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mardi 23 mai 2017

Pourquoi le pouvoir a toujours miné le Parti socialiste (3/3)

Le Monde 18/5

Qu’appelle-t-on la « troisième voie » ?
Théorisée par le sociologue et philosophe britannique Anthony Giddens, la « troisième voie » vise à créer une philosophie politique et économique à mi-chemin entre la social-démocratie et le libéralisme. Elle a été lancée en Amérique par Bill Clinton [président des Etats-Unis de 1993 à 2001] et en Europe par Tony Blair [premier ministre du Royaume-Uni de 1997 à 2007], puis reprise par le social-démocrate Gerhard Schröder [chancelier fédéral d’Allemagne de 1998 à 2005].
L’idée est la suivante : le capitalisme a changé, on ne peut pas ignorer la mondialisation, elle crée des inégalités mais elle fournit aussi d’énormes opportunités. Autrement dit : il faut se réconcilier avec une forme de libéralisme, et donner leurs chances non plus à des catégories sociales mais à des individus.
D’où l’importance de l’éducation et de la formation – grand thème de Tony Blair dans les années 1990 –, seules à même de répartir au mieux ces opportunités en aidant les catégories les plus faibles. Lesquelles ne sont plus seulement les classes populaires, mais aussi des classes moyennes émergentes malmenées par la mondialisation.
Cette évolution a déclenché l’un des grands débats de l’histoire du socialisme européen, peut-être le plus grand depuis celui entre Bernstein et Kautsky.
Car elle a de multiples conséquences sur le paysage politique : l’affrontement gauche-droite s’estompe au profit d’un clivage entre progressistes et conservateurs ; le centre gauche devient le dépositaire d’une forme d’optimisme ; le rôle de l’Etat s’amenuise ; les droits sociaux s’accompagnent de devoirs et de responsabilité individuelle… Tous ces éléments ont secoué fortement tous les partis socialistes et sociaux-démocrates. La majorité d’entre eux se sont reconnus dans cette proposition – à l’exception notable du parti d’Epinay.

Pourquoi cette résistance au changement du PS français ?
Parce que cette troisième voie emprunte beaucoup au libéralisme, et que ce « social-libéralisme » ne passe pas dans la gauche française – du moins officiellement. Car, en réalité, lorsqu’ils sont au pouvoir, les socialistes français tentent eux aussi de mener cette politique. Mais ils ne le disent pas : ils sont à nouveau dans une forme de réformisme honteux.
En premier lieu pour des raisons historiques : à la fin des années 1990, alors que le débat fait rage au sein des social-démocraties européennes, le gouvernement Jospin, au pouvoir de 1997 à 2002, est soutenu par une gauche plurielle rassemblant notamment le Parti communiste français (PCF) et Les Verts. Tactiquement, pas question, donc, d’aller dans cette direction.
Pour des raisons culturelles, ensuite : au sein de la gauche française, la troisième voie est perçue comme un libéralisme uniquement économique. Or, si le PS est progressiste en termes de libéralisme culturel (défense des libertés individuelles), il est nettement moins à l’aise avec le libéralisme économique. Nous avons en effet une culture étatique très importante héritée de notre histoire monarchique.
« La troisième voie suppose de s’affranchir du clivage gauche-droite, ce qui est inadmissible pour l’ensemble de la classe politique française »
Enfin, la troisième voie suppose de s’affranchir du clivage gauche-droite, ce qui est inadmissible pour l’ensemble de la classe politique française. C’est en effet la France qui a inventé ce clivage, selon la position géographique prise par les différents partis politiques dans l’Assemblée constituante de 1789 ! C’est la division suprême, la summa divisio dont parlait l’historien René Rémond, celle qui structure les mentalités, les cultures et les comportements politiques.
Et cette division a encore été renforcée sous la Ve République par la loi électorale du scrutin majoritaire à deux tours : même si le clivage entre gauche et droite est de plus en plus difficile à comprendre sur les questions économiques, il revient en force au moment de l’élection. C’est ce que perturbe aujourd’hui Emmanuel Macron.
Quel résultat a donné cette troisième voie dans les pays qui l’ont suivie ?
Tous les tenants du social-libéralisme le savent aujourd’hui : la troisième voie n’est pas la solution miracle. Certes, elle réduit le taux de chômage dans la plupart des pays qui l’ont suivie. Mais au prix d’un creusement des inégalités, qui s’est encore accentué depuis la crise financière de 2008.
Résultat : non seulement ces politiques sont aujourd’hui contestées, mais elles ne garantissent plus la victoire des partis qui les portent – en Italie, le mouvement démocrate de Matteo Renzi est ainsi sévèrement concurrencé par le Mouvement 5 Etoiles.
La mondialisation nous plonge dans une phase historique de bouleversement, et toute la gauche européenne est en crise. Le problème n’est donc pas propre à la France. Mais plus encore que les autres partis social-démocrates, le PS, du fait de sa résistance au changement, souffre d’une faiblesse d’élaboration intellectuelle et de travail théorique. Aujourd’hui, c’est peut-être ce qui pèse le plus sur sa survie.

Quel avenir peut-on prédire au PS français ?
Le PS est dans une situation gravissime. ­Depuis le congrès d’Epinay, au cours duquel François Mitterrand, en 1971, a pris le contrôle du tout nouveau PS, sa grande force a été de parvenir à rassembler des sensibilités différentes autour d’un projet.
Or, la machine vient d’exploser en vol. Le quinquennat de François Hollande a mis au jour qu’il y avait peut-être en effet, comme le disait ­Manuel Valls, des gauches « irréconciliables ».
La gauche française peut aujourd’hui être comparée à un champ magnétique à deux pôles : le pôle Mélenchon et le pôle Macron. Ecartelé entre ces deux forces contraires, le PS voit son centre se fragiliser, alors qu’il s’agit justement d’un parti gouverné au centre.

