Le modèle pour Mellick dans ces années de "communication entrepreneuriale" s'incarne dans la personne de Bernard Tapie : "BT et moi, nous nous comprenons car nous sommes tous deux des hommes de coup" et il pousse le mimétisme jusqu'à baptiser sa liste "Énergie Mellick" (législatives 1993) sur le modèle "Énergie Sud" à Marseille (Tapie, régionales 92). Dans un quatre-pages, JM va même jusqu'à diffuser un message invitant les électeurs à le joindre : "Allô, Jacques..?
Quand Mellick se rêve en "Robin des bois" urbain
JM s'est toujours vu en "visionnaire" de l'aménagement urbain, voulant faire de Béthune "une ville centre" pour concurrencer l'attractivité lilloise : délocalisation des Voies Navigables de France à Béthune, fusion avec Beuvry (AA : annulée 3 ans plus tard, le maire de Béthune et celui de Beuvry, l'ancien Président du Conseil régional, Noël Josèphe, condamné lors du scandale de l'ORCEP, avaient oublié de demander l'avis des Beuvrygeois...). Pour JM, "l'architecture est un outil du développement économique" ; malheureusement, les grands projets pharaoniques lancés lors de son dernier mandat (piscine, patinoire, marché ultramoderne, ...) avec le gratin de l'architecture mondiale se sont avérés des gouffres financiers.
JM se proclame "un redresseur de tort" des populations défavorisées, "un Robin du terrain urbain" : en 1987, il fait voler les stocks de blazers d'une entreprise béthunoise en dépôt de bilan. Fonds d'industrialisation du bassin minier, Schéma de cohérence territoriale de l'Artois (Smescota), Agence de l'Urbanisme, il se crée un ensemble d'obligés, de vassaux... La CRC dénonce les nombreux proches collaborateurs qu'il place au Sivom qu'il préside. De même la CRC épingle " le recrutement irrégulier par une société de presse de personnels mis à la disposition de la ville pour la rédaction d'un journal fabriqué par des employés communaux. Cette publication était très appréciée des entreprises souhaitant obtenir des marchés dans la ville...
Distribution de billets dans les cages d'immeubles HLM.
A Béthune, chaque mètre carré est quadrillé et notamment par l'intermédiaire du CCAS. JM "aime" tellement ses concitoyens que, lors de la campagne municipale de 1995, "du personnel avait été recruté temporairement par la commune pour tondre les pelouses, mettre un bout de grillage, rénover un trottoir..." Le message : "c'est grâce à Mellick". Explication de ce dernier : "quand on s'occupe des habitants, on fait reculer le FN". AA : c'est si vrai qu'en 1990 quand je suis revenu à Béthune après 18 ans d'absence et que je lui ai demandé pourquoi le FN faisait si peu de voix, il m'a répondu que c'était parce qu'il était là...Je dois avouer que, voyant ce que je vois à Hénin, je me demande s'il n'avait pas raison.
JM n'hésite pas à rappeler leur "devoir électoral" à ses administrés qui bénéficient d'une aide sociale...
Nombreux (dont moi-même) se souviennent des distributions de billets de 100 francs au Mont Liébaut ("la ZUP").
Les auteurs du livre décrivent une scène dans un bureau de vote où l'épouse de JM aurait accompagné une personne âgée dans l'isoloir. Accusation "médiocre" selon Mellick. AA : or, j'ai assisté à cette scène puisque...j'étais le président du bureau de vote et j'ai dû intervenir fermement en menaçant de ne pas enregistrer le vote de la personne ! En fait était en cause, non pas l'épouse, mais un des fils, Miguel...
Les auteurs rappellent également le coût exorbitant d'un socle en béton que la ville avait commandé pour une statue de F. Mitterrand (située face à la gare), socle d'un prix supérieur à la statue (!) et exécuté par un architecte belge qui intervenait beaucoup sur Béthune (avec talent, d'ailleurs) et qui avait travaillé sur l'extension d'un permis de construire de la résidence secondaire (luxueuse, selon les photos qui circulaient à Béthune) des Mellick dans le Var. AA : je connais bien ce dossier puisque c'est moi qui ai dénoncé ces faits en conseil municipal et ai été cité en diffamation par Mellick. L'affaire avait fait un certain bruit, notamment du fait de la notoriété des 2 ténors du barreau qui sont intervenus : Dupont-Moretti pour moi, Jean Descamps, ancien bâtonnier et figure respecté de Lille, avocat attitré du PS et avocat de la famille...Groseille (d'où fut tiré le film, "La vie est un long fleuve tranquille") pour Mellick. La présence de ce dernier avait également attiré la presse. Je fus relaxé et l'adversaire ne fit pas appel...
