La Fédé . Chapitre 9 : Sexe, mensonge et paradis fiscaux (1)

Le dossier d’instruction de l’affaire I-Clean  a beaucoup fuité. Cette société de nettoyage de l’est de la France est la propriété de André Mazzoleni, décrit  comme un mafieux, qui a, comme intermédiaire, Jean-Claude Bartholdi, libéré sous caution et qui a besoin de 10 000 euros, mensuellement, pour se libérer de ce montant. La gérante « potiche », affirme-t-elle, Corinne Watteau, racontera tout ce qu’elle sait à la juge d’instruction Véronique Pair. Et, notamment, comment, en juin 2008, un contrat de nettoyage de 39 412,86 euros a été conclu dans le bureau de Dalongeville. Elle déclare, et les enquêteurs ont des éléments troublants pour la croire, qu’une enveloppe de 8 000 euros en espèces aurait été « laissée » au maire. Bien entendu, les 3 autres personnes contestent cette version.

C. Watteau estime que la prestation ne vaut pas plus que 10 000 euros, ce qui suppose une grosse surfacturation.

Deuxième anomalie : la première facture est datée du 7 juillet 2008, alors même que les prestations n’ont pas encore été effectuées. 3^ème anomalie : sur la plupart des sites d’intervention, les surfaces à nettoyer sont déjà propres ! Grâce au personnel communal, largement suffisant pour couvrir les besoins. Enfin, pourquoi avoir fait venir une entreprise de Meurthe-et-Moselle dans le Pas-de-Calais, cette PME ayant dû recruter des employés via l’ANPE locale ?

En juillet 2008, une deuxième affaire est signée avec le maire d’HB : un audit de sécurité (29 900 euros)  et un contrat de fourniture de matériels anti-intrusions (53 622,66 euros) pour la société ISA (propriété du même Mazzolleni). Les marges bénéficiaires sont parfois extraordinaires : un téléviseur grand écran pour le bureau du maire, acheté 622 euros par ISA, est facturé 6 250 euros à la ville… Ces opérations sont également entachées de nombreuses irrégularités : surfacturation, prestations fictives ou à peine réalisées, justificatifs antidatés. Y a-t-il eu des contreparties à ces « affaires »? Les enquêteurs en ont été convaincus grâce au témoignage de Corinne W.  La justice devra en décider lors du procès de Béthune…

Nous avons déjà parlé de Guy Mollet. Cet intermédiaire, par sa faconde, fait rire tout le monde : magistrats, co-détenus, surveillants de prison…. Passionné de vélo, fils du mythique « L’Ange Blanc », ce champion de catch hyper médiatisé dans les années 60, il s’est beaucoup occupé de courses cyclistes, avec une interdiction de gérer en 1996. A Hénin, il créé, dès 2003, le « Journal du pays », bimensuel gratuit, en couleurs, diffusé à 320 000 exemplaires dans une trentaine de communes. GM devient, alors, l’intermédiaire incontournable pour qui veut faire des affaires avec la ville, moyennant commission, bien sûr. Mais G Dalongeville voulait tout superviser avant la parution du journal, et GM n’a rien d’un docile intermédiaire. Un agent de la ville raconte que GM parlait du maire ainsi : « Le maire, je le tiens par les couilles, et si je tombe, je ne tomberai pas seul ». AA : Prémonitoire ?

Le Journal du pays coûte cher : 6 à 7 employés permanents, plus les frais d’impression (12 000€ le numéro) et de distribution. En recettes, des publicités de la part d’entreprises qui savent que c’est le seul moyen de décrocher des marchés avec la ville.