Se sortira-t-il de cette crise ? S’il doit continuer d’exister, il lui faudra tout refonder : ses bases, son identité, sa stratégie. Il lui faudra surtout faire un devoir d’inventaire de son exercice du pouvoir, en remontant jusqu’en 1981. Après le quinquennat qu’ils viennent de vivre, les socialistes ne peuvent plus éviter cet examen de conscience. Moyennant quoi ils parviendront peut-être, pour certains d’entre eux, à « garder la vieille maison ».


lundi 22 mai 2017

Pourquoi le pouvoir a toujours miné le Parti socialiste (2/3)

Le Monde 18/5

La culture marxiste est-elle encore présente au sein du PS et, plus globalement, dans les partis européens d’inspiration socialiste ?
Force d’opposition ou force de gouvernement, parti de rupture ou exercice du pouvoir : loin d’être propre à la France, cette tension n’a cessé de travailler les partis socialistes européens. Et elle plonge ses racines, en effet, dans la théorie de Marx et Engels : crise inéluctable du capitalisme, rôle prééminent de la classe ouvrière, rupture révolutionnaire.
A la fin du XIXe siècle, les premiers sociaux-démocrates s’en réclament. Le parti modèle est alors le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), que les socialistes de toute l’Europe viennent visiter : un parti puissant, organisé autour de la classe ouvrière, qui ne parvient pas au pouvoir dans l’Allemagne bismarckienne autoritaire mais qui n’en joue pas moins un rôle sociétal et théorique important.
Au milieu des années 1890 survient au SPD un premier grand débat, que l’on appellera la « querelle révisionniste ». Elle oppose deux hommes politiques et théoriciens, Eduard Bernstein et Karl Kautsky. Bernstein estime qu’un certain nombre de prédictions énoncées par Marx sur l’évolution du capitalisme ne se vérifient pas : il faut donc, selon lui, abandonner l’idée révolutionnaire et se diriger vers une logique plus réformiste. Face à lui, Kautsky défend le dogme marxiste et l’idéal révolutionnaire. Le débat sera officiellement tranché en faveur de Kautsky. Mais dans la réalité, dès cette époque, la social-démocratie allemande commence à s’orienter vers le réformisme.
Entre marxistes et sociaux-démocrates européens, la grande rupture survient en 1917. Lénine, qui prend le pouvoir en Russie, se pose en garant du « vrai » marxisme et considère que la social-démocratie a dégénéré parce qu’elle en a trahi les principes. Cet affrontement détermine une grande partie de l’histoire de la gauche du XXe siècle, en séparant la famille communiste d’un côté, la famille social-démocrate de l’autre.
En France, en 1920, la SFIO voit ainsi la majorité de ses adhérents rejoindre l’Internationale communiste – d’où la phrase fameuse de Léon Blum au congrès socialiste de Tours : « Il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. » Pour autant, Blum lui-même ne rompra avec le marxisme qu’à partir de 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale : il plaide alors pour un socialisme humaniste. Quant à l’emblématique SPD, ce n’est qu’à partir de 1959 et du congrès de Bad Godesberg qu’il prendra véritablement ses distances avec le dogme révolutionnaire.

« A dater de 1959, la culture marxiste ne constitue plus la colonne vertébrale des social-démocraties européennes. Elle n’en reste pas moins très prégnante au sein de la gauche, que celle-ci soit ou non au pouvoir »
A dater de ce tournant, la culture marxiste ne constitue plus la colonne vertébrale des social-démocraties européennes. Elle n’en reste pas moins très prégnante au sein de la gauche, que celle-ci soit ou non au pouvoir.
En France, Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO de 1946 à 1969, s’en réclamait toujours, et Mitterrand lui-même s’y convertit dans le contexte des années 1960-1970. Si les dogmes de la dictature du prolétariat et de la crise inéluctable du capitalisme sont progressivement tombés en désuétude, le marxisme a longtemps continué à fournir aux socialistes européens sa grille de lecture des réalités sociales. Jusqu’à ce que ces partis soient traversés, à partir des années 1990, par un autre débat : celui de la « troisième voie ».


A suivre

dimanche 21 mai 2017

Pourquoi le pouvoir a toujours miné le Parti socialiste (1/3)

Le Monde 18/5

Parti de rupture ou de gouvernement ? Cette tension jamais résolue menace le Parti socialiste de désintégration. Professeur d’histoire et de sociologie politique, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po et président de la School of government de la Libre université internationale des études sociales (Luiss, Rome), Marc Lazar est coauteur de l’ouvrage Le Parti socialiste unifié. Histoire et postérité (Presses universitaires de Rennes, 2013). Il retrace les grandes étapes de la douloureuse confrontation du PS avec l’exercice du pouvoir.

Le PS est-il mort, comme l’a récemment déclaré Manuel Valls ?
Je serais plus prudent. La crise qu’il traverse est périlleuse mais il en a connu d’autres. Chaque fois que les socialistes ont été au pouvoir sous la Ve République, les tensions qui se sont ensuivies ont entraîné des échecs électoraux : lors du premier mandat de François Mitterrand (ils perdent les législatives en 1986), lors du second (déroute aux législatives de 1993), lors de l’élection présidentielle de 2002, où Lionel Jospin a été éliminé du second tour… Manifestement, l’exercice du pouvoir plonge toujours le PS dans de grandes difficultés et dans de douloureux débats internes.

