Le Président de la République, tout en s'en défendant, comme ce lundi, s'est bien lancé dans la course aux présidentielles.
Sa tactique électorale est une: être le seul candidat de la droite. On voit bien, dans les sondages, que c'est, effectivement, la seule chance qu'il ait de s'en sortir. En effet, il émerge très loin derrière les candidats socialistes les mieux placés (Hollande, Aubry), quand on mesure l'audience de Borloo et Villepin. Mais il n'est pas sûr que la non-candidature de l'ex-maire de Valenciennes et de l'ex-premier ministre draine leurs voix vers NS. Bayrou, notamment, mais aussi Hulot et Hollande s'ils emportent les primaires dans leurs partis respectifs, peuvent être les réceptacles de ces voix orphelines.
Mais sa stratégie, à l’œuvre depuis quelques mois, en vue de l'éventuel renouvellement de son mandat est triple:
1- Elle est démagogique, comme l'est souvent une campagne électorale. Mais ici elle surprend parce qu'elle est grossière et aux antipodes de ce qui a été fait ou dit jusqu'à présent. 3 exemples:
- la critique (par Copé et Jacob interposés) de la primaire du PS, primaire qui met en avant, dès maintenant, la démarche démultiplicatrice de communication des différents candidats socialistes pour celui qui sera désigné. Mettre en avant le fait que cette primaire permet au PS de se constituer un fichier ne dupera personne, puisque le parti de M. Aubry a pris toutes les précautions et notamment les avis autorisés de la CNIL, de la Commission des comptes de campagne et même du...Ministre de l'Intérieur! Attaque désespérée, dirons-nous, et peu crédible...
- le bilan du grand emprunt (ce lundi, lors d'une conférence de presse) ne leurre personne, car pour l'instant ce sont des intentions...à traduire (voir, par exemple, le tramway entre Lens et Hénin qui tombe à l'eau, et dont il faudra réaffecter la subvention de 57 millions).
- la suppression du bouclier fiscal, le "grand œuvre" du mandat, mais qui plombait trop la crédibilité du mandat. D'autant plus que cette suppression est presque annulée par la diminution des taux de l'ISF et l'augmentation des montants des seuils déclencheurs, ce qui exonérera la bagatelle de 300 000 personnes, assujetties jusqu'à présent. La manœuvre grossière permet de confirmer que Sarkozy est bien le Président des privilégiés...
On pourrait multiplier les exemples de ces assertions mensongères ou ces tristes rodomontades : pas de fermeture de classe en 2012 ou retrait des troupes françaises d'Afghanistan à la remorque d'Obama...
2- Les déclarations et décisions ne masquent plus qu'elles sont purement du débauchage de voix attirées par le FN. Encore une fois, c'est tellement gros que ce n'est même pas crédible et qu'on en rirait si ce n'était aussi dramatique. Les exemples récents sont dans toutes les têtes:
- La binationalité: certes, Marine Le Pen, nommément, vise les Maghrébins. Sarkozy ne s'embarrasse pas de fioritures: ce sont tous les binationaux qui sont dans le collimateur. D'autant plus ridicule que beaucoup de ceux-là vivent à l'étranger et sont (étaient) un vivier de voix pour le Président actuel. On n'a pas de statistiques, mais il est fort probable qu'ils soient des millions. C'est une richesse pour la France que d'avoir des Français pétris de 2 cultures, souvent par la force des choses ou par les circonstances de la vie (mes 2 enfants, vivant à l'étranger et ayant la nationalité de leur mère, veulent rester Français parce qu'ils sont très attachés à leur culture, en grande partie française).
- je n'insisterai pas sur l'affront que l'INSEE vient d'apporter au sinistre (pardon, je voulais dire: ministre!) Guéant qui avait inventé, contre toute évidence (même M Le Pen ne s'était pas encore permis une telle niaiserie) que les enfants d'émigrés réussissaient moins bien que les autres enfants! Et non, c'est faux vient de déclarer l'Institut...
3- Les décisions "bulldozers": tellement surprenantes que lorsque le gouvernement ou le Président, en fait, se rend compte que cela ne passe pas, on revient plus ou moins en arrière, en tentant de ne pas perdre la face. Mais cela est toujours préjudiciable: si on était pour, on ne comprend pas la volte-face; si on était contre, on a confirmation du peu de sérieux apporté aux prises de décision...
Ce fut le cas, récemment, avec la suppression annoncée des panneaux avertisseurs de la présence de radars...La pagaïe, les tergiversations ont fait qu'aujourd'hui encore, on ne sait toujours pas quelle est la mesure finalement décidée!
Après la réforme des retraites menée à la hussarde, on commence à assister aujourd'hui à quelques coups de canifs dans la loi adoptée: les routiers, aujourd'hui, sont en passe d'obtenir quelques assouplissements (il est vrai que la perspective de blocage des routes des vacances a fait réfléchir le Président). A qui le tour, demain?
Voilà donc les incohérences auxquelles se livre un homme qui a en main les destinées de la France...
croyez-vous vraiment que les Français aient envie de renouveler son mandat?