés et suivis dés le début, au jour le jour, par une armée (le mot n'est pas de trop) de journalistes, d'analystes, de spécialistes en ceci ou cela (certains étant propulsés là, pour combler plus un vide que pour nus expliquer, nous faire avancer).
Cependant, avec la vitesse de nos connexions ultra déployées (notre cerveau en lien avec le monde via de plus en plus d'appareils), cette durée tend à se réduire.
L'erreur que nous commetons tous est justement de ne pas "laisser le temps au temps".
La connaissance est un peu comme un fastueux repas : elle a besoin d'être longuement digérée pour en sortir quelque chose.
(Non, ça n'est pas de Coluche, quoique...)
Tom Jericho.
En réponse à Tom.
RépondreSupprimer"Les larges tranches de temps", belle expression de Rimbaud.
Ecoutez "Lo'Jo" / "Tout est fragile" qui aborde de manière poétique cette problématique, celle du temps.
Peut être est-ce la poésie qui nous sauvera?