Ces difficultés se sont-elles aggravées sous le quinquennat de François Hollande ?
Un certain nombre d’éléments ont amplifié le problème. C’est d’abord l’écart entre le discours et les actes en matière de politique économique et sociale. La fameuse phrase de François Hollande lors du discours du Bourget – « Mon ennemi, c’est la finance » – s’est rapidement heurtée à la nouvelle orientation économique du gouvernement en faveur des entreprises.
C’est, ensuite, la question de l’Union européenne (UE), qui divise depuis des décennies le PS. François Hollande avait annoncé qu’il allait tenter de renégocier le traité de stabilité budgétaire pour infléchir la politique d’austérité : cela ne s’est pas fait, et cet échec a mis à nu la division sur ce sujet au sein du PS – division qui avait déjà été creusée lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen.
« La fameuse phrase de François Hollande lors du discours du Bourget – “Mon ennemi, c’est la finance” – s’est rapidement heurtée à la nouvelle orientation économique du gouvernement en faveur des entreprises »
C’est, encore, la question de la fonction présidentielle sous la Ve République, sujet toujours épineux pour un parti dont la tradition est la démocratie parlementaire. Faut-il incarner franchement cette fonction, de façon verticale, comme le soutient Manuel Valls ? Ou au contraire introduire plus d’horizontalité et évoluer vers une VIe République, comme le propose Benoît Hamon ? En hésitant entre les deux, le président « normal » a relancé le débat au sein du PS.
Ce sont, enfin, les attentats terroristes, qui ont ouvert une ligne de fracture autour de la déchéance de nationalité. Deux sensibilités s’y sont opposées : celle de l’autorité de l’Etat, d’une logique répressive implacable contre le défi terroriste ; et celle qui considère qu’il faut aussi s’interroger sur la raison pour laquelle des Français sont capables de se faire exploser contre leur propre pays.

Pourquoi le PS français a-t-il, de manière générale, un rapport douloureux avec l’exercice du pouvoir ?
D’abord, une précision : depuis la création de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), en 1905, les multiples crises qu’a connues le PS français n’ont pas toutes été liées à l’exercice du pouvoir.
On peut citer par exemple la scission communiste de 1920, qui est un affrontement sur les valeurs ; la crise des néosocialistes de 1934, qui dériveront ensuite vers le régime de ­Vichy ; la question du pacifisme à la fin des années 1930 ; la guerre d’Algérie dans les années 1950-1960… Mais ce parti, c’est vrai, a un problème dans son rapport au pouvoir.
« Depuis son origine, le PS n’a cessé d’être écartelé entre deux objectifs inconciliables : rompre avec le capitalisme d’une part, s’insérer dans une politique gouvernementale – donc dans une économie de marché – d’autre part »
Depuis son origine, il n’a cessé d’être écartelé entre deux objectifs inconciliables : rompre avec le capitalisme d’une part, s’insérer dans une politique gouvernementale – donc dans une économie de marché – d’autre part.
Les chercheurs Alain Bergounioux et Gérard Grunberg ont amplement théorisé cette tension, ce « long remords du pouvoir ». Plus que tout autre parti en France, le PS est confronté à cette contradiction entre un idéal de la transformation radicale et la réalité du pouvoir. Les socialistes ne sont plus révolutionnaires, mais l’idée d’une rupture avec le capitalisme reste chez eux très prégnante – elle était d’ailleurs portée en 1981 par François Mitterrand, qui insistait sur la nécessité de faire des réformes fortes et non graduelles.
Pour les socialistes, la question du pouvoir est donc une confrontation très rude, très douloureuse, entre ce que Sigmund Freud appelle le principe de plaisir et le principe de réalité.
On retrouve cette tension tout au long de l’histoire du PS. En 1924, au moment du Cartel des gauches, les socialistes décident de ne pas participer au gouvernement avec les radicaux. A la fin des années 1920, Léon Blum propose sa célèbre distinction théorique entre « conquête » et « exercice » du pouvoir : il faut assumer, dit-il, l’exercice raisonné du pouvoir dans un gouvernement d’alliance, et repousser l’expérience révolutionnaire à l’heure où la SFIO réussira à conquérir ce pouvoir, c’est-à-dire à obtenir la majorité absolue aux élections.
Cette tension ressortira violemment lors du Front populaire de 1936 : un temps bref durant lequel sont réalisées une multitude d’avancées sociales, que l’aile gauche du parti considère comme un simple commencement quand son aile droite estime qu’on ne peut pas aller plus loin. Il faut encore citer la période de la guerre froide allant de 1947 à 1951, durant laquelle la SFIO fait alliance avec les démocrates-chrétiens du MRP contre les deux forces qu’elle considère comme extrémistes : les gaullistes d’un côté, les communistes de l’autre. De cette expérience d’un gouvernement centriste, les socialistes garderont une méfiance durable, car ils estiment qu’elle a très peu favorisé les conquêtes sociales.
Le dernier grand moment de cette tension originelle survient en 1981 : pour la première fois sous la Ve République, les socialistes arrivent au pouvoir. Ils entament un grand programme de nationalisations et de réformes sociales… avant de se fracasser deux ans plus tard sur le « tournant de la rigueur ».
« Le socialisme français est passé d’un réformisme « honteux » à un réformisme assumé. Mais la tension n’en demeure pas moins entre partisans de réformes dures ou graduelles »
Aujourd’hui, le socialisme français se réclame clairement du réformisme, et non de la révolution marxiste : il est passé d’un réformisme « honteux » à un réformisme assumé. Mais la tension n’en demeure pas moins entre partisans de réformes dures ou graduelles. A l’aile gauche du parti, le programme de Benoît ­Hamon se voulait ainsi un programme de gouvernement, mais il comportait des propositions radicales.

A suivre

lundi 11 janvier 2016

Un socialiste de l'ombre très occupé...


