Avec l'aimable autorisation de La Voix du Nord, vous trouverez, une série de 2 articles qui ont plusieurs mérites:
- fournir des informations nouvelles sur ces 10 dernières années de descente aux enfers;
- rappeler que sous GD un régime "maffieux" s'est mis en place et que les fanfaronnades de l'ex- maire, aujourd'hui sorti de 7 mois de détention provisoire (!) sont surréalistes;
- précise bien la situation de GD: certes il est présumé innocent tant qu'il n'est pas jugé, mais cela ne signifie pas qu'il ne soit pas coupable, comme on essaye de nous le faire croire!
- évoque, bien que ce ne soit pas tout à fait le sujet, la carence (inaction aggravée par une absence totale et désespérante de communication) et la connivence stupéfiante avec le FN...
samedi 21.11.2009, 05:04 - PASCAL WALLART
L'HEURE DE LA REVANCHE
Au départ était un garçon débrouillard, débordant d'idées et d'empathie pour les gens... Après une prime jeunesse passée en Seine-Saint-Denis, le voilà, débarquant, adolescent, à Ervillers, tout près de Bapaume, où sa maman ouvre un café-restaurant dans l'ancienne boucherie familiale.
Le jeune Gérard Dalongeville y bout très vite de l'envie d'organiser la vie du village. À telle enseigne qu'en 1989, à peine âgé de 19 ans, l'étudiant en sciences éco intègre une liste aux municipales, sous la houlette d'un cousin, Barthélémy Bizart, afin de déboulonner le maire sortant.
Arborant déjà son célèbre collier de barbe, le jeune Dalongeville se lance alors à corps perdu dans sa délégation au sport. Ce sont là, officiellement, ses premiers pas dans la vie politique même si, quelques années plus tard, M. Dalongeville s'inventera, au fil des entretiens, une carte au PS dès l'âge de 16 ans ou une participation en 1988 aux cantonales, sous l'étiquette socialiste face à un lieutenant de Jean-Paul Delevoye. Duel qui n'a existé que dans ses rêves... En revanche, ce qui est alors bien réel, c'est que l'étudiant crève d'envie de se frotter aux réalités de la vie politique à une autre échelle que celle de son village. Son souhait est tout simplement de vendre son talent à un politique assez puissant, de gauche de préférence, et de grandir dans son ombre.
Ce qui motive le Bapalmois à quitter sa contrée bucolique pour s'attaquer à la capitale lilloise, là où tous les pouvoirs sont concentrés.
Notre homme prend alors en ligne de mire le conseil régional, où il a déjà effectué un stage d'été. Faisant preuve de trésors de diplomatie et de charme, l'étudiant assiège les secrétaires de trois vice-présidents emblématiques du PS dans le Nord - Pas-de-Calais : Daniel Percheron, Serge Janquin et Umberto Battist. « Il discutait tout le temps avec nous, nous apportait des roses et l'on sentait bien qu'il avait une fascination pour Daniel Percheron qu'il voulait à tout prix rencontrer », raconte l'une d'entre elles.
L'étudiant crève d'envie de se frotter aux réalités de la vie politique
L'homme se fait tellement insistant que l'élu liévinois finit par le recevoir. Ne pouvant lui fournir d'emploi, il l'aiguille alors vers un jeune et brillant maire qui vient d'être élu à Hénin-Beaumont. « Va voir Pierre Darchicourt de ma part ! », confie-t-il à l'apprenti Rastignac, qui ne se fait pas prier pour frapper à la porte de celui qui, à Hénin-Beaumont, a su mettre ses pas dans ceux du « monument » Jacques Piette et vient également d'être nommé vice-président à la Région.
La recommandation de Percheron fait mouche puisque le maire d'Hénin-Beaumont trouve illico presto un poste au jeune homme au sein d'une société d'économie mixte. Zélé et cherchant vite à se rendre indispensable, Gérard Dalongeville n'y fera pas de vieux os, se retrouvant rapidement propulsé au cabinet du maire, alors dirigé par l'efficace Anne de Coupigny.
Dès son arrivée au cabinet Darchicourt, l'enfant d'Ervillers commence à mettre au point la stratégie qui lui assurera un succès foudroyant. Déployant des tonnes d'empathie pour les uns, de petites attentions pour les autres, l'attaché de cabinet focalise toutes les attentions et tire dans l'ombre les ficelles d'un jeu cruel dont la directrice de cabinet de Pierre Darchicourt fera rapidement les frais.
La place est alors libre pour la première heure de gloire de Gérard Dalongeville, « dircab » fourbe et mielleux pour les uns, efficace et disponible pour les autres. Un personnage qui ne laisse guère indifférent mais révèle déjà les zones d'ombre qui feront du futur maire d'Hénin-Beaumont une personnalité sulfureuse. Avec un goût prononcé pour l'intrigue, le mensonge, la manipulation, tout cela enrobé dans une bonhomie, un indéniable savoir-faire relationnel et un constant sourire enjôleur.