Jacques Mellick fils, ami personnel de DSK"
Les 2 fils, Jacques et Miguel, tous les 2 , ont beaucoup fait parler d'eux, sur le plan judiciaire.
Jacques Mellick junior qui a un fils, également prénommé Jacques (ce qui fait jaser sur la dynastie Mellick : Jacques I, Jacques II et Jacques III), eut les honneurs du Canard Enchaîné, en 1989, quand il obtint toutes les facilités, Papa étant ministre à l'époque, pour l'ouverture d'une pharmacie à Auchan Noyelles Godault... Jacques junior fut, dès la primaire PS de 2007, un soutien actif de DSK. Au cours de l'affaire dite du Carlton, son nom fut souvent cité, car il s'était rendu, à 2 reprises, à Washington, pour rencontrer celui qui était encore le directeur du FMI. Par contre, il ne fut pas mis en examen, sa participation aux "parties fines" n'ayant jamais été prouvée.
Miguel, l'autre fils, a vu son nom cité à plusieurs reprises, dans des affaires judiciaires : abus de bien sociaux (réparation de son avion avec l'argent de sa société) et une affaire de fausses vignettes de Sécurité sociale entraînant une amende, des dommages et intérêts à verser à la Caisse primaire et 6 mois d'interdiction d'exercer pour escroquerie à la SS.
Anecdote personnelle : Miguel était quasiment mon voisin à Béthune et je rencontrais souvent Evelyne Leclerc, avec qui il vécut quelque temps ("Tournez manège") idylle qui fit la une de nombreux magazines "people" que l'on s'arrachait en ville...
A suivre, notamment sur les étonnantes écoutes téléphoniques concernant JM, baron de Béthune.
DROIT ET FINANCES: L'abus de biens sociaux est un délit sanctionné d'une peine de 5 ans d'emprisonnement et d'une amende de 375 000 euros (aucune peine complémentaire n'est prévue). Cette sanction est applicable aux dirigeants (aussi bien de droit que de fait) ayant personnellement participé à la commission du délit. Le dirigeant ne peut pas se disculper même lorsqu'il a restitué à la société les biens détournés ou a indemnisé cette dernière de son préjudice. Contrairement au délit de banqueroute (considéré comme plus grave car caractérisé par l'état de cessation des paiements dans lequel se trouve l'entreprise), il n'existe pas de peine complémentaire sanctionnant l'abus de biens sociaux.
RépondreSupprimerDélai de prescription
Le délit d'abus de biens sociaux est prescrit à l'issue d'une durée de 3 ans. Le point de départ de ce délai court à compter du jour où l'abus est apparu. La Cour de Cassation (Cass. Com., 13 oct. 1999) a précisé qu'il convenait de retenir la date de présentation des comptes annuels lorsque ceux-ci font apparaître les dépenses indument mises à la charge de la société. En cas de dissimulation (manipulations comptables, fausses factures, ...), le point de départ du délai est reporté au jour où l'abus a été révélé.
signé: FRESCO
C'est un peu Dallas quand même ...
RépondreSupprimerVous m'avez incité à me procurer ce livre que j'ai dévoré en
RépondreSupprimerdeux jours.Je reste stupéfait par toutes les saloperies de
cette bande de voyous qui a été protégée par les hautes
sphères du pouvoir législatif et exécutif leur permettant ainsi
d'agir pendant plus de trente ans en toute quiétude.Ces
individus, comme leurs protecteurs, sont responsables du
fiasco social actuel et de la montée du FN dont ils se sont
servis comme fond de commerce pendant des années.
Ces deux journalistes ont réalisé un travail remarquable.
Lisez ce livre , vous ne serai pas déçu,et vous comprendrez
mieux le "système" mis en place par ces barons intéressés
et sans scrupules.
J'aurai ainsi rempli 2 objectifs :
Supprimer- intéresser à ce livre remarquable. Si, d'ailleurs, tous les lecteurs de ce blog se mettaient à dévorer ce livre, prévenez-moi, que j'arrête ces résumés qui sont longs à écrire...
- faire connaître la réalité de ce qui s'est passé. Et qui existe ailleurs avec d'autres partis politiques mais probablement moins bien développé(à ce sujet, nous savons que ceux qui n'exercent pas le pouvoir, aujourd'hui, n'auraient pas fait mieux, et peut-être même pire). Dénoncer est une chose, proposer et construire en est une autre. Nous aurons l'occasion d'y revenir, même si cela fait plusieurs années que nous en parlons ici. En particulier, nous manquons dans notre pays de contre-pouvoirs, à tous les niveaux.