"La Croix du Nord" a remis au goût du jour l'histoire de cet homme de l'ombre, Jean-Paul Pélinski, inséparable de l'histoire du PS 62 de ces dizaines dernières années. Certes, ne le connaissaient que les militants, car il œuvrait à la Fédé, à Lens, rue François Gauthier, en tant que secrétaire général. Tous étaient étonnés de sa toute-puissance, qu'il tenait du "patron" Daniel Percheron, longtemps premier secrétaire, mais qui resta, jusque il y a peu, le "deus ex machina" du parti. "Perch", comme on l'appelle irrévérencieusement, toujours sénateur, vient de terminer 16 ans de mandat de président du Conseil régional laissant un PS (et une gauche) exsangue...
Le journal "La Croix du Nord", repris par "DailyNord", rappelait que "Jean-Paul Pelinski et sa compagne Françoise Cauvin, sont à eux seuls attachés parlementaires de quatre élus socialistes : les députés Guy Delcourt, ancien maire de Lens et Nicolas Bays ainsi que les sénateurs Daniel Percheron, président de région sortant et Jean-Claude Leroy". 
JP Pélinski est également secrétaire général de la Fédération départementale des élus socialistes et républicains (FDSER 62), présidée par Frédéric Cuvillier. "Directeur de formation" (assistante de formation : Françoise Cauvin) de l'Institut de formation des élus de Progrès et républicains 59/62 (IFEPR) présidé par Guy Delcourt, député, j'ai noté qu'il était intervenu à l'occasion d'une formation sur les élections municipales 2014, en tant que "spécialiste électoral". C'est vrai qu'il connait la carte électorale du Pas-de-Calais sur le bout des doigts, peut-être mieux que son ex-mentor, Daniel Percheron, qui est pourtant un maître en la matière...
Jean-Paul Pélinski était encore directeur du journal des socialistes du 62, l'Espoir, fondé en 1958, mais qui a cessé ses parutions en 2015.
Il figure mystérieusement comme gérant d'une société civile immobilière "spécialisée dans le secteur d'activité de la location de logements", sise 46 rue François-Gauthier à Lens, à la même adresse que le siège de la Fédé, juste à côté du 48 de la même rue (adresse de la FDSER, l'IFEPR).
Le journal La Croix du Nord rappelle opportunément que JP Pélinski serait également chargé de mission au Conseil départemental (ex-conseil général).
Beaucoup de boulot pour cette figure de l'ombre qui était dernièrement directeur de campagne de Frédéric Cuvillier, tête de liste départementale du PS lors des dernières régionales.
Sa compagne, Françoise Cauvin est également très active, puisque attachée parlementaire de Guy Delcourt, député, et des sénateurs socialistes Daniel Percheron et Jean-Claude Leroy... alors que nous avons vu qu'elle était aussi assistante de formation à l'IFEPR...

Si cet homme pouvait parler, il nous raconterait tous les "petits secrets" du Parti socialiste 62, petits secrets que tout le monde subodore, mais qui n'ont jamais été révélés, allez savoir pourquoi... 
Voici ce que j'écrivais le 28 juillet 2014 à l'occasion d'un des posts consacrés aux déclarations d'intérêts des élus du NPDC : 
"Nicolas Bays qui avait vaincu JP Kucheida, aux législatives, est conseiller municipal et secrétaire national adjoint du PS, chargé des élections (...) Parmi ses assistants figure un nom connu des socialistes du 62 : Jean-Paul Pélinski. Cet "homme de Percheron" fut très longtemps secrétaire général du PS 62 chargé des fichiers d'adhérents et d'élus. En 2008, il se félicitait, encore, sur Médiapart, des 15 000 militants de la Fédé. A l'occasion (un peu avant, en fait) de l'audit de la Fédé, suivi de sa "mise sous tutelle", il "quitta" son poste alors qu'un nettoyage dudit fichier aboutit à... 8000 adhérents... Bref, on aimerait savoir si Nicolas B a choisi librement son assistant ou s'il s'agit d'un "recasage" pour "bons et loyaux services" rendus au PS..."
Cet homme est toujours resté réservé : ainsi sur sa page Facebook, parmi ses 86 amis, aucun homme politique. On y trouve surtout sa famille dont une partie doit vivre en Amérique latine (Brésil, Argentine), car nombreux sont ses "friends" installés là-bas...


jeudi 12 novembre 2015

Daniel Percheron, l'homme de l'ombre, s'en va


Daniel Percheron, président du Conseil régional actuel laissera sa place en décembre et il est certain qu'il a marqué, non seulement l'institution, mais également la région NPDC. 

La Voix du Nord de ce jour (avant un entretien demain) publie une excellente double-page sur le personnage.

Y est rappelé  tout ce qu'il a initié au niveau de la Région : l’Anneau de la mémoire inauguré à Notre-Dame-de-Lorette, le Louvre-Lens, le TER-GV, le TER-Mer à 1 euro,, "il a multiplié les déclarations en faveur du Canal Seine", la régionalisation des ports, le projet Calais Port 2015, les stades pour laquelle la région verse des oboles conséquentes (participation très controversée), le RER express Lille-Hénin...
On lira, dans les articles ci-dessus cités ce que fut (et est encore) l'homme d'appareil du PS. J'ai toujours reconnu, malgré mes nombreuses critiques sur la façon dont il a "cadenassé" son parti, avec les conséquences visibles aujourd'hui, que cet homme était un visionnaire et un orateur de talent. Discret, c'est un bon organisateur, mais qui n'a pas su éviter les travers politiciens : ses relations avec les peu "vertueux"  Mellick et Kucheida, sa volonté de "placer" ses filles... 
Dans l'article précité du quotidien régional, même ses opposants ne sont pas avares de compliments, reconnaissant en l'homme des qualités rares de nos jours. 
Dommage qu'il n'est pas su s'extraire de la manipulation politicienne...


mardi 24 février 2015

Quel avenir pour le PS ?