On commence à le dire futur dauphin de Darchicourt lorsque, début 1999, tout bascule. Le maire passe une soufflante magistrale à son « dircab » qui a poussé le bouchon un peu trop loin en jonglant sans modération avec des bons de commande. Une irrégularité que le directeur général des services, ayant Dalongeville dans le collimateur, s'était empressé de dénoncer à Pierre Darchicourt.
Une nouvelle ville est en marche, promet son slogan. Mais à quel prix
Vexé d'avoir été pris la main dans la confiture, Dalongeville donne alors sa démission, espérant secrètement être rattrapé par le fond de la culotte. Il ne le sera pas. À compter de ce jour, il n'aura qu'une obsession : déloger Darchicourt de son fauteuil et devenir calife à la place du calife. Pour ce faire, tous les moyens seront bons, y compris la mise en connexion de tous les ennemis du maire d'Hénin-Beaumont. La rébellion de Dalongeville sera l'occasion rêvée pour le maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, et le futur président de Région, Daniel Percheron, de se débarrasser d'un Darchicourt véritable desperado refusant de se plier aux exigences de la fédération du PS, qui venait de briser l'occasion unique de créer une communauté urbaine réunissant Lens-Liévin et Hénin-Carvin.
Gérard Dalongeville se réfugie sous l'aile protectrice du puissant édile liévinois qui lui trouve un job au conseil supérieur de l'électricité et du gaz où il est missionné. Au contact du cacique, Gérard Dalongeville apprend mille et une ficelles... qu'il n'oubliera jamais.
Début 2000, il se déclare officiellement candidat contre Darchicourt. Le PS feint alors de l'exclure, même si la sanction ne sera jamais officiellement entérinée, et regarde finalement le fier Pierre Darchicourt tomber sous les coups nourris de son ex-poulain sachant mettre le doigt où ça fait mal. En créant un front uni anti-Darchicourt et promettant aux Héninois des lendemains rieurs, Gérard Dalongeville s'empare sans coup férir de la mairie d'Hénin-Beaumont. Une nouvelle ville est en marche, promet son slogan. Mais à quel prix... Les clés de l'hôtel de ville d'Hénin-Beaumont en main, le nouveau maire se concentre sur une priorité : assurer ses arrières puisqu'après six mois à la mission gaz-électricité, il a dû lâcher son job de commercial au sein de l'agence Marianne Communication.
Devenant de droit président de la SAEMIC, gérant un important patrimoine immobilier, il envisage alors de salarier cette fonction. Un tour de passe-passe qui ne peut s'effectuer que si le conseil d'administration donne son feu vert... ainsi que le conseil municipal. Il refusera cette double humiliation.
Très vite, une rencontre va faire basculer sa vie. Au coeur de l'été 2001, Fréquence Nord parraine une tournée qui a été déléguée à un certain Guy Mollet, un « faiseur » d'affaires à la sulfureuse réputation usée essentiellement dans le milieu cycliste. Du Groupement au CC Wasquehal en passant par le Grand Prix d'Isbergues, notre homme, roué comme pas un, madré et possédant un carnet d'adresses épais comme un Bottin, est aussi connu que redouté.
Un profil de roublard sympathique, toujours prêt à monter une affaire ou recommander une combine sur le fil du rasoir, qui fascine le nouveau maire d'Hénin-Beaumont. Mais il faudra attendre une année pour qu'un « deal » finisse par les unir. Mollet reprend en main un hebdo gratuit, Hénin Info, le métamorphosant en Journal du pays, bras armé de la propagande dalongevilienne et de premières petites affaires en famille. Le contrat est simple, Dalongeville déléguant au JDP la communication municipale au rythme de plus de 14 000 euros par mois... Un passage « publicitaire » quasi obligatoire pour les entreprises travaillant régulièrement pour la ville. Dalongeville, quant à lui, endosse dans l'ombre le rôle de rédac'chef de l'hebdomadaire dont il relit à la loupe chaque épreuve. le « la » pour les premières relations entre Gérard Dalongeville et les entreprises amenées à travailler pour Hénin-Beaumont, contacts scellés via des accords déroutants. C'est ainsi que, petit à petit, disparaîtront curieusement du patrimoine communal toute une série de matériels... que l'on retrouvera parfois loués à la ville à des tarifs prohibitifs. Ce sera le cas pour une balayeuse, un pont lumineux... Entre la ville et certaines entreprises frappant à la porte, le contrat de confiance est pour le moins particulier, se réglant très souvent en toute discrétion lors d'une rencontre avec l'adjoint aux finances, avant qu'un autre élu n'entre dans la danse. Dans un premier temps, les « deals » sont passés directement à l'hôtel de ville avec une partie officiellement réglée s'accompagnant d'un droit d'entrée en liquide qui prenait la direction du coffre-fort majoral.