Du monde à la salle des fêtes pour ce Conseil Municipal présidé par Eugène Binaisse.
Résumé: une majorité, pleine de bonnes intentions, mais complètement dépassée; un Front National (incolore sans Marine Le Pen), offensif et déclarant la guerre à la majorité...
1- Une majorité de bonne volonté, mais qui ne pèse pas lourd...
De bonne volonté, parce qu'elle nous a confirmé que l'assainissement financier est en cours, même si on peut encore se poser quelques questions: diminution de la masse salariale de 7%, mais qui va augmenter en 2010 (embauche de cadres); pas d'investissement, ni de maintenance, certes, mais c'est reculer pour mieux sauter; pas de diminution des impôts, sauf si les bases fiscales augmentent, etc...
Malheureusement, même dans la situation difficile dans laquelle se trouve Hénin, on n'attend pas seulement une gestion étriquée de la ville, mais aussi une vision de l'avenir. Je l'ai répété à maintes reprises, tant que nos édiles seront incapables de nous fixer leurs priorités (autres que financières) et leurs projets, on continuera de penser que la gestion imposée par le Préfet est la seule tâche qui les concerne. On a affaire à des boutiquiers plutôt qu'à des entrepreneurs, pour reprendre une expression tirée du monde économique.
Quelle vision de la ville à moyen et long terme? Quel espoir donner aux habitants? Quelle place dans l'intercommunalité? Quelle politique de participation des habitants? Quel sera le rôle du tramway à Hénin-Beaumont? Comment revivifier le centre ville? Etc...Toutes ces questions ont déjà été posées ici, sans aucune réponse...
Et, manifestement, nous n'en aurons jamais, car nos élus, malheureusement, sont incapables de se poser ces questions...Certes, on leur demandait de rétablir les comptes, mais on leur demandait aussi et surtout de faire de la politique.
Et tout cela parût évident lors du "Débat d'Orientation budgétaire" qui est l'occasion de réfléchir sur les grandes lignes du budget de l'année (présenté le 14 avril), et d'esquisser les budgets futurs.
Et à quoi avons-nous assisté? D'abord à la présentation d'une étude, réalisée par un cabinet, sur l'évolution des finances héninoises, sujet déjà bien traité par la Chambre Régionale des Comptes, et dont les constatations sont celles que nous connaissons: évolution de la masse salariale, des frais généraux, des investissements, de la dette...Et vous savez ce que nous a présenté ensuite E. Binaisse? La liste des travaux et achats de matériels auxquels il convient de procéder dans les prochaines années! Aucune prospective et toujours pas de projets! Comme l'a écrit quelqu'un, en commentaire, sur ce blog: pour faire cela, il suffisait de détacher quelques fonctionnaires d'Etat à Hénin, au lieu d'élire un Conseil Municipal...cela aurait coûté moins cher et cela aurait été plus efficace!
Sur la forme, on a remarqué plusieurs choses:
- l'absence de Daniel Duquenne: cela fait maintenant 6 mois qu'il a eu son malheureux accident et tout le monde se réjouit de le voir ici ou là, en ville. Mais, alors que dans les premières semaines, on nous annonçait son retour pour le mois suivant, et qu'ensuite on avait précisé qu'il reviendrait après l'été, le bruit courait qu'il présiderait la séance de ce samedi. En ce qui me concerne, je pense que le Maire ne reviendra pas, pour la simple raison que, s'il veut préserver sa santé, il ne doit pas se replonger dans cet univers impitoyable qu'est la vie politique (il suffit de lire la fatigue sur le visage d'E. Binaisse pour comprendre combien infernal est le rythme imposé). De plus, je pense que son retour ne changerait absolument rien au manque de vision de la majorité.
- d'ailleurs, le 1er adjoint s'est fondu dans la fonction de maire: combien de regards amusés quand il évoque "ses services" ou qu'il nous fait part de "sa vision, depuis son élection"...
- le manque de fermeté du même 1er adjoint (la courtoisie ne suffit pas, hélas!), quand M.Le Pen et S. Briois prenaient de force la parole, faisant fi de l'ordre du jour ou de ses suppliques de le laisser parler. A chaque fois, malgré quelques timides et courtoises tentatives de reprendre la main, il a laissé faire. Que dire également de son manque de réaction devant les écarts de langage et les gestes grossiers de S. Briois!
- en effet, le FN se croit maintenant tout permis: outre les grossièretés évoquées ci-dessus, et ce que l'on pourra lire, ci-dessous, la majorité s'est trouvée interloquée devant le changement de tactique du FN: comme je l'avais annoncé, mais beaucoup plus tôt que je ne le pensais, le FN a décidé de tomber à bras raccourcis sur les élus de l'AR. Évidemment, cette dernière pourra dire maintenant que les histoires de collaboration qu'on lui reprochait (à juste titre, comme on le lira plus bas) n'étaient que des vues de l'esprit. Malheureusement, la tempête risque d'être pire que la légère brise qui berçait les rapports consensuels entre opposition et majorité!
- l'attitude incroyable du DGS qui a coupé, à plusieurs reprises, de son propre chef, le micro de M. Le Pen! Non seulement le 1er adjoint est dépassé par les défis politiques, non seulement il n'arrive pas à gérer la séance, mais, de plus, il se fait déborder par son propre DGS! Il faut dire qu'à chaque fois que le micro était coupé, lui et le 3ème adjoint se disculpaient en montrant qu'ils n'y étaient pour rien, accusant ainsi le fonctionnaire...Ce dernier, ainsi désavoué par les adjoints, devrait démissionner pour marquer sa désapprobation devant le manque de soutien de ses élus... Du jamais vu!