Denis Lefebvre (voir son autobiographie : http://www.denislefebvre.fr/), spécialiste du socialisme, est d'une famille de "politiques" : son frère, Alain, est conseiller général-maire d'Aix-Noulette, le fils de ce dernier, Rémi, spécialiste du PS, est professeur de science politique à l’université Lille-2 et chercheur au CNRS; il est l’auteur du livre Les Primaires socialistes, la fin du parti militant (Raisons d’agir, 2011) et, avec Frédéric Sawicki, de La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui (Editions du Croquant, 2006).
Denis, celui qui est interviewé, ci-dessous, est (cf Wikipedia) journaliste professionnel, rédacteur en chef des publications de l'OURS, et directeur de la revue Histoire(s) socialiste(s).
Il préside depuis 1996 le centre Guy Mollet (association créée en 1976) et, depuis 1992, il exerce les fonctions de secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS, fondé en 1969 par Guy Mollet).
Il a fondé en 2003 la collection L’Encyclopédie du socialisme, dont il assure la direction. Cette collection a publié depuis cette date une trentaine d’ouvrages dans des genres très différents : biographies, essais contemporains et historiques, recueil de textes choisis, etc.
J'ajoute qu'il est l'auteur de "Le socialisme pour les nuls", dans la fameuse collection éponyme.
Voir commentaires AA à la fin de l'article

FranceTVinfo Recueilli par , publié le 

Le PS va-t-il survivre au quinquennat de François Hollande ?

A moins de quatre mois du congrès de Poitiers, le Parti socialiste est-il menacé d'une scission ? A-t-il déjà connu des crises aussi fortes par le passé ? Alors que la majorité a connu de nouvelles turbulences durant la semaine, avec l'emploi de 49.3 pour faire passer la loi Macron, mardi 17 février, francetv info a interrogé l'historien Denis Lefebvre. Auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire du PS (Le Socialisme pour les nuls, 2008), il est secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS).
Francetv info : Le Parti socialiste a-t-il déjà traversé, dans son histoire, une crise aussi grave que celle d'aujourd'hui ?
Denis Lefebvre : Depuis qu'il existe sous la forme actuelle, c'est-à-dire depuis 1905, le PS a toujours été confronté à un certain nombre de problèmes. L'un d'eux revient de manière récurrente : à chaque fois qu'il est au pouvoir, le Parti socialiste se divise.
Ce fut le cas en 1936, au moment du Front populaire, dans les années 50, avec le gouvernement de Guy Mollet, ou encore sous Mitterrand, après 1981. Et c'est encore le cas aujourd'hui. A chaque fois, deux familles du Parti socialiste s'affrontent, et à chaque fois – ou presque –, cela aboutit à une scission.
Autrement dit, la crise actuelle n'est pas inédite…
Non. Cette division est une constante pour le Parti socialiste. En 1936, un leader socialiste, Marceau Pivert, lance : "Tout est possible." Le lendemain, Léon Blum lui répond : "Tout n'est pas possible." Rendez-vous compte, c'était il y a quatre-vingts ans ! Et pourtant, il s'agissait, grosso modo, de la même question de fond que celle qui agite le PS aujourd'hui.
Quelles sont ces deux familles qui s'opposent ?
Il y a effectivement deux familles au sein de la gauche française : d'une part, une gauche qui choisit de gouverner, avec tous les compromis, les erreurs et les déceptions que cela implique ; et d'autre part, une autre gauche, qui veut toujours aller plus loin, qui a des états d'âme, qui sait qu'elle risque de décevoir une fois au pouvoir, et qui, par conséquent, préfère avoir un pied dedans et un pied dehors. L'épisode actuel illustre bien le fait que ces deux familles existent à gauche, mais qu'elles existent aussi au sein même du Parti socialiste.
Ce qui est tragique, c'est que la gauche qui rêve s'éloigne irrésistiblement de la gauche qui rame.


Denis Lefebvre
francetv info
Vous parliez du risque de scission. Ce risque existe-t-il à nouveau aujourd'hui, à l'approche du congrès de Poitiers, au mois de juin ?
Les périodes de pré-congrès sont toujours difficiles pour le Parti socialiste. Mais chacun sait qu'une crise qui déboucherait sur une scission serait mortifère pour le parti. Si le collectif ne reprend pas le dessus, le risque existe.
L'une des questions clés est de savoir si les rancœurs personnelles qui existent depuis la primaire de 2011 peuvent être mises de côté par les intéressés. A l'époque, les débats se sont bien passés. Mais, à la fin, certains vaincus n'ont pas digéré leur défaite, et se sont engagés en coulisses dans une stratégie personnelle, puis dans l'amorce d'une contestation. C'est un élément essentiel pour comprendre la situation actuelle.
L'aile gauche du PS, elle, justifie sa position en affirmant que la ligne politique actuelle du gouvernement ne correspond pas au cap promis par François Hollande en 2012...
En 2012, François Hollande a été élu sur un beau slogan : "Le changement, c'est maintenant." Le problème, c'est que, dans la situation de crise que nous connaissons, ce choix de slogan était sans doute un petit peu hasardeux. Les frondeurs ont peut-être raison, mais jusqu'à preuve du contraire, leur position n'est pas majoritaire au sein du groupe parlementaire. Peut-être qu'après le Congrès du mois de juin, ils le seront, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas !
En attendant, nous assistons quasiment à une première dans l'histoire du Parti socialiste : une minorité de parlementaires refuse de respecter la ligne majoritaire du parti. Cela pose une vraie question : le PS est-il encore un parti discipliné ?
Pourquoi cette aile gauche du PS ne quitte-t-elle pas le parti ?
Parce que la cohabitation des deux familles, que j'évoquais, est une tradition. Depuis sa fondation, en 1905, le Parti socialiste a toujours fonctionné avec différents courants de pensée, différentes tendances, différentes sensibilités. Fut un temps, par exemple, où cohabitaient au sein de la SFIO des réformistes et des anarcho-syndicalistes ! Mais depuis le congrès d'Epinay, en 1971, le PS a tranché un débat, en se fixant comme objectif d'accéder au pouvoir pour transformer la société. 
Cela fait longtemps que la gauche sait qu'elle ne fera plus le grand soir !


