La Fédé. Chapitre 6 : les bannis (2)

- Autre banni, Pierre Ferrari, né en 1981 : les auteurs du livre estiment que sa naïveté lui a nui.  G. Dalongeville embauche comme webmaster de la ville ce jeune homme "ambitieux et passionné par la politique locale, toujours tiré à quatre épingles, dans ses costumes sombres". PF tisse ses réseaux, notamment via le Mouvement des jeunes socialistes. GD, trentenaire, voit en lui "poindre un rival en puissance, plus jeune, plus moderne, plus charismatique". Allié avec MN Lienemann dans l'opération cadrage de Dalongeville, à l'occasion des municipales de 2008, les 2 socialistes avertissent la Fédé de leurs suspicions, notamment après le rapport de 2008 de la CRC, dénoncé par PF qui, de ce fait, se voit retirer ses délégations. Le 30 mars 2009, ils votent tous les deux contre le budget et MNL perd sa délégation avant que le 9 avril, l'on mette enfin un terme aux dérives de GD, qui est destitué et mis en détention provisoire...PF est exclu du parti, fin 2010  (AA: il faut dire qu'il s'était présenté contre le sortant socialiste aux élections cantonales, avec un résultat décevant, notamment sur HB). Il soutient discrètement JL Mélenchon aux législatives de juin 2012, contre M. Le Pen, mais également contre le candidat socialiste investi, P. Kemel, pour lequel il appellera à voter au second tour.

AA : Aujourd'hui, PF traverse une période difficile, puisque une grande partie de ses fidèles soutiens l'ont lâché début 2013. Mais l'homme est tenace et tente de reconstruire son association "Le nouvel Elan" en vue des élections municipales de 2014. Selon ses propres dires, il se projette pour l'après 2014, sachant que, devant le peu de crédibilité des politiques héninois, le FN est à peu près sûr de l'emporter (probablement avec un score de plus de 55% au deuxième tour, certains estimant même que les frontistes peuvent l'emporter dès le premier tour !). PF paye également son alliance avec Dalongeville, même si il s'en distancia rapidement. A noter que c'est la même punition pour David Noël, secrétaire de la section PC d'HB, embarqué également par MN Lienemann, aux élections municipales de 2008. Dommage, car les 2 trentenaires étaient au-dessus du lot et  permettaient, enfin, à Hénin Beaumont de sortir de la médiocrité de son personnel politique...

- Anne-Sophie Taszareck, ex-présidente du MJS 62 (aujourd'hui conseillère régionale ...UMP) s'étonne, au moment du vote pour la désignation du 1er secrétaire du PS (le fameux congrès de Reims en 2008) d'être cartée 4 fois dans différentes sections. Même son père, non adhérent, était carté... La fédé du Pas-de-Calais avait son propre fichier d'adhérents et n'a jamais voulu le croiser avec le fichier national et, bon an, mal an, affichait 15 000 membres, ce qui lui permit de de peser lourdement dans les différents scrutins internes du PS, au fil des années. AA : dès que ce fichier fut assaini (après que Martine Aubry fût élue à Reims, dans des circonstances assez troubles, avec l'aide de la Fédé 62 qui vota massivement pour elle), le nombre d'adhérents passa subitement à 10 000, et elle perdit sa première place nationale au classement des fédérations, devancée par Paris... Bruno Dubout, avocat à Béthune, secrétaire de section de 1982 à 1990, raconte qu'il s'aperçut de ce système de fausses cartes au moment du Congrès de Rennes, en 1990 (la section mellickienne comportait 600 ou 700 militants officiellement, alors que le nombre réel devait être de moitié, les cartes à 10 francs étant payées par J Mellick) : il reçut une lettre excédée d'une personne qui renvoyait sa carte en disant qu'elle n'avait rien demandé.

Un autre militant, Marc Vasseur, de Villeneuve d'Ascq, constate, en 2001, à l'occasion des élections municipales, 150 adhésions supplémentaires reçues juste avant la date limite d'inscription sur la liste des votants. En 2005, il n'y avait plus que 100 adhérents...Qui payait pour les fausses cartes ? Comme on l'a vu, les candidats mettaient la main à la poche.

A Leforest, Loïc Canivet, secrétaire de section, partisan du "non" porté par L. Fabius, lors du référendum sur le traité constitutionnel, en opposition avec le "oui" de la Fédé, s'étonne que le non, majoritaire dans sa section, recueille... 0% au niveau du Pas-de-Calais !

Les opérations de vote, quant à elles, ne sont pas non plus, très fiables. A Liévin, une "urne volante" facilite la participation de ceux qui travaillent, mais également le... bourrage d'urnes. Lors du vote de 2008 (Aubry/Royal), MN Lienemann découvre qu'il existe 3 urnes : une pour les adhérents inscrits sur le fichier national, une pour le MJS (Dalongeville ne voulait pas que les jeunes socialistes votent, car ils étaient contre lui !) et la  troisième pour la pseudo-section radicale (opposée à la section officielle), avalisée par la Fédé, dans laquelle figurait Dalongeville.

Quand on pense que, sur 134 800 votants, 102 voix séparaient Aubry et Royal,  on peut se dire que la victoire de la "tsarine" (surnom donné par Percheron à la maire de Lille) fut l'oeuvre d'un Pas-de-Calais très "actif", à l'occasion du scrutin...