- le courage de Caroline Troy, la seule à répliquer, vivement et sans détour, à MLP et SB!
- la démonstration ratée du 3ème adjoint, qui a voulu démonter, à juste titre et avec les bons arguments en mains, la démagogie du FN. Dommage, car l'occasion était bonne de répondre aux arguments de campagne du FN qui prétendait diminuer les frais de personnel de 14 millions en 4 ans! On n'ose imaginer quels moyens inavouables le FN aurait utilisé, s'il avait obtenu la majorité...
2- La déclaration de guerre du FN
Cela a commencé par: "Nous avons été gentils avec vous depuis 6 mois, mais maintenant...". "Il ne faut plus compter sur l'humanisme de l'opposition" (sic!). Un "nemo auditur propriam turpitudinem allegans" souleva une tempête de rires dans le public (allez savoir pourquoi on se moquait ainsi d'un conseiller municipal FN aussi lettré!), mais tout cela donnait bien le nouveau ton...sauf que S. Briois semblait bien mièvre dans ses critiques du compte administratif. Il dut se dire, avec l'arrivée de M Le Pen: "Enfin, Marine vint" (pour parodier Boileau: moi aussi j'ai des lettres!). En effet, après quelques minutes de présence, la juriste, fille de son père, mit à mal la prestation déjà chancelante du Président de séance, et si l'on était, quelques minutes auparavant, déjà désolé pour lui, on en vint rapidement à la pitié: trop courtois, pas politique pour un sou, mal entouré ou pas entouré du tout, il sombra devant les coups quelque fois justes, mais souvent de mauvaise foi de la députée européenne, pour qui la partie était plus facile que la veille au conseil régional. S.Briois qui s'était auparavant planté sur une soi-disante absence de documents qui étaient pourtant sur sa table (erreur dont personne ne profita!), empila les références aux relations suivies qu'il a entretenues avec G. Bouquillon: ( après que ce dernier l'ait invité, fort imprudemment, à venir le voir "pour en discuter, mon bureau est ouvert"): "quand on se voit entre nous, vous prenez acte", " rappelez-vous, on s'est rencontrés dans votre bureau", "on s'est régulièrement eus au téléphone"... Il savait que cela ne faisait que confirmer ce que tout le monde savait de leurs relations et il en profitait pour enfoncer un peu plus l'adjoint concerné...
Puis MLP ne lâcha plus le micro malgré les tentatives peu convaincantes d' E. Binaisse de le reprendre. Elle ne se priva pas d'appuyer sur l'incompétence de la majorité municipale avec les arguments maintes fois évoqués ici...J'avais pourtant prévenu (et je ne fus pas le seul) que le FN finirait par abandonner son visage amical pour s'acharner sur la majorité qui croyait, fermement et par faiblesse, en la loyauté de ce partenaire. Après une connivence de quelques années dans l'opposition, l'AR (ou tout au moins certains de ses leaders) pensait que sa pitoyable tactique était la bonne, malgré les critiques de tous les démocrates choqués... Ayant encore pactisé avec le FN pendant ces 8 premiers mois au pouvoir, le réveil de ce jour doit être difficile à digérer. Ce n'est pas faute de leur avoir pourtant dit qu'ils seraient les dindons de la farce!
Le FN a obtenu ce qu'il voulait: il a isolé l'AR, en la cajolant, puis, certain d'avoir la majorité de la population avec lui, il rejette maintenant celle qu'il a câlinée. Vous connaissez l'histoire du diable qui voulant séduire une jeune fille naïve, lui fait une cour effrénée, l'éloigne de sa famille et de ses amis qui la supplient de ne pas succomber aux avances démoniaques et après avoir obtenu ce qu'il souhaitait, la rejette; la jeune fille, abusée, ayant ainsi perdu son âme, haïe par ses parents et amis, fuit l'infamie..
Une page est tournée: les amours contre nature entre le FN et l'AR sont terminées. Quelle sera la page suivante? Séduite et abandonnée, la majorité pourra-t-elle retrouver sa virginité? Quel amant serait-il prêt à restaurer l'hymen perdu?
Je ne peux pas terminer ce compte-rendu sans vous faire part de mon inquiétude sur un sujet, hélas maintenant très souvent à la une de l'actualité. MLP a fini la séance en fustigeant les jeunes Roms qui, en centre ville, auraient une attitude agressive envers les personnes âgées et rayent les voitures de ceux qui ne leur donnent pas la pièce. Ma fenêtre donne sur la Place Carnot et j'observe régulièrement le manège de ces enfants: jamais je n'ai vu d'agressivité même si leurs demandes sont quelque fois un peu insistantes; jamais je n'ai vu de vandalisme sur les voitures! Et ce qui me désole, c'est que les élus de la majorité ont acquiescé, et aucun, je dis bien aucun, n'a eu une parole d'humanité face à ce drame qui met en cause des enfants! Est-ce ce que l'on appelle la lepénisation des esprits?
Il y a 3 mois, je me suis rendu, avec des associations, à la CAHC où nous avons rencontré Patrick Defrancq, Vice-Président, en charge du dossier. Nous avons proposé que la CAHC prenne l'initiative de réunir tous les partenaires, y compris l'Etat, responsable du dossier.
Malgré une relance auprès du Président Corbisez, aucune réponse n'a été obtenue!
Faudra-t-il passer à des actions plus énergiques? Quant à moi j'y suis prêt, car nous ne pouvons rester plus longtemps immobiles devant un tel problème humanitaire!