Denis Lefebvre
francetv info
Mais manifestement, certains ne suivent pas. Donc soit tout le monde décide de passer outre les querelles de personnes, et privilégie l'intérêt de la France, soit certains quitteront le parti, et provoqueront en effet une scission.
Nous en revenons au risque de scission...
Personnellement, je doute de la réalité de ce risque. Cette hypothèse serait mortifère pour le PS, mais elle serait aussi suicidaire pour ceux qui partiraient. Lorsque vous quittez un parti pour en fonder un autre, c'est parce que vous pensez que vous avez raison. Vous croyez que vous allez pouvoir l'emporter sur la maison-mère, notamment en ramenant à vous, à plus ou moins long terme, une majorité d'élus, d'adhérents, etc. Or, je le répète, dans toute l'histoire du Parti socialiste, jamais une partie scissionniste ne l'a emporté sur la maison-mère.
Quand Marceau Pivert quitte la SFIO en 1936, il ne part pas avec plus de 2 000 ou 3 000 adhérents. Quand naît le Parti socialiste autonome, en 1958, seuls quelques milliers d'adhérents quittent la SFIO. Quand Jean-Pierre Chevènement quitte le PS en 1993, il n'emmène avec lui que quelques centaines d'adhérents. Idem pour Jean-Luc Mélenchon en 2008 : depuis qu'il a quitté le PS, il réussit certes à exister médiatiquement, mais il n'est pas passé devant le PS aux élections. Et au fond, il reste relativement isolé, puisque même ses alliés du PCF gardent quelque peu leurs distances…
Blum disait : 'On n'a jamais raison contre son parti.'


Denis Lefebvre
francetv info
L'an dernier, en juin 2014, Manuel Valls disait : "La gauche peut mourir."L'évolution des événements, depuis, ne renforce-t-elle pas cette hypothèse ? 
Il est vrai que c'est une possibilité. Le Parti socialiste est un parti qui existe beaucoup autour de ses élus, de ses bastions électoraux. S'il les perd massivement, cela pose un vrai problème. Deuxièmement, un parti politique n'existe véritablement que s'il a un candidat susceptible de l'emporter à la présidentielle. Si ce n'est pas le cas dans deux ans, cela posera un autre problème de taille. Le Parti socialiste risquerait alors, sinon de mourir, de devenir un parti sérieusement exsangue. Et si l'unité du PS n'est pas préservée, ce risque sera d'autant plus grand.
Comment, alors, le PS peut-il survivre au quinquennat de François Hollande ?
Il n'y a pas trente-six solutions : si la situation fait que François Hollande est en mesure d'être réélu en 2017, les problèmes du PS s'envoleront. "Il faut donner du temps au temps", comme disait François Mitterrand. Mais si la situation ne s'améliore pas, alors le PS doit s'attendre à retrouver l'opposition, avec un parti très affaibli et une gauche très divisée. De là à pronostiquer l'éclatement du parti... D'abord, il est difficile pour un historien de faire des pronostics. Et puis, qui donc aurait cet intérêt au sein du PS ? Absolument personne !


Commentaires AA :
3 remarques préalables :
- la minorité du parti veut imposer ses vues à la majorité du parti, mais ne quitte pas (pour l'instant)le PS 
- contrairement au slogan d'Epinay, le PS n'a pas "changé la société"...
- la présidentielle de 2017 sera perdue, si la logique actuelle continue, à savoir pas de résultat sur le plan de l'emploi. Rien ne permet d'envisager le contraire, aujourd'hui...

Il y a 2 lignes aujourd'hui au PS : celle de Valls ("plus à droite") et celle d'Aubry (plus à gauche"). Plutôt que d'un éclatement du parti, il faut s'attendre à une recomposition, lors du congrès de Poitiers de juin prochain. Recomposition interne (si un modus vivendi est trouvé : la fameuse synthèse) ou externe (création d'un nouveau parti rejoint par EELV, les radicaux et certains centristes... avec départ de "frondeurs") ? That's the question !

samedi 24 janvier 2015

Clap de fin bientôt ?


Voir les nombreux posts que j'ai consacrés à ce personnage hors-normes. Ils sont répertoriés sous le lien ci-dessous :


