J moins 1

3- Un scrutin anti-Sarkozy

De ce que l'on entend autour de soi, des sondages et des discussions, il apparait fortement que le second tour des élections sera l'occasion pour ceux qui vont s'exprimer, de manifester un anti-sarkozysme exacerbé.

Ainsi, l'électorat du Modem,  très souvent de droite modérée, irait, pour 1/3, rejoindre les voix de ceux qui voteront Hollande, à côté des 20 à 25% d'électeurs frontistes, pourtant, en principe, plus sensibles aux sirènes de la droite. Ces jours derniers, et je ne me leurre pas sur l'opportunisme de certains, des gens classés plutôt à gauche, mais qui avaient rejoint Sarko, ont déclaré soutenir Hollande (Hirsch, Amara, Lepage...). La famille Chirac (sauf Bernadette) manifeste également à haute voix son anti-sarkozysme, n'oubliant pas la trahison de Nicolas envers Jacques quand il choisit le camp Balladur, en 1995, ce qui lui valut quelques années de purgatoire...(Nous eussions, d'ailleurs, préféré qu'il fût expédié en enfer d'où, par définition, il est plus difficile de revenir...).

Pourquoi cet anti-sarkozisme?

- je ne reviendrai pas sur ce côté bling-bling qui en a agacé plus d'un, mais peut-être pas dans ses propres rangs;

- même chose ou presque pour sa grossièreté: "casse-toi pauv'con" entrera dans l'histoire, mais par la porte dérobée;

- le soutien éhonté aux plus riches avec le bouclier fiscal, venant après les caricatures en Ray-Ban et Rolex, et le Fouquet's suivi de l'épisode du yacht Bolloré, vint achever les quelques espoirs de ceux qui avaient cru que Sarkozy pouvait entendre les pauvres...

- ses rodomontades internationales (Géorgie, G8, UE, Afghanistan, etc) ruinèrent son crédit auprès des collègues étrangers;

- sa laïcité "positive" (le prêtre au-dessus de l'instituteur), sa paranoïa sur l'immigration (lui, fils d'immigré!), sa fixation sur la délinquance accélérèrent encore plus l'exaspération des Français;

- sa propension à faire légiférer au moindre fait divers, se contredisant même quelques fois, acheva chez beaucoup la confiance qu'ils plaçaient encore en lui;

- enfin la campagne électorale de ces derniers mois lui fit perdre beaucoup de ses soutiens: sa volonté de faire des coups fut éclatante. Il tenta d'exploiter au maximum l'actualité douloureuse, le summum étant la mise en scène d'arrestations de personnes présumées islamistes que l'on dut relacher, fautes d'éléments. De plus, il multiplia, quotidiennement, les promesses et annonces ciblées qui faisaient plus penser à un bateleur sur les foires qu'à un Président en campagne pour sa réélection. Enfin, le fait de ne pas vouloir évoquer son bilan, peu flatteur, il est vrai, prouva qu'il était plus dans une fuite en avant que dans la volonté de dessiner un projet pour la France (d'ailleurs il ne présenta son programme que le 5 avril...).

Le réveil sera douloureux pour lui...

4- L'échec écologiste

Mis à part le Front de Gauche, avec un programme écologique qui se tenait, aucun candidat n'a démontré qu'il prenait en considération les désastres écologiques et planétaires qui s'annoncent.

Bien sûr, la candidate EELV fut un cas à part. Les Verts ont mal joué de A jusqu'à Z. Je ne sais pas qui était le meilleur candidat entre E. Joly et N. Hulot. Mais les militants écologistes n'ont pas su faire la part des choses, entre l'attente des Français et les leurs. Eva Joly, probablement une candidate de qualité (par son histoire, son parcours professionnel, sa pugnacité) ne pouvait pas faire rêver les Français, en pleine crise économique où il est toujours difficile de faire passer l'intérêt général avant ses propres intérêts. Hulot, plus bateleur de talent, apprécié des Français, allait à l'encontre de l'image, que se font les militants de l'écologie, de leurs responsables: pas de personnalisation des leaders. Une fois désignée, Eva Joly n'a pas su parler le langage de vérité qu'attendent les Français. Sauf ces derniers jours et de suite les sondages ont (légèrement) frémi, mais il était bien trop tard...Entre-temps, d'ailleurs, des voix sont parties vers Mélenchon...La situation pourrait s'aggraver si les accords entre EELV et le PS n'étaient pas tenus, parce que les rares députés EELV qui échapperaient à la  catastrophe ne pourront faire entendre leur voix. Et qui porterait la nécessaire prise en compte de l'écologie? Le PS n'a pas su en profiter en 2008: pourtant Martine Aubry semblait prête à l'intégrer dans le programme du parti... Corinne Lepage pourrait-elle être ce déclencheur au sein du PS? Peu probable...Le Front de Gauche aura-t-il suffsamment d'influence? A voir...