La Voix du Nord 18/6/2012 Edition Hénin-Beaumont
Victoire de Marine Le Pen face au député sortant
Ce que tout le monde pressentait depuis quelque temps et que le premier tour de dimanche dernier annonçait comme inéluctable: Marine Le Pen, dans la foulée de ses résultats aux Présidentielles, bat très largement le député sortant, Albert Facon.
Résultats 11ème circonscription (ancienne 14ème circonscription):
Inscrits: 131 345
Votants: 92 585 (70,49%)
Nuls/Blancs: 1860
Exprimés: 90725
M. Le Pen: 54,87% (2007: 41,65)
A. Facon: 46,13% (2007: 58,35%)
Rappel 1er tour (entre parenthèses: rappel 2007)
M. Le Pen (FN): 37,04 (24,47)
A.Facon (PS/PRG/MRC): 21,37 (28,24)
D.Watrin (FDG): 12,27 (11,49)
Ramdani (UMP): 10,01 (12,95)
J. Urbaniak (Modem): 7,83 (13,24)
R.Calzia (EELV) 5,14 (1,83)
Autres candidats: 6,34 (7,79)
Ainsi le FN aura un député et c'est la nouvelle 11ème circonscription où elle a largement battu A. Facon, le député sortant, qui enverra Madame Le Pen à l'Assemblée Nationale. Elle a battu le candidat sortant dans toutes les villes, sauf à Oignies, Courrières et Carvin. A Hénin-Beaumont, devenue son fief, elle a même réalisé près de 60%!
Tous les observateurs avaient prévu ce véritable séisme, en dépit de la victoire de Strauss-Kahn, aux Présidentielles, le 6 mai dernier. En effet, le nouveau Président de la République avait assez largement battu la même Marine Le Pen (67% contre 33%). Sur le territoire de la 11ème circonscription, la candidate FN avait obtenu 42% des voix au second tour. Mais les scandales des derniers mois impliquant des élus socialistes (Adevia, CFR, Soginorpa, Epinorpa...), le rejet du député sortant, la gestion plus que contestée de la ville la plus importante de la circonscription (Hénin-Beaumont), tout cela avait laissé des traces, dès le premier tour de ces législatives: l'écart s'amplifia même au second, puisque le candidat socialiste n'améliore, finalement, son score que de 25 points sur un potentiel "républicain" de 63 points!
Outre ces griefs, les autres candidats du premier tour tiraient à boulets rouges sur le PS, l'accusant d'avoir soutenu abusivement G. Dalongeville à Hénin-Beaumont, d'avoir désigné un candidat dont tout le monde connaissait la mauvaise réputation et de ne pas avoir tiré les leçons de la montée régulière du FN par une stratégie cohérente...
De nombreux socialistes déclaraient, perfides et amers, que le PS avait désigné le seul candidat qui pouvait perdre face à Marine Le Pen!
La 1ère Secrétaire Fédérale du PS, Catherine Génisson, fustigeait les socialistes qui avaient joué contre A. Facon. Pas loin d'elle, sans se gêner, de nombreux camarades promettaient de lui demander des comptes et certains allaient même jusqu'à exiger sa démission immédiate. Il est vrai que la sénatrice avait soutenu énergiquement A. Facon, malgré les nombreux avertissements prévoyant une probable défaite...Mais, répondait-elle, invariablement, vous verrez, le député sortant bénéficiera de la victoire de DSK aux Présidentielles...Effectivement, on a vu!
Le candidat UMP, qui avait réussi à faire l'unanimité sur son nom (contrairement aux Présidentielles, où l'élimination de N. Sarkozy, lors du 1er tour, fut la conséquence des multiples candidatures de droite et du centre), était très déçu. Il estimait qu'un certain nombre de ses électeurs avait voté Le Pen, ce dernier dimanche, "préférant la peste au choléra".
Déçu aussi, Jean Urbaniak, qui espérait être le troisième larron et qui déclarait au soir du 1er tour: "C'était inscrit dans les agissements, du PS et de l'UMP, ces dernières années ".
Les communistes avaient, eux aussi, la dent dure contre le PS dont les méthodes, martelaient-ils, étaient la raison essentielle de ce désastre.
Les Verts, malgré un résultat meilleur qu'en 2007, n'avaient pas de mots assez durs pour Albert Facon qu'ils accusaient d'avoir nourri le vote FN.
Sur toutes les lèvres non frontistes (mais allez savoir qui n'a pas voté FN!) revenaient les mêmes questions:
- comment gérer les relations avec la nouvelle députée?
- comment éviter que des villes ne tombent entre les mains du parti lepéniste en 2014?
- est-il encore possible de sauver Hénin-Beaumont, là où tout avait commencé? Un commentateur habituel de la vie politique héninoise disait: "il faut dès maintenant préparer les élections municipales de...2020 pour reprendre la ville au FN...Sans commentaire!