Dailynord  Marc Prévost  17 JANVIER 2015

Régionales : La leçon du professeur Percheron


Belle leçon d’histoire délivrée par le président socialiste du conseil régional. En invoquant l’esprit de Valmy et les mânes de Danton, le plus intello des grands sachems du PS donne un relief particulier au moment républicain que vit notre pays. C’était sur France 3 Nord-Pas de Calais ce jour. Daniel Percheron sait exalter l’histoire pour nommer les faits et inventer la vérité (1). Lui qui disait peu goûter l’épreuve cathodique la regrettera sans doute. Après 14 années à la tête de la région et un bilan étoffé, il tire sa révérence. On aurait dû lui demander ce qu’il comptait faire avec sa villégiature du Palais du Luxembourg. Il est sénateur jusqu’en 2017 et pratiqua la vie publique comme Maitre Derville, le notaire du Colonel Chabert de Balzac, avec cette flamme froide qui l’habitait jusque dans la rédaction du moindre codicille ou alinéa de ce socialisme héréditaire qui porte sa marque. Il lui reste un dernier combat à mener. Lui qui avait œuvré pour que la région reste à gauche en 1992 quand les Borloo et Legendre avaient enfonçé la citadelle menacée (2). Et écarté un Michel Delebarre du trône parce que les adversaires sont aussi du même côté. Éteindre les ambitions trop pressantes de son camp importe autant que repousser l’ennemi de l’autre bord. L’hommage qu’il a rendu à “ce géant” de Delebarre peut ainsi prêter à sourire.(3)
Il justifie ses quatorze années de mandat présidentiel par “les incertitudes de la fédération du Nord“* qui l’auraient contraint à prolonger son mandat de président. Manière de fustiger ceux-du-Nord avec lesquels il ne s’est jamais vraiment entendu, sauf peut-être pour régler les majorités de congrès et ouvrir un sentier de crête à un premier secrétaire, de Mitterrand à Jospin ou Hollande et garder au chaud la vieille maison. Et même Martine Aubry, dont il ne prononcera pas le nom, elle qu’il a intronisée la “Jules Ferry du social” quand elle venait de prendre la succession de cet alter ego qu’était Pierre Mauroy, l’ancien maire de Lille toujours sur la scène, lui dans la coulisse. (4) Mais, on a pu – une nouvelle fois – mesurer l’antique rivalité qui oppose les socialistes du Pas de Calais et ceux du Nord. D’ailleurs, la fédération du Pas de Calais est “exemplaire”, alors…Il est vrai que Hénin-Beaumont s’est donnée dès le premier tour au FN Steeve Briois par l’opération du Saint-Esprit ! (5) Et que la démocratie partisane est à celle de Tocqueville ce que le patois est à la langue de Molière. Précision, Daniel Percheron a mené la fédération pasdecalaisienne pendant un quart de siècle et croit toujours détenir des droits sur elle, même si les affaires Kucheida et Dalongeville ont assombri son aura de démiurge. Devant l’histoire, le monde des hommes. Derrière le miroir de celle-ci, Narcisse en embuscade.
Mais en préconisant des listes séparées au premier tour des régionales pour ces familles de la gauche qu’il connaît comme sa poche, comme on pose un piège, il ne facilite guère la tâche d’un Pierre de Saintignon, le candidat qui sera désigné par le PS (6), à qui il apporte son “soutien entier et total”. On se demande si la ruse partisane pour déblayer la route au numéro deux de la région et protégé de Titine de Fer n’attise pas chez lui quelque jalousie de matou vexé, lui l’agrégé en tactique et stratégie. Enfin, on retiendra les bons points décernés par le professeur Percheron à un Philippe Vasseur et un Alain Griset. Il se surprend à évoquer une co-gestion à l’allemande. Leader économique régional pour le premier et numéro un des artisans en France pour le second. Vasseur avait guerroyé contre la gauche – et la droite ! – une bonne douzaine d’années et avait occupé un fief à droite dans son Pas de Calais chéri (7). Ca ne mange pas de pain, l’un ne fait plus de politique et l’autre n’a jamais franchi le pas (membre du conseil économique, social et environnemental, il fut adhérent au parti radical de Borloo). Les affres et petites phrases des batailles électorales d’antan sont-elles remisées ? Avec ce diable d’horloger, il n’est jamais trop tard pour faire de la politique.
* Il est vrai que l’ homologue du Nord vivra des moments politiques plus chahutés comme l’épisode du congrès fédéral de Ronchin en 2003 où le candidat de Pierre Mauroy, Bernard Roman (8), sera battu dans la douleur par l’orthodoxe Marc Dolez (9) sur fond de vaste débat sur la recomposition de la gauche et du PS après le séisme du 21 avril 2002. Rue-de-Solférino, c’est François Hollande qui imposait une ligne plus pragmatique et de synthèse. Daniel Percheron avait laissé  - désavoué par Paris et Lionel Jospin lui-même, le passage de témoin se fera dans la discrétion – la fédération du Pas de Calais à Serge Janquin dès 1997. Et re-affirma son emprise en remportant nettement les régionales de 2004 après avoir succédé à Delebarre, frappé par le cumul, trois ans auparavant. Visiblement, la mise sous tutelle en 2012 sur fond d’embrouilles de la fédération du Pas de Calais, qui a recouvré son statut depuis, n’est pas encore digérée. Ce qui n’avait pas déplu aux “Lillois”. Mais le professeur Percheron tresse toujours des lauriers à cette “fédé” si bien tenue.



Notes AA : 
1- "Les chemins de la mémoire", c'est lui. Comme "Mineurs du monde"...
2- En portant MC Blandin à la présidence du CR.
3- Je ne suis pas sûr. Il a une profonde admiration pour Michel Delebarre.
4- C'est quand même lui qui a soutenu M. Aubry pour battre S. Royal au Congrès de Reims (2008)
6- Il vient d'être désigné.
7- L'ancien journaliste fut maire de Saint-Pol-sur-Ternoise, fief socialiste...
8- Figure discrète du PS, il a été "mené en bateau" à de multiples reprises : on le voyait maire de Lille, ministre de la Justice, président du conseil régional... Il a, chaque fois, été écarté... Ancien questeur et président de la commission des lois à l'assemblée nationale, il est toujours député du Nord.
9- Marc Dolez, de la gauche du PS et qui cofonda le Parti de Gauche, avant d'en démissionner relativement discrètement, en 2012 (sans quitter le Front de gauche). Député, il fait partie du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, au sein duquel siègent les députés du PCF et des Verts.

mercredi 3 septembre 2014

Après La Rochelle


Un Parti socialiste en crise peut-il encore se réinventer ?

