Affaire Demarquilly/Parcolog2

Y a-t-il ou non prise illégale d'intérêt de Philippe Demarquilly sur le dossier Parcolog 2 ?

vendredi 11.03.2011, 05:13 - La Voix du Nord

 

Deux ans après, les mêmes affres pour un Philippe Demarquilly « malheureux comme une pierre » devant la justice béthunoise. Après l'affaire de suspicion de prise illégale d'intérêt qui l'avait vu sauvé par la prescription en juin 2009, les magistrats béthunois se sont cette fois-ci intéressés au dossier de Parcolog 2 instruit... à la suite d'une plainte du FN.

PAR PASCAL WALLART

Depuis deux ans, l'agriculteur beaumontois s'est réfugié dans le silence. La vie municipale, il ne le cachait pas hier, il ne veut surtout plus en entendre parler. Et a hâte que la page judiciaire se tourne définitivement et que les responsabilités de l'affaire héninoise soient établies, lui qui, bien qu'extérieur à l'affaire instruite par la juge Pair, a eu à faire face, l'été dernier, à de sérieuses menaces. Et ne s'en remet toujours pas... Hier, si les us et coutumes de la magistrature Dalongeville apparaissaient en toile de fond, c'était une autre dimension qui était jugée en Correctionnelle.

Avec une question posée avec insistance par la présidente, Sylvie Leman, et le procureur, Jean-Pierre Roy : sur le dossier Parcolog 2 et ses 81 000 m² de plate-forme logistique, l'adjoint au maire Demarquilly est-il ou non coupable de prise illégale d'intérêt sachant que nombre de terrains ont été vendus à sa famille ou à lui-même, le chiffre montant à 80 % en ce qui concerne les indemnités d'éviction (soit 390 000 E pour lui et environ 450 000 E pour sa famille) ? 

Au départ de la procédure, une plainte du frontiste Steeve Briois, suivie d'instructions orales du Parquet à la PJ... Et à l'arrivée une mise en accusation que ne comprend toujours pas Philippe Demarquilly. Ce que lui reproche la présidente ? C'est d'avoir eu un rôle actif dans le règlement d'un dossier pas simple puisque, campagne électorale oblige, les riverains refusant l'arrivée de cette plate-forme on se souvient, qu'en 2008, la Ville avait tenté de relocaliser le projet entre-temps passé de la CIRMAD à Generali de l'autre côté de l'A1... en tentant de rallier les agriculteurs propriétaires à leur cause, refusant désormais de vendre aux investisseurs, pour créer à la place une ZAC dont on sait qu'elle finira rapidement avortée. Un bras de fer qui tournera finalement à l'avantage de Generali doublant sa mise auprès des vendeurs et dopant les indemnités d'éviction. Argument financier qui fera céder les agriculteurs... « Vous saviez que votre famille était concernée par ces aliénations ! » a tempêté la présidente face à un Héninois désemparé, lâchant : « Mais que voulez-vous que je fasse ? Je n'avais pas de pouvoir de décision. Le permis de construire était conforme, je ne pouvais pas m'y opposer... Pareil pour mes terres, si j'avais refusé de vendre, j'aurais fini par être exproprié !

 » Et de reconnaître que, dans le mélange des genres qui lui est reproché, « j'ai manqué d'information et j'étais sans doute naïf ! ». « Ne vous êtes-vous pas intéressé de connaître les obligations d'un élu ?

 » s'entendra-t-il répondre en écho. D'autant que la présidente rappelle qu'en son temps le cabinet Orbicom, chargé de la révision du PLU, avait déjà mis en garde l'adjoint face à la multiplication des terrains appartenant à sa famille. Tout comme l'avait également fait une fonctionnaire héninoise de la DAUE dans le cadre d'un lotissement... Des mises en garde dont n'a pas le moindre souvenir M. Demarquilly expliquant, impavide, que s'il y a eu prise illégale d'intérêt, « c'est par ignorance » ! 

Potiche ou victime du syndrome héninois ?

vendredi 11.03.2011, 05:13 - La Voix du Nord

 

Implacable sera le procureur Jean-Pierre Roy face à une défense de Philippe Demarquilly ...

jugée comme « un peu légère ». Et le Ministère public de rappeler que « s'agissant d'Hénin-Beaumont, le législateur a matière à s'inquiéter et la Justice aussi... Même si M. Demarquilly n'est pas concerné par le dossier héninois, il a peut-être pris de mauvaises habitudes, tant la gestion communale d'Hénin-Beaumont n'est pas exempte de tout reproche ! ». L'occasion d'expliquer que l'élu, utile à la cause de son maire « car parfois désigné comme étant le roi de Beaumont... a été utilisé comme une potiche à qui on a demandé de signer des documents préparés par d'autres ». Dixit M. Roy, un élu se doit d'avoir « un minimum » de conscience « qu'il y a un certain nombre d'actes qui lui sont interdits ». En conséquence, il requiert contre M. Demarquilly une peine d'amende de 40 000 E assortie de 5 ans d'inéligibilité. Des arguments que balaiera d'abord Maître Fabien Savoye rappelant que « la base de cette affaire n'est pas un acte public mais un acte entre personnes privées ». Et de s'étonner qu'on puisse évoquer une prise illégale d'intérêt dans le cadre d'une délivrance de permis de construire : « C'est un pouvoir de compétences liées car si les règles d'urbanisme locales sont respectées, on n'a pas le choix !

 » Enfin, de son côté, Franck Berton dénoncera l'acharnement de la Justice contre son client (« parce qu'on l'a loupé une première fois, on veut l'avoir cette fois-ci ! »), persuadé que, dans ce cas, Hénin-Beaumont est associé à « présomption de culpabilité ». Et de rappeler, plaidant la relaxe de M. Demarquilly que « la seule casquette d'élu ne peut servir à caractériser le délit », expliquant encore et encore que « ces fameux terrains, qu'il le veuille ou non, il devait les vendre et n'avait pas le choix ! ». La décision est mise en délibéré au 14 avril.