LE MONDE | 



Comment rebâtir sur des ruines ? Comment réinventer en cent jours, et en pleine tempête politique, « une charte de l'identité socialiste » ? C'est le défi qu'a lancé Jean-Christophe Cambadélis en donnant le coup d'envoi, lors de l'université d'été de La Rochelle, du 29 au 31 août, aux Etats généraux des socialistes. François Hollande et Manuel Valls sont confrontés à une crise de confiance sévère. Le Parti socialiste est en plein désarroi et affiche ses fractures, et c'est le moment qu'a choisi son premier secrétaire pour « refonder un nouveau progressisme ».
Trois images fortes de la « cuvée 2014 » des universités d'été du PS montrent l'ampleur de la tâche qui attend les socialistes. La première est celle de cette improbable table ronde qui a réuni, le 30 août, tous les dirigeants de la gauche autour de M. Cambadélis : Pierre Laurent (Parti communiste), Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), Emmanuelle Cosse (Europe Ecologie - Les Verts), Jean-Luc Laurent (Mouvement républicain citoyen), Robert Hue (Mouvement unitaire progressiste) et Jean-Luc Bennhamias (Force démocrate, écologique et sociale).

« IL FALLAIT CASSER UN PEU DE VAISSELLE »
A première vue, cette confrontation a conforté l'isolement du PS et l'étroitesse – et la fragilité – de sa majorité. Tous ont confirmé la mort de l'union de la gauche ou de la « gauche plurielle » chère à Lionel Jospin. « Avec un projet social-libéral, a proclamé Mme Cosse, je ne vois pas comment on peut faire l'unité. » Acclamé et sifflé, M. Laurent s'est livré à un réquisitoire, jugeant que « le contrat » de 2012 avec le PS, « renié jour après jour, vient d'être déchiré devant les Français ». Mais le secrétaire national du PCF, bravant les foudres de Jean-Luc Mélenchon, n'a pas fui La Rochelle, même au lendemain de l'hymne à l'amour de l'entreprise de M. Valls au Medef. Pour que cette réunion ait lieu, s'est réjoui M. Cambadélis,« il fallait casser un peu de vaisselle. Eh bien, c'est fait ! La gauche dialogue ».
La seconde image forte a été le discours de Laura Slimani présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), le 31 août. Par nature, le MJS joue les poils à gratter. Mais jamais son dirigeant n'était allé jusqu'à dire devant le premier ministre, comme l'a fait, avec courage, Mme Slimani, que "la politique menée ne correspond pas à ce pourquoi nous avons été élus". Sa diatribe a permis aux « frondeurs » et aux contestataires de la ligne Valls de déverser leur colère avant le discours de ce dernier. Mais elle n'a pas empêché que, pour la première fois, un premier ministre soit sifflé à La Rochelle, même si les applaudissements ont été plus nourris.
Cette troisième image restera d'autant plus que c'est la simple évocation de « l'entreprise » qui a provoqué des huées, amenant M. Valls à répliquer : « Est-ce que vous vous rendez compte ? Quel message adressez-vous aux Français ? » Droit dans ses bottes, le premier ministre a pourtant fait habilement passer son message, réussissant même à faire applaudir M. Hollande par une assemblée qui doute de plus en plus de son président. Mais le PS a encore du chemin à faire pour assumer son réformisme.

FRACTURE RÉFORMISTE
C'est loin d'être la première fois que le PS est confronté à une crise qui l'oblige à se redéfinir. En 1983, il avait esquivé le débat sur la rigueur en parlant de « parenthèse ». En 1990, le calamiteux congrès de Rennes avait illustré le naufrage du mitterrandisme. Et dans la dernière décennie, et beaucoup plus qu'en 2014, il a été deux fois au bord de l'implosion : en 2005, quand il s'est déchiré sur le référendum européen entre M. Hollande et sa majorité qui prônaient le oui, et Laurent Fabius et M. Mélenchon qui défendaient le non ; en 2008, lors du congrès de Reims il s'était coupé en deux entre les partisans de Martine Aubry et ceux de Ségolène Ro- yal. Mais sa crise est d'autant plus grave que, cette fois et au pire moment, il est au pouvoir. Et comme l'expliquaient dès 1992 Alain Bergounioux et Gérard Grunberg (Le Long Remords du pouvoir, Fayard), il préfère souvent le confort de l'opposition aux risques de la responsabilité.
Depuis qu'il a adopté, à l'unanimité en 2008, une nouvelle déclaration de principes, le PS se définit comme « un parti réformiste » qui « porte un projet de transformation sociale radicale ». Dans ce texte, qui va être de nouveau révisé, il se prononce pour « une économie de marché régulée par la puissance publique» mais le mot « entreprise » n'apparaît pas. La fracture se situe entre un réformisme de transformation, prêt à s'affranchir des contraintes du réel, et un réformisme de gestion, prêt à renvoyer à des jours meilleurs le temps des rêves et des utopies.
Face à M. Valls, fidèle au social-libéralisme qu'il défendait lors de la primaire de 2011, M. Cambadélis se veut un socialiste « à la pratiquesociale-démocrate ». Le social-libéralismea-t-il martelé, « n'est ni dans notre vocabulaire ni dans notre tradition ». Une mise en garde qui a conduit M. Valls à assurer que « la gauche n'a jamais été aussi nécessaire, pour affirmer le rôle de la puissance publique, pour réguler, pour défendre la justice sociale, pour retrouver l'espoir ». M. Valls obtiendra sans doute la confiance – sans empêcher une guérilla parlementaire permanente – et M. Cambadélis réussira peut-être – sur fond de préparation d'un congrès à hauts risques – à réinventer l'identité du PS. Mais l'un et l'autre auront du mal à venir à bout du terrible doute qui ronge les socialistes.